40. The final shred 🎸
Les premières lueurs de l'aube perçaient à peine lorsque Jisung descendit l'escalier en trombe, son sac à dos battant contre lui à chaque enjambée. Il enfila son hoodie sans ralentir, manquant presque une marche dans sa précipitation. Son père, déjà prêt et ajustant sa montre, leva les yeux de son journal avec un sourire amusé. "Tu devrais ralentir, tu pourrais te faire mal."
"Je veux pas faire attendre les autres ! Je suis tout le temps en retard," répondit il, glissant sur le dernier palier avec une énergie frénétique.
"Je peux te déposer si tu veux," proposa son père, posant son journal.
Le lycéen s'arrêta net, son regard fixé sur son père avec une forme d'indignation. "C'est sonyeo yuhyeong aujourd'hui. Je ne peux pas laisser Minho arriver seul en cours. Tu comprends ? C'est hors de question ! "
Un rire léger s'échappa des lèvres de son père. "Ah, ce serait si tragique, n'est-ce pas ?"
L'air un peu coupable mais amusé, Jisung ajusta son sac sur son épaule. "Oui, ce serait gravissime !" dit-il en vérifiant son reflet dans le miroir de l'entrée, remettant rapidement en place une mèche rebelle.
"Tu es très beau," fit remarquer son père en le scrutant avec une pointe de fierté.
"Je sais. Mais aujourd'hui, c'est Minho qui doit s'en rendre compte, pas toi," lança le jeune musicien avec un clin d'œil espiègle, avant de se tourner vers son téléphone qui vibrait.
C'est alors que sa mère descendit à son tour les escaliers. "Bonjour vous deux."
"Bonjour madame Han," répondirent les deux hommes en choeur, faisant sourire la femme d'âge mûr.
"Jisung, tu n'as pas oublié ce fameux paquet pour Minho ? Tu veux que je monte le chercher ?"
"Non, maman, je l'ai sur moi, ne t'inquiète pas."
Elle le regarda, les yeux écarquillés d'incompréhension et d'un brin de surprise.
Lorsque le jeune compris ce à quoi elle pensait, il s'empressa de la rassurer. "Pas celui-là, maman ! L'autre, que je t'ai pas montré."
Avant que monsieur Han ne puisse intervenir, curieux de leur échange, l'adolescent leva la main pour le stopper et se pencha sur son téléphone. "C'est lui," murmura-t-il en lisant rapidement le message.
Sans laisser à ses parents le temps de répondre ou de poser d'autres questions, il s'exclama : "À ce soir !" et disparut à travers la porte, la laissant entrouverte derrière lui.
Une fois dehors, l'air frais du matin caressait son visage alors qu'il ajustait de nouveau son sac et courait vers la voiture où son copain et ses amis l'attendaient. Les rayons du soleil filtraient à travers les branches des arbres, jetant des ombres dansantes sur son chemin.
Derrière lui, son père sourit, secouant la tête en observant son fils. "Au moins, il à l'air épanoui," dit-il à sa femme en se dirigeant vers sa propre voiture où le chauffeur l'attendait.
Dans l'habitacle confiné de la voiture, les premiers rayons du soleil filtraient à travers le pare-brise, jouant avec les ombres et éclairant les visages concentrés. Minho manœuvrait habilement dans les rues encore calmes, tandis que Jisung, assis à ses côtés, semblait perdu dans ses pensées matinales.
"Sinon, mon coeur, je peux savoir pourquoi t'as un hoodie ? On est presque en été," demanda le conducteur, un sourire taquin ourlant ses lèvres alors qu'il jetait un coup d'œil à son ami.
Dans le rétroviseur, le brun croisa le regard de Félix, qui peinait à masquer son amusement. "Juste comme ça," répondit-il d'une voix égale, essayant de dissimuler son appréhension.
La voiture serpentait à travers les rues désertes, les rapprochant de leur destination finale. En arrivant devant le lycée, l'ambiance était étrangement animée. Des groupes d'élèves, plus nombreux qu'à l'accoutumée, convergeaient vers les portes, leurs voix formant un bourdonnement constant.
"Merde, c'est aujourd'hui..." murmura le footballeur en se garant avec précision.
Hyunjin se pencha en avant, blaguant. "Bon bah bon courage, mes amis. Essayez de refuser les avances de ces charmantes demoiselles avec tact, sans passer pour des prétentieux. Question d'image, d'accord ?"
Affichant un sourire forcé, le musicien demanda. "Et si on disait simplement qu'on est déjà pris ? Ça devrait suffire, non ?"
À cette phrase le sourire de Minho fut plein de fierté et d'admiration. "T'as envie de le crier sur les toits aujourd'hui ? Je pensais que tu préférais rester discret."
Sans répondre, le brun ôta son hoodie, révélant en dessous le maillot de foot de son partenaire de l'année précédente. Le silence tomba un instant dans la voiture alors que l'athlète éclatait de rire, surpris et touché.
"Je pense que c'est un signal assez clair," dit le plus jeune des deux, un éclat malicieux dans les yeux.
Félix intervint, son rire se joignant au spectacle. "J'ai dit que c'était exagéré, mais... Tu le connais mieux que moi : quand il a une idée en tête, impossible de la sortir !"
Hyunjin secoua la tête, feignant le désespoir. "C'est du suicide social, vous le savez, n'est-ce pas ? Bonne chance, à tous les deux," dit-il en émergeant de la voiture, suivi par le jeune australien.
Avant que Jisung puisse les suivre, le jeune Lee l'attrapa doucement par le bras. "T'es sûr, mon cœur ? C'est un grand pas."
"Déjà on n'est jamais sûr de rien, mais si je l'ai fait, c'est que je veux que tout le monde sache. Que tu es à moi, et que je suis à toi," répondit ce dernier, son regard plongé dans celui de son vis-à-vis, vibrant d'une affection profonde. "Et c'est pas tout, regarde ça."
Il se tourna pour montrer le dos du maillot, où l'on pouvait lire : "This boy is mine" juste au-dessus du numéro et du nom de famille de son aîné.
"À quel moment t'as eu cette idée folle ?" Sa voix était douce, teintée d'amusement et d'affection.
Le plus jeune sentit ses joues s'empourprer. L'intimité de l'instant le submergeait, le rendant légèrement nerveux, mais il ne voulait pas détourner les yeux. Il voulait rester là, capturé dans l'orbite de son partenaire, à se perdre dans la profondeur de son affection. "Je... je ne sais pas, j'ai juste pensé que ça pourrait te faire plaisir," affirma-t-il.
Le quarterback s'avança légèrement, son visage s'illuminant d'un sourire espiègle. Il était sur le point de franchir l'espace entre eux pour un baiser, un moment qu'ils semblaient tous deux anticiper avec impatience, lorsque soudain, un toc à la vitre les fit sursauter.
"Non !" grogna Minho avant de se redresser pour baisser la fenêtre.
Hyunjin se tenait là, un sourire taquin sur les lèvres. "J'ai signé pour être ton pote, pas ton assistant. Bougez vos fesses de cette voiture...ton équipe attend et je sais pas pourquoi."
Perplexe, l'interpellé jeta un regard par-dessus l'épaule de son meilleur ami , apercevant l'équipe de football regroupée sur le parking. Son expression se fit dubitative.
Alors qu'il se réinstallait dans la voiture, il lança un regard sérieux mais tendre à son copain. "Si t'as des doutes, si t'as envie de remettre ton hoodie avant qu'on descende, tu peux, tu sais ?" Sa voix était douce, chargée d'une sincère préoccupation.
Ce dernier répondit en ouvrant la porte d'un geste décidé. "C'est toi qui commences à avoir peur, on dirait." Sa réplique, légère et taquine, détendit immédiatement l'atmosphère.
Les deux garçons descendirent de la voiture pour rejoindre leurs deux amis. Le bleuté se pencha vers son ami et murmura à son oreille : "Vous êtes complètement tarés de faire ça aujourd'hui. L'école entière va parler que de vous." Son ton était léger, teinté d'amusement.
"Les traditions sont faites pour être brisées, non ?" répliqua Jisung.
Pendant qu'ils avançaient vers le rassemblement des élèves, l'équipe de foot commença à se diriger vers eux.
Minho, fronçant les sourcils, interrogea : "Vous faites quoi, là ? Pourquoi vous n'êtes pas avec vos groupes habituels ? Ne me dites pas que vous m'attendiez..."
Un des joueurs répondit : "Eh bien, si ! On voulait être sûrs que tout se passe bien pour toi. Histoire de te soutenir..."
"Me soutenir ? Pour quoi faire exactement ?"
Le kicker intervint, baissant la voix comme pour partager un secret : " Tu sais, elles vont toutes venir vers toi... Avant, ça aurait été cool, mais maintenant, t'as un mec..." La fin de sa phrase se termina dans un murmure conscient.
Réalisant soudain l'ampleur de ce qui se passait, Le plus âgé lança un regard à Jisung qui discutait toujours avec Félix. Autour d'eux, des chuchotements commencèrent à émerger parmi les élèves qui arrivaient et remarquaient le message sur le dos de ce dernier.
"Viens voir, bébé," appela t-il, attirant automatiquement son attention. L'utilisation de ce surnom en public fit immédiatement rougir le nommé, les oreilles en feu sous les regards moqueurs de l'équipe.
Il s'approcha rapidement, murmurant un "deux minutes" au jeune australien avant de se blottir contre son copain. Ce dernier passa un bras autour de ses épaules, baissant la voix pour n'être entendu que de lui : "T'as déjà des gens qui ont vu le maillot, t'es sûr que tu veux le garder ?"
"Tu préfères pas ?" demanda le plus jeune, son regard plongé dans celui du sportif, cherchant une assurance.
Le jeune homme secoua la tête, un sourire fier ornant ses lèvres. "Non, bien sûr que non. Je veux que ça se sache. Mais je veux juste être sûr que tu es OK avec ça, que tu ne le fais pas juste pour moi."
"Tout va bien, Min..."
Alors qu'ils approchaient de l'entrée du lycée, les décorations pour la journée spéciale étaient visibles partout. Des guirlandes de cœurs et des ballons rouges flottaient dans les couloirs, et des affiches annonçaient l'événement avec enthousiasme. L'air était chargé d'excitation, les groupes d'élèves chuchotant et riant, certains tenant des lettres et des petits cadeaux dans leurs mains tremblantes.
Minho, tenant fermement la main de Jisung, lui lança un regard assuré. "Peu importe ce que les gens pensent ou disent, peu importe ce qui va ressortir de cette journée, on est tous les deux, d'accord ?" dit-il avec conviction.
Le cadet hocha la tête, son cœur battant à tout rompre. Il avait envisagé cette journée comme une farce, une manière de secouer les normes, mais maintenant, en franchissant les portes du lycée, il ressentait tout le poids de leur acte. Ce n'était plus seulement une plaisanterie entre eux ; c'était un coming out très public, quelque chose qu'il n'avait pas vraiment envisagé depuis son adolescence.
Les joueurs de football entrèrent les premiers, suivis de près par Hyunjin et Félix, qui affichaient des sourires routiniers. Jisung et Minho, main dans la main, étaient juste derrière. Quand ils passèrent les portes, les murmures commencèrent à s'élever autour d'eux, les regards curieux et parfois choqués suivant leur progression.
Le peintre, s'arrêtant à son casier, jeta un regard détaché autour de lui avant de se tourner vers le jeune couple. " On va dire que jusqu'ici, tout va bien. Personne n'a encore dit quelque chose qu'ils ne devraient pas" dit-il avec nonchalance, en rangeant quelques livres.
Félix, claquait la porte du casier avec un sourire. "Eh bien, ce n'est pas notre style. On ne ferait jamais ça. Mais, chapeau au Minsung !" plaisanta-t-il.
Un joueur de l'équipe, qui avait capté leur conversation, leur lança un regard perplexe. "Non ! Vous aussi ?!" demanda-t-il, incrédule.
Les deux jeunes hommes concernés répondirent avec un haussement d'épaules naturel. "Oui, mais c'est évident, non ?" ajouta le plus jeune des deux.
"Faut croire que non" renchérit le wide receiver gauche.
Ils continuèrent leur chemin, essayant de maintenir une apparence de normalité malgré les regards et les chuchotements qui les suivaient. Une fois tous devant la salle de classe du quatuor, les joueurs de football, avant de se disperser, tapèrent amicalement dans le dos de leur quarterback. "On se revoit à la pause," lancèrent-ils avec des sourires encourageants.
Pendant les premier cours avant la pause, Jisung se trouvait souvent distrait, son esprit vagabondant malgré ses efforts pour se concentrer sur les leçons. Il savait qu'il disait avoir fait ça pour son compagnon mais c'était faux. C'était simplement par besoin de se rassurer, de se prouver à lui-même qu'il avait su passer à autre chose , que tous les mots et toutes les actions de Yeon n'avaient plus d'impact sur lui. Et pourtant il attendait avec impatience la fin du cours du maths afin de pouvoir sortir de cette salle, où il avait l'impression d'être le centre de gravité.
Tandis que la sonnerie annonça la pause, la cafétéria du lycée bourdonnait d'activité, les élèves s'agglutinant autour de leurs tables habituelles, engagés dans des conversations animées ou des confessions nerveuses dues à la tradition du jour. Les quatre amis prirent place au centre de la cafétéria, là où tous les regards convergeaient inévitablement. Quelques joueurs de football les rejoignirent, créant un petit groupe. La conversation était légère, ponctuée de rires et de plaisanteries habituelles, offrant à Jisung un moment de répit face à l'ampleur de sa décision matinale. Il avait presque oublié le poids du maillot qu'il portait, absorbé par la normalité apparente de l'heure du déjeuner.
Soudain, une voix féminine interrompit leur tranquillité. Une jeune lycéenne aux cheveux ébène et aux yeux perçants s'approcha de leur table, tenant un petit paquet dans ses mains. Sa beauté était frappante, presque irréelle, avec une finesse qui incarnait l'idéal de la beauté coréenne. Sa présence sembla suspendre le temps, attirant les regards de toute la cafétéria.
"Je suis désolée de vous déranger, je m'appelle Sohee," commença-t-elle, sa voix douce mais assez forte pour couper à travers le brouhaha ambiant. Elle s'arrêta, baissant la tête, clairement gênée, ses joues et ses oreilles prenant une teinte rosée sous l'attention collective.
Elle se tourna vers Jisung, ses mains légèrement tremblantes tenant toujours le paquet. "Vu qu'on a l'occasion aujourd'hui, je voulais te dire que je t'aime bien et que je te trouve très beau. Je me demandais si tu pourrais me donner une chance de... "
Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase avant d'être sèchement interrompue par le bruit des baguette que Minho avait inconsciemment balancées dans son plateau.
"Je suis désolé, mais je ne peux pas accepter," répondit finalement le brun.
Une jeune fille à l'autre bout de la cafétéria, qui avait suivi la scène avec intérêt, s'avança. "Est-ce qu'on peut savoir pourquoi ? Est-ce que c'est parce qu'elle n'est pas ton type ?"
Sohee, rouge de gêne, bégaya, "Si c'est le cas, je ...peux changer...'fin, m'adapter, tu sais."
La table était plongée dans un malaise palpable, même si le reste de la cafétéria restait suspendu à la scène. Le guitariste sentait les regards pesants, la pression montant d'un cran à chaque seconde qui passait.
Mais avant qu'il ne puisse former une réponse, le bruit de pas résonna à l'entrée de la cafétéria. Tous les yeux se tournèrent brièvement vers la porte avant de revenir sur le guitariste, mais pour lui, le monde semblait s'être rétréci à cette seule personne : Yeon.
À l'instant où leurs regards se croisèrent, une sensation glaciale se propagea dans le ventre du jeune homme, comme si une main invisible serrait ses entrailles. L'effet fut si soudain et si intense qu'il eut l'impression que le monde autour de lui commençait à tournoyer dangereusement.
La cafétéria s'était transformée en une chambre d'échos, chaque murmure, chaque rire semblait amplifier sa nausée. Il pouvait sentir le poids des regards sur lui, lourds de curiosité et de jugement, pressant contre sa poitrine comme une armure de plomb.
Les mots des deux jeunes femmes se mélangeaient dans un bourdonnement lointain, leurs voix devenant partie d'un bruit de fond insupportable. Le musicien sentait chaque battement de son cœur, rapide et irrégulier, résonner jusque dans ses tempes, martelant contre ses os avec une intensité douloureuse.
La présence de Yeon, un spectre du passé qui revenait hanter le présent, était le catalyseur de cette tempête intérieure. Le simple fait de croiser son regard avait ravivé des souvenirs et des peurs que Jisung croyait avoir surmontés. C'était comme si le simple fait de le voir à cet instant inversait tout le travail qu'il avait accompli pour se reconstruire.
Son estomac se tordit de nouveau, un mélange de douleur et de répulsion si intense qu'il dut porter une main à sa bouche, craignant de vomir en plein milieu de la cafétéria. Il se sentait piégé, comme un animal dans une cage, avec des centaines d'yeux fixés sur lui, attendant sa chute.
Avec une urgence désespérée, il se leva brusquement, sa chaise raclant le sol dans un grincement strident qui sembla couper à travers le brouhaha de la salle. Il ne vit rien d'autre que la sortie, son esprit en proie à une seule pensée : fuir. Fuir les regards, fuir Yeon, fuir cette exposition involontaire de sa vulnérabilité la plus profonde.
Il bouscula sa chaise en arrière, ignorant les appels de Minho et les regards interloqués de ses amis.
À peine la porte de la cafétéria franchie, Jisung sentait son souffle s'échapper de lui comme si on venait de lui arracher tout l'air que contenaient ses poumons. La panique commençait à l'envahir, un étau invisible mais implacable qui se refermait autour de sa poitrine. Toutes ces tentatives de respirer ressemblaient à une lutte désespérée contre une force oppressante qui lui refusait l'air dont il avait désespérément besoin.
L'angoisse monta quand ses jambes vacillèrent sous son propre poids. Le monde autour de lui commençait à se déformer, les couleurs des décorations de la journée, les rires des autres élèves qui résonnaient encore derrière lui, tout se brouillait, devenait distant, irréel. Il n'arrivait plus à se concentrer sur rien d'autre que sur cette sensation qui lui martelait les entrailles : il allait s'étouffer. Il en était convaincu.
"Hé mon ange, tu vas bien ?" demanda le sportif qui venait également de passer la porte.
Le plus jeune ne pouvait pas répondre. Tout en lui hurlait, son corps entier se raidissait comme si chaque muscle s'était figé dans une position de défense, cherchant une issue, une échappatoire à cette tempête. Son cœur battait si fort qu'il en avait mal, comme s'il allait exploser d'un moment à l'autre dans sa poitrine.
Il s'agrippa à son haut, ses doigts se refermant sur le tissu comme une ancre de fortune. Ses ongles se plantaient presque dans sa peau, cherchant une sensation tangible pour l'arracher à ce cauchemar qui se déroulait en lui.
Son souffle s'accéléra, devenant court et haletant, incapable de se stabiliser." Je... je... je peux pas... Minho... je..." Les mots se coinçaient dans sa gorge, bloqués par la peur, chaque tentative d'expression le rapprochait de l'effondrement et pourtant il avait envie de promettre à son partenaire que ce n'était pas l'ombre de son ex qui le mettait dans un tel état. Même si c'était faux, il était persuadé que s'il le jurait, ça deviendrait réel.
Son estomac se tordait si violemment qu'il pensait qu'il allait vomir sur le sol. Une nausée atroce le secoua de l'intérieur. Chaque son autour de lui, chaque rire ou chaque chuchotement lointain des autres élèves devint une lame qui s'enfonçait dans son crâne. Tout tournait, et le sol sous ses pieds semblait s'effondrer.
Puis, soudainement, un ballon en forme de cœur accroché sur un mur pas loin, éclata non avec un pop sec et inattendu.
Le bruit fut comme une détonation dans son esprit, résonnant en lui avec une violence inouïe. Son cœur sembla s'arrêter une fraction de seconde avant de repartir à toute allure, déchaîné. L'explosion de ce ballon amplifia la terreur déjà incontrôlable dans son esprit. C'était comme si son propre cœur venait d'exploser à l'intérieur de lui.
Il poussa un cri étouffé, ses genoux se dérobant sous lui. Il tomba à terre, incapable de se redresser, ses mains toujours accrochées à son t-shirt comme si c'était la seule chose qui le rattachait à cette réalité. Sa poitrine était en feu, comprimée, brûlée de l'intérieur par une angoisse si violente qu'elle le paralysait. Ses pensées étaient englouties dans un océan de chaos, et tout ce qu'il pouvait faire était de supplier dans un murmure brisé : " Pardon... Minho... je suis désolé... désolé... je suis tellement désolé..."
Sa voix tremblait, ses paroles s'effaçaient sous le flot de larmes qui coulait désormais sans contrôle." Je suis désolé... je suis désolé... je suis désolé..." Il répétait ces mots comme une prière, comme s'il cherchait à effacer ce qu'il vivait, comme s'il implorait pour que tout disparaisse.
Effaré et complètement dépassé, le nommée tenta de lui prendre la main, mais le brun la retira instinctivement, incapable de supporter un quelconque contact. "Tu n'as rien fait de mal, mon coeur. Rien, tu m'entends ?" tenta-t-il de le rassurer, mais ses propres mains tremblaient. C'était la première fois qu'il voyait Jisung dans un tel état. Jamais il n'aurait pensé que ça pouvait aller aussi loin.
Autour d'eux, des élèves ralentissaient leur pas, certains regardant la scène avec une curiosité malsaine. Quelques-uns sortaient leur téléphone pour filmer. La scène était devenue un spectacle grotesque. Le guitariste, recroquevillé sur lui-même, tremblant de peur et de panique, était pris dans les projecteurs de l'indifférence.
Le footballeur sentit la colère monter en lui comme un flot brûlant, son sang bouillonnant de rage. Il se leva d'un bond, faisant face à ceux qui prenaient des photos." Mais putain, qu'est-ce qui ne va pas chez vous ?! Vous le voyez, non ? Vous voyez qu'il est en train de souffrir !" hurla-t-il, son regard flamboyant de fureur." Appelez un prof, un surveillant, je m'en fous, mais arrêtez avec vos putains de téléphones !"
Ses mots résonnèrent dans le couloir, glaçant l'air et figeant le groupe d'élèves. Ce fut à ce moment que la porte de la cafétéria s'ouvrit brusquement et que Hyunjin et Félix sortirent en trombe. Ils virent immédiatement ce qui se passait. Félix, l'expression grave, s'accroupit près de son ami, essayant de capter son attention.
"Jisung, regarde-moi," dit-il d'une voix douce mais ferme. L'australien tendit la main vers lui, essayant de le guider doucement.
Hyunjin se plaça près de son meilleur ami, lui posant une main ferme sur l'épaule. "Calme-toi, mec. Ça ne sert à rien de te mettre en colère. Il a besoin de toi. Il a besoin que tu sois là pour lui."
Minho tenta de reprendre son souffle, ses poings encore serrés, mais l'urgence de la situation l'obligea à rediriger son énergie. Ensemble, ils aidèrent le musicien à se relever, le conduisant dans une petite salle de classe à proximité, loin des regards, loin de la foule.
Félix s'assit à la première table, le guidant à ses côtés, continuant de lui murmurer des paroles rassurantes." Respire, Jisung. Regarde-moi, d'accord ? Tu es en sécurité maintenant...."
Le plus âgé, encore tremblant, s'effondra sur la table du professeur, passant une main nerveuse dans ses cheveux. Il bouillonnait de rage intérieure.
"Il allait bien jusqu'à ce que cette petite merde se montre...." murmura-t-il entre ses dents, se levant brusquement.
Hyunjin se tourna vers lui, se plaçant devant la porte pour l'empêcher de sortir." T'as pas intérêt à sortir, d'ici. Je te préviens, si tu tentes quelque chose, tu devras me passer sur le corps d'abord."
L'interpellé leva les yeux vers lui, le souffle court, les poings serrés.
"Tu ne vas pas aller te battre avec lui, et tu ne vas pas laisser ton mec dans cet état. Ce n'est pas à Félix de gérer ça, c'est à toi. Tu es son copain, tu dois être là pour lui."
Ce dernier voulut riposter, mais Hyunjin le coupa, dur et direct. "T'es en colère, je comprends, mais ça ne résoudra rien. Il a fait tout ça pour toi. Parce qu'il t'aime et parce qu'il veut être avec toi publiquement, en dépit du bourrage de crâne qu'il a vécu avec l'autre. Alors, tu vas t'asseoir à côté de lui et t'assurer qu'il va bien."
Le regard de Félix, qui observait Hyunjin, se fit plus tendre, comme fier de ce qu'il voyait. Avec un sourire crispé mais un regard déterminé, Félix murmura à Hyunjin," Merci."
Le sportif, prenant une grande respiration, ferma les yeux un instant avant de s'installer à ses côtés, la main de son copain toujours tremblante dans la sienne.
Jisung fermait les yeux par intermittence, ses cils encore trempés de larmes, son visage pâle marqué par l'épuisement émotionnel. Son corps, bien que apaisé en surface, était toujours secoué de spasmes irréguliers. Chaque fois qu'il inspirait profondément, on sentait l'effort qu'il mettait à reprendre le contrôle, à sortir de l'ombre oppressante de sa crise de panique. Il était là, mais en même temps, encore si loin.
Son copain ne lâchait pas sa main, ne disant rien pendant un long moment. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était rester là, présent. Il savait qu'aucune parole n'aurait l'effet immédiat qu'il désirait, qu'il ne pouvait pas effacer la terreur qu'il venait de voir dans ses yeux. Pourtant, il se sentait toujours coupable de ne pas avoir su quoi faire, de ne pas avoir vu venir cette vague destructrice.
Après plusieurs minutes dans ce silence tendu, Jisung releva légèrement la tête, ses yeux croisant brièvement ceux du jeune homme à ses cotés. Il déglutit difficilement, ses lèvres s'entrouvrant, cherchant à formuler quelque chose.
"Je suis tellement désolé..." souffla-t-il à nouveau, sa voix à peine audible, mais cette fois, ce n'était plus un murmure effréné de panique. C'était un constat amer, rempli de honte.
Son ainé secoua immédiatement la tête. "Arrête de t'excuser. Tu n'as rien fait de mal."
Félix hocha la tête en signe d'accord, plaçant une main rassurante sur l'épaule de son ami. "Minho a raison. Tu n'as rien à te reprocher. Tu as traversé quelque chose d'énorme, et tu es toujours là."
Jisung déglutit à nouveau, ses yeux se baissant sur la table. Les mots de ses amis étaient réconfortants, mais la bataille qui faisait rage en lui semblait encore loin d'être terminée. Le regard de Yeon, ce rappel viscéral de tout ce qu'il croyait avoir surmonté, pesait encore lourdement sur lui.
Alors que Félix lui parlait doucement, essayant de le ramener dans le présent, Hyunjin se tourna vers son ami d'enfance, un air sérieux sur le visage. "Mec, tu dois être prêt à l'aider à surmonter ça. Ce n'est pas juste une crise isolée. Ce genre de trucs ne disparaît pas en un claquement de doigts. Il va avoir besoin de toi, de nous tous."
Celui-ci baissa les yeux, le poids des paroles de Hyunjin se frayant un chemin dans son esprit. Il le savait. Il avait vu Jisung dans des moments plus vulnérables, mais rien n'avait jamais atteint ce niveau d'intensité. Et même maintenant, à cet instant, il se sentait terriblement impuissant.
"Je sais..." murmura-t-il enfin. "Je sais que ça va être dur, mais je suis là. Je vais pas le laisser affronter ça seul."
Félix, sentant que le pire de la crise était passé, proposa doucement : "On pourrait peut-être essayer de sortir d'ici. Aller dans un endroit un peu plus calme. On pourrait aller dehors, près du terrain, là où personne ne traîne en ce moment."
Minho acquiesça, conscient que l'air frais pourrait apaiser davantage les tensions qui étaient encore palpables. Hyunjin jeta un coup d'œil vers la porte, s'assurant que personne ne viendrait encore les déranger.
"Allez, on bouge," dit doucement Hyunjin, se levant le premier et faisant signe aux autres de le suivre.
Félix se leva en aidant l'artiste à se remettre sur pieds, ses jambes encore légèrement tremblantes. Le quarterback passa un bras autour de ses épaules, sentant la tension dans le corps de son copain, mais s'assurant qu'il ne vacillait pas.
Ils sortirent lentement de la salle, traversant les couloirs désormais presque déserts. Quelques élèves croisaient encore leur chemin, mais personne ne fit de remarque, personne n'osa les observer de trop près cette fois.
Ils se retrouvèrent enfin dehors, dans la grande cour de l'école. L'air était frais, et le soleil, bien que doux, offrait une chaleur réconfortante sur leurs visages. Jisung, encore légèrement tremblant, marchait près de son partenaire, ses doigts accrochant légèrement le bras de son copain comme une bouée de sauvetage. Sa respiration était revenue à un rythme presque normal, mais il restait dans cet état de confusion post-crise, le brouillard dans son esprit encore épais.
Ils traversèrent la cour, et bien que plusieurs élèves soient présents, personne ne leur adressa de regard accusateur ou gênant. Au contraire, certains élèves jetèrent des coups d'œil discrets, levant discrètement les pouces en signe de soutien. Ce geste, aussi simple qu'il puisse paraître, réchauffa le cœur du jeune Lee. Il savait que tous ne les jugeaient pas. Certains avaient compris, certains étaient de leur côté. Ils n'étaient pas seuls.
Jisung, lui, marchait en silence, encore un peu abasourdi par la crise qui venait de le secouer. Ses pensées s'entremêlaient, mais le contact constant du grisonnant, cette présence si solide à ses côtés, l'empêchait de replonger dans le chaos.
Ils trouvèrent un banc à l'ombre d'un grand arbre et s'y assirent tous les quatre. Jisung était collé contre l'athlète, ses jambes légèrement repliées sur le banc, son corps encore un peu tendu. Minho, sans un mot, passa un bras autour de ses épaules, l'attirant doucement contre lui. C'était un geste naturel, protecteur.
Alors qu'ils tentaient de retrouver une atmosphère plus détendue, un petit groupe d'élèves s'approcha timidement. Le brun, toujours un peu perdu dans ses pensées, ne les remarqua pas tout de suite, mais Hyunjin, vigilant, se leva avant qu'ils n'aient eu le temps de s'approcher davantage.
"C'est pas le moment les gars..." leur lança Hyunjin avec une voix ferme, sans la moindre hésitation. "Sérieux, vous avez assez de contenu pour toute votre vie. Donc, s'il vous plait, partez."
Mais un des lycéens, visiblement mal à l'aise, leva les mains dans un geste apaisant. "Non, non, ce n'est pas ça..." dit-il, ses paroles hésitantes mais sincères. "On voulait juste dire à Jisung qu'il est vraiment une personne très forte. Et que c'est pas évident un coming out dans un lycée comme le nôtre. On... on voulait juste le féliciter."
À l'entente de ces mots, l'indexé releva doucement la tête, ses yeux toujours légèrement rougis, mais il écoutait. Le jeune homme continua, sa voix douce mais empreinte de respect. "On a vu ce qui s'est passé, et... on est désolés pour ça, vraiment. C'est n'importe quoi ce que certaines personnes font dans cette école. On voulait juste que tu saches qu'on est avec toi... Avec vous. Vous allez très bien ensemble."
Hyunjin, après avoir jeté un coup d'œil à Jisung, comprit que ces mots étaient nécessaires. Il relâcha un peu sa garde, permettant au groupe de finir. "Bravo, mec. On voulait juste dire ça. Vraiment, restez forts."
L'aîné, qui jusque-là était resté silencieux, sentit son partenaire se détendre légèrement à côté de lui. Un petit sourire, timide mais présent, étira ses lèvres. Ce sourire était fragile, encore empreint de tout ce qu'il venait de traverser, mais il était là.
Minho, voyant cette lueur de mieux chez son copain, décida avec un sourire taquin, de se pencher légèrement vers Jisung, le bousculant avec son épaule. "Hé, t'as entendu ? On a des fans."
Jisung tourna la tête vers lui, le sourire toujours timide, mais il laissa échapper un léger rire, étouffé mais sincère. C'était un son qu'ils n'avaient pas entendu depuis des heures, et ça leur fit du bien à tous.
Après le départ du petit groupe ils restèrent tous les quatre assis sur le banc, à l'abri de l'agitation de la cafétéria. Ils n'avaient plus envie d'y retourner, pas après ce qui venait de se passer. Les minutes passaient doucement, et une certaine sérénité retrouvée s'installait entre eux. Le vent soufflait légèrement, faisant bruisser les feuilles des arbres autour de la cour.
Finalement, le calme fut interrompu par la sonnerie annonçant la reprise des cours. Félix jeta un coup d'œil vers Jisung, le regard interrogateur. "Alors ?" demanda-t-il doucement. "On y retourne ou on reste ici ? C'est toi qui décides."
Les deux autres attendaient également, respectueux de la décision de Jisung. Pendant quelques secondes, Jisung réfléchit, le regard posé sur le sol. Puis il leva doucement la tête, prit une grande inspiration et hocha la tête. "Si... On y retourne."
Ils se levèrent et commencèrent à marcher vers le bâtiment principal. À chaque pas, Minho serrait doucement la main de Jisung, comme pour lui rappeler qu'il était là, qu'il ne le lâcherait pas. Ils traversèrent la cour sans prêter attention aux regards qui se posaient encore sur eux. Certains élèves semblaient murmurer, d'autres jetaient des coups d'œil, mais ils tentaient de faire abstraction de tout ça.
Quand ils franchirent enfin la porte de leur classe, ils firent face à une scène assez habituelle, mais étrangement lourde.
Quelques minutes plus tard, la porte de la classe s'ouvrit, et la professeure de littérature fit son entrée.
Elle portait des talons hauts qui résonnaient sur le carrelage de la classe, créant un effet sonore qui imposait immédiatement le silence. Elle avait une présence charismatique, une prestance naturelle qui, dès qu'elle franchissait le seuil de la salle, captait l'attention de tous. À cet instant, son visage était dur, presque glacial, alors qu'elle balayait la classe de son regard.
Sans dire un mot, elle se dirigea vers son bureau, posant son sac en cuir sur le coin de la table. Elle les observa un moment, faisant courir ses yeux sur chaque visage, puis elle prit enfin la parole. Sa voix était calme, presque douce, mais chaque mot était chargé d'une autorité indéniable. "Bien. Je vais être très claire, bande de petit merdeux."
Elle marqua une pause, et l'atmosphère se fit encore plus lourde. "Depuis ce matin, je ne vous entends parler que de ce qui ne vous regarde pas, espèce de sales gosses." Sa voix restait posée, mais ses mots frappaient comme des coups de fouet. "Vous êtes tous issus de familles fortunées, et malgré cela, vous avez une éducation lamentable."
Les élèves se raidirent, mais personne n'osa réagir. La professeure continua. "Par votre faute, un de vos camarades a souffert d'une crise d'angoisse. Une véritable crise. Et quelle a été votre réaction ? Filmer. Vous avez sorti vos téléphones et vous avez filmé." Son ton restait étonnamment calme, mais la colère sous-jacente était évidente.
Jisung, assis à côté de Minho, baissa légèrement les yeux, mal à l'aise d'être ainsi exposé.
La professeure s'interrompit un moment, puis se tourna vers Jisung. "Excusez-moi, Monsieur Han, je vous demande pardon. Je parle de ce sujet sans même vous avoir demandé votre autorisation. J'en suis désolée."
Le concerné, trop gêné pour savoir quoi dire, hocha simplement la tête.
Elle reprit : "J'avais besoin de mettre les pendules à l'heure. Est-ce que vous m'autorisez à continuer ?"
Jisung hocha à nouveau la tête, encore incapable de dire quoi que ce soit.
La professeure se redressa, ses yeux fauves revenant sur la classe entière. "Ce que vous avez fait aujourd'hui est impardonnable. Au lieu d'aider, vous avez cherché à l'humilier. Vous êtes des enfants pourris gâtés, incapables de comprendre ce que signifie le respect. Vous avez fait de ce garçon une bête de foire. Et pour ça, vous devriez avoir honte."
La salle entière était figée. Personne ne bougeait, personne ne parlait. La tension était presque palpable.
"Le premier d'entre vous que je prends en train de colporter une rumeur, de partager une vidéo, peu importe qui .... sera viré de cette école, je me fais bien comprendre ?" Sa voix était calme, mais le poids de ses paroles ne laissait aucun doute sur la menace. "Peu importe qui sont vos parents. Peu importe combien ils sont riches. Vous êtes prévenus. J'en ferais une bataille personnelle, sachez-le !"
Les élèves hochèrent la tête d'un mouvement presque synchronisé, terrifié par la froideur de leur enseignate.
"Bien."
Puis, son regard se posa à nouveau sur le jeune couple, son visage s'adoucissant totalement. "Vous avez beaucoup de courage," dit-elle, sa voix se faisant un peu plus chaleureuse. "Beaucoup de courage de faire ça aujourd'hui, en sachant ce que cette journée représente dans cette école... c'est admirable. Vous pouvez être fiers de vous."
Son regard plus appuyé, elle ajouta : "Surtout vous, Monsieur Lee."
"Moi ?"
La femme lui offrit un mince sourire. "Oui, vous. Vous l'avez soutenu. Vous avez essayé de gérer la situation comme un adulte. Et je vous en félicite." Elle se tourna ensuite vers le reste de la classe. "Contrairement à beaucoup de vos camarades, même si bien sûr, c'est incomparable."
Minho ne répondit rien, mais il serra doucement la main de Jisung sous la table, le remerciant en silence pour tout ce qu'ils venaient de traverser ensemble.
La professeure se redressa, ses yeux glaciaux balayant une dernière fois la classe. Un silence lourd planait encore, comme si les mots qu'elle avait prononcés s'étaient gravés dans l'air même de la salle. Les élèves, d'ordinaire bruyants et parfois indisciplinés, étaient maintenant tous figés, incapables de lever la tête.
La cinquantenaire se retourna vers son tableau et commença à écrire quelques phrases, reprenant enfin son cours comme si rien ne s'était passé. Le silence fut enfin brisé par le cliquetis des stylos et des claviers d'ordinateurs. Lentement, la classe se mit au travail.
Le temps passa, et peu à peu, l'attention de la classe dériva sur les exercices en cours. La tension dans l'air s'apaisa progressivement, et pour la première fois depuis un moment, Jisung se sentit respirer plus facilement.
La cloche retentit soudainement, marquant la fin du cours et de la matinée. Les élèves commencèrent à ranger leurs affaires, mais cette fois, personne ne traîna dans la salle. Ils se dirigèrent rapidement vers la sortie, pressés de retrouver leurs habitudes.
Jisung, quant à lui, resta assis un moment de plus, toujours un peu perdu dans ses pensées. Son voisin se tourna vers lui, sa voix douce et rassurante. "Hé, tout va bien ?"
Jisung hocha la tête, souriant faiblement. "Ouais... Je crois que ça va."
Félix et Hyunjin s'approchèrent, leurs sacs déjà sur l'épaule. "On te l'avait dit, ça va passer," dit Félix en lui tapotant l'épaule avec un sourire rassurant.
Hyunjin fit un geste de la main, comme pour balayer l'air. "Maintenant, on va sortir d'ici et s'offrir une pause bien méritée. Un bubble tea ou n'importe quoi de frais, ça va nous faire du bien, vous ne croyez pas ?"
Le grisonnant, hochant la tête avec un sourire amusé, répondit : "Ouais, mais genre vraiment. Je crois que j'en ai bien besoin aussi." Puis il ajouta, un peu plus sérieusement : "Et puis, le coach comprendra que je sèche l'entraînement aujourd'hui. L'équipe aussi, et vous aussi d'ailleurs."
Hyunjin arqua un sourcil, surpris. "Attends, ça veut dire quoi ça : nous aussi ?"
Le footballeur haussa légèrement les épaules, sans perdre son sourire taquin. "Ça veut juste dire que je rentre chez mes parents avec mon mec. On va profiter tous les deux, histoire de... se détendre après cette journée de merde."
Le jeune homme au cheveux noir fit une moue exagérée, croisant les bras. "Ah ouais, ok... monsieur a des projets ! Et moi alors, qu'est-ce que je fais ?"
"Toi, tu fais pareil, évidemment. Tu profites avec ton mec, c'est à dire moi dans un bain, chez moi."
"C'est réglé alors. On rentre," conclut le sportif.
Minho conduisait en silence, les rayons du soleil couchant glissant sur le tableau de bord, teintant l'intérieur de la voiture d'une lumière douce et dorée. Jisung, à côté de lui, la tête légèrement penchée contre la vitre, laissait ses pensées vagabonder. La route vers la maison des Lee était un chemin qu'ils connaissaient par cœur, presque une routine à ce stade de leur relation, et pourtant, après cette journée mouvementée, ce trajet avait quelque chose d'apaisant, de rassurant.
En arrivant devant la maison, le conducteur gara la voiture dans l'allée, puis se tourna vers Jisung avec un sourire en coin, jouant de son ton habituellement taquin. "Après vous, monsieur."
Cela arracha un petit rire à Jisung, qui roula des yeux, amusé. "Merci bien, monsieur," répondit-il, tout aussi taquin. Sans attendre, il ouvrit la portière et sortit de la voiture, se dirigeant directement vers l'entrée.
À peine la porte franchie, Jisung ne réfléchit même pas. Il connaissait cette maison comme la sienne. Il monta immédiatement les escaliers.
"Mets le film que tu veux, je vais vérifier ce qu'il y a dans le frigo."
"Ouais, pas de souci !" répondit Jisung en continuant à monter, son pas léger résonnant dans le couloir. Il atteignit rapidement la chambre de Minho, un lieu qui lui était devenu aussi familier que son propre espace.
En entrant dans la pièce, Jisung s'arrêta un instant, regardant autour de lui. Il y avait quelque chose de réconfortant dans cette chambre, un cocon qui lui permettait d'oublier tout ce qui s'était passé à l'extérieur. Sans réfléchir, il se dirigea vers l'armoire, l'ouvrit et en retira un short bien trop grand pour lui, comme il avait l'habitude de faire à chaque fois qu'il venait ici.
Jisung troqua son jean contre le short ample, avant de s'installer sur le lit. Le tissu du vêtement tombait sur ses hanches de manière désinvolte, mais c'était exactement comme ça qu'il aimait porter les vêtements de son copain: un peu trop grands, un peu trop confortables. Avant de s'allonger, et de s'enfoncer dans les draps frais, son dos légèrement relevé contre les coussins. Il choisit rapidement un film, laissant défiler les options sur l'écran avant de sélectionner quelque chose de léger, parfait pour une soirée où ils voulaient juste décompresser. Il se pelotonna ensuite dans la couverture, tirant le tissu doux jusqu'à son menton, formant une sorte de cocon protecteur autour de lui. Ses jambes étaient repliées sous lui, ses bras ramenés contre son torse. Il ressemblait à un petit nid douillet, prêt à se laisser emporter par le confort.
Quelques minutes plus tard, la porte de la chambre s'ouvrit doucement, laissant entrer le propriétaire des lieux, portant deux canettes dans les mains. En voyant son cadet, confortablement installé dans son short et son maillot de foot, un sourire satisfait étira ses lèvres. Il referma la porte d'un coup de pied avant de se tourner vers Jisung, son sourire devenant plus tendre.
"Tu sais ce que c'est, mon rêve, depuis quelque mois ?" demanda-t-il en s'approchant lentement du lit, son ton légèrement taquin mais empreint d'une sincérité douce.
Jisung releva la tête, intrigué, les yeux un peu plissés par la curiosité. "Non, dis-moi."
Le sportif posa les canettes sur la table de chevet et s'assit sur le bord du lit, son regard fixé sur le brun, un éclat tendre dans les yeux. "C'est de rentrer chez nous dans le futur et de te trouver là, chaque jour. Comme ça. Dans notre lit, après une longue journée."
Les mots de Minho firent battre le cœur de Jisung un peu plus vite, une chaleur douce se répandant dans sa poitrine. Il se redressa légèrement, laissant la couverture glisser de ses épaules, et le regarda avec des yeux brillants, pleins d'affection. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire timide, mais heureux.
Ce dernier s'approcha un peu plus, s'installant à côté du guitariste sur le lit. Il leva une main et lui caressa doucement la joue, son pouce effleurant sa peau avec tendresse.
"Je sais que c'est pas facile à gérer ce que j'ai vécu, je suis désolé de t'imposer ça," murmura le plus jeune, sa voix douce, presque chuchotée, mais pleine de sincérité.
Le cœur de Minho se serra un peu à cette déclaration, et un sourire tendre éclaira son visage. "Et moi, je suis désolé de ne pas avoir été là avant que tu ne subisses ça." Son ton était léger, mais son regard était empreint de tout l'amour qu'il ressentait.
Sans hésiter, Jisung se pencha un peu plus près, leur lèvre se frôlant dans un premier contact léger, presque timide le temps semblait se figer autour d'eux. Ce n'était pas simplement un baiser, c'était une fusion délicate de deux âmes qui se connaissaient par cœur, mais qui se redécouvraient à chaque instant. Avec une tendresse infinie, l'athlète guida doucement son cadet vers l'arrière, le faisant basculer doucement contre les coussins du lit, sa main caressant avec douceur le bas de son dos.
Leurs lèvres se mouvaient ensemble, en parfaite harmonie, dans un échange silencieux de tout l'amour qu'ils se portaient. Chaque mouvement était mesuré, empli d'une lenteur délicieuse. Jisung se laissait faire, totalement enveloppé dans la chaleur du corps au-dessus de lui. Minho, se penchant légèrement, soutenait son poids avec un bras, tandis que l'autre main glissait lentement le long de la hanche de Jisung.
Leurs respirations se faisaient de plus en plus profondes, mais jamais pressées. Il n'y avait aucune urgence dans ce moment, seulement une volonté mutuelle de savourer chaque seconde, chaque contact. Leurs lèvres s'ouvraient et se retrouvaient, se cherchaient avec cette même douceur.
Sans jamais briser le rythme de leurs baisers, le grisonnant laissa sa main glisser doucement le long de la cuisse de Jisung, faisant remonter la jambe de celui-ci contre son flanc. Sa paume caressa la peau douce de sa cuisse, ses doigts effleurant la courbe de sa fesse avec une légèreté infinie, comme s'il redoutait de briser ce moment précieux.
Jisung, de son côté, laissa ses mains se promener sur le torse du sportif. Ses doigts tremblants glissaient sous le tissu, caressant la peau de son copain avec une délicatesse presque sacrée. Chaque toucher, chaque contact semblait être une déclaration d'amour en soi.
Minho, sentant la chaleur du corps de Jisung se mêler à la sienne, se pencha un peu plus, intensifiant doucement le baiser, mais toujours avec lenteur. Leurs langues se rencontraient brièvement, avec sensualité, avant de se retirer, laissant place à une série de baisers plus légers, plus tendres.
Leurs respirations se mélangeaient, devenant plus irrégulières, mais jamais précipitées. C'était un moment hors du temps, où chaque souffle, chaque frôlement de lèvres ou de peau semblait les rapprocher un peu plus.
L'athlète laissa ses doigts remonter lentement, suivant la ligne de la colonne vertébrale de du musicien, avant de s'arrêter à sa nuque, ses doigts se faufilant dans ses cheveux avec une douceur infinie. Il tira légèrement sur la lèvre inférieure de Jisung, avant de revenir poser un baiser plus doux, plus appuyé, scellant une fois de plus leur amour dans ce geste si simple, mais si significatif.
Ils continuèrent ainsi, dans cette danse intime, leurs baisers se faisant plus profonds, mais toujours aussi lents, aussi savoureux. Minho voulait que ce moment dure éternellement, qu'il soit gravé dans leur mémoire comme un instant où tout s'était arrêté, où il n'y avait que l'amour, la tendresse, et cette connexion indéfectible entre eux.
Quand enfin leurs lèvres se détachèrent, ils restèrent immobiles, leurs respirations légèrement saccadées mais synchronisées. Minho posa son front contre celui de Jisung, leurs nez se frôlant doucement. Ils ne dirent rien pendant un long moment, leurs yeux fermés, savourant encore les échos de ce baiser.
Jisung, les joues légèrement rosies, ouvrit lentement les yeux. Ses lèvres étaient encore légèrement tremblantes, mais un sourire doux et serein se dessina sur son visage.
"Je t'aime," murmura-t-il , sa voix un peu rauque, mais pleine de douceur.
Minho répondit d'un sourire tendre, ses yeux remplis de tout l'amour qu'il ressentait. "Je t'aime aussi," murmura-t-il en retour, son pouce caressant doucement la joue de Jisung. "Chaque jour, un peu plus."
Ils restèrent ainsi, l'un contre l'autre, enveloppés dans le calme de la chambre, leur amour tangible dans l'air. Le monde pouvait bien continuer de tourner à l'extérieur, mais pour eux, ici, maintenant, et pour toujours il n'y aurait que la douceur de ces moment partagés, la chaleur de leurs corps et la certitude qu'ils étaient ensemble, dans cette bulle de tendresse et de sérénité.
🌸✨Fin✨🌸
HELLO LES ENFANTS ,✨🦋
L'aventure Serendipity a commencé le 2 janvier, et nous voilà enfin au bout de cette incroyable traversée. Je tiens à vous remercier du fond du cœur pour votre soutien constant, vos messages, vos théories, et surtout, votre patience. Écrire cette histoire a été un véritable voyage, parfois éprouvant, drôle mais toujours enrichissant, et je n'aurais jamais pu le faire sans vous à mes côtés.🫂
Chaque chapitre, chaque scène, a été écrit avec passion, et savoir que vous étiez là, toujours aussi impliqués, m'a énormément touché et motivé. Cette histoire n'aurait pas eu la même magie sans vous, vos commentaires, vos réactions et ce lien que nous avons créé au fil des pages.📃
Un merci tout particulier à notre incroyable bêta lectrice MinhOtaku25 , dont les conseils et le regard attentif ont permis de faire briller cette histoire d'une façon unique. Ta contribution a été précieuse à chaque étape du chemin. ✨🤝
J'espère que cette fin saura vous satisfaire, qu'elle vous aura fait sourire, réfléchir, rêver... et qui sait, peut-être que ce n'est pas tout à fait la fin ?
On se retrouve pour l'épilogue 🫂
Un message de MinhOtaku25 :
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