Chapitre 17
Le soleil était haut dans le ciel et même en train de redescendre lorsque Rogue revint à l'auberge. Il semblait épuisé d'avoir sans cesse dû remettre en place son sort de dissimulation afin de rester discret. Cependant, il avait trouvé la parfaite « opportunité de gagner de l'argent » qu'il avait cherchée, et il avait dû Transplaner dans tout le monde sorcier pour se faire confirmer que la rumeur était vraie.
Rogue regarda la pièce de parchemin dans sa main, qui contenait toutes les informations dont il avait besoin. Alors qu'il le lisait, une pensée lui vint à l'esprit : Elle va me mépriser pour ça. Plus que d'ordinaire, disons.
Quand il entra dans la taverne, il remarqua que le tavernier ne se tenait pas à sa place habituelle, derrière le comptoir. Peut-être installait-il de nouveaux clients, et Rogue sentit ses entrailles se pincer d'inquiétude pour Hermione.
Alors qu'il atteignait le sommet des escaliers, il vit le tavernier en train de refermer la porte de leur chambre après lui avec un petit plateau dans la main. L'homme grogna en voyant Rogue.
— Cette fille est folle, ronfla-t-il en marchant jusqu'à Rogue. Vous devriez avoir honte de vous.
Sans un autre mot, le tavernier redescendit les escaliers.
Rogue entra alors dans leur chambre et vit Hermione assise sur le lit, le dos tourné vers lui. Sur la table de chevet se trouvait une tasse de thé non entamée. Elle ne se retourna même pas quand il ferma la porte.
— J'ai trouvé exactement ce dont j'ai besoin pour obtenir de l'argent, mais vous n'allez pas aimer, dit-il en pensant capter son attention.
Ça ne fonctionna pas.
— J'ai confronté Mag, le Mangemort, une ou deux fois, je pense que ce ne sera pas la dernière fois.
Hermione resta silencieuse.
— Je vous avais demandé de réfléchir sur comment Voldemort pouvait vous envoyer ces rêves, dit Rogue en fronçant les sourcils. Avez-vous découvert quelque chose ?
Il la vit remuer la tête et elle opina. Le soleil entrait par la fenêtre et illuminait ses cheveux, leur donnait l'air d'être enflammés.
— Vous avez trouvé ? demanda Rogue. Cessez donc d'être muette. Allez, répondez-moi.
Il fit quelques pas dans sa direction et son pied heurta un objet sur le sol. Il baissa les yeux et découvrit le livre d'Hermione, sur les Horcruxes. Plusieurs pages étaient cornées comme s'il avait été jeté de côté sans attention.
Rogue se baissa pour le ramasser, le regarde puis regarda Hermione.
— Que s'est-il passé ? demanda-t-il doucement.
Les pensées et les souvenirs se bousculaient dans l'esprit d'Hermione, roulant les uns sur les autres. Elle n'arrivait pas à y croire. Elle était un... elle n'arrivait même pas à l'imaginer. C'était exactement comme le jour où Voldemort lui avait révélé la véritable signification de son Charmer Serpentine, sauf qu'à présent, c'était dix fois plus terrifiant.
Avec le charmer elle était encore la même personne, mais avec ça, elle ne savait plus ce qu'elle était. Elle ne savait plus ce qui lui appartenait à présent. Elle avait l'impression d'avoir été abandonnée, mais elle essaya de garder à l'esprit qu'elle n'était pas la seule ; Harry aussi avait eu une partie de l'âme de Voldemort en lui... Mais malgré le fait qu'elle n'était pas la seule dans ce cas, ça changeait tout.
Elle avait à peine conscience que Rogue se tenait derrière elle. Cependant, elle avait l'impression qu'elle pouvait sentir une autre présence dans la pièce : celle de Voldemort. Son âme – une partie de ce qu'il était – était à l'intérieur d'elle, se mêlant et interférant avec sa propre âme. Elle réalisa alors qu'elle n'avait jamais été seule, même quand elle fuyait à travers le pays, de forêt en forêt, de taverne en auberge, elle n'avait jamais été seule. Quand elle avait serré Harry dans ses bras, ça n'avait pas été elle qui avait éprouvé l'envie de tuer son meilleur ami, mais Voldemort à travers elle.
Hermione tressaillit quand Rogue prit de nouveau la parole, la tirant ses pensées. Sa voix était lente et menaçante.
— Vous allez me dire dans la seconde ce qu'il se passe ! gronda-t-il.
Hermione soupira. Elle n'avait pas encore pleuré. Elle ne souvenait du reste pas d'avoir pleuré quand Voldemort lui avait dit qu'elle était son héritière, mais elle n'en était pas loin.
— Page deux cent trente-sept, dit alors la jeune sorcière, jetant un œil par-dessus son épaule pour regarder l'homme agiter une main au-dessus du livre qu'il tenait.
Rogue était silencieux. Pendant un moment Hermione entendit les pages du livre tourner et quand il fut à la bonne page, il reprit la parole.
— Comportement des Horcruxes sur les Humains ? demanda-t-il.
Hermione hocha la tête, le laissant lire, puis répondit :
— Tout concorde. Les visions-rêves, les émotions aléatoires et inutiles... tout concorde.
Rogue inspira et la regarda.
— Bien sûr que tout concorde... dit-il. J'aurais dû faire le rapprochement entre les similitudes entre Potter et vous...
Ses froid yeux noirs rencontrèrent ceux de la jeune femme et sa bouche s'ouvrit lentement.
— Vous savez ce que cela signifie ? demanda-t-il.
Hermione pivota vers alors vers l'homme.
— Il y a plusieurs raisons qui font que j'ai rêvé de ce livre en particulier, dit-elle en hochant la tête. Voldemort n'est pas immortel. Il a un nouvel Horcruxe. Une partie de son âme... est en moi, acheva-t-elle en avalant bruyamment sa salive.
La chambre fut aussitôt plongée dans le silence. Hermione éprouva une soudaine honte et fut incapable de regarder Rogue dans les yeux. Le monde entier la haïssait pour une seule chose et c'était d'avoir sauvé Voldemort de la Bataille de Poudlard. Mais à présent, à cause d'elle, Voldemort était de nouveau immortel. À présent, elle comprendrait parfaitement pourquoi le monde entier aurait envie de la haïr, si jamais ils savaient la vérité.
— Quand est-ce que ça a été créé ? demanda Rogue d'une voix inhabituellement douce. Est-ce que vous vous en souvenez ?
Hermione tenta de se souvenir de ça, mais elle n'en était pas certaine. Elle tenta de remonter dans ses souvenirs afin de se rappeler d'un événement qui s'était produit quand elle était avec le Lord. Ses pensées la ramenèrent alors à un moment bien particulier et elle savait que c'était le bon.
Hermione, Voldemort et ses Mangemorts étaient chez Barjow & Beurk pour récupérer l'une des dernières Armoires à Disparaître encore intacte, dans l'Allée des Embrumes. Mais les Aurors leur avaient posé une embuscade et Hermione s'était enfuie pour se mettre à l'abri dans une ruelle. Deux Aurors l'attendaient là et l'avaient attrapée avant même qu'elle ait pu les combattre. Ils s'étaient immédiatement enfuis en la jetant sur le dos de l'homme, quel était son nom, déjà ? Podmore. Sturgis Podmore. Ils avaient dans l'idée de l'interroger afin d'obtenir des informations sur Voldemort.
Ils ne savaient pas que l'homme en question les pourchassait dans le but de sauver Hermione. Le premier Auror, la femme, mourut aussitôt. Voldemort prit sa vie dans une lueur verte. L'homme qui portait Hermione, Podmore, avait instinctivement tourné le dos à Voldemort, protégeant de ce fait, sans le savoir, Hermione du rayon vert mortel. Voldemort l'avait tué et Hermione s'était retrouvée libre.
Hermione revit les images derrière ses paupières, mais ce n'était pas les siennes mais celles de Voldemort. Elle le vit enfant, adolescent, puis adulte. Elle s'était évanouie quelques secondes plus tard, et avec une partie de l'âme de Voldemort en elle.
La jeune sorcière raconta l'histoire à Rogue et il lui expliqua que l'Horcruxe avait sans doute été inconscient, du coup, et lorsque de l'âme de Voldemort s'était déchirée, le fragment était entré dans la seule personne vivante des environs, elle.
— Donc, dit Hermione, posant ses mains sur son visage. Laissez-moi résumer : Voldemort m'a donné le Charme Serpentine pour que je prenne le commandement si et quand il mourra, c'est ça ? Mais à présent, lorsqu'il mourra, il reviendra à la vie... à travers moi.
— Vous serez toujours vous-même, répondit Rogue, s'approchant d'elle et lui prenant le poignet pour qu'elle le regarde. Le Seigneur Noir sera seulement... là, lui aussi, à la fois quand vous serez endormie et éveillée.
Hermione récupéra son bras.
— Harry a dit qu'il avait dû mourir pour détruire cette partie de l'âme de Voldemort.
— C'est le seul moyen, en effet.
— Je ne veux pas mourir !
— Vous pourriez revenir, tout comme Potter l'a fait. Par ailleurs, il n'y a que Voldemort qui puisse le détruire.
Hermione hocha lentement la tête. Elle était assise sur le lit, silencieuse, le regard perdu le long d'un rayon de soleil sur le sol, tombant de la fenêtre. Rogue la regarda se lever brusquement et se mettre à s'agiter, faisant le lit.
— Que faites-vous ? demanda Rogue en fronçant les sourcils.
— À votre avis ? répondit sèchement Hermione. Je fais le lit. Cette chambre est un vrai foutoir.
— N'êtes-vous pas inquiète ? demanda Rogue en la suivant des yeux tandis qu'elle tournait autour du lit en tirant les draps. Ce nouvel Horcruxe va tout changer.
Hermione, lui tournant le dos, haussa les épaules.
— Qu'est-ce que ça peut faire ? demanda-t-elle doucement. J'ai vécu avec depuis tout ce temps. Ce n'est pas si terrible. Les rêves en particulier, ajouta-t-elle avec un mince sourire.
Rogue se redressa et s'arrêta dans son élan, la regardant. Il marmonna quelque chose dans sa barbe du genre « Parfois le déni est la réponse la plus sûre. » Puis il parla plus fort :
— Vous savez que vous n'avez pas à prétendre de ne pas être effrayée...
— Je ne le suis pas, répondit Hermione, lui faisant face. Je veux dire... porter en moi une partie de l'âme du grand et terrible Lord Noir est un peu effrayant, j'admets, mais ce n'est pas ce qui me dérange le plus.
Elle essuya une larme du dos de sa manche et regarda Rogue droit dans les yeux.
— Vous aviez raison en affirmant que cela va tout changer. Cela va modifier tout ce que je n'ai jamais éprouvé pour lui quand j'étais avec lui. Comment puis-je désormais savoir si tout ça venait de moi ? La colère, la compassion ? Ou bien est-ce que c'était juste Voldemort, l'Horcruxe, son âme en moi ? Cela change la donne, toutes les significations de chaque mot que nous avons échangé, lui et moi...
Elle sentit son visage rougir tandis que Rogue la regardait. Elle n'avait jamais été aussi proche de dire la vérité, à quel point Voldemort et elle étaient devenus intimes. Comme elle sentait le regard de Rogue sur elle, elle pouvait imaginer les pensées qui lui traversaient l'esprit : des pensées d'elle et Voldemort ensemble, sans aucun doute.
— Vous vous inquiétez pour lui, n'est-ce pas ? demanda alors Rogue, provoquant chez Hermione la chair de poule.
Elle se mordit la lèvre, hésitante, avant de répondre d'une voix entrecoupée.
— Je crois bien.
Ses mots lui provoquèrent de nouvelles larmes, mais elle cligna des paupières pour les chasser.
— Donc, ce que vous dites... C'est uniquement lui qui éprouvait quelque chose pour vous et à cause de l'Horcruxe, vous ressentez tout ça aussi ?
Hermione haussa les épaules et décida d'aller droit au but.
— Pour tout vous dire, j'espère que non. J'espère vraiment que tout ce que j'ai éprouvé était réel.
— Mais vous n'en êtes pas sûre.
— Non.
Hermione le regarda du coin de l'œil, se demandant où il voulait en venir.
Il se mit soudain à rire, mais c'était froid et sans joie. Il la regarda comme si elle n'était qu'une enfant naïve.
— J'espère que vous ne sous-entendez pas ce que je crois. Sérieusement, le Seigneur Noir est incapable d'aimer. En ayant passé autant de temps à ses côtés, vous mieux que personne d'autre devriez le savoir. Il ne se préoccupe de personne d'autre que de lui-même.
Rogue gratifia la jeune sorcière d'un rictus et Hermione eut brusquement envie de le frapper. Ses poings se serrèrent, mais elle se retint. Il est tellement ignorant... songea-t-elle. Elle ne devait pas à s'attendre à plus venant de quelqu'un qui ne connaissait Voldemort qu'à travers ses actions meurtrières. Rogue ne connaissait pas son Maître aussi bien qu'il le pensait.
Hermione s'approcha de Rogue jusqu'à ce qu'ils soient quasiment nez-à-nez, mais étant plus petite que lui, elle du tendre le cou.
— Vous avez tort, siffla d'elle d'une voix pleine d'amertume.
Rogue eut un mouvement de recul comme si elle l'avait insulté. Ses yeux noirs s'agrandirent tandis qu'il penchait un peu la tête sur le côté.
— Que vous est-il arrivé ? demanda-t-il.
— Ça, répondit la jeune femme en pointant sa poitrine de son index, sur son Charme Serpentine.
Il y eut quelques secondes de silence après quoi Rogue hocha la tête.
— Je suppose que je suis en partie coupable...
Hermione eut besoin d'un moment pour comprendre ce qu'il voulait dire.
— Mais Dumbledore a été celui qui m'a choisie pour aller là-bas, dit-elle finalement.
— Et j'étais d'accord avec lui, pour la majeure partie, répondit Rogue. J'aurais préféré un Serpentard, parce que c'était trop dangereux pour vous, étant une Née-Moldue.
— Merci, dit Hermione en hochant la tête.
— Pourquoi ? demanda Rogue en haussant un sourcil.
— Pour ne pas avoir dit « Sang-de-Bourbe ». Vous avez dit « Née-Moldue ». Alors merci.
Rogue carra les épaules, réajustant sa robe noire.
— Je suis un professeur. C'est contre les règles de discriminer un élève, dit-il.
Hermione soupira.
— Je crois que je préférais quand je vous détestais. Ça rendait les choses plus simples, marmonna-t-elle.
Elle put voir une étincelle dans le regard de Rogue.
— Ah, dit-il en se mettant à fouiller dans les poches de sa cape. En parlant de me détester, ça me fait penser...
Il sortit un parchemin.
— Vous vous souvenez que je vous ai dit avoir trouvé le meilleur moyen de gagner rapidement de l'argent ?
Il lui tendit le parchemin.
— Et voilà.
Hermione prit le papier et le balaya du regard.
— Oh non, dit-elle en ouvrant de grands yeux.
Elle relut le parchemin, sentant son estomac se contracter un peu plus à chaque seconde.
— Vous vous moquez de moi ?
À suivre...
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