Chapitre 8 : Une menace grandissante (2/3)


— Par les enfers ! grogna Remak.

Il était bien trop affaibli pour pouvoir faire usage de son don une nouvelle fois. Le paladin chercha du regard son grimoire. Il en avait besoin pour espérer vaincre cette monstruosité.

Là !

Non loin de lui, sur le chemin au milieu des débris se trouvait un gros livre entrouvert. Remak rampa rapidement en sa direction. Mais avant qu'il ne puisse l'atteindre, une force invisible le traîna en arrière.

Une grande main noire écailleuse le maintenait au sol. Le paladin sentit une pression l'étouffer. Une salive visqueuse dégoulinait le long de sa nuque et un désagréable sentiment lui noua la gorge.

Immobilisé, il était à sa merci.

Soudain, le sol trembla sous le passage de filaments lumineux et blanchâtres qui s'enroulèrent d'un mouvement rapide autour des membres du monstre.

Démétria grimaçait, bras tendus en avant. Elle puisait dans ses dernières réserves d'énergie pour maintenir le sort. De minces filets de magie sacrée s'échappaient de ses doigts tremblants.

— Dépêchez-vous Remak. Je ne tiendrai pas... longtemps ! cria-t-elle, pendant qu'elle luttait pour maintenir la créature figée.

La bête rugit et gesticula dangereusement. Elle cherchait un moyen de rompre les liens qui l'entravaient.

La paladine serrait les dents, des gouttes de sueur perlaient sur ses tempes. Les fils lâchaient les un après les autres dans une pluie d'étincelles. Ses pouvoirs s'atténuaient et son emprise par la même occasion.

Un coup de feu retentit,  puis un second. Un flot continu de sang coula du flan gauche de la créature.

Elle vociféra et tourna son regard mauvais vers celui qui avait osé l'attaquer.

Hadvar se tenait aux côtés de Démétria, au milieu d'une rue jonchée de débris, occupé à recharger ses armes.

— Qu'est-ce que vous attendez pour l'abattre ? Je ne tiendrai pas éternellement ! s'énerva la paladine.

— Je fais ce que je peux ! répondit Hadvar d'une voix tremblante. Ce monstre a encaissé deux tirs sans broncher !

Soudain, contre son gré, les bras de Démétria s'écartèrent. Le sort s'annula et libéra une explosion de lumière aveuglante. Elle se protégea les yeux. Quand l'éclat retomba, la bête s'apprêtait à cracher le feu contenu dans sa gueule.

Les flammes se libérèrent. La paladine se préparait au choc, mais une silhouette massive s'interposa entre elle et la déflagration. Le tourbillon ardent heurta avec fureur l'énorme bouclier de Remak imbibé de magie sacrée.

Une protection surnaturelle translucide, en forme d'une demi-sphère, déviait le flux d'énergie brûlant en deux longues traînées rougeâtres. La créature mit plus de puissance dans son souffle. Le paladin chancela, mais tint bon. Il ruisselait de sueur.

— Courez ! hurla-t-il à Démétria. Courez, prévenir la Matriarche !

La paladine sentit l'indécision s'emparer d'elle. L'abandonner lui pinça le cœur. Pourtant, elle était face à une réalité accablante. Sans ses pouvoirs, ils ne pouvaient pas vaincre ce monstre et Sa Sainteté devait être avertie de la menace. S'ils perdaient tous les deux la vie ici, ils failliraient à leur mission.

Elle n'avait pas d'autres alternative que de s'échapper, bien que ça lui laissait un goût amer. À moins que...

— Qu'est-ce que vous attendez ? Courez !

Remak perdait patience. Des fissures grandissantes se propageaient sur la barrière protectrice. Certaines parties volaient en éclat et se dissipaient dans une poussière blanchâtre et lumineuse.

Le bouclier ne tiendrait plus très longtemps. Démétria devait faire un choix et vite. Tergiverser ne servait à rien. Alors, elle prit sa décision et ça ne plairait pas à Remak.

Peu importe. La seule personne à pouvoir lui donner des ordres était la Matriarche. Il en avait été toujours ainsi et ça ne changerait pas.

Démétria partit sans se retourner. Hadvar voulut la suivre, mais elle avait déjà disparu dans les ruines. S'il restait là, la déflagration l'emporterait lui aussi.

Une détonation résonna. Le bouclier magique céda et le souffle ardent emporta le paladin dans un océan rouge qui déferla à travers la rue.

Au même moment, Hadvar plongea à travers une fenêtre. La chute fut lourde et douloureuse. Des débris de verres étaient venus se loger dans son visage et ses mains.

Les flammes s'atténuèrent. Une chape de silence tomba sur les alentours. Son cœur battait furieusement dans sa poitrine, à peu de chose près il aurait perdu la vie.

Une forte odeur de brûlé flottait dans l'air, et visiblement la maison dans laquelle il se trouvait ne possédait pas d'autres sorties que la porte d'entrée.

Hadvar rampa jusqu'à la fenêtre. Il se figea à l'affût du moindre bruit et attendit en retenant son souffle. Des pas lourds s'approchaient.

Son sang se glaça quand le monstre s'arrêta près de la maison. Un long silence s'installa, puis le sifflement strident de la bête retentit dans les ruines, avant qu'elle ne s'éloigne.

Hadvar tendit l'oreille jusqu'à ne plus rien discerner. Lentement, avec une extrême prudence, il se redressa, balayant du regard l'allée à la recherche du moindre signe de vie.

La rue dégageait une atmosphère hostile et pesante, mais aucune trace de la créature. Le vent s'était tu et cette absence de bruit ne faisait qu'agrandir son angoisse. Il savait qu'elle se cachait quelque part, comme un prédateur qui attendait patiemment que sa proie sorte de son trou.

Soudain, contre toute attente, un œil jaune reptilien apparut devant lui. Le monstre l'avait trouvé !

Hadvar laissa échapper un glapissement. Il perdit l'équilibre et trébucha sur une chaise renversée. La bête tentait de pénétrer à l'intérieur, mais le mur en pierre l'empêchait d'atteindre sa proie tremblante au milieu de la pièce.

Elle grimpa sur la maison, les fondations tremblèrent et les poutres en bois craquèrent, propageant les dépôts de poussière accumulés avec le temps. De longues griffes noires transpercèrent le toit, le déchirant en lambeau à une vitesse impressionnante. La surface supérieure de l'habitation s'écroula sous le poids de la créature, qui retomba sur ses pattes face à Hadvar affolé.

Il saisit ses pistolets et des coups de feu résonnèrent. Cela ne faisait qu'énerver la créature qui entrouvrait son horrifiante gueule prête à se refermer sur lui.

La peur le submergea. Il recula à quatre pattes et se releva dès qu'il atteignit la sortie, quand soudainement une douleur immense et profonde le frappa dans le dos, l'éjectant en dehors de la maison.

Allongé au milieu de la rue, Hadvar tremblait et avait de la peine à respirer. Une forme humanoïde de grande taille et floutée s'avançait vers lui. Il entendait le monstre émettre un grognement de satisfaction.

Un voile ténébreux obscurcissait sa vision et ses jambes refusaient de lui obéir, paralysées par la terreur. Il allait mourir ici, loin de son village et de la personne qu'il aimait, d'une manière la plus horrible qui soit.

Une série de petits bruits métalliques s'approchaient. La bête tourna la tête et vit le paladin charger bouclier levé.

Elle le repoussa avec sa queue, mais Remak tint bon. Une lueur argenté à peine perceptible l'enveloppait.

Il tourna autour de la créature, faisant tournoyer son fléau. Il s'approchait d'elle en restant sur la gauche, là où l'œil était crevé. En deux enjambées il l'atteindrait et... la main noire du reptile attrapa son bouclier subitement !

Mais Remak ne se laissa pas surprendre. Au même moment, il abattit son fléau sur la mâchoire du monstre avec une brutalité inouïe. Des dents volèrent en éclats et la bête rugit de douleur en titubant.

Un second coup atteignit sa cible. La tête de la monstruosité partit en arrière et elle tomba à la renverse dans la boue. Sonnée, elle ne se relèverait pas tout de suite. Il devait saisir cette chance inespérée pour l'achever.

Il ouvrit son grimoire et le feuilleta rapidement. Il entonna une incantation de renforcement sur son fléau qui scintillait d'une lumière blanche, alors qu'au même moment une ombre le surplombait. Le reptile s'était remis debout promptement.

Remak voulut bouger, mais son corps était trop affaibli pour éviter les griffes qui lui fonçaient droit dessus.

Bouge ! Bouge !  se disait-il furieusement.

Tout à coup, une colossale vague d'énergie blanche percuta le monstre. Elle s'enroulait en un immense tourbillon de magie sacrée et le sol trembla sous son passage.

Démétria ne chancelait pas une seconde. Les deux hommes lui avaient donné assez de temps pour concentrer son pouvoir. Plus de ruse à présent, mais un flot ininterrompu de pure puissance.

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