Chapitre 11

Le venin dans les yeux d'Hermione tripla quand elle regarda Zeth.

— Pardon ? demanda alors Bill d'une voix hésitante.

Zeth lâcha Hermione du regard et se tourna vers Bill. Il perdit aussitôt son allure tranquille.

— Je sais que tu es jeune, Bill, mais ne sois pas idiot. Nous savons tous les deux que tu détiens un criminel recherché par le Ministère.

Le groupe était silencieux et Hermione savait que la même question rebondissait dans les esprits de tous : comment savait-il ?

Bill échangea rapidement des regards avec ses compagnons, mais comme aucun ne se décidait à prendre la parole, il le fit à leur place.

— Nous pensons que Dumbledore a quelque chose à voir avec le fait qu'Hermione Granger soit impliquée avec Voldemort, dit-il.

— Selon qui ? Elle ? demanda aussitôt Zeth.

— Elle est digne de confiance, répondit Lupin.

— Mais pas pour le Ministère, et faisant partie du Ministère, aider l'ennemi fait de vous des criminels.

— L'ennemi ? s'exclama Bill. Zeth, ce n'est qu'une enfant ! Allez, écoute au moins son histoire...

— Si elle a besoin d'aide, alors elle ferait mieux d'aller au Ministère.

— De l'aide ? rugit Maugrey. Si tu la conduis au Ministère, tu crois réellement qu'elle va avoir un procès équitable ? Comme Sirius ?

— Sans parler de la récompense, souffla Tonks.

— Il y a peut-être bien une récompense, mais je ne veux que la justice.

— Conneries, lâcha l'un des plus jeunes sorciers.

Zeth regarda le groupe avec colère pour dénicher celui qui avait parlé. Bill regarda alors Zeth durement et pointa son doigt vers lui.

— Personne ne touchera la fille. Tu m'as entendu, Zeth ?

Le calme apparent de Zeth avait tout à fait disparu à présent et le soleil levant semblait enflammer sa rage.

— Ça ne te concerne pas, voisin ! répondit-il d'une voix mauvaise. Elle vient avec moi, maintenant, au Ministère, ou alors vous serez tous traqués jusqu'à ce qu'elle soit capturée ! dit-il en regardant Hermione avec insistance.

La justice, c'est de garder une innocente derrière les barreaux ? Quand le Ministère aura compris ça, fais-le-nous savoir. D'ici-là, elle restera loin de toi, répondit Bill.

Zeth resta silencieux et Hermione pouvait facilement imaginer la bataille qui se jouait dans sa tête actuellement. Sa main chercha sa baguette et elle savait qu'il était en train de réfléchir sur le fait de se battre ou non pour récupérer sa proie. Lorsqu'il remarqua qu'elle l'avait compris, Zeth serra les poings pour se retenir. Lorsqu'il réalisa que se battre n'était pas une option, il carra les épaules et leva le menton dans un signe de défaite.

— Très bien. Dans ce cas, elle ferait mieux d'avoir disparu d'ici à dix minutes, dit-il froidement. Parce que c'est le temps qu'il me faut pour contacter le Ministère.

Avec un claquement, il Transplana. Maugrey jura alors dans sa barbe comme tout le monde se regardait avec agitation.

— Est-ce vous pensez que... demanda Molly en premier.

— Je pense qu'il bluffe, répondit George.

— Je n'en prendrais pas le risque, dit Bill, réglant la question.

Hermione sentit son cœur lui tomber au fond de l'estomac comme un rocher venant alourdir son sentiment de culpabilité. La seule chose à laquelle elle fut capable de penser, furent les mots de Rogue. Il avait raison, songea-t-elle. Elle était un handicap pour eux. Ses amis étaient en danger par sa faute. Le Ministère les punirait-il pour l'avoir aidée ?

Elle balaya les alentours des yeux, juste comme Mrs Weasley lui jetait un regard qui était tout sauf chaleureux, et Hermione regarda aussitôt ailleurs. Dans son esprit, elle revint le corps sans vie de Fred, contre un mur durant la Bataille de Poudlard. Les Weasley avaient déjà tellement souffert. Qui était-elle pour les embarquer dans un tel danger ?

Harry était différent. Il avait été le « gentil » garçon essayant de se débarrasser de Voldemort. Il en valait la peine... alors qu'elle non.

Maugrey énonça alors tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.

— Faites revenir Rogue. Il doit la prendre avec lui dès maintenant.

Lupin hocha la tête et envoya aussitôt un message via son Patronus.

Bill posa alors une main sur l'épaule d'Hermione.

— Les choses arrivent plus vite que je ne l'avais imaginé, dit-il. Je n'avais aucune idée que Zeth, un bon ami et voisin, savait. Je suis vraiment désolée, Hermione.

En entendant son ancien prénom, Hermione eut l'impression qu'il s'adressait à quelqu'un d'autre. Elle hocha tristement la tête.

— Ça ira. Je ne veux pas vous causer encore plus de problèmes.

Agitant les mains comme une vieille poule inquiète, Mrs Weasley chassa alors Hermione à l'intérieur de la maison pour qu'elle rassemble rapidement ses affaires. Ginny, Harry et Ron l'y suivirent.

— Je ne veux pas que tu partes, dit Ron comme Hermione se rendait rapidement à la chambre de Ginny.

— Je sais, répondit-elle avant de se retourner pour faire face au rouquin quand il lui avait saisi l'épaule.

— Je ne veux pas que tu partes, répéta-t-il, les dents serrées. Je déteste l'idée que tu ailles avec Rogue, ou qui que ce soit d'autre. C'est trop dangereux là dehors.

— Tout ira bien, Ron, répondit Hermione, récupérant son épaule. J'ai connu pire.

Elle allait laisser échapper un rire, mais se retint.

— Je t'assure, je peux gérer tout ça.

— Je fais confiance à Rogue, dit alors Harry à Ron. Je n'aime pas non plus l'idée qu'elle doive partir, mais il la protégera du mieux possible.

Hermione jeta un bref regard à Ron avant de tourner les talons et de monter les escaliers. Elle rassembla ses affaires et tomba sur le livre des Horcruxes et sa robe grise et verte de la Célébration de Serpentard. Elle avait songé à la donner à Ginny, cette robe, mais à part le fait d'être un souvenir, elle réalisa que Ginny ne voudrait certainement jamais de quelque chose ayant un lien quelconque avec Serpentard.

.

— Envoie-nous un message par Patronus, de temps en temps, dit Ginny en l'enlaçant, alors qu'elle était prête à quitter le cottage. Fais-nous juste savoir que tu es encore en vie.

— Merci, répondit Hermione. Merci pour tout.

Elle regarda chacun de ses amis dans les yeux.

— Vraiment, je le pense. Merci de m'avoir écoutée.

Elle reporta son regard sur Harry.

— Je sais à quel point c'était dur, mais ça signifie tellement pour moi d'avoir ton soutient. J'ai vraiment besoin de toi, dit-elle en sentant les larmes lui brûler les yeux.

Ron fut le suivant à l'enlacer et elle cacha ses larmes dans le pull tricoté de son ami.

— Nous ne sommes pas encore morts, dit Harry avec un mince sourire. Je suis sûr qu'on finira par se revoir un jour.

— Oh, Harry... souffla Hermione en ouvrant un bras pour enlacer Harry en même temps.

Tandis qu'ils se disaient au revoir, elle fut prise au dépourvu de ce qui arriva alors.

À l'endroit où leurs corps se touchaient, ils ressentirent soudain comme une espèce d'éclair les traversant tous les trois. Le cri d'une femme se répercuta dans la tête d'Hermione : une douleur incommensurable lui frappa le crâne comme un marteau. Hermione éprouva alors un sentiment nouveau : une envie de tuer.

La douleur lancinante la laissa aveugle pendant quelques instants puis son esprit redevint aussi clair qu'avant. Elle éprouva alors une vive pression sur sa poitrine, l'obligeant à exhaler son air, et elle vit Harry tenter de l'éloigner de lui. Il semblait enragé, les dents serrées, comme il portait ses mains à son front, couvrant sa cicatrice.

Hermione regarda alors autour d'elle, et ses yeux croisèrent son propre reflet dans un miroir proche. Sous sa frange indisciplinée, le blanc de ses yeux était devenu noir. Les coins de sa bouche s'étaient incurvés en une grimace qui lui donna l'impression de voir Voldemort.

Qui suis-je ?!

Tout d'un coup, son esprit redevint net et le rictus sur son visage disparu. Ses yeux marron redevinrent normaux et elle repoussa sa frange d'une main tremblante. Elle regarda tout le monde du coin de l'œil.

Ron et Ginny la regardait comme elle était un animal sauvage qui attendait d'être relâché. Le visage de Harry était couvert de sueur et Hermione vit entre ses doigts que sa cicatrice brillait d'un rouge soutenu. Son regard était trop choqué pour montrer une quelconque colère.

Qu'est-ce que j'ai fait ?

— Je... commença Hermione, sous le choc, sans savoir quoi dire pour autant.

— Je croyais que je n'allais plus jamais ressentir ça, souffla Harry tandis qu'il frottait sa cicatrice. C'était comme si... comme tu étais... lui.

Il secoua la tête, incapable de continuer.

— Je ne sais pas quoi dire, dit Hermione faiblement. Je n'avais aucun contrôle... Je suis désolée...

— Tu dois y aller, la coupa Harry. Tu dois te dépêcher avant que le Ministère ne débarque, ajouta-t-il, le regard confus, en la fixant.

Hermione se mordit la lèvre, sachant que c'était l'une des pires façons de dire au revoir, mais après un bref regard à Ginny et Ron, elle tourna les talons et se rua sur la porte d'entrée. Elle jaillit de la maison avec un sentiment de déjà-vu. Ce moment exact où elle avait fui Voldemort après lui avoir effacé la mémoire. De la même manière, elle s'enfuyait, terrifiée par quelque chose qu'elle était incapable d'expliquer.

Rogue l'attendait comme la Grande Faucheuse, debout au sommet de la colline. Elle esquiva les salutations et les remerciements avant de prendre la direction de ce qui semblait être la fin. Cependant, elle savait qu'il y avait encore un très long chemin avant que « la fin » ne soit là.

À suivre...


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