Partie 9 - La Passion monte - Chapitre 37


CHAPITRE TRENTE-SEPT

Hermione n'était pas sûre de combien de temps elle avait dormi. Elle se souvenait juste de s'être réveillée d'un sommeil sans rêves pour écouter le reflux des vagues contre la falaise au-dehors. Parfois, le rugissement des vagues se superposait au bruit de la respiration de Voldemort, près d'elle. Pendant qu'elle dormait, il avait roulé de son propre côté du lit. Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour voir s'il dormait encore.

La couverture lui arrivait à la taille, laissant voir sa poitrine nue. Elle profita de l'instant pour l'observer discrètement. Elle n'avait jamais vu un homme complètement nu auparavant, et elle n'avait aucune remarque à faire sur ce qu'elle voyait. Ses muscles étaient fermes mais pas trop, et il avait juste un peu de duvet sur la poitrine.

Lorsqu'elle s'était tournée vers lui pour lui faire face, elle avait remarqué qu'il avait posé sa main sur elle, sous les couvertures. La sentant bouger, il ouvrit soudain les yeux et prit une profonde inspiration tout en s'étirant. Il soupira ensuite en regardant le plafond et glissa ses mains sous sa tête comme Hermione le regardait. On aurait dit qu'ils avaient fait ça toute leur vie, rester comme ça côte à côte... La jeune femme ferma alors les yeux et écouta les brefs silences entre ses respirations.

C'est drôle, songea-t-elle. Maintenant que je me suis habituée à entendre la respiration d'une autre personne près de moi dans le lit, je me dis que ce serait difficile de dormir sans.

Le Lord prit la parole à ce moment-là, brisant le silence du matin.

- Harmony... dit-il d'une voix pensive.

Après quelques secondes de silence, Hermione répondit.

- Oui ?

Le Lord s'éclaircit la voix avant de reprendre la parole.

- Est-ce que tu souviens de cette chambre que tu as découverte dans les tréfonds du Manoir ? Celle où tu as eu un aperçu du futur ?

Hermione hocha la tête, se demandant où il voulait en venir.

- Moi aussi, je suis allé dans cette chambre, répondit-il après une pause.

- Pourquoi avez-vous fait ça ?

Elle était arrivée devant cette chambre alors qu'elle était complètement perdue. Ce serait tout simplement dangereux de seulement essayer de la trouver.

- Quand tu m'as dit que tu avais découvert une femme seule là-bas, j'ai pensé qu'il serait plus prudent de vérifier qu'aucun de mes fidèles ne t'avais suivie, répondit Voldemort. Mais quand j'ai retrouvé la chambre, il n'y avait plus personne à l'intérieur. Tout ce que j'y ai trouvé était une partie de mon propre futur.

- Ah bon ? demanda Hermione, intriguée.

Le Maître prit quelques secondes pour rassembler ses mots.

- J'ai vu un cimetière. C'était sinistre, avec de la brume qui s'enroulait autour de mes chevilles... Il y avait un vieux saule qui ondulait doucement dans le vent, à quelques pas de moi. Et, juste à côté de moi, une pierre tombale. Ce n'était pas la mienne.

Il fronça les sourcils, les yeux perdus dans le vague comme il se remémorait la scène.

- C'était la tombe de Lucius Malefoy.

Hermione fronça les sourcils à son tour.

- Je me suis dirigé vers la tombe, faite de marbre. Il y avait une gravure de serpent entourant une rose. Mais c'est ce qu'il y avait de marqué dans la pierre que je n'arrive pas à me sortir de l'esprit. Il y avait d'inscrit, en dessous du nom de Lucius : « Ici repose un homme que les femmes rêvent d'avoir, et que les fils rêvent d'être. »

Hermione esquissa un sourire. Malgré la dent que Lucius Malefoy avait contre elle, les mots parlaient d'eux-mêmes et lui disaient qu'il avait une famille qui tenait à lui. C'était peut-être la seule chose de sa vie qu'il avait faite correctement.

- Mais je ne comprends pas, reprit Voldemort. La tombe ne disait rien sur ses capacités magiques, ou son sang pur, ou encore sur le fait qu'il avait été l'un de mes plus loyaux fidèles.

Son expression de durci soudain.

- Et tu sais quoi ? Pour une raison que je ne comprends pas moi-même, je l'ai envié.

Il regarda Hermione comme s'il allait pouvoir trouver les réponses à ses questions sur son visage. Elle lui renvoya un regard songeur et il haussa les épaules.

- Je ne sais pas, peut-être que c'est la manière dont les mots m'ont frappé, mais ils m'ont fait ressentir l'envie de partir tout de suite, comme si je n'aurais jamais dû être là du tout.

Quand Voldemort cessa de parler, Hermione ne savait pas quoi dire. C'était certainement très étrange que de tous les moments de son futur, la chambre ait choisi de lui montrer une tombe qui n'était pas la sienne.

- Comment êtes-vous sorti de la chambre ? demanda la jeune femme. Je n'en serais jamais sortie sans Claudia, la petite fée du tableau.

- J'ai entendu la voix d'un homme parler dehors, répondit le Lord. « Qui est là ? Qui êtes-vous ? », et j'ai aussitôt songé à sortir de cette chambre. Je suis sorti pour voir qui c'était mais il n'y avait personne, pas à âme qui vive. Et puis quand je me suis retourné, la porte a claqué et s'est verrouillée.

- C'est ce qui m'est arrivé, répondit Hermione. La porte s'est fermée et j'ai été incapable de la rouvrir.

Voldemort se tourna de façon à être allongé sur le flanc, face à Hermione.

- Tu ne m'as jamais dit ce que tu avais vu exactement dans cette chambre... dit-il.

Hermione se demanda alors ce qu'elle avait le droit de lui dire. Si elle lui disait tout, y compris la partie où elle était enceinte, elle n'était pas certaine de la façon dont il allait le prendre.

Bien évidemment, après ce qu'ils venaient de faire, le fait est que cette vision pourrait très bien être en train de s'accomplir. Mais, et s'il n'était pas le père de l'enfant qu'elle était supposée avoir ? Il y avait toujours la possibilité qu'il y ait un autre homme dans sa vie, dans le futur.

- Alors ? demanda le Lord comme elle restait silencieuse.

- Hm ?

- Quand tu étais dans cette chambre, qu'est-ce que tu as vu ? répéta-t-il.

- Oh, eh bien, j'ai vu la femme, elle était moi, enfin, je crois, et elle se tenait dans une chambre plongée dans le noir, au milieu de la nuit, répondit Hermione en rassemblant ses souvenirs. Je me tenais devant une fenêtre ouverte, regardant la pleine lune qui éclairait tout le paysage d'une lumière bleue.

- Pourquoi étais-tu à cette fenêtre ?

- Je ne sais pas, j'avais l'air un peu triste, mais aussi avec de l'espoir, dans un sens. C'était comme si je regardais et attendait quelque chose.

Hermione décida de ne pas révéler qu'elle était enceinte dans cette vision.

- Intéressant, souffla Voldemort en se remettant sur le dos. Je me demande bien ce que tu pouvais attendre autant.

Ses mots restèrent suspendus dans l'air et Hermione les laissa s'évanouir dans le silence. Il n'y avait rien de plus à dire sur le sujet.

Hermione soupira et s'étira comme Voldemort s'asseyait au bord lit. Elle se demanda ce qu'il pensait comme il regardait par la fenêtre, sur le mur de l'autre côté du lit. Le ciel changeait progressivement de couleur, passant du violet au rose.

Déjà le matin, songea Hermione. Et nous avons à peine dormi.

Sans prévenir, Voldemort rejeta alors la couverture de son côté et quitta le lit. Hermione détourna les yeux quand il enfila son pantalon, mais elle l'observa ensuite remettre sa chemise et traverser la chambre.

La porte s'ouvrit magiquement et il quitta la pièce, pieds nus et chemise ouverte. Hermione se redressa sur un coude et fronça les sourcils quand elle le vit passer devant la fenêtre.

Pendant quelques secondes, elle ne sut pas quoi faire. Elle attendit de voir s'il revenait. Le ciel devint rose vif mais il n'était toujours pas de retour. Après un moment d'indécision, la jeune femme quitta le lit, une jambe après l'autre, et attrapa rapidement sa chemise sur le sol. D'habitude, elle était maintenue en place par son corset, mais actuellement, le tissu noir pendait tristement sur ses épaules, les laissant à découvert, tandis que le bas recouvrait le haut de ses cuisses. Lorsque ses pieds nus touchèrent le sol, Hermione sortit dans l'air froid et salé.

Pas bien loin sur le chemin, elle découvrit le Lord assis sur un gros rocher au sommet de la falaise. Pieds-nus, elle marcha dans l'herbe froide et se planta près de lui.

Les rayons dorés du soleil levant lui éclairaient la tête comme un halo, la pointe de ses cheveux semblait en feu tandis que les pans libres de sa chemise flottaient dans le vent comme des ailes noires.

Bien qu'il l'ait entendue arriver, il ne se retourna pas pour regarder la jeune femme.

- La dernière fois que j'ai vu un levé de soleil, j'étais encore dans cet orphelinat Moldu, dit-il. Mais je n'en avais jamais vu un au-dessus de l'océan, comme ça, avant.

Il prit une profonde inspiration, remplissant ses poumons au maximum.

Hermione sourit. Elle ferma les yeux et inspira à son tour, laissant l'air froid et salé remplir ses poumons tandis qu'elle écoutait le ressac des vagues. Des souvenirs de son enfance, lorsqu'elle allait à la plage, lui traversèrent l'esprit comme elle passait sa langue sur ses lèvres, goûtant le sel sur sa langue.

- Qu'est-ce que vous allez faire ? demanda-t-elle alors en soupirant.

La magie de la scène sembla diminuer légèrement à ces mots.

- Je dois partir, répondit-il. Je dois retrouver les autres et les regrouper.

Hermione sentit son cœur se fendiller et remis à plus tard le fait de lui dire que ses fidèles étaient probablement déjà tous morts. Elle ne voulait pas engager le combat encore une fois.

- Emmenez-moi avec vous, dit-elle à la place.

Voldemort lui jeta un regard par-dessus son épaule.

- Oui, toi et moi restons ensemble.

Quand leurs regards s'accrochèrent, Hermione réalisa avec effroi que ses sentiments avaient pris une sacrée dose de puissance depuis la nuit dernière. C'était comme s'ils pouvaient s'échanger des pensées rien qu'en se regardant.

Hermione sentit son estomac gronder et elle sourit.

- Nous n'avons rien mangé de toute la journée, dit-elle. Je suis sûre qu'on peut dénicher quelque chose dans les placards.

Le Lord hocha la tête, regardant une dernière fois le soleil se lever, avant de suivre Hermione dans le cottage. Celle-ci se sentit un poil nostalgique en regardant la cuisine. Elle se rappela de la quantité phénoménale de nourriture servie pour les repas à Poudlard.

Elle était quasiment certaine qu'elle ne pourrait plus retourner à l'école maintenant. Tout le monde avait vu son visage, la veille, et tous savaient maintenant qu'elle et le Seigneur des Ténèbres étaient dans de très bons termes. Qui pourrait bien l'accueillir à Poudlard, les bras grands ouverts, après l'avoir vue dans ses bras à lui ? Après avoir aidé à s'échapper le criminel le plus recherché au monde, cela faisait d'elle la seconde personne la plus recherchée, non ?

Hermione ressentit soudain une très grande tristesse à la pensée de ne pas pouvoir terminer officiellement sa scolarité à Poudlard. Pas seulement ça, elle serait peut-être également incapable de revoir tous les gens qu'elle aimait là-bas, professeurs compris.

- Ah, voilà. Ça fera l'affaire, dit soudain Voldemort en sortant quelque chose d'un placard.

Il déposa sur la table une miche de pain partiellement entamée et un cruchon de miel. Le miel capta alors un rayon de soleil provenant de la fenêtre, projetant une douce lueur dorée sur le mur. Voldemort s'assit avec un soupir de contentement et entreprit de confectionner deux sandwiches.

Les questions et les pensées continuaient de tournoyer dans l'esprit d'Hermione. Elle n'avait pas bougé un cil depuis que ses souvenirs de Poudlard avaient ressurgi. Elle venait de réaliser qu'à présent, l'école ne faisait désormais plus partie de sa vie. Elle était coincée ici avec cet homme dangereux qui n'avait aucune idée de qui elle était réellement. Il avait provoqué tous ces ennuis dans lesquels elle était maintenant, il avait envoyé Rogue chercher un nouveau fidèle, et Rogue en avait parlé à Dumbledore, qui l'avait choisie, elle.

Bien entendu, Voldemort n'avait pas la moindre idée qu'elle ait été envoyée pour garder un œil sur lui. Il savait qu'elle était une Née-Moldue, mais il semblait s'en ficher, préférant se concentrer sur ses capacités magiques. Mais, et si jamais il apprenait la vérité ? S'il découvrait que Dumbledore l'avait envoyée là ? Son avis sur elle changerait très certainement.

Je n'ai aucun moyen de savoir comme il va réagir à ça, songea Hermione. Dans ce cas, elle n'avait qu'à tout faire pour lui cacher la vérité, n'est-ce pas ? Mais pendant combien de temps serait-elle en mesure de le faire ? Combien de temps allait-elle pouvoir continuer à lui mentir avant que ça ne devienne trop difficile ?

Si elle faisait ça, elle ne serait pas mieux que Mérope, qui a trompé son mari avec la magie pour qu'il l'aime, pour qu'il aime quelqu'un qu'elle n'était pas. Hermione songea alors au battement de son cœur contre sa poitrine, au goût de ses lèvres sur les siennes, et elle sut qu'aucun des deux ne serait capable de survive à un tel genre de trahison.

Si elle était assez folle pour attendre avant de le lui dire, toute la confiance qu'ils avaient construite s'écroulerait aussitôt. Attendre ne ferait que cause encore plus de douleur et de ressentiment.

Mais... si elle lui disait tout maintenant, elle savait que ce serait juste un moment difficile. Encore que, et parce rapport à ce qu'il s'était passé entre eux cette nuit, elle avait le secret espoir que son cœur serait un peu plus radouci et miséricordieux que d'habitude.

Hermione sentit sa gorge se serrer douloureusement. Elle devait tout lui dire maintenant sinon il finirait par tout découvrir un jour. Ce serait sans doute mieux qu'il l'entende d'elle en premier.

La jeune femme le regarda mordre dans son pain au miel. Il semblait de bonne humeur, bien plus que jamais jusqu'à maintenant. C'était vraiment dommage qu'elle doive démolir ce simple bonheur avec un tel coup de massue...

- Il y a quelque chose que je dois vous dire, commença-t-elle alors d'une voix un peu rauque. Je dois le dire, pour que nous puissions le mettre derrière nous.

Elle prit une profonde inspiration et se lança.

- C'est Albus Dumbledore qui m'a choisie pour vous rejoindre.

Le pain de Voldemort se figea à quelques centimètres de sa bouche. Le cottage était plongé dans un silence tellement épais qu'une goutte de miel qui tomba sur la table, émit un bruyant « ploc ». Le sandwich glissa alors des mains du Lord, s'écrasant sur la table, et il se tourna alors lentement vers la Gryffondor.

- Quoi ? demanda-t-il, les yeux brillants.

Hermione savait qu'il avait parfaitement entendu, mais elle confirma quand même, après avoir douloureusement avalé sa salive.

- Dumbledore m'a envoyée à vous.

Voldemort la regardait en secouant la tête.

- Tu te moques de moi. J'ai envoyé Rogue me chercher quelqu'un, à Poudlard, et il est revenu avec toi.

Il laissa échapper un bref rire sans joie, mais il semblait stupéfié par son audace.

- La nuit où vous avez parlé à Rogue, dit-elle lentement. Il est allé directement voir Dumbledore. J'ai été convoqué dans le bureau du Directeur, et ils étaient là, tous les deux. Dumbledore voulait que j'y aille, mais Rogue n'était clairement pas d'accord avec ce choix.

- Non ! s'exclama alors Voldemort avec un violent mouvement de tête.

Il serra les poings.

- Non, non, non !

Il bondit sur sers pieds et pointa son doigt vers Hermione.

- Tu mens ! Severus ne me trahirait pas !

- Je ne sais pas, mon Seigneur. Je ne lui ai pas demandé ses raisons, répondit Hermione en tentant de garder sa voix sûre et ferme. Tout ce que je sais c'est que c'est Dumbledore qui m'a choisie. Il m'a envoyée pour que je garder un œil sur vous...

- Pour m'espionner ! explosa le Lord en envoyant voler la jarre de miel à travers la pièce.

- Mais ça n'est pas arrivé ! protesta Hermione, la voix chancelante. Je n'ai jamais parlé à Dumbledore depuis mon arrivée. Ils m'ont demandé de suivre vos ordres, et quand ne l'ai-je pas fait ? J'ai vraiment été votre servante. J'ai fait tout ce que vous m'avez demandé de faire ! J'ai exécuté chacun de vos caprices. Je ne vous ai jamais trahi !

- Par Merlin ! cracha-t-il. Alors tu crois que ne pas conspirer avec Dumbledore derrière mon dos ne compte pas comme une trahison ? N'essaie pas de me dire que tu n'as jamais eu l'envie de révéler tous mes plans au Ministère pour me faire arrêter !

- Bien sûr que non ! répondit Hermione rapidement.

Mais sa voix chancela et elle se rappela quand elle était dans l'Allée des Embrumes, la première fois, pour récupérer l'Armoire à Disparaître. Elle avait eu exactement cette pensée, qu'elle allait pouvoir le faire arrêter, mais Rogue lui avait dit qu'il fallait attendre le moment propice.

Et puis, il y avait eu la nuit dernière, quand elle avait découvert les attaques prévues sur Poudlard. Elle avait espéré tellement fort qu'il y avait quelque chose qu'elle pouvait faire pour empêcher ça, quelqu'un à qui elle pourrait en parler pour qu'il arrête tout ça.

Mais ce n'était qu'une partie de qui elle était : elle refusait de voir quelqu'un blessé, et cela incluait Voldemort. Elle tenait beaucoup trop à lui, à présent.

À suivre...

Traduit de l'Américain par Azzarine le 9 mai 2015


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