Chapitre 26
Narcissa saisit les épaules d'Hermione et la secoua.
— Où est-il ! demanda-t-elle, désespérée. Où est mon fils !
Quand Drago apparut de la cuisine, l'inquiétude disparu aussitôt du visage de la sorcière blonde et elle lâcha Hermione pour aller enlacer son fils.
— Si quelque chose t'était arrivé, je ne sais pas ce que j'aurais fait ! dit Narcissa, caressant les cheveux de son fils.
Hermione et Rogue se regardèrent brièvement et hochèrent la tête l'un pour l'autre.
— Avez-vous eu des ennuis avec la petite armée planquée dehors ? demanda Hermione aux adultes.
Sans relâcher Drago, Narcissa lui répondit :
— Ils ont engagé le combat, mais rien ne peut arrêter une mère déterminée qui a décidé de rejoindre sa famille.
— La petite armée, ajouta Rogue. Elle consistait en grande majorité d'officiels du Ministère, mais ils étaient désorganisés. Ils ne semblaient pas avoir de plan de bataille, ils se battaient seulement comme des bœufs enragés.
— Ce qui veut dire... ?
— Ils sont probablement venus à la compétition sans autorisation du Ministère ou sans connaissances.
— Donc les gens sont de plus en plus rebelles.
— Beaucoup plus depuis la Bataille de Poudlard, répondit Rogue. Beaucoup de gens ont perdu quelqu'un dans cette bataille. La plupart pensent trouver revanche en combattant ceux qui les ont blessés. Vous êtes le centre de la colère de beaucoup de gens, mais il y en a quelques-uns qui auraient changé d'avis.
Hermione tendit l'oreille.
— Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Rogue pinça les lèvres, sachant que ce petit bout d'information l'intéresserait.
— Après que Drago et vous ayez quitté l'arène par l'agenceur, un groupe était prêt à prendre l'autre. Mais un autre groupe les en empêchait, ralentissant ceux qui vous en voulaient.
Il opina légèrement et haussa les épaules.
— Tous ne ressemblaient pas à des Mangemorts, reprit-il. Certains que je n'avais jamais vu avant et il y a plusieurs adolescents de votre âge, aussi.
Hermione encaissa la nouvelle avec avidité et sourit. D'autres personnes, et pas des Mangemorts, cherchaient à la protéger.
En voyant son sourire, Rogue ajouta :
— Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Ceux qui sont contre vous sont bien plus nombreux, de loin.
Soudain, Narcissa, toujours consciente de son apparence, réalisa à quel point sa robe était crottée, et demanda à Hermione si elle voulait l'accompagner pour qu'elles se rafraîchissent. Hermione accepta avec gratitude et demanda à Rogue s'il n'avait pas quelque chose pour sa brûlure. Ce n'était pas trop sérieux, mais la peau boursouflée la faisait souffrir et recouvrait une partie de son torse, aussi bien devant que derrière. Rogue répondit qu'avec l'autorisation des Malefoy, il pourrait utiliser leurs ingrédients pour faire un baume. Narcissa accepta et conduisit ensuite Hermione à l'étage.
Lorsque la jeune sorcière tenta de retirer son corset, elle serra les dents de douleur. Une partie du tissu avait fondu et s'était incrusté dans sa peau, et le retirer revenait à tenter d'arracher une partie de sa propre peau. Avec l'aide de la magie de Narcissa, le vêtement finit par se détacher en laissant d'affreuses cloques rouges sur son ventre et son dos. Narcissa lui prêta ensuite l'une de ses robes, verte en velours aux bords argentés. Elle lui couvrait les jambes et les bras mais elle était si ajustée qu'elle faisait ressortir encore plus ses formes que ces autres vêtements.
Narcissa prit les autres vêtements et s'en alla avec. Hermione songea qu'elle allait probablement aller les brûler. Ce qui était bien aussi. Les vêtements l'avaient bien servie et c'était un soulagement de les retirer, comme si elle s'était débarrassée de de la partie Mangemort d'elle-même, restant à présent avec quelque chose de plus élégant. Et royal.
Se regardant le miroir, Hermione chercha à retrouver le rat de bibliothèque innocent qu'elle connaissait, se demandant si elle allait le voir comme une tache de rousseur sur sa joue. Mais c'était comme si elle se cramponnait désespérément à ce qu'elle avait été : une jeune fille qui ne s'autorisait à rire librement qu'une fois que ses devoirs étaient faits. Mais alors qu'elle se regardait droit dans les yeux, ses cheveux libérés autour de son visage, elle ne pouvait nier la transformation. Elle avait un nouveau but dans la vie et c'était visible sur son corps. C'était comme si la fille de l'autre côté du miroir suppliait d'être libérée de ce but, d'être libre et de nouveau innocente.
Harmony Hangleton appuya le bout de ses doigts contre la vitre glacée. Désirant presque écraser son poing dans cette image et libérer la fille de ses liens. Hermione Granger était de l'autre côté de ce miroir. Serait-elle libre, un jour ?
Hermione bondit quand Narcissa apparut dans l'embrasure de la porte derrière son reflet.
— Le vert et argent vous vont bien.
Hermione pivota.
— Pourquoi m'aidez-vous ? demanda-t-elle.
Narcissa repoussa une mèche blonde par-dessus son épaule et s'approcha d'Hermione.
— Pour la protection, répondit-elle. Nous voudrions nous séparer complètement du reste des Mangemorts, mais s'ils parviennent à nous retrouver, peut-être qu'ils seront plus indulgents s'ils apprennent que nous vous avons bien traitée.
Hermione opina en comprenant. Elle aurait dû le savoir. Tout comme Drago, elle était simplement concernée par sa famille et elle-même. Une part de la jeune sorcière était envieuse ; cela lui manquait d'avoir ce soutien familial. Elle l'avait eu avec Ron et Harry, mais même ça elle l'avait perdu à présent.
Le premier jour qu'Hermione passa chez les Malefoy, elle en apprit beaucoup sur leur style de vie. Sans serviteurs, Narcissa devait cuisiner et faire le ménage elle-même. Lucius était très occupé par son travail, faisant des heures supplémentaires pour un peu plus d'argent à la fin du mois. Drago, lui, avait été habitué à avoir un précepteur pour les jours où il n'était pas à Poudlard, mais même celui-ci avait été remercié. À présent, le jeune sorcier devait passer des heures à étudier, feuiller les livres de sortilèges et apprendre par ses propres moyens.
Tirant avantage de la présence d'une paire de mains supplémentaires, Narcissa mit Hermione au travail pour l'aider avec les travaux dans la maison. Dans leurs belles robes, elles rangèrent la « cabane » des Malefoy en invoquant des sortilèges pour faire la vaisselle, passer le balai, faire la lessive et laver la salle de bains. Narcissa n'était pas très douée pour ça, mais Hermione lui enseigna quelques trucs jusqu'à ce qu'elle puisse les faire par elle-même. Tandis qu'elles travaillaient, Narcissa parlait à Hermione comme si elle n'avait pas parlé depuis des années.
— Cette vieille maison crasseuse n'est rien comparé au Manoir Malefoy, dit-elle. Oh, Drago a dû vous le dire, non ? Peu importe. Savez-vous comment j'en suis arrivée à habiter ici avec mon mari ? Je suppose que je devrais commencer par le début ; Lucius et moi avons eu un mariage arrangé, afin de continuer la lignée du sang pur, bien entendu, mais je m'en fichais. Il était un charmeur, cet homme. Le croyez-vous ? Non ? Bref, il peut tout aussi bien être dur et ferme quand c'est nécessaire, mais il aime sa famille. Nous travaillions tous les deux au Ministère, mais après notre mariage, alors que j'avais à peine vingt ans, nous avons hérité de bien plus d'argent qu'il nous en fallait, alors j'ai quitté mon travail pour rester à la maison.
— Le manoir nous a été transmis d'Abraxas Malefoy. C'est là où nous avons passé notre lune de miel et tout. Un endroit plein d'espoir... Presque comme Poudlard lui-même. Et puis, je suis tombée enceinte de Drago. Quel jour magnifique ça a été ! La toute première personne à l'avoir su a été Bella...
Narcissa se tut brusquement et quand Hermione regarda la sorcière, elle remarqua que des larmes embuaient ses yeux clairs. Elle se reprit avec quelques respirations.
— Bellatrix était aussi excitée que si le bébé avait été le sien. Elle était tellement belle à l'époque... Et puis elle a rencontré le Lord et tout a été abîmé par la magie noire.
— Elle vous manque, n'est-ce pas ? demanda doucement Hermione.
— Plus que tout, répondit Narcissa comme une larme glissait sur sa joue. Elle avait peut-être été corrompue, mais elle ma chair et mon sang, et ma meilleure amie. La famille est très importante. Sans famille, vous vous égarez vous-même. Le Seigneur Noir en est un parfait exemple ; il n'a pas eu de famille et maintenant, regardez à quoi il ressemble... La famille compte, n'oubliez jamais ça.
— Je m'en souviendrais, répondit Hermione.
Elle savait que si Voldemort avait eu une famille, même juste sa mère, il aurait été très différent de ce qui est à présent. S'il avait eu une famille, il ne serait sans doute pas enfermé dans l'asile pour sorciers, attendant sa mort. Peut-être que c'était quelque chose qui le rendait tous les deux étrangement similaires ; aucun d'entre eux n'avait de famille pour les soutenir, d'amis pour les réconforter. Ils avaient juste eux-mêmes.
— C'est quoi, une famille ? demanda Hermione à haute voix.
Narcissa lui lança un petit sourire.
— La famille, c'est quelqu'un que vous aimez sans conditions, peu importe le mal qu'ils ont fait, peu importe avec quelle force ils vous ont repoussée. Par exemple, Drago a grandi ; il a été préparé pour le jour où il nous quitterait pour vivre par lui-même. Il peut très bien nous repousser, son père et moi, nous l'aimerons toujours.
— Même s'il a assassiné des centaines de personnes ? demanda Hermione sans réfléchir.
Elle se tut aussitôt en réalisant ce qu'elle venait de dire.
Narcissa cligna des paupières, surprise, puis répondit simplement :
— Même.
Hermione eut un hoquet et essaya ensuite de comprendre.
— Mais comment ?
— Les gens commettent des choses pour une raison. Ce peut être par besoin de vengeance, pour demander de l'aide, ou pour satisfaire un besoin de contrôle. Il y a toujours une raison pour laquelle les gens font ce qu'ils font. Et, de la même manière, il y a toujours un moyen pour les aider.
— Je... Je n'avais jamais vu les choses ainsi.
— Je crois que vous pensez à une personne en particulier, nota Narcissa en haussant un sourcil.
Hermione n'avait pas envie de mentir alors elle hocha la tête. Narcissa la regarda un bon moment et Hermione n'arriva pas à la regarder en retour. Soudain, elle entendit un petit rire, haut et délicat.
— Oui, petite Héritière, il y a toujours une raison, dit-elle. Ma sœur n'était suffisamment forte ou brave pour le faire changer, ses ambitions étaient trop hautes, mais peut-être que vous êtes différente.
— Que voulez-vous dire ?
— Tout le monde peut changer... répondit simplement la sorcière blonde sans plus s'étendre.
Hermione la suivit ensuite à la cuisine où elles commencèrent à préparer le dîner. C'était un peu pour manger, mais Narcissa voulait que le repas soit prêt pour le retour de Lucius. Elle dit que cela apaisait son mari de la voir travailler si dur. Hermione suggéra qu Drago vienne les aider, mais Narcissa éclata de rire à cette idée. Elle répondit que son fils était encore plus misérable en cuisine qu'elle !
— Drago est avec Severus, de toute façon, en train de l'observer travailler sur le baume pour votre blessure.
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La petite table fut prête pour le dîner quand Lucius rentra. Il jeta sa cape sur le canapé, accrocha sa canne et s'effondra dans un fauteuil confortable avant de lever les yeux et de découvrir la Née-Moldue dans sa maison. Quand il vit Hermione, ses yeux s'agrandirent de surprise, mais juste un moment, le temps qu'il se reprenne. Il se contenta ensuite de hausser un sourcil comme s'il savait qu'elle était là.
— Eh bien... dit-il simplement.
— J'espère que cela ne te dérange pas, chéri, dit Narcissa doucement. Severus m'a demandé s'ils pouvaient rester quelques jours ici, tous les deux...
— Severus peut rester autant qu'il le désire, répondit Lucius en grimaçant pour Hermione.
Avec un regard pour sa femme, il se leva et alla s'asseoir au bout de la table du dîner. Narcissa s'installa à l'autre bout et Hermione directement à sa gauche, laissant une chaise vide entre elle et Lucius. Drago et Rogue occupaient les deux chaises de l'autre côté de la table.
Le patriarche Malefoy regardait Hermione de ses yeux bleus froids, plissant les yeux en reconnaissant la robe qu'elle portait comme appartenant à sa femme. La nourriture avait quasiment fait le tour des assiettes quand Lucius se décida à parler.
— Miss Hermione Granger, l'Héritière du Seigneur Noir Voldemort, dit-il avec un gloussement un peu forcé comme s'il se retenait de lui lancer son verre à la tête. C'est quelque peu amusant, n'est-ce pas, Drago ?
— Hilarant, répondit celui-ci sans quitter son assiette des yeux.
Narcissa se contenta de lui faire un rapide signe de tête et Lucius reporta son attention sur Rogue. Le professeur lui répondit avant qu'il ne pose sa question.
— Elle se débrouille plutôt bien, Lucius. Je ne serais pas si sévère.
— Oh, répondit simplement l'homme blond comme son visage se plissait avec étonnement.
Après ça, Lucius laissa Hermione tranquille, mais continua à lui lancer quelques coups d'œil par-dessus ses bouchées de rosbif. Par les regards échangés entre Lucius et sa femme, Hermione en conclu qu'ils allaient avoir une longue et détaillée discussion ce soir à propos de leur nouvelle mission.
Après le repas, la jeune sorcière aida Narcissa à ramener la vaisselle dans la cuisine. Comme elles déposaient la vaisselle sale dans l'évier, Narcissa souffla :
— Excusez mon époux. Il a peut-être été un peu rude, mais il fait ce qui est mieux pour nous. Je lui expliquerais ce soir les raisons de votre séjour ici, il m'écoutera, j'en suis sûre.
Hermione regarda Narcissa avec respect.
— Je ne pourrais pas vous remercier assez, Mrs Malefoy, dit-elle.
Elle était très reconnaissante de la bonté de la sorcière blonde, même si elle ne faisait que protéger sa famille. Être entourée de tous ces Serpentard exigeants était devenu épuisant ; l'attitude maternelle de Narcissa était une goulée d'air frais.
Quand elles rejoignirent les hommes toujours assis, Rogue signala à Hermione que baume était prêt. Il la conduisit ensuite silencieusement à travers un vestibule jusqu'au laboratoire. Un chaudron en étain était posé au centre de la pièce, rempli d'un liquide rose qui faisait des bulles. L'expérience trahissant ses gestes, Rogue referma ses doigts sur le manche d'un récipient rond en argent de la taille de sa main et le tendit à Hermione.
— Un fine couche sur les brûlures une fois par jour et la cicatrisation devrait disparaître au bout d'une semaine.
— Merci, répondit Hermione avec un mince sourire.
Il se détourna rapidement pour ranger son matériel mais, avant qu'elle ne parte, Rogue lui répondit, sans la regarder.
— Vous avez besoin d'aide pour appliquer le baume ?
Hermione se figea, réfléchissant. Elle savait qu'elle n'allait pas pouvoir atteindre certaines parties de son dos sans aide, mais à l'idée que ce soit Rogue qui l'y aide, avec ses grandes mains calleuses, lui fit serrer les mâchoires. Elle déclina rapidement l'offre et disparu, se sentant soudain mal et légèrement fiévreuse. Peut-être en dernier recours demandera-t-elle de l'aide à Narcissa et elle l'aiderait.
.
Un peu plus tard dans la soirée, alors que tout le monde était prêt à aller se coucher, Narcissa indiqua sa chambre à Hermione. Comme Drago l'avait dit, elles se trouvaient toutes au sommet de l'escalier et Hermione nota trois portes. Elle vit Lucius disparaître derrière la porte tout au bout, donc Rogue devait en occuper une autre, mais alors où dormait Drago... ?
— Nous y sommes, dit Narcissa en poussant la dernière porte.
Hermione vit aussitôt Drago, près du lit, et il venait de retirer sa chemise dans le but de passer son pyjama, révélant son torse nu. Il vit alors les deux femmes à la porte.
— Hé ! s'exclama-t-il en collant son t-shirt contre sa poitrine. Mère !
Hermione se figea comme une chouette dans les phares d'une voiture, tandis que Narcissa posait délicatement une main sur sa hanche.
— Drago, je t'ai dit que tu allais dormir sur le canapé, dit-elle sur un ton consterné. Severus a la seule chambre de libre et elle est notre invitée.
Malefoy explosa soudain et remis son t-shirt.
— Comme si elle allait dormir dans mon lit ! s'exclama-t-elle.
— Drago ! répliqua sa mère.
— Être dans la même pièce qu'elle est déjà une torture ! Tu ne te préoccupes donc pas de ce que je peux éprouver ?
— Je t'en prie, Drago, épargne-moi le mélodramatique, répondit Narcissa e, balayant les mots de son fils.
— C'est bon... dit Hermione.
Mais la discussion entre la mère et le fils avala sa phrase.
— Montre-lui un peu de respect, pour une fois ! Ne sais-tu pas qui elle est ?
— Une foutue Sang-de-Bourbe, voilà ce qu'elle est !
Narcissa leva les mains devant elle.
— Oh, mon fils, ne sois pas aussi bête ! Si nous la traitons correctement, nous pourrions en être récompensés. Tu ne le veux pas ?
— Bien sûr que si, mais ça ne veut pas dire qu'elle a le droit de prendre le lit de n'importe qui quand elle le désire !
Narcissa allait répondre, mais Hermione tourna les talons et quitta la pièce en direction des escaliers. La discussion entre la mère et le fils la poursuivirent jusque dans le salon. Une couverture et un oreiller étaient sur le sofa où elle s'était reposée le matin-même. Elle éteignit les chandelles et se déshabilla avant de se blottir dans les coussins confortables. Elle écouta la discussion entre Narcissa et Drago jusqu'à ce qu'elle prenne fin, puis la maison fut plongée dans le silence. Il n'y avait même pas une horloge qui cliquetait. Hermione ferma les yeux et n'eut aucun problème à s'imaginer dans un cercueil six pieds sous terre.
Hermione accepta difficilement le fait qu'elle avait du mal à se sortir de la tête l'image de Drago torse-nu... Sa peau était ferme et pâle comme celle de Voldemort, la nuit qu'ils avaient passée ensemble au Cottage. C'était la première fois qu'elle voyait un homme complètement nu et de voir Drago torse-nu n'avait fait que faire remonter cette passion dévorante.
Hermione s'endormit avec une douleur dans la poitrine, mais un bref moment plus tard, elle repoussa les couvertures et se leva du canapé. Elle quitta le salon et se retrouva dans le hall. Elle aperçut un mouvement du coin de l'œil, une ombre qui se glissait de la cuisine vers une pièce toute proche. Hermione la suivit, ses pieds nus faisant à peine de bruit sur le plancher. Elle jeta un œil dans la pièce inconnue.
Elle était là, tout à l'heure ? se demanda-t-elle.
Elle n'avait pas souvenir d'avoir vu une porte près de la cuisine tout à l'heure. Elle devait être dissimulée.
La porte était entrouverte et Hermione leva une main pour la pousser. Comme lors de l'ouverture d'un rideau de théâtre, la première chose qu'elle vit fut un lit à baldaquin.
Étrange, songea Hermione. Narcissa n'a pas indiqué qu'il y avait une autre chambre vacante.
Il ne faisait aucun doute pour Hermione qu'elle était en train de rêver car quand elle poussa la porte en grand, elle découvrit l'identité de l'ombre aperçue plus tôt.
Voldemort se tenait là, dos à elle, faisant face à une large fenêtre. Le clair de lune éclairait la partie supérieure de son corps d'une lueur bleutée magique. Quand elle s'approcha, Hermione réalisa qu'il ne portait pas un seul vêtement. Elle déglutit, son visage devenant soudain rouge, et son cœur battant sa poitrine si fort qu'elle pouvait l'entendre dans le silence de la chambre.
Comme si elle était attirée par sa présence, elle n'eut pas d'autre choix que de s'approcher de lui. Ses pieds chuchotaient à peine et il ne se retourna pas. Elle s'arrêta à quelques mètres de lui et ses yeux dévorèrent chaque centimètre de sa peau. Les courbes des muscles de ses épaules étaient aussi pâles que du marbre, et pendant une seconde, Hermione se demanda s'il était aussi solide. Comme une statue figée dans le temps.
Impulsivement, Hermione leva alors une main et la posa sur son dos. Les muscles frémirent sous ses doigts, frissonnant comme un animal sauvage inhabituel à la chaleur d'un autre être vivant. Voldemort prit une profonde inspiration et les doigts d'Hermione s'écartèrent comme la peau se tendait. Elle se rapprocha alors et appuya son front entre ses épaules. Sa peau était chaude...
— Vous savez, dit-elle doucement. Certains diraient que ce n'est pas prudent de se promener sans vêtements...
Il eut un bref sursaut et elle le sentit tourner la tête pour la regarder.
— Je pourrais te retourner la question...
— Hein ?
Hermione baissa les yeux sur son corps et recula aussitôt avec un hoquet. Quand ses sous-vêtements avaient-ils disparu ? Est-ce que ne les portait pas il y a une minute ? Elle releva la tête vers Voldemort, combattant l'envie de se couvrir. Mais quelque chose l'en empêchait ; elle aurait très bien pu se ruer sur le lit pour s'enrouler dans un des draps, mais ses pieds refusèrent de bouger. Pourquoi devrait-elle essayer de se cacher de lui ? Il l'avait déjà vue nue auparavant, et il connaissait la moindre parcelle de son corps. Il lui avait pris... Non, elle lui avait offert son innocence. Il lui avait donné, à elle plutôt qu'à quelqu'un d'autre, une marque unique pour montrer aux autres qu'elle lui appartenait. Une partie de son âme, si minuscule soit-elle, résidait littéralement en elle ; pas côte à côte, mais entremêlée à la sienne, liées ensemble à jamais.
Hermione essaya de songer à qu'est-ce qui pourrait encore les rapprocher... Le mariage, peut-être ? La jeune femme rigola intérieurement à cette idée, amusée par son absurdité. Il ne serait jamais intéressé par ça... Non ?
Voldemort remua la tête en la regardant. Hermione éprouva soudain une vive envie de se confesser et l'embarras de sa nudité disparu.
— Qu'y a-t-il de si rigolo ? demanda Voldemort de sa profonde voix veloutée
Elle secoua la tête, se débarrassant de ces idées de mariage.
— Alors, c'est ainsi que vous préférez vos rêves ? demanda-t-elle en agitant une main devant son corps.
Voldemort rigola, pleinement et profondément, et pivota pour lui faire face. Il s'appuya contre le rebord de la fenêtre, lui souriant, les yeux plissés, comme s'il savait quelque chose qu'elle ignorait.
— Tu sais très bien qu'il faut que nous soyons tous les deux là pour rêver ensemble, dit-il.
Elle regarda ailleurs.
— Ah, dit-il en remarquant sa prudence. Tu sais quoi je veux parler, n'est-ce pas ? Pas si innocente que je le pensais, dit-il en claquant de la langue quand elle rencontra son regard insistant.
— Vous appréciez ça, n'est-ce pas ? demanda Hermione avec un dégoût feint.
— Oh, oui, répondit Voldemort, la regardant entre ses cils noirs. Immensément. Tu vois, je n'ai jamais été certain de tes opinions me concernant. Mais à présent... je les vois clairement, dit-il en la balayant de haut en bas du regard.
Hermione voulu le maudire pour cette remarque, mais elle se retint, car elle savait qu'il avait raison. Jusqu'à maintenant, il lui manquait parce qu'elle pensait qu'elle avait besoin de lui. Mais maintenant, elle réalisait qu'elle le voulait. Elle repensa alors aux paroles de Narcissa, un peu plus tôt, à propos de l'amour inconditionnel malgré toutes les erreurs que la personne commise a pu faire. Elle regarda alors Voldemort en face d'elle, repensant à ses fautes, et elle se demanda : Peut-il être aimé ?
Tout le monde peut changer.
Hermione comprit et cela lui tira les larmes. Voldemort pouvait changer. Il pouvait aimer comme sa mère avait aimé son père, mais il ne pouvait pas le faire seul. Il avait été privé trop longtemps d'amour, étant enfant ; il ne pouvait pas comprendre ce que cela signifiait. Il fallait le lui montrer.
Le cœur d'Hermione se serra à l'idée qu'à présent, c'était trop tard, qu'il était maintenant enfermé dans une des cellules de Menkar, attendant son exécution. Quand elle rouvrit les yeux, elle le vit là, devant elle, nu et si douloureusement parfait.
Les sourcils de Voldemort se rejoignirent au-dessus de son nez quand il vit les larmes dans les yeux de sa jeune compagne. Il leva une main pour les essuyer du bout des doigts puis il baissa la main et lui caressa la lèvre de son pouce. Un sentiment familier perlait dans son regard et en voyant cela, Hermione se pressa aussitôt contre lui et l'embrassa. Elle noua ses bras sur sa nuque pour l'attirer à elle autant que possible. La surprenant, il lui répondit aussitôt en plongeant une main dans ses boucles en l'embrassant fiévreusement. Leurs souffles s'emballèrent, impatients. Le second bras de Voldemort s'enroula autour de la taille d'Hermione et ses lèvres laissèrent une coulée de lave en fusion dans son cou et sur sa poitrine où le Charme Serpentine se trouvait.
Son corps serré contre le sien, Hermione se sentait passionnée. Ils se séparèrent alors pour se regarder, bleu contre brun. Aucun mot n'était nécessaire ; tout transpirait dans leurs yeux. Quelque part, elle savait ce qu'il voulait, et ça, elle voulait exactement la même chose.
À suivre...
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