Partie 8 - Complots et Plans - Chapitre 32
CHAPITRE TRENTE-DEUX
Hermione se rendit directement à son ancienne chambre, de l'autre côté du couloir. Elle ne pouvait aller nulle part ailleurs, n'ayant aucune envie de rencontrer un des Mangemorts qui hantaient les lieux. Elle serait incapable de leur faire face, surtout maintenant qu'elle savait enfin ce qu'ils savaient déjà tous : qu'elle était prédestinée à devenir leur chef un jour.
C'est quoi cette blague ? songea-t-elle. Ça n'arrivera jamais. Si jamais ils apprennent que je suis une Née-Moldue, ils me tueront.
Elle se sentait comme si elle venait juste d'être embarquée dans un ascenseur émotionnel. Hermione était secoué parce qu'il venait de se passer entre son Maître et elle. Personne n'avait jamais dû lui parler de la manière dont elle l'avait fait, elle en était sûre... et il n'allait sûrement pas l'accepter.
Pas vraiment certaine de ce qu'elle devait faire à présent, Hermione désirait simplement un endroit pour s'asseoir et réfléchir. Regardant autour d'elle dans cette chambre dépouillée, elle dénicha une chaise qu'elle tira jusqu'à la fenêtre.
Lorsqu'elle poussa la vitre sale, un vent frais lui balaya le visage. Les étoiles dans le ciel nocturne brillaient doucement et Hermione ferma les yeux et laissa la brise fraîche caresser sa peau.
Pendant quelques secondes, elle espéra pouvoir retirer ce qu'elle avait dit, mais parallèlement, elle savait que ces mots avaient été nécessaires. Pendant tout le temps qu'elle avait passé ici avec « le sorcier le plus terrifiant de tous les temps », elle se sentait comme tenue en laisse, et dans un sens, elle n'était pas bien loin de la vérité.
La jeune sorcière se souvint alors du jour où elle s'était retrouvée prise au piège dans le labyrinthe, où elle avait presque trouvé la mort alors qu'elle cherchait la chambre de la mystérieuse femme, mais qu'elle avait perdu son chemin. Elle avait le choix pour choisir de mourir, où et quand, parmi les nombreuses chambres. Aussi loin qu'elle s'en souvenait, c'était la dernière fois qu'elle avait senti avoir le contrôle depuis qu'elle était entrée dans ce Manoir.
Ce fut à ce moment-là qu'Hermione perçut des bruits de pas pressés qui venaient dans le couloir. Elle pivota sur sa chaise juste moment où Lord Voldemort entrait dans la chambre comme une furie. Le visage qu'il affichait fit aussitôt retentir des alarmes chez la jeune femme. Les yeux bleus du sorcier étaient illuminés de ce qu'Hermione prit pour de la colère en premier lieu, mais de la façon dont il se mordit brutalement la joue, elle réalisa qu'il était bien plus gêné qu'autre chose.
- Qu'est-ce que tu as voulu dire ? demanda-t-il. Hein ?
Hermione le regarda, bouche bée. Elle était sans voix face à sa colère, rarement dirigée sur elle en temps normaux.
- Bien entendu que j'ai toujours ce que je veux, reprit le Lord entre ses dents.
Son visage rougissait de colère à chaque seconde, comme si quelque chose en lui s'était brisé.
- Pourquoi as-tu dit... ?
- Moi ! Je parlais de moi ! s'écria soudain Hermione avant qu'il ne puisse terminer sa phrase.
À cet éclat, la posture du Maître afficha clairement l'interrogation et Hermione prit cela comme une invitation à continuer.
- Je ne suis pas un morceau de viande comme vous pouvez utiliser à votre gré ! Vous ne pouvez pas m'éloigner de tout ce que je n'ai jamais connu simplement parce que vous me voulez !
- J'ai fait de toi ce que tu es maintenant. Comme je l'ai dit, c'était ton Destin de devenir mon héritière. C'était déjà toi à l'époque où j'ai créé le Charme, et ce sera toujours toi. Tu ne peux pas l'éviter. Tu devrais en être reconnaissante.
- Ce que je ressens est dépassé ! cracha Hermione. Vous m'avez donné quelque chose qui va changer toute ma vie et vous ne m'en aviez rien dit. Vous n'avez même pas demandé si je le désirais !
- J'ai été très surpris par ton ignorance en la matière quand je t'ai donné le charme, Harmony, mais cela m'a donné l'idée que les choses s'amélioreraient si j'attendais pour les explications. Tout ce temps pendant lequel je t'ai préparée mentalement et magiquement. Tu es bien plus prête maintenant pour endosser la responsabilité. Imagine un peu si je te l'avais annoncé le premier jour où nous nous sommes rencontrés ? Ne penses-tu pas que tu aurais pris la chose différemment ? Penses-tu vraiment que tu étais prête à le savoir ?
Hermione savait qu'il avait raison, mais cela ne la fit pas se sentir mieux pour autant. Elle savait que s'il lui avait dit cela plus tôt, elle aurait probablement tenté de s'enfuir, ce qui l'aurait sans doute mise dans de plus gros problèmes que maintenant...
- Vous auriez sans doute agis différemment si vous me l'aviez dit alors, répliqua Hermione, sachant parfaitement combien ses mots sonnaient creux.
Elle se souvint alors qu'il l'avait presque embrassée, juste avant qu'elle s'en aille.
- Oui, acquiesça le Lord sans hésitation. Sans doute. Je n'avais pas encore réalisé à quel point tu serais importante.
- Quand je pense à vous, j'entends toujours ses mots qui rebondissent dans ma tête, encore et encore, dit Hermione. Je ne voudrais pas d'ennuis avec la fille qui appartient au Seigneur des Ténèbres.
- Qui a dit cela ? demanda Voldemort avec curiosité.
À ce souvenir, Hermione était soufflée de colère, mais elle répondit néanmoins :
- Barty.
Lorsqu'elle put récupérer son souffle, elle ajouta :
- Mais je n'appartiens à personne, sinon moi-même. Et en particulier, je ne vous apparti...
Elle se tut aussitôt en regardant par-dessus l'épaule du Lord. Celui-ci pivota, suivant son regard jusqu'à la porte.
Là, se tenait Drago Malefoy. Son visage n'était qu'un masque d'incrédulité, et ses yeux étaient écarquillés, suffoqués, comme il regardait Hermione. Il se secoua quelques secondes plus tard et fit un pas dans la chambre.
- Quand je suis monté, j'ai entendu une voix familière mais...
Il secoua la tête violemment puis regarda de nouveau Hermione.
- Tu ne peux pas être elle, c'est impossible.
Hermione se souvint alors avec horreur qu'elle avait toujours modifiée sa voix quand Drago était dans les environs, pour lui cacher son identité. Mais elle n'avait jamais eu besoin de changer sa voix en présence de Voldemort, et à cause de son explosion de colère, Drago avait pu entendre le moindre mot prononcé de sa voix normale.
- Drago, dit alors le Maître en tendant une main vers le jeune homme. La nouvelle de la mort de Dumbledore s'est diffusée comme un feu de forêt. Laisse-moi te félici...
Mais Malefoy ne l'écoutait pas : il fixait Hermione comme s'il venait de voir un Dragon. Il passa alors devant Voldemort et marcha droit sur la jeune femme. Quand il fut suffisamment près d'elle pour mieux la regarder, elle put voir que la lumière s'était faite dans sa tête – et aussi l'éclat dans ses yeux. La jeune sorcière regarda alors avec douleur le visage du jeune homme se tordre de dégoût.
- Hermione Granger ? cracha-t-il comme si les mots eux-mêmes avaient un goût âcre.
La jeune femme sentit le sang se retirer de son visage. Non, pria-t-elle. Non, pas maintenant ! Elle souhaita alors pouvoir trouver quelque chose pour l'embrouiller, mais à quel point paraîtrait-elle folle en voulant déguiser sa voix maintenant, en face du Lord ? Non, le mal était déjà fait...
Tout ce qu'elle fut capable de faire, fut un discret signe de la tête, horrifiée par ce qui allait suivre. Elle pria alors très fort que Drago ne choisisse pas de toute révéler à leur Maître.
Mais Drago fit ce qu'elle redoutait. Il bondit en avant et sa main agrippa le foulard noir. Hermione n'offrit qu'une faible résistance, et il arracha le foulard pour dévoiler son vrai visage.
Hermione glapit sous la force du geste. Drago expédia le tissu noir à l'autre bout de la pièce comme s'il était infesté de bestioles. La jeune sorcière le regarda s'échouer au loin, attendant la prochaine horreur dont elle allait être infligée. Qu'est-ce que ça serait ? Un sort ? Des coups ? Mais à sa grande surprise, rien ne vint. Elle regarda vers le jeune homme à travers ses boucles brunes qui lui étaient revenues devant le visage.
Quand Drago avait attaqué Hermione si vicieusement, Voldemort l'avait saisi à la gorge. Il le tenait à présent dans sa main pâle, plaqué contre le mur crasseux. Sa baguette était enfoncée dans la poitrine du blond, pointant son cœur.
Comme si Drago venait de voir le Lord pour la première fois, son visage était blanc comme de la craie et ses yeux agrandis d'une peur paralysante. Il ouvrait et fermait la bouche, essayant de sortir des mots. Étonné d'être encore en en vie, il en profita.
- A-a-attendez, mon Seigneur ! balbutia-t-il. Je peux vous expliquer !
Ses yeux glissèrent vers Hermione. À cela, le Maître resserra sa prise et Drago reporta aussitôt son regard sur ceux qui le fixaient d'une lueur glaciale.
- Elle n'est pas qui vous croyez ! reprit le jeune sorcier.
Il prenait le fait d'être encore en vie comme une invitation à parler.
- Quand j'ai entendu sa voix, il y a une minute, je n'arrivais pas à y croire.
Une lueur de dégoût surpassa une seconde sa peur comme il regardait à nouveau la jeune femme.
- Je suis allé à l'école avec cette fille pendant six ans, et je reconnaîtrais cette voix stupide, de je-sais-tout, partout ! Jamais je ne pourrais l'oublier !
Non, s'il te plaît... plaida Hermione en silence. Mais il n'y avait rien qu'elle ne puisse faire.
Le Maître enroula toute sa main autour de la gorge de Drago, et le jeune homme poussa encore la chance.
- Ce n'est pas une Sang-Pur, Seigneur, dit-il. Elle n'est rien d'autre qu'un de ces déchets de Né-Moldus ! s'écria-t-il ensuite. Je le jure, mon Seigneur !
Hermione sentit la tension monter dans la chambre. Elle regarda son Maître dont le regard noir de colère qui brillait dans ses yeux laissait la place à un regard accusateur. Puis ce fut un éclat de désespoir et enfin de l'espoir.
- C'est impossible, tu mens sale petit serpent, dit Voldemort. Aucune sorcière Née-Moldue ne serait capable d'avoir autant de puissance qu'elle. Comment oses-tu parler de ta Maîtresse de cette manière ?
Lorsqu'il pivota vers elle, Hermione porta instinctivement une main à son visage, mais elle savait que c'était désormais inutile.
- Dis-lui, Harmony Hangleton, insista alors le Maître comme ses yeux s'attardaient sur ce visage qu'il avait tant de fois voulu voir. Dis à ce petit serpent qui tu es réellement. Souviens-toi de ce que j'ai dit sur le Charme Serpentine !
Il jeta ensuite un regard vicieux à Drago, attendant qu'Hermione parle.
La chambre resta plongée dans le silence.
Voldemort regarda de nouveau Hermione.
- Dis-lui, dit-il d'une voix maintenant légèrement incertaine.
Hermione se mordit la lèvre si fort qu'elle crut que sa dent avait transpercé la chair. Elle était au bord des larmes, et ne voyait plus aucune nécessité de lui mentir plus longtemps. Intérieurement, une partie d'elle avait toujours voulu qu'il sache toute la vérité, malgré les risques, ainsi, elle n'aurait plus jamais à lui mentir.
La jeune femme essaya de regarder vers Voldemort à travers le voile des larmes, mais la culpabilité qu'elle éprouvait ne la laissa pas faire. Lentement alors, presque imperceptiblement, Hermione secoua la tête.
Un silence mortel régnait sur la pièce ; plus personne n'osait respirer. Au moins, c'était ce qu'éprouvait Hermione, comme s'il n'y avait plus une once d'oxygène dans le monde. Les larmes dévalèrent soudain ses joues et elle attendit le verdict. Comme rien ne venait, elle s'obligea à relever la tête, mais elle sut immédiatement qu'elle n'aurait pas dû. Elle aurait juste aimé être déjà morte afin de ne pas voir ce regard dans ses yeux.
Voldemort regarda Hermione de haut en bas, fronçant les sourcils comme si elle était une sorte d'étrangère. Il la regardait comme si elle était une personne indigne de confiance. Inconsciemment, il desserra sa prise sur Drago qui en profita pour lui filer entre les doigts. Quand le jeune homme eut atteint la porte, il jeta un dernier regarda dans la direction d'Hermione. Son rictus était comme celui d'un serpent. Il disparut ensuite comme une ombre.
À suivre...
Traduit de l'Américain par Azzarine le 22 juin 2014
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top