Harry Edward Styles était un homme d'une vingtaine d'années tout à fait respectable. Il n'avait redoublé aucune classe durant sa scolarité et avait réussi, du premier coup, tous les examens qu'il avait pu passer. Ses parents l'avaient imaginé mener de longues études pour devenir avocat mais, pour dire vrai, le Droit avait intéressé Harry uniquement parce que cela plaisait à ses géniteurs. En fait, ce qui avait toujours impressionné et intrigué Harry, c'était l'armée. Malgré cela, le jeune homme avait commencé une première année de Fac de Droit, pour honorer la mémoire de ses défunts parents. Fac qu'il avait très rapidement arrêté, se rendant compte qu'il n'était absolument pas fait pour cela. Ce qu'il voulait, lui, s'était se battre pour son pays.

  Harry s'était donc engagé dans l'armée alors qu'il était majeur que depuis une petite année. Ça n'avait pas été une décision simple à prendre. Il y avait longuement réfléchit avant de soumettre l'idée à sa grande sœur : après tout, il avait une petite fille dont il devait s'occuper... Alors, avant même de décider quoi que ce soit, il avait préféré en parler à Gemma, la seule figure familiale qui lui restait. Cette dernière, qui avait toujours encouragée Harry dans chacune des actions qu'il entreprenait, choisit pour lui : il s'engagerait dans l'armée pendant qu'elle se débrouillerait pour garder la petite Emma.

  Gemma, de quatre ans son aînée, connaissait depuis un moment la passion de son frère pour l'armée. Elle savait pertinemment que le Droit n'était pas fait pour lui. En fait, elle trouvait ça triste que son frère s'oriente dans une vie qui n'était pas celle dont il rêvait, simplement en souvenir de leurs parents. Certes, ces derniers étaient décédés et ça avait été un coup dur pour eux, mais ils devaient avancer, trouver leur voie, faire leur vie comme ils le souhaitaient...

Gemma avait été très fière de voir son frère faire toutes les démarches d'inscription. Mais elle l'avait été encore plus lorsque, par un samedi matin ensoleillé, Harry s'était présenté pour la première fois devant elle en treillis militaire. À ce moment précis, elle avait ressentis une fierté incommensurable pour son petit frère.

  Pour Harry, laisser en garde sa fille de quelques mois à sa sœur, avait été très dur. Pas qu'il n'avait pas confiance en Gemma, loin de là, il avait simplement eu peur de manquer beaucoup d'évènements importants dans la vie de la petite, comme : ses premières dents, ses premiers pas, ses premiers mots... Il avait beaucoup culpabilisé les premiers temps. Ce qui s'était finalement révélé inutile puisque, étant un « bleu », Harry ne partait pas en missions dans d'autres pays. Il avait des permissions chaque week-end afin de rentrer chez lui, et pouvait ainsi profiter pleinement de sa petite princesse. De ce fait, il avait pu connaître les crises de larmes qu'étaient le perçage d'une dent, la joie de voir sa fille faire ses premiers pas brinquebalants toute seule, et la fierté de l'entendre dire « papa » pour la première fois. Harry était un père anxieux du bien-être de sa fille, être près d'elle était vital pour lui.

  Un an après être arrivé dans l'armée, on donna à Harry sa première responsabilité : celle d'accueillir et d'orienter les nouveaux. Ainsi, avec Mitch Rowland, un compagnon de régiment, ils devaient présenter la base aux nouveaux arrivants, leur expliquer ce qu'on attendait d'eux, les règles à respecter, mais aussi partager leur propre expérience, même si celle-ci était plutôt menue. Le duo fonctionnait bien et, plusieurs fois, ils reçurent les félicitations de leurs supérieurs.

Les bleus arrivaient par groupe de dix, une fois par mois, toujours un mercredi. Ainsi, le reste du temps Mitch et Harry travaillaient dans les transmissions, ce qu'ils adoraient tous les deux.

  Une autre année passa, rythmée entre un travail acharné à la base et des week-ends de permissions doux et reposant avec sa petite fille âgée de deux ans maintenant.

Un jour, Harry s'était vu convoqué dans le bureau de ses supérieurs. Il se rappelait même du jour : c'était un mercredi soir, durant l'été. Il avait été assez impressionné de se retrouver dans un tel endroit : durant un instant, il s'était même demandé s'il n'avait pas fait une connerie qui lui vaudrait son renvoi. Mais ça n'avait pas été le cas, au contraire. On avait premièrement salué son implication et la qualité de son travail, puis on l'avait félicité pour n'avoir jamais trouver à redire quant à la tâche assez « barbante » qui lui avait été confiée. Harry avait alors simplement hoché la tête, un peu hébété. Il n'avait jamais vu les choses sous cet angle. Il avait apprécié tout ce qu'il avait fait durant cette dernière année, et n'avait pas du tout pris cela comme un test de la part de ses supérieurs.

   « En effet, voyez-vous, nous manquons de plus en plus d'hommes aussi impliqués que vous, Styles. lui avait dit le responsable de la base. Nous nous sommes donc réunis et mis d'accord : nous aimerions vous promouvoir Sergent. »

Dire que ça avait été une surprise pour Harry était loin de la vérité. Il en avait été totalement chamboulé ! Il ne s'y attendait vraiment pas. Pour lui, c'était la concrétisation d'un rêve. Cette promotion était la preuve qu'il avait eu raison d'abandonner ses études de Droit, qu'il avait bien fait d'écouter sa sœur. C'était presque irréel pour lui. Il ne se souvenait même plus comment il avait réagis devant ses supérieurs, il savait seulement que le soir, il s'était empressé d'appeler Gemma et sa petite Emma pour leur annoncer la bonne nouvelle. Sa sœur l'avait longuement félicité, félicitations qui avaient été ponctués du magnifique rire de sa fille. Qu'aurait-il pu demander de plus ?

  Malheureusement, qui disait promotion, disait également de nouvelles responsabilités. Ainsi, Harry se retrouva à former et à diriger un petit groupe d'une dizaine de personnes, dont son ami Mitch Rowland, dont Harry avait expressément demander à ce qu'il soit transféré avec lui. Cette promotion entraînait également un éloignement prolongé de sa fille, ce qui avait été très dur les premiers temps pour le jeune papa mais aussi pour la petite puce qu'était Emma. Le plus compliqué avait été lors du premier départ de Harry pour un pays où la guerre faisait rage depuis plusieurs années. Le jeune homme savait pertinemment qu'il risquait sa vie à chaque moment, qu'un simple égarement, une simple perte de concentration pourrait lui coûter la vie. Au début il avait même pensé refuser, pour sa fille. Et puis il y avait ces personnes, sous ses ordres. Ces personnes qui étaient prêtes à le suivre n'importe où, dans n'importe quelle situation. Harry ressentait une telle communion avec eux, un lien indéfectible qui l'avait finalement fait accepter. Il savait que ce serait dur, mais il n'était pas tout seul. Il y avait Mitch avec qui il avait tissé des liens d'amitié très forts. Tellement forts que Harry avait décidé qu'il deviendrait le parrain de sa fille, qu'il n'avait jamais pu baptiser suite à son départ dans l'armée. Il y avait Paul, Daryl et Alex, trois hommes atteignant la trentaine, qui s'étaient engagés sur le tard et dont Harry prenait toujours en compte les précieux conseils. Il y avait Angela et Eden, âgées toutes deux d'une vingtaine d'années. Elles étaient les deux seules femmes que Harry avait sous ses ordres, ce qu'il regrettait beaucoup. Angela et Eden étaient de fines stratèges, elles étaient très intelligentes, très à l'écoute et étaient une présence nécessaire pour le bien-être du groupe. Elles en étaient la force, tout simplement.

Il y avait également Fynn, Charly et Matt, qui étaient de jeunes papas, comme Harry. Souvent, alors qu'ils essayaient au mieux de dormir dans une tente au milieu du désert, ils s'échangeaient de petites anecdotes sur leur vie parentale respective. Ils riaient beaucoup grâce à cela et, dans un sens, c'était un facteur de cohésion pour leur groupe : ça faisait toujours du bien de parler de ses enfants lorsque ces derniers leur manquaient...

  Et puis il y avait Louis. Louis William Tomlinson de son nom complet. Des prénoms royaux qui lui siéent à merveille d'après Harry. C'était un jeune homme plutôt réservé bien qu'aimant s'amuser lorsque l'occasion se présentait : il n'était pas le dernier à raconter des bêtises, loin de là.

Quand Harry avait rencontré tout ce petit monde qui formait aujourd'hui son équipe, il leur avait demandé de se présenter un par un, succinctement. Louis avait donc donné ses deux prénoms ainsi que son nom de famille, il avait ouvertement avoué son homosexualité afin qu'il n'y ait aucun secret -tout comme Harry l'avait fait avant lui-, et s'était ensuite confessé quant à sa présence dans l'armée. En effet, venant d'une famille où le grand-père et le père avait été de hauts gradés dans l'armée, Louis avait dû perpétuer cette tradition, sans toutefois le vouloir réellement. Certes, il aimait beaucoup écouter son père raconter avec nostalgie et beaucoup de fierté les nombreuses opérations qu'il avait menées et réussies, mais lui n'avait jamais été fait pour tout ça. Le jeune Tomlinson avait simplement voulu faire plaisir à ses parents, que ceux-ci soient fiers de lui...

Harry avait été très touché par cette histoire. Après tout, il avait vécut la même chose avec ses propres parents, bien que ceux-ci soient décédés et donc ne pouvaient pas donner leur avis concernant les choix de leur seul fils, là était la différence.

  Sans forcément s'en rendre compte, quand il avait besoin de parler, quand le manque de sa fille devenait trop dur à assumer, c'était vers Louis que Harry se tournait. Ils se confiaient l'un à l'autre, s'aidaient mutuellement, essayaient de se remonter le morale... Si bien que, très rapidement, ils formèrent un binôme des plus performant. L'un et l'autre se complétaient si parfaitement que leurs camarades les charriaient en leur disant qu'ils étaient bons à marier... Au début, ça les avait simplement fait sourire et puis des sentiments sincères et très forts, des sentiments plus qu'amicaux s'étaient installés. Et en effet, s'ils en avaient eu le temps, Louis Tomlinson serait certainement très vite devenu Louis Styles...

  Harry, lui, avait rapidement compris qu'il étaient tombé véritablement amoureux de Louis. Mais il s'était tus, peut-être par pudeur, peut-être aussi parce qu'il redoutait un rejet de la part de son soldat.

Louis, quant à lui, avait d'abord renié ce qu'il ressentait : après tout ils étaient dans l'armée, cela pourrait être mal vu pour un Sergent d'entretenir une liaison amoureuse avec un simple soldat. Il avait longuement réfléchit et en avait même parlé avec Eden, qui était une très bonne amie, et en avait conclu qu'il n'en avait rien à faire de ce que leurs supérieurs pourraient dire, il aimait sincèrement Harry, il adorait sa fille qu'il voyait souvent en facecam et qui l'appelait « Lou » avec toute la mignonnerie dont pouvait faire preuve un enfant aussi éveillé que l'était Emma...

  Alors Louis et Harry s'étaient aimés. Ça avait été doux, fort, sincère, parfois orageux. Malheureusement, ça avait été très court. Trop court. Mais Harry en garderait un magnifique souvenir jusqu'à la fin de son existence. Après la mort de Louis, qui était et restera toujours l'amour de sa vie, Harry était retourné dans l'armée. Il avait dû se relever de la mort de Louis, de celle de Angela et de celle de Daryl. Il s'en était voulu pendant un long moment, avant de se rendre compte que ce qu'il s'était passé n'était pas de sa faute, qu'il n'avait jamais demandé ça, au contraire. Après tout, si on leur demandait leur avis, s'ils avaient le choix, il n'y aurait certainement pas de guerres...

  Après Louis, Harry n'eut aucune autre relation amoureuse. Il était pourtant jeune et beau, mais personne n'avait plus accaparé son attention depuis que son Louis était décédé.

Emma, quant à elle, avait grandit en criant haut et fort qu'elle avait eu deux papas, et qu'elle était très fière de ce qu'ils avaient accomplis. Emma idolâtrait ses pères et, même après la vingtaine passée, elle se rendait au moins une fois par semaine sur la tombe de Louis, lui racontant à quel point Harry avait été courageux et vaillant dans les combats qui l'opposaient aux personnes les plus cruelles qui puissent exister.

Et chaque soir, après les visites de Emma, celle-ci et son père pouvaient admirer une parcelle dégagée dans le ciel où brillait une étoile. Une étoile si étincelante, si lumineuse, qu'elle ne pouvait être porteuse que d'amour et de soutient. Et chaque fois que cette étoile était visible, on pouvait entendre Emma dire à Harry :

   « Tu vois, papa Lou sera toujours là pour nous... »

Bonjour à toi qui liras ce petit mot !

Tout d'abord, je tiens à m'excuser pour le retard qu'a pris la publication de ce texte. J'ai eu énormément de travail concernant mes études, et j'avoue que j'ai été totalement dépassée par les évènements. Et puis j'ai également dû faire face à la perte d'un proche, donc j'ai eu beaucoup de mal à me remettre à écrire, notamment en ce qui concerne ce petit préquel...

M'enfin, trève de bavardages, j'espère vraiment que ceci vous aura plu !  Je ne pouvais définitivement pas laisser cet OS avec une fin si triste, alors j'espère que celle-ci compensera...

Merci d'avoir lu Sergent H-E Styles, merci de l'avoir commenté, ça a été vraiment encourangeant pour moi...

Je vous dis à bientôt,

Nahoïa.