Chapitre 9
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Les médicaments qu'on lui donnait à l'asile avaient une double fonction : apaiser ses crises, mais aussi brouiller ses souvenirs.
C'était un outil de contrôle, un moyen pour les médecins de l'empêcher de sombrer dans son passé douloureux.
Mais ces pilules étaient aussi une prison chimique, effaçant peu à peu des fragments d'elle-même.
Lorsqu’elle s’échappa, Séraphine n’avait aucune idée de l’ampleur de leur emprise sur elle, ni de leur rôle dans son équilibre fragile.
Une fois dehors, la réalité la rattrapa brutalement. Le silence de la forêt, si apaisant au premier abord, devint oppressant.
Chaque craquement de branche, chaque souffle de vent semblait se transformer en murmure ou en menace.
Les hallucinations qu’elle croyait avoir laissées derrière elle revinrent, plus vives, plus terrifiantes. Ses pensées s’embrouillaient, son souffle se coupait, et son cœur battait si fort qu’elle crut qu’il allait exploser.
En pleine panique, Séraphine comprit qu’elle avait besoin des médicaments pour se calmer. Ils étaient devenus sa seule ancre dans un monde qu’elle ne comprenait plus.
Elle fouilla dans le sac qu’elle avait pris en s’échappant et trouva la boîte de pilules qu’elle avait volée. Mais elle ignorait les dosages.
À l’asile, on lui en donnait six par jour, mais dans son état de détresse, elle perdit toute notion de précaution.
Dans un élan désespéré, elle avala une poignée entière, espérant que cela suffirait à faire taire les cris dans sa tête, à apaiser son corps tremblant.
Les effets furent immédiats. Une torpeur s’empara d’elle, comme un voile qui se déposait sur sa mémoire.
L’incendie, l’asile, la douleur… tout cela commença à s’effacer, à se dissoudre dans un brouillard d’oubli.
Les souvenirs de Jérôme, ce garçon qui avait été son seul rayon de lumière dans cet enfer, ne disparurent pas totalement.
Mais ils se déformèrent, se transformèrent. Jérôme devint un souvenir flou, réinterprété par son esprit comme un ami imaginaire.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle tenait quelque chose contre elle : un ours en peluche. C’était le cadeau que Jérôme lui avait offert, un objet qui portait encore la chaleur de leur amitié.
Mais dans son esprit troublé, cet ours n’était plus un simple jouet. C’était Jérôme lui-même.
Il était là, à ses côtés, toujours aussi gentil et réconfortant. Il lui parlait avec la même douceur, la rassurait lorsqu’elle avait peur.
Pour Séraphine, Jérôme était réel. Il marchait à ses côtés dans la forêt, il lui racontait des histoires pour la distraire, il lui tenait la main quand la solitude devenait trop lourde.
Elle ne voyait pas l’ours qu’elle serrait contre elle avec tant de force. Elle voyait un garçon, un ami fidèle, le seul, qui ne l’avait jamais abandonnée.
Fin.
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Cette histoire était assez courte
mais je compte bien m'améliorer dans une prochaine 😉
Si vous avez des conseils en terme d'écriture ou des idées d'histoire, n'hésitez vraiment pas à m'en faire part, cela m'aiderait beaucoup en tant que débutante 🤗❤️
En tout cas merci d'avoir lu cette histoire!
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