Chapitre 33

À partir de ce moment, le temps ne fit qu'empirer. Le ciel s'ouvrit et déversa des seaux d'eau glaciale qui ruisselaient des arbres sur leurs capes. Hermione était transie, glacée jusqu'aux os, mais lorsqu'elle leva les yeux vers Voldemort, il ne montrait aucun signe de faiblesse. Peut-être que la pluie avait rafraîchi ses brûlures, ou peut-être était-il trop borné et réticent à la laisser voir son mal-être.

Au bout d'une heure de marche, Hermione réalisa qu'elle n'avait plus aucune idée de l'endroit où ils se dirigeaient à travers la forêt. Mais le Lord marchait, sa main serrée sur la sienne, l'entraînant après lui. La jeune femme n'était pas certaine qu'il sache exactement où ils allaient, mais ses pas décidés la rassuraient. Il ne lui avait quasiment rien dit sur les nouveaux quartiers des Mangemorts, et il y eut de longs moments de silence pendant leur marche.

Les images du rêve de la nuit passée ne cessaient de revenir à l'esprit d'Hermione. Cette petite fille en particulier, et Hermione était quasiment persuadée que c'était la petite fille qui grandissait en elle en ce moment même. Ces yeux bleus, ses yeux bleus. Qu'allait-il penser du bébé ? Hermione avait beaucoup de mal à s'imaginer Lors Voldemort en parent attentionné. L'espace d'un instant, il pouvait tuer des centaines de Moldus et la seconde suivante, prendre sa fille dans ses bras et la câliner ? Il serait sans aucun doute un père très fier. Cette enfant serait la sienne, quelqu'un à qui transmettre son héritage, le rendant immortel, une chose qu'il avait toujours désirée.

Une partie d'Hermione était rassurée à l'idée que son enfant était désiré, mais l'autre partie était inquiète. Si ses peurs devenaient réalité, et s'il la tuait après la naissance de l'enfant, il lui apprendrait sans aucun doute tout ce qu'il sait, du plus puissant charme à la plus noire des malédictions. L'enfant deviendrait avide de pouvoir, toujours à fuir le Ministère. Il ne serait jamais tranquille... tout comme son père.

Pour toutes ces raisons, Hermione devait demeurer en vie après la naissance de l'enfant. Vivante, elle serait plus en mesure d'empêcher son enfant de devenir un Criminel Recherché sur la liste du Ministère. Elle devait rester en vie, quand bien même cela signifiait qu'elle allait devoir attendre aussi longtemps que possible avant de lui annoncer la chose.

Peut-être que le rêve n'était qu'une surréaction quant à sa plus grande peur concernant Voldemort : sa capacité à tuer à la demande. Ou peut-être que c'était tout autre chose ; peut-être que le rêve lui montrait la plus grande peur de Voldemort ? Il avait tué sa mère, et il l'avait tuée elle, son héritière ! Si son désir était de contrôler le monde, pourquoi tuer tout le monde, ne laisser personne sous son joug ? Peut-être que c'était sa plus grande peur, la solitude... l'abandon.

Hermione essuya la pluie de son visage et se frotta le front. Une vive douleur venait de pulser à travers sa tête. Elle réfléchissait trop. Tellement de questions dont les réponses n'allaient venir qu'avec le temps...

Alors qu'ils cheminaient en silence, Hermione serra la main de l'homme un peu plus et se mit à rêver d'une vie parfaite avec lui. Ils pourraient tout à fait s'installer quelque part, sur une plage peut-être, juste tous les trois. Peut-être... peut-être plus qu'eux trois. Ils pourraient avoir un second enfant, ou même quatre. Toute envie de prendre possession du monde magique et de tuer Harry Potter aurait quitté son esprit. Tout ce qu'il voudrait s'était de prendre soin de sa famille, comme les Malefoy. Et puis, si ce n'était pas ça, au moins quelque chose d'approchant. Ils pourraient vivre quelque part où personne ne les trouverait, et vivre en paix. Ce serait vraiment idéal pour eux.

Mais les fantasmes ne conduisaient jamais bien loin. Hermione leva les yeux sur le Lord. Des gouttes de pluie roulaient sur ses joues et tombaient de ses longs cils noirs. Si jamais elle voulait la vie parfaite avec lui, elle allait devoir se battre pour, jour après jour.

.

Les pluies diluviennes causaient encore plus de problèmes que leurs simples capes imbibées. En effet, le ruisseau qui traversait la forêt avait gonflé et rugissait maintenant près d'eux dans son étroit lit. Voldemort avait été trop pressé pour qu'ils attendent que le temps s'améliore et Hermione réprima un grognement quand il annonça qu'ils allaient devoir affronter le torrent. Ils ne pouvaient pas être plus mouillés, mais l'eau était glaciale.

Voldemort enroula ses doigts autour de ceux d'Hermione pour avoir une meilleure prise sur elle tandis qu'ils traverseraient la grosse rivière. La jeune femme laissa échapper un hoquet quand elle descendit la berge. L'eau glaciale lui transperçait le corps comme des milliers de petites aiguilles.

Lorsqu'ils atteignirent le centre du torrent, il y avait une bonne hauteur d'eau et le courant manqua de faire trébucher Hermione à plusieurs reprises. Si elle n'était pas accrochée à Voldemort, elle aurait perdu pied depuis longtemps.

Le froid glacial de l'eau ne cessa de la brûler que lorsque ses jambes furent totalement désensibilisées, et lorsqu'ils atteignirent enfin l'autre rive, la Gryffondor eut toutes les peines du monde à ne pas s'écrouler sur le sol. Ses articulations complètement figées de froid lui étaient terriblement douloureuses et le Lord lui jeta un coup d'œil quand elle trébucha en voulant faire un de plus sur la berge.

— Tes lèvres sont bleues, dit-il en levant une main pour lui toucher le visage.

Hermione ferma les yeux au contact des doigts glacés.

— Je-je ne sens plus m-mes jambes, grelotta-t-elle. S-sentez-vous v-vos jambes ?

— Non, répondit l'homme platement avant de la saisir par les épaules et de la faire asseoir. Tes lèvres sont bleues, répéta-t-il avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

Sa main disparut soudain sous la robe de la jeune femme, frottant ses jambes avec vigueur pour faire revenir les sensations. L'esprit d'Hermione était trop brouillé pour qu'elle réagisse. Elle sentait à peine le contact ; elle ne percevait qu'un mouvement déconcertant à l'endroit où il passait sa main.

Sortant sa baguette, la jeune femme, malgré ses mains tremblantes, lança un sortilège de vent chaud sur eux deux. Voldemort retira rapidement sa main pour l'imiter. Malgré le froid, la jeune sorcière esquissa un sourire en coin quand elle remarqua qu'il rougissait légèrement. Ce n'était pas son genre de se servir d'un contact physique plutôt que de sa baguette magique. La jeune femme se sentit cependant touchée qu'il pense à elle avant d'utiliser la magie.

.

Après quelques minutes à se réchauffer, Hermione se sentait moins comme un bloc de glace et se déclara prête à reprendre la route. Cependant, une crampe lui paralysa la jambe gauche quand elle se releva et elle laissa échapper un cri de douleur, saisissant l'épaule du Lord pour ne pas tomber. Avec un soupir d'impatience, il finit par l'enlever dans ses bras bien qu'elle lui disait pouvoir marcher. Il était assez faible comme ça, il n'avait pas besoin de s'occuper d'elle en plus. Hermione ne parvint pas à avoir le dernier mot et finit par abandonner la partie et se laisser porter. Mais le Lord n'en avait pas terminé et elle l'entendit marmonner quand ils entrèrent sous les arbres et enjambait des branches.

— Tu sais, ma Dame, ma vie était bien plus simple avant ton arrivée, dit-il en serrant ses doigts sur ses jambes et son dos.

Hermione grogna pour lui faire comprendre qu'elle l'entendait.

— Je n'avais que mes fidèles à faire obéir, à recruter, et une mission à compléter, occasionnellement, et peut-être aussi quelques Modus à terroriser pour m'amuser... et maintenant ?

Les tempes du sorcier se contractèrent quand il serra les dents.

— Et maintenant, reprit-il. Le Manoir Jedusor est en cendres, je suis partiellement difforme, je ne sens plus mes extrémités, mes émotions sont devenues incontrôlables, et sans ma capacité à Transplaner, je n'ai jamais autant marché de ma vie.

Hermione ravala son rire au cas où cela l'aurait agacé.

— Au moins, vous marchez, dit-elle innocemment. L'exercice est bon pour vous, mais vous pouvez difficilement me blâmer moi pour le manoir et le temps !

— Et pour mes émotions malmenées ?

— Hem... ouais, répondit Hermione. Désolée.

Voldemort renifla, mais la jeune femme remarqua un mince sourire. Elle appuya alors sa tête contre son menton en s'appuyant contre son torse. Le fait qu'il admette ressentir quelque chose pour elle lui faisait plaisir.

— Mais ce n'était pas tout le temps mauvais, si ? demanda-t-elle alors doucement.

Il y eut un long moment de silence, puis la jeune femme entendit un léger rire qui secoua le torse du Lord. Elle sourit.

— Vous avez dansé avec moi, pendant le Tournoi Clandestin, dit-elle. C'était sympa, j'ai apprécié.

— Tu veux dire, après que tu m'as traîné sur la piste de danse.

— Vous sembliez avoir besoin d'un peu d'amusement. Vous faisiez tapisserie.

— Être une tapisserie à ses avantages, tu sais ? Il n'y a aucun risque de se retrouver embarrassé.

— Vous étiez embarrassé de danser avec moi ? s'étonna Hermione.

— Je n'ai jamais aimé danser.

— Ah non ? Même pas en étant enfant ?

— Encore moins, répondit le Lord. Il y a bien eu quelques fois, à Poudlard, ajouta-t-il, un peu hésitant. Lors des nombreuses soirées du Professeur Slughorn, les filles me suppliaient de danser avec elles, et Slughorn me menaçait de me jeter de ses soirées si je ne me lâchais pas un peu, donc je n'avais pas trop le choix.

— Je suis certaine que vous avez rendu beaucoup de jeunes femmes très heureuses, taquina alors Hermione.

— Je suis terrorisé à vie.

Hermione se mit à rire quand le Lord laissa échapper une grimace tandis qu'ils discutaient. Elle aurait donné un Galion d'or pour voir sa tête devant toutes ces jeunes filles espérant qu'il leur offre une danse. Elle ne pouvait leur en vouloir ; il devait sans doute être un très bel homme adolescent.

Hermione lui jeta un regard en coin, détaillant ses traits. Elle ne l'aurait jamais pensé quelque temps en arrière, mais il était vraiment un bel homme. Ses yeux enfoncés qui brillaient de cet éclat bleu comme des éclats de saphir, des cils noirs et abondants, des pommettes saillantes...

Le regard de l'homme glissa alors sur la jeune sorcière, comme s'il avait senti qu'elle le regardait. Sa bouche, d'habitude pincée, se détendit aux coins en un léger sourire. Hermione se sentit aussitôt rougir et elle détourna le regard.

Un peu sombre et grincheux, mais tout de même bel homme, songea la jeune femme.

Après quelques minutes, Voldemort déposa la jeune sorcière sur le sol pour qu'elle marche. Sa chaleur l'avait réchauffée et ils continuèrent leur voyage côte à côte. Le Lord ne semblait pas affecté par le froid, c'était comme s'il était habitué, mais ses brûlures l'ennuyaient toujours. Quand bien même il n'en parlait pas, Hermione pouvait le comprendre aux grimaces qu'il essayait de cacher en tournant la tête.

.

La nuit dégringola rapidement. Hermione avait du mal à réaliser qu'ils avaient marché toute la journée dans les bois. Où pouvaient bien être ce nouveau quartier général ? Quelques heures avant le coucher du soleil, la jeune femme avait déjà commencé à chercher un gros arbre bien épais pour qu'ils puissent s'abriter pensant la nuit.

Elle fit quelques pas avant de se rendre compte que le Lord n'était plus près d'elle. Elle s'arrêta et regarda en arrière. Il avançait lentement après elle, la tête basse et les poings crispés.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda la jeune femme, soudain inquiète.

Elle espérait que ce n'étaient pas ses brûlures qui le faisaient souffrir le martyre.

Il releva la tête de quelques centimètres, le visage caché sous sa capuche, et tendit alors la main vers elle, paume vers le haut. Fronçant les sourcils, Hermione lui prit la main, le regardant avec inquiétude. Il lui jeta un regard puis ferma les yeux. Il prit alors une profonde inspiration et la retint, grimaça et serra les paupières.

— Qu'est-ce que vous faites ? demanda la Gryffondor.

Au son de sa voix, le Lord relâcha son air et son visage se détendit. Sans ouvrir les yeux, il répondit :

— J'essaie de nous faire Transplaner près du nouveau quartier général. Il n'est pas question que toi et moi passions une nuit de plus dehors, pas si cela doit me tuer, ce qui sera.

— Non ! lâcha Hermione en lui agrippant la main. Vous n'êtes pas assez solide pour Transplaner ! Si vous tentez, vous allez vous blesser encore plus, ça n'en vaut pas...

— Laisse-moi essayer, gronda alors Voldemort.

Le ton de sa voix empêcha Hermione de répliquer et elle décida d'attendre, le regardant alors qu'il prenait une nouvelle inspiration. Son visage pâle devint quasiment rouge avec l'effort. Hermione ne voulait pas qu'il abuse de ses forces, pas avec ces blessures encore à vif, mais une part d'elle espérait secrètement qu'il allait réussir à Transplaner loin de cet endroit froid et humide. Dans cette partie du pays, personne ne savait combien de temps durait une période de pluie.

C'est alors qu'elle la sentit, cette sensation que provoquait le Transplanage quand ils disparaissaient. Mais c'était une lampe de poche qui s'essouffle, qui devient plus forte quand on lui tape dessus, mais sans énergie, elle s'affadit de nouveau. Prenant une inspiration glacée, sentait l'air froid emplir ses poumons, Hermione tenta d'envoyer un peu de son énergie magique au Lord au travers de leurs mains. À la manière d'une éponge sèche, il pompa immédiatement sa magie et l'effet du Transplanage se renforça.

— On peut le faire ensemble, dit alors Hermione doucement, presque inaudible avec le bruit de la pluie. Laissez-moi vous aider.

Voldemort grogna légèrement et la jeune femme sut qu'il voulait résister à son aide. Il n'était pas habitué à ce qu'on l'aide pour quoique ce soit, mais pour leur intérêt, il prit la magie qu'elle lui envoyait. Ils inspirèrent au même moment, l'attraction du Transplanage s'intensifia, et quand un éclat, le monde autour d'eux changea. Après avoir entendu ce son satisfaisant que provoquait le Transplanage, Hermione se dévissa le cou pour regarder autour d'elle, en espérant découvrir un immense manoir comme lieu des nouveaux quartiers des Mangemorts.

Mais elle ne vit que la forêt ; ils étaient entourés par les arbres. Elle fit de son mieux pour cacher son dépit, et se força à sourire. Elle s'approcha alors de l'homme et posa une main sur sa poitrine.

— Nous essaieront de nouveau quand vous serez plus solide. Je vais nous trouver un endroit où passer la nuit, dit-elle en s'efforçant de demeurer agréable.

— Ce ne sera pas nécessaire, répondit le Lord en regardant autour d'eux.

Son regard se posa alors sur quelque chose au-delà de la jeune sorcière qui fronça les sourcils et suivit son regard.

Difficilement visible entre les arbres, la jeune femme découvrit une petite structure, sûrement pas un manoir, plus une tente. Le Lord la contourna soudain, un large sourire triomphant sur le visage, et se dirigea rapidement vers la structure, installée entre deux gros arbres aux branches épaisses qui l'avaient protégé de la pluie. L'endroit était rapiécé et usé.

Alors qu'ils se dirigeaient rapidement vers la tente, Hermione se sentit obligée de demander, même si elle n'en avait pas envie, si cet endroit était leurs nouveaux quartiers généraux. Voldemort rigola, un son étrange provenant de lui, et ne répondit rien. Hermione plissa le nez, se doutant que c'était une question stupide. Mais alors, comment cette tente était arrivée ici ?

Le Lord sortit soudain sa baguette magique et prononça un sort antitransplanage autour de la tente. Il souleva ensuite le pan d'entrée, jeta un œil à l'intérieur puis regarda Hermione.

— Ma Dame...

Hermione entra et sentit le regard du Lord sur elle. Elle soupira et sourit ensuite quand elle sentit la chaleur l'envelopper. Un foyer brûlait dans un coin de la tente juste à côté de ce qui semblait être une cuisine avec une table et une plaque de cuisson. Séparée par un mur de tissu, se trouvait un petit salon avec des coussins de sol et un radiateur. Un lit apparaissait tout au fond de la tente, derrière un autre mur de tissu.

La jeune femme aurait dû se douter que la tente était magique grâce à un Charme d'Extension. De l'extérieur, elle ressemblait à une tente classique qui aurait eu du mal à les caser tous les deux, mais à l'intérieur, il y avait autant de place que dans un cottage, chaud et confortable.

Voldemort entra ensuite dans la tente et ferma le pan de porte étroitement afin de garder la chaleur à l'intérieur. Quand il lui fit face, il repoussa aussitôt son capuchon trempé et elle l'imita. Le plus tôt elle se débarrasserait de ses vêtements mouillés, le plus tôt elle se réchaufferait. Voldemort déposa sa cape sur le dossier d'une chaise dans la cuisine puis attrapa une des couvertures du lit et retourna vers la cheminée.

L'eau avait traversé la cape d'Hermione et trempé sa robe. De ses doigts gourds, elle défit les attaches dans son dos et laissa tomber la robe sur le sol. Sa chemise lui tombait sur les épaules, trop large pour elle, souillée par l'eau et la saleté. Le Lord lui tourna le dos quand elle s'en débarrassa, et quand il lui fit de nouveau face, il éprouva un intense frisson en la découvrant si peu vêtue. La jeune femme plia alors ses vêtements et les déposa sur un coffre, puis elle se défit de ses bottes et les posa devant la cheminée, à distance sécuritaire, pour qu'elles sèchent. Tout le temps qu'elle tourna dans la tente, le Lord ne l'avait pas lâchée du regard.

Finalement, la jeune femme s'assit sur le sol devant le foyer, approchant ses mains des flammes. Elle jeta un regard au Lord avec un sourire ravi quand il l'enveloppa dans la couverture. Elle espérait qu'il allait la rejoindre pour bénéficier de la chaleur du feu, mais quand elle entendit le frottement des vêtements sur la peau, elle garda son regard rivé sur la cheminée... Le son dura quelques minutes, puis ce fut le silence. Hermione sursauta quand les doigts glacés du Lord attrapèrent le bord de la couverture au niveau de son cou. Il éloigna alors l'étoffe de son épaule gauche, s'assit près de la jeune femme, et rabattit la couverture sur son dos. Du coin de l'œil, Hermione vit la lueur des flammes réchauffer la peau pâle de son torse. Elle sentit alors des frissons dans son ventre quand il se pressa contre elle.

— Donc... le quartier général... dit alors la Gryffondor sans regarder l'homme près d'elle.

Il tourna légèrement la tête vers elle.

— C'en est une partie, répondit-il. Le reste est à l'extérieur de la forêt, à quelques centaines de mètres de là.

— Aussi loin ? demanda Hermione en fronçant les sourcils, confuse. Pourquoi est-ce que cette tente est si loin du reste ?

Il y eut un moment d'hésitation.

— Parce que je voulais que nous soyons loin de nos gens.

— Pourquoi ?

Voldemort sembla hésiter de nouveau.

— Parce que je voulais que nous ayons notre intimité.

Hermione leva les yeux vers le Lord et leurs regards s'accrochèrent, à quelques centimètres l'un de l'autre. Ses yeux se plissèrent légèrement, comme s'il se retenait de la dévorer du regard. La jeune femme prit soudain conscience de la fine pièce de tissu qui les enveloppait, si proche de son torse. Elle déglutit et trouva la couture de la couverture soudain très intéressante. Elle sentit ses joues rougir et marmonna quelque chose. Elle venait de comprendre ce qu'il entendait par « intimité »... Elle s'ébroua, tendue, en songeant qu'il ne voulait vraiment pas qu'ils soient interrompus... Le sort antitransplanage autour de la tente confirma ses doutes.

Elle éprouva soudain un pincement dans sa poitrine. Une sorte d'envie dont elle n'était pas familière, elle savait que cela venait de lui, non d'elle. L'Horcruxe en elle lui permettait de ressentir ses émotions à lui, comme s'ils ne faisaient qu'un. Le côté précieux de sa personne la pressait de repousser ces sentiments au loin, après tout, ils n'étaient pas à elle. Cependant, quelque chose la titillait doucement et elle décida de baisser ses défenses, laissant ces sentiments l'envahir, la submerger. Ce n'était pas comme s'il avait pris possession d'elle entièrement, mais plutôt comme si elle avait assez de place en elle pour eux deux, comme s'ils partageaient un seul corps. Elle avait l'impression d'avoir son esprit en elle, comme s'il s'était introduit dans sa tête.

Les pensées de la jeune femme se transformèrent en un lourd brouillard. Ses yeux le virent se rapprocher d'elle, penchant la tête sur le côté. Ses lèvres lui touchèrent alors l'oreille et la touchèrent tandis qu'il lui parlait, mais la Gryffondor ne fut pas en mesure de comprendre ce qu'il disait. Elle capta quelques mots, quelque chose à propos de chaleur, avant qu'un bras ne s'enroule autour de ses jambes, puis un autre dans son dos. Le sol disparut alors de sous elle et elle se retrouva dans les airs. Elle s'agrippa à lui, respirant l'odeur, eau de pluie et sueur mêlée, de sa poitrine. La lumière s'affadit alors qu'il l'emmenait loin du feu, et ils disparurent derrière le rideau qui séparait la chambre du reste de la tente.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top