Partie 3 - Désarmée - Chapitre 10


CHAPITRE DIX

Le petit homme mince aux cheveux d'un blond sale et au visage émacié s'inclina et s'avança. Ses mains tremblaient, mais sa voix était assurée.

- Nous avons trouvé un moyen, Maître, mais d'abord, notre transport devra être réparé, fit-il.

Il regarda l'homme en face de lui dans sa longue et élaborée robe noire dont le visage était dans l'ombre.

- Notre initié devrait être capable de s'occuper de ça dans un délai de quelques mois, un an peut-être, et alors nous serons prêts.

- Excellent, répondit le Maître.

Hermione su qu'il était content de la nouvelle quand ses doigts se mirent à faire tourner sa baguette. Le timbre de sa voix lui rappela la fois où il avait parlé avec Rogue, et elle réalisa qu'il avait une façon de parler très différente suivant s'il s'adressait à ses fidèles ou bien s'ils étaient seuls tous les deux. La voix qu'il prenait actuellement faisait revenir en elle la petite étincelle de peur familière qu'elle avait eu la première fois qu'elle l'avait entendu. C'était le genre de voix qui retenait l'attention de toutes les personnes présentes dans une pièce.

- Quatre d'entre vous prendrez la première surveillance aux frontières, les autres vous retournez à vos postes, décida-t-il avant de pivoter et de quitter le groupe sans aucun autre mot.

Hermione le suivit, non sans jeter un regard en arrière sur les Mangemorts.

L'homme à la robe élaborée sortit des ombres, et elle reconnut immédiatement Lucius Malefoy. Il était l'un des plus fidèles hommes de Voldemort, et le père du pire ennemi d'Harry Potter, Drago Malefoy. Ses yeux gris et froids se posèrent sur elle jusqu'à ce qu'elle se détourne pour suivre son Maître dans le couloir.

Elle n'avait pas encore rejoint le Maître que des pas de faisaient entendre derrière elle. Voldemort et elle regardèrent Lucius s'approcher d'eux, ses cheveux blond platine lui tombant sur la figure.

L'estomac d'Hermione se crispa à la vue de cet homme qu'elle connaissait. Si jamais il voyait son visage, ou entendait sa voix, il la reconnaitrait aussitôt. La dernière fois qu'elle l'avait vu devant elle, il l'avait insultée d'être une Née-Moldue. Elle avait alors voulu le maudire à l'oubli.

- Mon Seigneur... fit Lucius en s'inclinant.

- Lucius, répondit Voldemort avec un mouvement de tête.

L'homme blond lui jeta un regard admiratif et reprit :

- Je suis honoré de la tâche que vous avez donnée à mon fils. Je vous assure qu'il l'accomplira avec succès dans l'année.

- Fais en sorte qu'il le fasse et il sera généreusement récompensé, lâcha le Lord.

Lucius sourit alors mais il redevint bien vite sérieux et demanda :

- Mais, Maître, j'aimerais savoir, quand allez-vous lui offrir la Marque des Ténèbres ?

Voldemort sembla réfléchir un moment avant de répondre.

- Amène-le lors de la Célébration de Serpentard le mois prochain. Je verrais alors.

Lucius s'inclina profondément.

- Merci, mon Seigneur, répondit-il avant de se redresser en lançant un regard glacé à Hermione.

- Voici Harmony Hangleton, dit Voldemort sur un ton assuré. Elle nous a rejoints récemment.

- Et a-t-elle reçu la Marque des Ténèbres ? demanda Lucius avec un reniflement sans détourner son regard de la jeune femme.

- Non, répondit le Maître. J'ai offert à Harmony mon Charme Serpentine, Lucius. Je suis certain que tu comprends.

- Le Ch... Le Charme Serpentine, mon Seigneur ? bafouilla l'homme blond comme son regard sautait d'Hermione sur le Lord. Êtes-vous sûr que c'était prudent ?

- Ne remets pas en question mes motivations, Lucius. Je n'ai jamais été aussi certain, répondit Voldemort avec un regard froid identique à celui de Lucius plus tôt. Maintenant, laisse-nous, et retourne à tes affaires.

Lucius s'inclina alors brièvement puis s'en alla à grands pas. Hermione et Voldemort reprirent ensuite leur chemin en silence. Après quelques secondes, Hermione brisa le silence.

- Je ne pensais pas que Lucius Malefoy serait ici...

Voldemort jeta un œil sur la jeune femme tout en continuant de marcher.

- Es-tu une de ses connaissances ?

- Pas exactement, contourna habilement Hermione. Je connais son fils, Drago, et j'ai dû les voir tous les deux une ou deux fois.

- Drago a le potentiel pour devenir un fidèle loyal comme son père, reprit le Lord. Mais, comme sa mère Narcissa, il est trop délicat. Je serais vexé si jamais il échouait dans sa tâche.

Hermione voulait en savoir plus sur cette tâche, mais elle ne posa aucune question. A la place, elle demanda :

- Mais vous avez en quelque sorte foi en lui, mon Seigneur, si vous projetez de lui offrir la Marque des Ténèbres.

- Pour m'assurer la loyauté du père, il semble que je doive faire confiance au fils de la même manière, tu ne crois pas ? répondit le Mage Noir. Que sais-tu de Drago ? Penses-tu qu'il ferait un Mangemort efficace ?

Hermione fut prise de court que le Seigneur des Ténèbres lui demande son opinion sur le sujet, et elle examina la question soigneusement. Elle se souvint alors combien de fois Harry et Drago s'étaient battus l'un contre l'autre, et combien il s'était vanté que son père soit le plus loyal des Mangemorts de Voldemort.

- Oui, mon Seigneur, répondit-elle alors avec une pointe de malice. Il serait très efficace...

Ils firent ensuite le reste du chemin en silence. Hermione prit soin de noter tous les détails de leur chemin, tentant de le mémoriser. Lorsqu'elle vit la peinture de la magnifique femme aux cheveux noirs et à la robe verte, la jeune sorcière la compara avec son Maître. Ils avaient définitivement les mêmes yeux, et le même nez, aussi.

Voldemort cessa de marcher quand il remarqua qu'elle regardait le tableau.

- Vous devez être liés, commenta Hermione.

Le Maître regarda la peinture. Sa voix était fière quand il répondit.

- Oui, nous sommes de la même famille. Elle était ma mère.

Hermione porta son regard dans les yeux bleus de la femme avec curiosité, avant de se tourner vers son Maître.

- Vous lui ressemblez...

Le visage du Maître se renfrogna comme il regardait à nouveau le tableau, puis il fronça les sourcils.

- Pas entièrement, répondit-il froidement. Viens, je vais te montrer.

Ils s'arrêtèrent sur le seuil de la chambre du Maître, et il montra du doigt le tableau du beau couple qu'Hermione avait vu la veille.

La jeune femme s'approcha et le regarda de plus près. Elle retrouva les traits familiers dans leurs deux visages ; la femme avait partagé avec Voldemort son nez, ses yeux et sa pâleur, tandis que l'homme, tout le reste : les mêmes cheveux noirs et le visage sévère. Si elle avait pris la peine d'y regarder avant, elle aurait facilement vu que les deux personnes de la peinture étaient les parents de Lord Voldemort.

- Votre père... souffla la jeune sorcière en levant les yeux vers lui, découvrant la grimace de dégoût total qu'il affichait.

- Oui, c'est Thomas Jedusor Senior, fit l'homme. C'est le seul portrait que j'ai de lui. J'ai retiré les autres il y a bien longtemps.

- Vous n'aimiez pas votre père ? demanda Hermione avec une légère hésitation.

Voldemort se pencha vers elle, son visage à quelques centimètres du sien. De la haine perçait dans sa voix quand il répondit.

- Ne pas aimer est un euphémisme. Je ne l'ai jamais connu, de toute façon. Je suis sûr que tu as du entendre l'histoire.

Il pénétra dans sa chambre et se laissa tomber dans son fauteuil favori, serrant les mains sur les accoudoirs en fixant le feu. Hermione alla s'installer sur le canapé juste à côté, et dit doucement :

- Vous pouvez me la raconter.

Le Maître la regarda. Elle le vit trembler légèrement, et elle sut que c'était un test de confiance entre eux.

Voldemort se racla alors la gorge comme il regardait à nouveau les flammes vacillantes de la cheminée, et il prit une profonde inspiration avant de prendre la parole.

- Mon père était un Moldu, fit-il sur un ton rude. Ma mère était une descendante de Salazar Serpentard en personne. Tu peux donc imaginer le scandale quand sa famille a découvert son engouement. Mais elle s'en fichait. Elle s'est tout de même présentée, elle-même, à ce riche et arrogant jeune homme. Il ne l'aimait pas, bien évidemment, car elle était d'un rang inférieur à lui, mais elle devait l'avoir malgré tout. Elle a donc confectionné un filtre d'amour très puissant et la lui a donné, et les deux se sont mariés ensuite malgré les protestations de leurs familles respectives. Tout le temps qu'ils ont vécu ensemble, et à l'insu de mon père, elle lui a fait prendre la potion régulièrement. Ils avaient été reniés par leurs familles, de toute façon. Et puis ma mère à découvert qu'elle était enceinte, et à ce moment, elle se sentie mal de donner la potion à son mari. Elle était convaincue que l'amour qu'il avait pour elle était devenu réel avec le temps, et que même s'il ne l'était pas, le simple fait qu'elle soit enceinte de lui l'empêcherait de partir. Cela n'a pas été le cas.

On pouvait entendre la douleur dans sa voix quand il marqua une pause avant de reprendre.

- Elle a cessé de lui donner la potion et il est partit sans même dire au revoir. Il est partit, et il a tout emporté avec lui, abandonnant ma mère sans maison et seule. Elle était tellement certaine que me donner la vie allait la tuer qu'elle s'est rendue dans un orphelinat pour accoucher.

Hermione déglutit douloureusement et essaya de retenir ses larmes. Elle savait qu'elle venait d'être témoin d'une facette de Voldemort qu'elle n'avait jamais espérée voir un jour, et son cœur battait à tout rompre comme le charme du serpent glissait sur ses épaules comme un écho à ses émotions.

- Lorsque ma mère a dit aux gens de l'orphelinat de me nommer Tom Jedusor d'après mon père, cela a été comme si elle m'avait maudit. Et maintenant, je lui ressemble exactement. Chaque fois que je me regarde dans un miroir, cela me rappelle la trahison de mon père.

Le silence qui plana autour de ces mots avait été étouffé par l'ambiance électrique. Hermione sentit alors qu'elle devait dire quelque chose qui pourrait alléger ce fardeau.

- Certainement pas une malédiction, fit-elle avec un petit sourire.

Voldemort ouvrit de grands yeux ; il était surpris qu'elle trouve quelque chose à dire, et maintenant, il regardait ses doux yeux bruns avec étonnement comme elle continuait.

- Pour moi, on dirait que votre mère aimait énormément votre père – suffisamment pour cesser de lui faire prendre la potion et mettre tous ses espoirs en lui. Peut-être alors même qu'il l'avait quittée, elle espérait que vous vous retrouviez un jour. Elle devait vouloir que le père et le fils puisse former le lien qu'elle-même avait été incapable d'obtenir.

Voldemort la regarda parler. Il trouvait difficile de croire qu'il existait quelqu'un avec un tel optimisme pour une telle situation.

- Père et fils se sont rencontrés un jour, dit-il alors. J'ai pris la vie de ce pathétique Moldu, ainsi que celle de tous les Jedusor qui se trouvaient là ce jour-là. C'est pourquoi cette ruine a une dent contre moi, tu vois. J'ai anéanti ses Maîtres. Seuls les fantômes et la Magie Noire hantent ces vieux couloirs.

Hermione se hâta de cacher son air horrifié et déglutit. Regardant ailleurs, elle souffla :

- Le passé est le passé. Les fantômes hantent seulement si vous les laissez faire.

Voldemort la regarda alors comme si elle était un genre de casse-tête qu'il n'arrivait pas à résoudre.

- Je n'avais jamais discuté de ma famille avec qui que ce soit, auparavant.

Il haussa les épaules et regarda ailleurs, incapable de se battre contre son affliction plus longtemps.

- Mais tu me connais à peine. Tu ne sais rien du tout.

Hermione sentit ce rejet la piquer comme un dard et elle fut surprise par la douleur. Elle avait juste voulu dire quelque chose qui aurait pu aider, au lieu de cela, il l'avait repoussée et avait balayé ses paroles.

- Vous avez raison, Maître, je vous connais à peine, répondit la jeune sorcière avec colère en se levant et en s'inclinant profondément. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps.

Elle savait que partir sans sa permission était risqué, mais elle ne pouvait pas rester une minute de plus. Elle se dirigea alors vers la porte, avec l'intention de diner dans sa propre chambre, et elle était quasiment quand le couloir quand elle entendit le fauteuil grincer comme il se levait et se précipitait après elle.

- Stop ! fit-il.

Les bottes d'Hermione se figèrent sur le sol, comme si elle venait de marcher dans du ciment à prise rapide. Elle ne pouvait plus faire un seul pas. Lorsqu'elle regarda par-dessus son épaule, elle découvrit que son Maître pointait sa baguette sur elle. Il était en train d'utiliser l'Impero, le sortilège qui oblige n'importe qui à faire ce que le lanceur veut.

La jeune sorcière sentit la colère éclater en elle. Pour elle, se fut comme s'il lui avait mis une autre laisse, trouvé un autre moyen de la contrôler complètement. Le tout petit peu de confiance qu'ils avaient partagé quand il lui avait raconté son histoire venait de s'évanouir dans le néant.

La colère disparu soudain du visage de Voldemort, et ses épaules s'affaissèrent quand il réalisa ce qu'il venait de faire. Il baissa sa baguette, la relâchant, et détourna la tête.

Hermione ne sut dire s'il s'était détourné de honte ou bien à cause de son orgueil égoïste, mais il s'en retourna dans sa chambre, dans son fauteuil favori, et la porte se referma magiquement derrière lui.

Hermione était sur le point de fermer la porte de sa chambre quand Barty se pointa avec sa nourriture. Elle lui proposa de prendre le plateau mais il l'ignora et entra malgré tout. Après avoir déposé délicatement le plateau sur la table de chevet, il pivota avec une affreuse grimace sur le visage.

- Nous avons tous entendu les nouvelles de Lucius Malefoy, annonça-t-il.

Hermione n'eut pas le temps de s'éloigner comme l'un de ses bras s'enroulait autour de sa taille tandis que son autre main lui saisissait la nuque pour l'obliger à lui faire face. Il se pencha alors jusqu'à que son visage soit tout contre l'oreille de la jeune sorcière.

- Je dois bien admettre que je suis un peu jaloux, cependant. Je te voulais pour moi tout seul...

Le Charme Serpentine se resserra autour de la poitrine d'Hermione, mais Barty la relâcha et se dirigea vers la porte, allégeant quelque peu la panique de la jeune femme. Il jeta un regard dans le couloir pour s'assurer que la porte du Maître était bien fermée avant d'ajouter :

- Tu sembles troublée, mon ange. Je reviendrais plus tard pour le plateau et t'en dire un peu plus...

Hermione n'avait aucune idée de quoi il était en train de parler, mais quoi que ce soit, elle n'avait aucun envie de le voir revenir pour se le faire expliquer. Elle hocha la tête et le regarda se diriger vers la porte du Seigneur des Ténèbres avec le diner qu'ils auraient initialement du partager ensemble.

Traduit de l'américain par Azzarine, le 16 septembre 2013

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