⌊ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 5⌉


♪ 𝄞 Cookie - New Jeans ♪ 𝄞

⌊ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 5⌉


Une idée folle m'était passée par la tête quand je me réveillais le samedi. Mon appartement était calme, trop calme. Et j'avais beau aimer la solitude, elle commençait sérieusement à me peser. J'avais besoin d'un petit quelque chose qui m'inciterait à me lever. Alors j'ai pensé à un animal de compagnie.

Étant jeune, je n'avais jamais eu la chance d'en avoir un à la maison, mon père étant allergique, il ne voulait pas s'y risquer. J'avais pourtant proposé un poisson, garanti sans poils ! Mais mon père m'avait sorti un tout plein d'excuses, ma foi peu convaincantes. C'était non.

Ainsi, j'appelais ma mère pour lui demander de venir avec moi. Je savais que ça lui ferait plaisir que je la débauche et qu'on puisse se voir. Et je ne pouvais pas choisir seule le nouvel habitant qui allait débarquer dans ma vie de trentenaire. J'avais besoin de ma mère pour être sûre que je n'allais pas me tromper, c'était en quelque sorte un moyen de me rassurer.

Après avoir téléphoné et obtenu une réponse positive de ma génitrice, j'enfilai un jeans et un pull en cachemire. Je ne voulais pas mettre un beau pull au risque de me le faire arracher par de petites griffes vilaines.

J'attachai simplement mes cheveux châtains et je fis abstraction du maquillage. De toute façon, je ne me maquillais presque jamais le weekend, même si je devais sortir.

Je retrouvais finalement ma mère devant l'animalerie, j'avais pris soin de lui envoyer l'adresse au préalable. J'étais à la fois excitée et confuse. L'idée d'accueillir un animal de compagnie chez moi me réjouissais grandement. Mais je n'avais aucune idée des démarches, des coûts et tout ce qui s'ensuivait. J'allais plonger dans un nouveau monde, aspirer à une nouvelle vie. Du moins, j'osai croire que ça m'aiderait d'une façon ou d'une autre à aller de l'avant.

Ça avait beau paraître extrême de cette façon, il n'y avait pas mieux pour décrire ce que je ressentais.

— Tu voudrais quoi comme petite bête ? me demanda ma mère alors que nous passions la porte de l'animalerie.

Je haussai les épaules et répondis.

— J'avais pensé à un chat, c'est plutôt autonome comme je ne suis pas souvent à la maison.

Ma mère comprenait, d'ailleurs, elle me reprochait régulièrement de faire passer mon travail avant la famille. Mais si je le faisais, c'est parce qu'il y avait une réelle raison.

Passer mon temps au travail permettait de m'occuper et de me distraire. Ainsi, au lieu d'être submergée par mes propres problèmes, je préférais être entourée de ceux de mes patients. Quand je trouvais une solution pour eux, ça m'aidait à m'épanouir.

Quand je me trouvais avec mes patients, j'avais la sensation d'être comme eux. C'était dix fois plus agréable. Alors que quand je me retrouvais seule, j'étais une femme qui avait subi des dommages irréversibles à cause d'un accident, et qui n'arrivait pas totalement à tourner la page après toutes ces années.

— Moi j'aime bien les chats, si tu as besoins de le faire garder...

Je me mis à rire. Ma mère ne perdait pas de temps ! Je n'avais même pas acheté une petite boule de poils qu'elle se proposait déjà pour garder l'animal.

— T'en fais pas maman je saurai m'en rappeler, fis-je en souriant.

— C'est bien ma petite Éléonore !

Nous prîmes le temps de regarder chacun des animaux présents, commençant par les chiens que je trouvais tous très mignons. Mais je n'avais pas forcément de coup de cœur. J'avais bien remarqué Hatchi un petit husky. Malheureusement, je n'avais pas le temps de m'occuper d'un tel chien. Il a besoin de sortir souvent, de courir, de jouer ; et avec mes vertiges et ma canne presque fixée à ma paume droite, je ne risquais pas d'être celle avait qui il ferait la course. Ce n'était donc pas envisageable.

Ma mère me mena donc près des chats. On entendait des miaulements, les griffes gratter contre les petites grilles. Il y en avait des noirs, des blancs, des roux, des tigrés, des bébés et des adultes. Tous me regardaient avec des yeux joueurs ou tristes, à la recherche d'un papa ou d'une maman. Et j'étais là.

Mais évidemment, je ne pouvais pas tous les adopter. Et j'aurais beau paraître niaise et loufoque, j'avais le cœur lourd à cette vue.

Bizarrement, j'avais l'impression qu'eux aussi me comprenaient. Nous avions tous perdu quelque chose. Eux n'avaient plus de parents, moi, je n'avais pas une oreille qui fonctionnait parfaitement, ni la chance de marcher sur deux pieds sans l'aide d'une assistance avant de m'effondrer.

— Regarde comme ils sont mignons ! fondit ma mère.

Je soupirai sortant de mes pensées et m'approchai d'une grille. Un chaton noir vint vers moi et se mit à me lécher le doigt.

Je souris immédiatement. Je crois que j'étais aussi en train de fondre. Le chaton se frotta à ma main, demandant des caresses que je ne pouvais pas lui offrir. Ça me faisait beaucoup de peine.

— À ton avis il s'appelle comment ? demandai-je à ma mère en montrant le chat noir.

— Peut-être « cookie aux pépites de chocolat » ?

— Tu ne crois pas que c'est un peu long ? m'enquis-je en riant.

Ma mère haussa les épaules et m'offrit un sourire resplendissant.

Ma génitrice était de nature plutôt joyeuse, soit l'opposé de moi. Elle avait une facilité déconcertante à s'adapter à toutes situations, elle allait sans problèmes vers les gens. Maman m'avait souvent répété « Les rapports humains sont importants, la société n'évoluera jamais si les gens ne se mélangent pas ». Oui maman, mais tout le monde n'a pas la facilité de s'intégrer.

Ma mère était aussi très présente dans la famille, elle faisait tout pour que l'on reste soudés, en bons termes. C'était toujours la première à arrêter une dispute, sur ce point nous étions similaires.

Je l'admirais énormément pour sa sagesse et sa fureur de vivre. Elle estimait que la vie n'avait pas de prix, et que si nous ne la vivions pas à l'instant présent, nous ne la vivrions jamais.

Par la suite nous trouvâmes une dame qui travaillait à l'animalerie. Nous avions vu tous les animaux et j'avais bien l'intention de repartir accompagnée.

— Bonjour ! Nous voulions nous renseigner à propos de l'adoption d'un chat, dis-je à la dame.

— Vous avez une idée duquel vous voulez ? me demanda-t-elle.

Je hochai la tête et elle me suivit. Toute souriante, je lui montrais le fameux chaton noir.

— Il s'appelle Chocotte, il a deux mois et il est très câlin, m'informa-t-elle.

— Coucou Chocotte ! s'exclama ma mère en présentant son doigt au chat.

Ma mère était mon éclat de bonheur dans la vie. Je m'identifiais souvent à elle, la prenant presque pour un modèle. Loin de là l'ambition d'obtenir le même parcours qu'elle. Nous étions néanmoins très différentes et je voulais vivre mes propres expériences et en tirer mes propres conclusions. Je détestais dépendre de quelqu'un si bien que j'avais besoin d'apprendre par moi-même.

Cependant, je n'hésitais pas à questionner ma maternelle, elle était indéniablement de très bons conseils.

— Il est trop chou, ajoutai-je en regardant la vendeuse.

— Je peux vous laisser réfléchir si vous souhaitez, et vous pouvez repasser. Un seul conseil, dépêchez-vous !

— Il n'y a pas à réfléchir, je ne repars pas sans lui ! m'exclamai-je pleine d'entrain.

J'imaginais déjà Chocotte me réveiller le matin en me couvrant de léchouilles. Je le voyais boire son bol de lait à côté de moi pendant que je petit-déjeunerais. Je pensais à Chocotte dans mes bras pendant que nous regarderions un téléfilm à zéro budget passant sur un canal de la TNT.

Il faisait déjà partie intégrante de ma vie, dans chaque recoin de mon cerveau. C'était lui et pas un autre. Une sorte de coup de foudre.

— Eh bien ! Suivez-moi dans ce cas, sourit la femme brune.

Nous entrâmes dans une pièce dissimulée derrière un mur, où se trouvait un bureau croulant sous une montagne de papier. Des photos d'animaux et, de ce que je supposais être, d'employés étaient accrochées sur les murs. Une cafetière trônait sur le meuble faisant office de buffet et deux chaises se gobergeaient devant le bureau, comme attendant leur sort.

— Asseyez-vous, on va voir tout ça ensemble, annonça la femme.

Je pris place ainsi que ma mère et je posai ma canne contre l'accoudoir. La vendeuse sortit plusieurs papiers, sortit eux-mêmes de dossiers, ceux-ci sortis de différents tiroirs. Je me demandais comment elle pouvait se retrouver dans ce désordre, mais comme je sais que la méthode de rangement est propre à chacun, je finis par pousser ma réflexion aux oubliettes.

— Vous pouvez remplir le formulaire, lire les conditions évidemment, et puis une signature juste ici, me dit-elle en montrant du doigt un rectangle vide.

Je pris le stylo qu'elle me tendait et je me mis à lire les trois pages de conditions d'adoption.

Beaucoup de contraintes étaient réunies pour pouvoir adopter un animal. Il fallait un foyer, une carte d'identité, faire en sorte d'avoir le nécessaire pour son alimentation, son bien-être, être en mesure de l'emmener chez le vétérinaire si besoin. Et plein d'autres. Fort heureusement, ma situation remplissait toutes les conditions.

Plusieurs minutes passèrent et après une lecture attentive, je signais. Chocotte était désormais mon petit chaton. Et j'allais le chérir et l'aimer comme s'il était mon propre enfant.

J'avais cruellement besoin d'une présence, et un chat était une merveilleuse idée.

Je relevai la tête et offris un sourire à la dame ainsi qu'à ma mère.

— Je vous propose de revenir demain le chercher, le temps que nous vérifions que tout soit en règle.

—Très bien.

Je me levai et serrai la main de la dame. Dès le lendemain, Chocotte deviendrai mon chaton.

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