Chapitre 8

- J'espère qu'on ne va pas la louper, dit Grangier.

- Ben avec la bagnole de police garée bien en évidence devant la gare, je pense que si elle n'est pas trop cruche...

- Tenez, je parie que c'est elle.

Une jeune femme se dirigeait droit dans leur direction en ne quittant pas des yeux la voiture. Elle pouvait avoir la trentaine. Vraiment une très belle blonde, habillée style décontracté.

Ils descendirent précipitamment pour l'accueillir.

- Bonjour, Caroline Balard, dit-elle en souriant et en tendant la main. Je suppose que vous êtes le capitaine Servant.

- Oui, très heureux, bredouilla Servant, voici mon adjoint de groupe, Grangier. Bienvenue en Charente Maritime !

Elle avait réservé dans un hôtel pas bien loin du centre ville. Ils l'emmenèrent poser ses bagages puis ils se rendirent au commissariat pour qu'elle rencontre le chef.

- Vous avez eu l'intégralité du dossier, que pensez-vous de cette affaire de prime abord ? demanda le commissaire.

- Ce ne sera sans doute pas facile : je pense qu'on a affaire à un opportuniste. Il tue un peu au hasard mais semble très prudent. J'ai remarqué sur les photos que les victimes ne se ressemblaient pas vraiment, je veux dire par là qu'elles n'avaient pas un morphotype spécial, mais elles étaient toutes les trois très jolies. Je suis convaincue que les deux premières, celles du chemin côtier et du bosquet de pins, n'ont pas été tuées là où on les a trouvées.

- Oui, c'est ce que pensent aussi les techniciens de la scientifique : il les a tuées ailleurs et s'est débarrassé des corps là où c'était discret, dit le commissaire.

- Ce qui implique qu'il les prend peut-être en voiture avant de les violer et de les tuer... coupa Caroline.

- Attention, personne n'est formel sur d'éventuelles agressions sexuelles : la première et la troisième c'est impossible à confirmer et la deuxième... disons peut-être que oui mais ce n'est pas probant. Aucun ADN en tout cas.

- La suite des évènements nous apportera certainement des éclaircissements.

- Pardon ? tonna le commissaire.

- Vous savez, commissaire, ce genre d'individu, quand il a commencé, il ne s'arrête pas. Il va tuer des filles jusqu'à ce qu'on l'interpelle...

- C'est peut-être fait, dit Servant à Caroline : le commissaire ne vous dit pas qu'on a arrêté ce matin un drôle de loulou sur le parking du péage de l'Ile de Ré. Il importunait une gamine qui faisait du stop et on a trouvé dans sa fourgonnette un piochon rouillé plein de sang, plus de la cordelette bleue.

- Je voulais avoir à froid les premières impressions de Mlle Balard avant de lui montrer ce suspect, dit le commissaire en foudroyant Servant du regard. Ou c'en est, à propos, capitaine Servant ?

- J'ai interrogé le mec cet après-midi. Il n'est pas bavard. C'est une sorte de grignou qui n'a pas de vraie profession fixe, plus ou moins ferrailleur. Il habite à la Pallice, vers les anciens docks. Il prétend que le sang sur le piochon est le sien : il se serait blessé avec en ouvrant une caisse clouée. Le piolet est à l'analyse, de même que le chiffon taché, et on compare la cordelette avec celle qui a servi à lester le corps de Stella M. On l'a placé en garde à vue. Mon équipe continue à l'interroger sec et, sauf à ce que le sang soit effectivement le sien ou celui d'un animal, j'ai l'intention de demander au proc de le faire placer sous mandat de dépôt.

- Sans vouloir le charger a priori, commissaire, on dirait que c'est un violent et il a carrément la gueule de l'emploi ! crut bon de rajouter Grangier.

- Grangier, dit le commissaire, croyez-vous que ce genre de considérations totalement irrationnelles ait sa place dans l'enquête, surtout en présence d'une spécialiste en criminologie ?

Ils quittèrent tous les trois le bureau du commissaire avant que celui-ci n'assassine Grangier à coups de stylo.



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top