Chapitre 29

Hermione tâcha de garder la tête baissée et de rester silencieuse tandis qu'elle se faufilait dans la foule grandissante des employés de Menkar et du public de curieux.

Si elle n'avait pas su pourquoi elle était là, elle aurait juré que les gens attendaient le début d'un match de Quidditch international. Les gens chantaient, buvaient, dansaient. Les enfants couraient entre les jambes et les capes. Des marchands vendaient leurs biens tout le long de la route jusqu'à l'Asile.

Seule la vue des hommes armés du Ministère et les employés de Menkar, regardant chaque personne attentivement comme des vautours, rappelaient le sérieux de la situation à la jeune sorcière.

L'Asile sorcier de Menkar était un bâtiment gris surmonté de tours tordues qui partaient à l'assaut du ciel comme des dents déchiquetées. Il y avait de petites fenêtres alignées sur les murs de manière ordonnées, une pour chaque cellule. Hermione regarda les fenêtres en imaginant Voldemort derrière l'une d'elles, en train de la regarder.

Les visiteurs furent vérifiés une nouvelle fois par des gardiens lors du passages des immenses portes de fer pour entrer dans la cour de l'Asile. Les gens furent ensuite conduits vers le centre de la place, où des sièges, des tables et une estrade avaient été installés. C'était encore le début d'après-midi, mais déjà la moitié des sièges étaient pris.

Hermione survola la foule du regard. Si elle était chanceuse, alors ces sièges, ces tables et cette estrade auront été installés pour rien. Tous ces gens seront venus pour rien, sinon pour apprendre que Voldemort, une fois encore, les avais pris pour des pigeons.

Hermione tenta désespérément d'enterrer le fait qu'elle était sur le point de commettre un acte terriblement mauvais. La mémoire de Voldemort avait été effacée, il n'était plus l'homme qu'il avait été. Tout le monde a droit à une chance... Et son enfant... Cet enfant allait avoir besoin de son père.

Mais elle n'avait pas le temps pour se laisser envahir par la nouvelle de sa grossesse. Si ça avait été le cas, si elle avait eu du temps, ça aurait sans doute été quelque chose du genre Serais-je une bonne mère ? ou bien Ce sera un garçon ou une fille ? Mais elle savait qu'au fond d'elle, elle ne voulait rien savoir de tout ça, pas avant d'être certaine de son futur. Et elle ne survivait pas aujourd'hui ? Alors elle ne voulait pas songer à la vie en elle qui mourrait en même temps qu'elle.

Hermione avait de la chance d'avoir ses collègues de travail de Menkar autour d'elle. Sans eux, elle aurait tourné autour de Menkar comme une idiote.

Tous les employés avaient rejoint une entrée dérobée pour tenir une réunion et avoir leurs ordres du jour. Ils reçurent des instructions concernant leurs patient habituels – ce que la jeune sorcière allait faire avec un partenaire – et quand cela fut fait, Hermione obtint de travailler à la cuisine.

C'était simple : parler n'était pas une nécessité, donc elle était en sécurité concernant une éventuelle inspection. Dans la cuisine, elle allait devoir préparer des repas simples, puis les servir à la foule massée dans la cour.

La cuisinière, une femme entre deux âges, lui lança un tablier et la mit immédiatement au travail.

Hermione préparait du jus de citrouille quand elle ressentit encore cette étrange impression, qui lui dressait les cheveux à l'arrière du crâne. Discrètement, elle se glissa dans un placard à balais et avala une gorgée de Polynectar. Trois gorgées, déjà. Il n'en restait plus que deux. Elle allait devoir trouver un plan, et rapidement.

Rapidement cependant, elle apprit une chose.

En écoutant les discussions entre les employés de Menkar, elle remarqua qu'ils mentionnaient souvent le « Niveau 6 ». Genre « Le Niveau 6 va l'avoir ce soir » ou encore « Bon débarras, Niveau 6 ». Cela n'avait pas pris longtemps à la jeune sorcière pour savoir de qui ils parlaient : Voldemort. Il devait avoir un étage entier rien que pour lui, pour des raisons de sécurité, bien entendu. Sa présence aurait sans doute dérangé les autres patients.

La mention de Voldemort fit battre le cœur d'Hermione à toute vitesse et elle déglutit difficilement.

Finalement, Hermione trouva la chance de rejoindre Voldemort juste avant d'avaler sa dernière gorgée de Polynectar. Elle était là, le goulot contre ses lèvres, tenant la fiole comme si elle était remplie de poison. C'était un peu le cas, du reste. Si elle ne trouvait pas un moyen d'agir durant l'heure qui allait venir, elle serait démasquée et exécutée en même temps que Voldemort, sous les yeux du monde entier.

Derrière la porte du placard à balais, Hermione entendit soudain deux aides de cuisine discuter.

— Je dois vraiment le faire ? se plaignit une jeune femme pas plus vieille qu'Hermione.

Une femme plus âgée lui répondit sur un ton sévère.

— Tu n'es pas la seule à être fatiguée de devoir aller là-bas, Steph, dit-elle. Mais quelqu'un doit lui apporter ses repas.

— Mais pourquoi moi ? geignit la plus jeune.

— Tu aurais peut-être dû songer à cela avant d'arriver en retard au travail ! répliqua l'autre. Tout le monde a voté et c'est ton tour d'aller porter son repas au Niveau Six.

La jeune femme marmonna et Hermione entendit un bruit sourd comme si elle avait cogné quelque chose, comme une poubelle, tandis qu'elle s'en allait. Une idée jaillit soudain dans l'esprit de la Gryffondor, elle avala le reste de son Polynectar et sortit du placard. La vieille femme tournait le dos à Hermione et elle se dirigea vers elle.

Quand la vieille femme vit Hermione, elle s'adressa à elle en utilisant le numéro qu'elle avait de brodé sur sa robe.

— Hé, 6485, tu n'as rien à faire ?

Hermione remercia la chance la vieille employée ne semblait pas connaître Ursula personnellement, donc la jeune sorcière se sentit plus libre de parler de sa propre voix.

— Je viens juste de quitter la préparation du repas, mentit-elle. Si c'est trop pour Steph, je peux me charger de la livraison au Niveau Six.

La vieille femme haussa un sourcil.

— Tu ferais ça ?

— Il est inoffensif, n'est-ce pas ?

— Eh bien, oui, répondit l'autre. Oui, il est parfaitement inoffensif, il ne parle même pas. Je parie que tu ne lui as jamais apporté de repas avant.

Hermione hocha la tête et la femme agita une main en retournant à sa cuisine. Hermione la suivit et découvrit un plateau avec une part de tarte à la viande et un gobelet d'eau qui l'attendait sur le comptoir.

— Je le dirais à Steph quand elle reviendra. Elle sera absolument ravie.

La vieille sorcière prit le plateau et le tendit à Hermione.

— Si ça ne tenait qu'à moi, je le laisserais crever de faim jusqu'au bout, marmonna-t-elle. Mais ces damnés humanitaires ont toujours un truc à redire...

Hermione haussa une épaule, n'ayant pas assez confiance en elle pour parler. Innocemment, elle demanda :

— Je dois savoir quelque chose au sujet des gardes ?

— Nan, répondit la sorcière. Il n'y a que de ces abrutis devant sa cellule et ils connaissent la procédure.

— Seulement deux gardes ? s'étonna Hermione.

La sorcière la regarda, amusée.

— Tu n'es pas là depuis longtemps, n'est-ce pas ? dit-elle. Tu n'as pas entendu ce que j'ai dit ? Il est inoffensif maintenant. Tout le monde le sait. Pourquoi gâcher des hommes pour un seul sorcier ?

— Je ne sais pas, je croyais...

— Oi ! s'exclama soudain la cuisinière. Qu'est-ce que tu fiches, 6485 ?

Elle agita une spatule en direction d'Hermione.

— Tu as d'autres repas à servir ! Ce n'est pas un buffet ! s'exclama-t-elle.

— Du calme, Hilda, répondit la vieille sorcière. Elle va aller livre le repas du Niveau Six.

— Tu crois que je m'intéresse à lui ? grimaça la cuisinière. Il peut crever de faim jusqu'à minuit, je m'en cogne !

La vieille sorcière fronça les sourcils et posa ses poings sur ses hanches. Il était facile de voir qui avait l'autorité et la cuisinière marmonna sous le regard dur de l'autre sorcière. Elle se détourna ensuite et retourna à son travail.

— J'ai terminé une table, dit-elle. Va la servir et après, tu iras servir sa bouffe, ok ? Et dépêche-toi de revenir après...

— Merci, Hilda, répondit la vieille sorcière avec un mince sourire.

Hermione se mordit les lèvres et dissimula son visage derrière ses cheveux pour que la femme ne puisse pas voir son agacement. Elle avait si peu de temps, chaque seconde était précieuse.

Elle posa alors le repas de repas de Voldemort et s'empara de l'autre plateau recouvert de nourriture. Elle quitta la cuisine avec un autre employé qui transportait de la nourriture et ils se rendirent dans le jardin surpeuplé.

La foule avait encore pris de l'ampleur depuis l'arrivée d'Hermione. Comme la journée avançait, des artistes se produisaient sur une scène et, actuellement, un groupe jouait une sorte de musique entrainante pour garder les gens concentrés.

L'employé près d'Hermione lui indiqua où amener les plats qu'ils avaient à servir, et quand Hermione posa son regard sur la table, elle manqua d'en lâcher son plateau.

Elle aurait pu reconnaitre cette tête aux cheveux noirs n'importe où : Harry Potter était là, assis dos à elle, à une large table avec tous les autres. Il y avait Ron et le reste des Weasley, et la garde d'Harry.

Ils se trouvaient autour de l'une des tables de la section VIP du jardin, avec une vue directe sur la scène. Harry conversait avec Maugrey. Quand la jeune Gryffondor déposa le plateau sur leur table, elle renversa accidentellement un verre d'eau et il tomba sur le sol en se brisant. Juste ce dont elle avait besoin !

Maugrey et Harry cessèrent aussitôt de parler, et tous les regards se tournèrent vers Hermione. Elle avala alors sa salive et essuya brièvement ses mains soudain moites en se baissant pour éponger l'eau avec son tablier. Quand elle eut fait son possible, elle se releva et termina de déposer les assiettes devant les gens.

Heureusement, ils l'ignoraient comme elle travaillait rapidement. Sauf un. Comme la jeune femme déposait un gobelet devant Arthur Weasley, elle jeta un œil vers Maugrey. Son œil normal regardait Harry qu'il écoutait, mais son autre œil était concentré sur elle.

Comme elle se déplaçait autour de la table, l'œil magique la suivait et Hermione se sentait mal d'être ainsi observée, comme s'il pouvait voir directement sous son déguisement.

Il était le dernier à devoir être servi, et après avoir déposé l'assiette devant lui, elle tourna les talons pour partir.

— Miss ?

Hermione se figea.

— Vous avez laissé tomber quelque chose.

Hermione se retourna et vit Maugrey lui tendre sa flasque vide ayant contenu le Polynectar.

Mais comment... ? se demanda la Gryffondor.

La flasque avait dû tomber de sa poche quand elle s'était baissée pour éponger l'eau, Elle la récupéra et la glissa dans sa poche sans un mot, essayant de ne pas croiser le regarder de Maugrey.

Hermione pivota ensuite et disparut, retournant à la cuisine. Elle s'appuya contre le mur froid un moment, le temps de reprendre ses esprits. Son cœur battait la chamade, et elle savait qu'il allait mettre un moment avant de se calmer. Maintenant qu'elle savait qu'Harry était présent, son esprit allait à toute vitesse. Elle n'avait toujours aucune idée de la manière dont elle allait s'y prendre pour sortir Voldemort de sa cellule et lui faire quitter cette île.

Et si un autre combat éclatait, comme à Poudlard ? Ça sera alors comme avant Harry serait aux premières loges pour voir son amie le trahir une nouvelle fois.

Le cœur d'Hermione menaçait de sortir de sa poitrine. Elle tira son col de son cou, éprouvant soudain une terrible impression d'étouffement, et elle déglutit. Une profonde inspiration parvint à calmer un peu son cœur, mais son esprit continuait à bouillir.

Lentement, Hermione ferma les yeux et quand elle les rouvrit, ils se posèrent directement sur le plateau de nourriture destiné à Voldemort. Lâchant son col, la jeune femme, sans rien penser d'autre, prit le plateau et se dirigea vers les escaliers.

.

Hermione su qu'elle avait atteint le sixième étage quand elle découvrit une paire de gardiens aussi larges que hauts qui se tenaient devant une cellule au bout d'un long couloir. Elle prit alors une profonde inspiration et s'approcha d'eux.

Jetant un coup d'œil à droite et à gauche, la Gryffondor sut que la rumeur était vraie : toutes les cellules de cet étage étaient vides seule celle tout au bout était occupée.

Comme elle s'approchait, les contours d'un corps humain se dessinèrent entre les barreaux. En un instant, elle reconnut la silhouette et le temps qu'elle n'arrive devant la grille, ses jambes étaient comme du coton et que ses genoux s'entrechoquaient sous sa robe.

En reconnaissant l'uniforme de Menkar, les gardes ne lui adressèrent par la parole quand bien même ils l'auraient fait, elle leur aurait tout simplement jeté un sort d'Oubliettes.

Voldemort, en chair et en os, était assis au bord de son lit, les bras sur les genoux, la tête basse. Si Hermione ne respirait aussi fort, il pourrait ne pas se douter qu'elle se tenait là, à le regarder. Il releva alors la tête vers elle et, timidement, la jeune femme jeta un coup d'œil sur le plateau qu'elle tenait. Du coin de l'œil, elle le vit se lever du lit et se diriger vers elle. Sa proximité semblait absorber tout l'oxygène des environs et le cœur d'Hermione battait comme elle essayait de respirer normalement. Sa gorge s'assécha alors et elle se lécha les lèvres, s'autorisant à regarder le Lord.

Leurs regards s'accrochèrent.

Les genoux d'Hermione menacèrent alors de lâcher quand elle vit ces yeux bleus qui ne pouvaient appartenir qu'au Seigneur Noir. Sa bouche s'entrouvrit alors comme elle l'observait. Ses cheveux noirs avaient poussé et ils étaient rabattus en arrière, loin de son visage. Sa peau marbrée était aussi pâle que d'habitude, juste un peu plus, et des cernes soulignaient ses yeux, rendant leur bleu iridescent. Hermione savait que son séjour à Menkar avait été rude, mais il était solide et il la regardait avec circonspection.

À présent que Voldemort était devant elle, non plus en rêve, mais pour de vrai, elle réalisa la force de ce qu'elle avait entrepris. Elle voulait le toucher, juste pour s'assurer qu'il était réel et non pas une sorte d'illusion, mais cela aurait semblé étrange aux yeux des deux gardes de Menkar, et elle ne voulait surtout pas prendre le risque de faire sauter sa couverture.

Hermione baissa les yeux, observant la porte de la cellule. Un trou horizontal dans les barreaux lui permit d'y glisser le plateau-repas. Voldemort s'en empara et le déposa sur son lit. Au moment où il prit la nourriture, Hermione glissa sa main dans sa manche et attrapa sa baguette magique. Rapidement et avec précision, elle Stupéfixa les deux gardes de chaque côté d'elle. Pris par surprise, ils s'écroulèrent sans un mot avant même que Voldemort n'ait eu le temps de regarder ce qu'il avait comme repas. Quand il pivota vers elle, il ne vit qu'Hermione devant lui, de l'autre côté de la porte de sa cellule. Les coins de sa bouche se relevèrent.

Avec un hoquet, Hermione se baissa alors près d'un des deux gardes et repoussa son manteau. Elle découvrit les clefs autour de son cou et les récupéra avant de se jeter sur la porte de la cellule.

Voldemort la regardait silencieusement comme elle déverrouillait la porte et l'ouvrait. Sans réfléchir, elle tendit alors la main vers le sorcier pour s'assurer qu'il était réel. Ses sourcils noirs se froncèrent et il regarda la main.

— C'est moi, dit la jeune femme.

Le Lord la regarda, comme si le son de sa voix avait réveillé quelque chose en lui. Hermione sursauta et sourit.

— Vous vous rappelez ? demanda-t-elle. Vous vous souvenez du son de ma voix ?

Voldemort ouvrit alors la bouche pour parler, mais après un moment, il la referma et secoua la tête. Hermione soupira et ses épaules retombèrent.

— Ce n'est pas grave, dit-elle en lui prenant doucement le bras. Vous vous en souviendrez bien vite, je trouverais un moyen. Je vous le promets, je trouverais un moyen de vous rendre la mémoire.

Hermione relâcha alors le bras de l'homme et retourna vers l'un des gardes. Elle lui retira alors son manteau et le lança à Voldemort.

— Vite, dit-elle. Mettez ça. Je ne suis pas encore certaine de la manière dont nous allons sortir d'ici, mais un petit déguisement, c'est mieux que rien du tout.

Après qu'il eut jeté la cape sur son pyjama bleu de Menkar, Hermione lui attrapa la main et le conduisit le long des couloirs. Lorsqu'ils parvinrent aux escaliers, la jeune femme se pencha par-dessus la rambarde pour vérifier si personne ne venait. Dès qu'elle en fut sûre, ils descendirent les marches à toute allure, s'arrêtant de temps en temps pour vérifier qu'ils étaient bien toujours seuls.

Arrivés en bas des marches, non loin des cuisines, la vieille femme à qui Hermione avait parlé plus tôt, se montra soudain au coin du couloir. La jeune femme fit aussitôt volte-face vers Voldemort et rabattit sa capuche sur sa tête. Elle le repoussa ensuite de façon à ce que personne ne puisse voir son visage.

— 6485, te voilà, dit alors la vieille cuisinière. Qu'est-ce qui t'a pris autant de temps ? Tout ce que tu avais à faire, c'était monter, balancer la nourriture et revenir. Ce n'était pas difficile, si ?

— Je suis désolée, répondit Hermione, regardant nerveusement Voldemort.

— Retourna à la cuisine maintenant, sinon Hilda va faire une crise.

— Oui, m'dame... répondit en Hermione étirant sa bouche dans un sourire d'excuses.

La sorcière jeta un regard à Voldemort avant de s'éloigner pour retourner à la cuisine. Hermione soupira alors et reprit la main du Lord pour fuir cet endroit.

Seulement, le seul moyen de quitter cette île, c'était le bateau, donc le port était leur seule option. Hermione réalisa qu'ils allaient devoir traverser la cuisine, puis le jardin, et enfin la cours, jusqu'aux grandes portes, puis les franchir pour accéder au port. Il y avait un long chemin à faire et ce serait suicidaire, mais il n'y avait pas d'autre moyen. Ils avaient l'effet de surprise en leur faveur. En effet, personne n'allait se douter que Voldemort se promenait simplement dans la foule... Avec cette capuche sur la tête, ils avaient une chance.

Dans la cuisine, Voldemort garda la tête baissée alors qu'ils gagnaient rapidement la porte donnant dehors.

— 6485 ! aboya soudain la cuisinière. Te voilà ! J'ai sept commandes de prête, va les amener !

— Oui, M'dame, répondit Hermione sans toutefois ralentir. J'irais juste après.

Voldemort et elle quittèrent alors la cuisine et se glissèrent dans la cour. Au loin, la jeune femme vit alors Harry Potter, assis près des Weasley et de sa garde personnelle. Elle attrapa aussitôt la main du Lord. Ils longèrent alors les murs de la cour, contournant la foule autant que possible. Alors qu'ils atteignaient les portes, la jeune femme sourit aux gardes et ils la saluèrent. Ils firent quelques pas dans sa direction, quand soudain, l'air explosa de bruit.

L'alarme de Menkar se mit à hurler depuis les tours du bâtiment, des voix crièrent dans les hautparleurs. Aussitôt, des centaines de baguettes furent dégainées.

Hermione et Voldemort se regardèrent.

— Merde, lâcha la jeune femme, figée sur place.

Ils jetèrent alors un œil par-dessus leur épaule pour voir des gardes envahir la zone, provoquant un mouvement de panique dans la large foule. Hermione pouvait même entendre quelques bribes de phrases des hautparleurs : « Level 6... échappé... toutes les unités... exterminer... »

— C'est l'heure de courir, dit alors Hermione.

D'un même ensemble, ils dévalèrent la pente de la colline. Hermione dégaina sa baguette et la tint solidement dans sa main, prête à s'en servir. Elle n'osa pas regarder derrière elle, elle pouvait largement entendre les bottes de leurs poursuivants marteler le sol. Son adrénaline fusait dans ses veines, la faisant voler au-dessus des obstacles de la colline. Cependant, cette énergie lui avait fait oublier qu'elle était sous l'effet du Polynectar, jusqu'à ce qu'elle s'emmêle dans sa cape. La potion n'avait plus d'effet, bien plus tôt qu'elle ne le croyait, Comme elle courait, elle retrouva sa taille originelle et ses cheveux se mirent à pousser en devenant de longues mèches brunes. Elle du se débarrasser de la lourde cape pour ne pas trébucher dessus. Avec un regard pour Voldemort, elle remarqua que son capuchon s'était rabattu. Maintenant, impossible de ne pas les reconnaitre.

Qu'allaient-ils faire quand ils auraient atteint le port ? Et s'il n'y avait aucun bateau pour leur permettre de fuir ? Les questions de la jeune sorcière eurent une réponse dès l'instant où ils contournèrent un coin dans l'herbe et que le port se révéla à eux. La jeune femme manqua trébucher en voyant le bateau dans la baie. Mais il n'était pas plein de curieux venus assister à l'exécution...

Des Mangemorts, reconnaissables à leurs tenues noires, remplissaient le bateau et ils avaient neutralisé les membres du Ministère et les employés de Menkar sur la plage.

— Madame ! s'exclama alors une voix familière depuis le bateau.

Hermione reconnaissait aussitôt Mag qui lui faisait signe, à la proue du bateau. Voldemort passa alors devant la jeune femme. Dès le moment où il avait vu le bateau il avait piqué dans sa direction et rejoint les Mangemorts. La jeune femme le rattrapa rapidement, baissant la tête pour éviter la ligne de feu. Mag la saisit soudain par l'épaule, et la poussa en sécurité derrière la barrière.

— Allez derrière ! cria-t-il avant de la pousser en avant puis de sauter du bateau dans un cri de guerre.

Un rayon vert jaillit aussitôt de sa baguette alors qu'il se mettait à rire de façon démente. Hermione trouva alors la main de Voldemort et s'y agrippa comme s'il était une sorte de bouée de sauvetage. Ils gardèrent la tête baissée en courant à travers les Mangemorts, et plonger en toute sécurité sous le pont du bateau.

Le bois et le métal qui les entouraient étouffaient les bruits du combat, et tout ce qu'ils entendaient était leurs respirations rapides et lourdes. Voldemort passa alors une main dans ses cheveux et Hermione le regarda de travers.

Bizarre, il n'avait encore jamais fait ça avant... s'étonna-t-elle intérieurement.

Peut-être que lui effacer la mémoire lui avait permis de recommencer à zéro et d'acquérir de nouvelles habitudes... Cela voulait-il dire que sa personnalité avait changée, elle aussi ? Il se laissa aller contre le mur et sa poitrine se souleva puis redescendit comme il soupirait bruyamment. Il regarda alors vers Hermione du coin de l'œil et la fixa ensuite en notant qu'elle le regardait attentivement.

Mais le moment fut rompu quand le sol sous leurs pieds se mit à trembler. Hermione attrapa aussitôt le bras de Voldemort, mais le tremblement se calma. Ils avaient enfin levé l'ancre et Hermione s'appuya contre le mur en soupirant de soulagement. Ils entendirent des pas rapides au-dessus de leur tête. Hermione n'était pas prête pour être dérangée par un Mangemort. Elle venait de le ramener elle voulait passer encore un peu de temps seule avec lui.

La Gryffondor avisa alors une porte ouverte et, jetant un coup d'œil à l'intérieur de la pièce, elle découvrit une chambre avec un lit et un bureau. Une fenêtre ronde montrait l'eau qui giclait contre les bords du bateau.

— Entrez, dit-elle au Lord en lui faisant signe de la suivre.

Elle traversa la pièce et se posta devant le hublot, regardant dehors. Elle entendit alors le cliquetis de la porte qui se ferme dans son dos.

— Quand on aura quitté le bateau, commença-t-elle, regardant le ciel qui s'assombrissait comme la tempête approchait. Vous viendrez avec moi. J'ignore où, mais nous ne pouvons rester ici. Ces hommes sur le pont ne nous apporteront que des problèmes, vous comprenez ? Je sais qu'ils nous ont aidé à nous échapper, mais c'est le genre de sorciers qui ont fait d'Azkaban ce qu'elle est. Quand le temps sera venu, nous filerons loin d'eux et nous nous débrouillerons par nous-même. Je ne vois aucune autre solution, acheva-t-elle doucement.

Elle se mordit la lèvre et soupira, baissant la tête.

— Je sais que vous n'avez aucune idée de qui je suis, mais sachez que vous pouvez me faire confiance. Je ne suis pas comme ces gens sur le pont. Je veux vous aider.

Elle hésita un instant, cherchant ses mots, et ajouta :

— Vous voyez, c'est ma faute si vous ne vous souvenez pas de votre passé et je voudrais que vous récupériez vos souvenirs. Je sais que cela semble fou, mais vous m'avez envoyé des rêves depuis que vous avez perdu la mémoire. Pendant votre sommeil, vous... vous étiez... vous étiez l'homme que vous étiez avant. Et cela m'a donné l'espoir que vous pouviez être aidé. Si vous l'acceptez, bien entendu.

La jeune femme ferma alors les yeux et souffla :

— Et j'espère que vous le ferez, pour notre bien, vous, moi et notre...

Hermione se tut brusquement quand deux bras l'enlacèrent par-derrière. Ils l'enserrèrent, la tenant fermement contre lui. Voldemort posa son menton sur son épaule et effleura son oreille de ses lèvres.

— J'adorerais passer plus de temps avec toi... seul, ronronna-t-il.

Les yeux d'Hermione s'ouvrir alors et son cœur loupa un battement. Cette voix n'appartenait pas à Voldemort. Cette voix profonde et éraillée, elle se souvenait parfaitement les cauchemars qu'elle lui avait donnés... quand elle se trouvait au manoir Jedusor.

Non, ce n'est pas...

Hermione pivota aussitôt entre les bras qui la ceinturaient et ce qu'elle vit la laissa sans voix. Ce n'était pas Voldemort, du moins il en avait l'apparence, mais sa bouche était tordue en un rictus moqueur. Devenait-elle folle ?

Soudain, quelque chose se mit à changer en lui, sa peau, sur sa face et ses bras, se mit à bouillonner et faire des cloques. Hermione le regardait avec horreur, incapable de parler, tandis qu'il se transformait. Ses yeux foncèrent jusqu'au marron, et ses cheveux poussèrent, long et miteux.

Hermione fit un bond en arrière quand elle vit que ce n'était plus Voldemort qui la tenait entre ses bras, mais bel et bien Barty Croupton Junior...

Aussitôt, elle plaque ses mains contre la poitrine de l'homme et le re poussa en arrière. Il la laisse s'éloigner et elle recula jusqu'au mur, aussi loin qu'elle le pouvait, priant pour disparaitre à l'intérieur.

— Non... Non, marmonna-t-elle. Où... Qu'est-ce qui se passe ? Où est-il ?

— Je suis juste là, répondit Barty en ouvrant les bras.

Hermione grimaça et s'éloigna encore un peu plus. Il se mordit la lèvre inférieure.

— Aie, dit-il. Je pensais au moins que je t'avais un peu manqué, après tout ce que nous avons traversé ensemble... Mais je comprends. Tu es tout à notre Maître, je comprends, ça me va.

Il plongea une main dans une poche et en tira une flasque.

— Je peux encore changer, si tu préfères... souffla-t-il en débouchant la bouteille.

Hermione lui claqua soudain la main et la fiole vola. Elle tomba sur le sol et se brisa. Barty se tourna alors vers elle, furieux.

— C'était au moins un mois de Polynectar ! s'exclama-t-il.

Hermione se propulsa alors vers la porte, mais quand elle voulut tourner la poignée, elle remarque que la porte était verrouillée. Elle fit alors glisser le loquet, mais avant qu'elle n'ait pu sortir de la pièce, Barty la saisit par la taille et la tira en arrière.

— Je n'en ai encore pas fini avec toi, dit-il à son Oreille.

Il la souleva alors du sol et Hermione se mit à ruer dans les airs, tendant de le déséquilibrer. Il la jeta alors sur le lit et l'y cloua. Sa bouche se promena alors partout sur elle, l'embrassant, la léchant... Hermione en hurlait Presque de pouvoir s'éloigner de lui. Il trouva alors l'ouverture de ses cuisses et s'affaira à remonter sa robe. Tournant la tête, Hermione vit sa baguette sur le sol près du lit. Elle réussit à dégager un bras et se saisit de la baguette.

Crucio ! hurla-t-elle.

Le sortilège frappa Barty en plein visage et il hurla de tous ses poumons, pris de convulsions de douleur. Il tomba du lit et se mit à se tortiller sur le sol. Hermione s'éloigna aussitôt de lui et rajusta sa robe. Barty sanglotait de douleur tandis que la sorcière ouvrait la porte de la chambre et jaillit dans le couloir. Sans regarder en arrière, elle remonta sur le pont en courant.

La tempête les avait rattrapés et la pluie dégringolait autour de la jeune femme. Elle regarda autour d'elle frénétiquement à la recherche de la réponse à la question qui la taraudait. Elle avait envie de hurler à chaque Mangemort qui passait : "Attendez, nous n'avons pas le bon homme ! Ce n'est pas Voldemort !" mais quelque chose lui disait qu'ils le savaient tous déjà. Elle avait cependant besoin de réponses.

Hermione tourna sur le bateau jusqu'à ce qu'elle trouve. Mag aboyait des ordres à un groupe de Mangemorts, et s'inclina vers elle quand elle s'approcha.

— Vous saviez que l'homme que j'ai ramené n'était pas Voldemort, n'est-ce pas ? dit-elle.

— Oui, ma Dame, répondit Mag en fronçant les sourcils. Bon sang, Barty n'est même pas fichu de suivre les ordres...

— Qu'est-ce que vous voulez dire ? demanda Hermione. Savez-vous où le vrai Voldemort se trouve ?

— Eh bien...

Mag regarda par-dessus Hermione et son regard suivit un homme qui s'approcha et planta près d'eux. Hermione lui jeta un regard, mais dut y revenir à deux fois. C'était Marek. Et il était vivant ! La jeune femme avait cru qu'il avait été tué après avoir tué Zeth, dans le sous-sol du tournois clandestin... Elle ouvrit la bouche, mais Mag lui coupa l'herbe sous le pied.

— Mon Seigneur... dit-il en inclinant la tête.

Mon Seigneur ? s'étonna Hermione.

— Je vous demande pardon, continua Mag. Mais elle vient de m'annoncer que Barty avait échoué...

— Tout va bien, répondit l'homme.

Hermione sentit sa mâchoire lui tomber. C'était les premiers mots qu'elle entendait de Marek, et sa voix était étrangement familière...

— J'étais en chemin pour la rejoindre et me révéler, de toute façon.

Il leva une main et Hermione le regarda alors baisser son foulard, puis tapoter sa tempe de la pointe de sa baguette pour redonner à ses yeux bruns et fades, leur couleur bleue si envoûtante.

Les jambes d'Hermione lui firent soudain défaut et Voldemort la retint par le bras. Mag voulu aider, mais Voldemort lui ordonna de retourner travailler. Il reporta ensuite sur attention sur Hermione, ses lèvres remontées en un rictus machiavélique. Des gouttes de plus perlaient à ses cils et tombaient sur le visage d'Hermione comme elle le regardait. Sa vision périphérique devint alors trouble comme elle fixait les prunelles bleues. Elle avait perdu les sensations dans ses jambes et Voldemort la laisse s'asseoir sur le sol lentement, ses mains toujours accrochées à ses bras.

— Vous... hoqueta alors la jeune sorcière, la bouche soudain sèche. Vous n'avez jamais perdu la mémoire, n'est-ce pas ?

— Bien sûr que non... répondit le Lord avec un petit rire.

Hermione ne se rappela pas avoir ensuite fermé les yeux tout ce dont elle se souvint, c'était que ce fut le trou noir juste après ça, puis plus rien.

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