Chapitre 6

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Une jeune fille, pleine de vie et de bonheur, courait à travers la forêt, son rire cristallin se mêlant aux chants des oiseaux.

Ses pas légers effleuraient le sol, tandis qu'elle se faufilait entre les arbres imposants, les bras ouverts comme si elle voulait saisir toute la beauté du monde autour d'elle.

Derrière elle, ses parents marchaient paisiblement, main dans la main, un sourire serein sur leurs visages. Ils s'arrêtaient de temps en temps pour admirer la verdure des feuilles qui, en cette saison, semblaient presque trop parfaites dans leur éclatante fraîcheur.

C'était un moment de pure harmonie, une simple promenade en famille, un instant suspendu dans le temps.

En rentrant à la maison, la mère se mit immédiatement à préparer le repas. La chaleur de la cuisine contrastait avec la fraîcheur de l'extérieur. La petite fille, elle, sorti un livre de coloriage d'oiseaux et s'installa à table.

Les odeurs alléchantes de la nourriture en train de cuire emplissaient l'air, tandis que la petite fille, fatiguée mais comblée, s'installa à une table, observant sa mère avec des yeux pleins d'admiration.

Quelque chose changea. Des bruits brisèrent l'atmosphère tranquille : des éclats de voix, des mots durs, et des fracas d'objets divers qui résonnaient à travers les murs de la maison.

Des bruits qu'elle ne connaissait que trop bien. Des bruits qui, malheureusement, faisaient partie de son quotidien et qu'elle redoutait du plus profond de son être.

Un des deux parents prit la casserole, le cœur de la petite fille s'accéléra. Elle entendit un coup frappé avec force, le cri d'une douleur étouffée, puis, brusquement, le silence. Un silence lourd, presque suffocant.

La petite fille, les mains tremblantes dans lesquelles elle enfonçait ses ongles, dû rester à table et se faire discrète. Sa tête baissée et ses yeux grands ouverts, fixant les pieds de sa chaise déformés par l'humidité de ses yeux.

Lorsqu'elle regarda, sans tourner la tête, légèrement à gauche, elle vit de l'eau. De l'eau qui se propageait sur toute la surface du sol qu'elle pouvait couvrir.

Au milieu de cette flaque, des légumes de saison divers, la petite fille compris tout de suite. Ce soir, elle allait devoir se coucher seule, sans rien dans le ventre.

Ces cris étaient devenus une sorte de refrain quotidien, une chanson triste qu'elle ne pouvait échapper. Mais ce qui la perturbait le plus, ce n'était pas seulement la violence qui se répétait à chaque fois.

C'était l'angoisse, ce sentiment qui l'empêchait de trouver la paix, même dans les bras de Morphée. Les nuits devenaient de plus en plus longues.

Elle n'arrivait plus à dormir, ses pensées tourbillonnant dans son esprit comme des feuilles mortes emportées par un vent glacial.

Ses rêves étaient hantés, et même lorsqu'elle fermait les yeux, l'écho des cris persistait, l'empêchant de trouver le réconfort du sommeil.

Au milieu de cette nuit, alors que l'obscurité enveloppait la maison, une chaleur étrange envahit la pièce. Ce n'était pas la chaleur réconfortante d'un feu ou d'un chauffage, mais une chaleur dense, presque suffocante.

Elle se diffusa lentement, comme une présence invisible, remplissant l'air d'une étrange lourdeur. La petite fille se redressa dans son lit, sentant son cœur battre plus fort. Un frisson parcourut son échine tandis qu'une sensation familière se mêlait à cette chaleur.

L'odeur qui suivit l'envahit alors, pénétrant ses narines avec une insistance presque surnaturelle. C'était une odeur particulière, presque douce, mais qui la perturbait profondément.

C'était la même odeur que celle qu'elle avait perçue chaque année lorsqu'elle soufflait ses bougies d'anniversaire. Un mélange de cire fondue, de suie et d'une senteur sucrée, mais là, en plein cœur de la nuit, elle était plus intense, plus envahissante.

C'était comme si le temps s'était suspendu, comme si cet instant étrange s'inscrivait dans un autre monde, un monde où les choses avaient pris une tournure inattendue.

Elle se leva lentement, les pieds à peine touchant le sol, comme si elle craignait que cette chaleur étrange ne disparaisse si elle bougeait trop brusquement.

Ses yeux scrutèrent l'obscurité, mais rien ne semblait avoir changé dans la pièce. Pourtant, tout était différent. L'odeur persistait, et cette chaleur persistante l'enveloppait de plus en plus, la plongeant dans une confusion profonde.

Que se passait-il ? Pourquoi cette sensation, cette odeur qui semblait remonter à un souvenir d'enfance, à un moment joyeux et insouciant ? Tout cela lui échappait, et l'angoisse ne cessait de croître...

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C'était le jour de son anniversaire, un jour qu'elle avait toujours aimé, car il symbolisait l'amour et l'unité de sa famille. Ses parents lui avaient offert un collier, un petit bijou précieux en argent, représentant chacun d'eux se tenant la main, unis dans un cercle parfait.

Ce collier, simple mais symbolique, était l'incarnation de ce bonheur familial qu'elle chérissait tant. La petite fille se souvenait encore de ce moment comme d'un éclat de lumière dans sa mémoire, un souvenir précieux et réconfortant.
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Le feu se propagea rapidement, dévastant chaque pièce, jusqu'à atteindre sa chambre. Il n'y avait plus de temps. La petite fille, terrorisée, sentit la chaleur intense se rapprocher d'elle, la suffoquer, et dans un instinct de survie, elle n'eut d'autre choix que de fuir.

Elle se précipita vers la fenêtre, le souffle court, son cœur battant à toute vitesse dans sa poitrine. Le monde autour d'elle semblait se déformer, tout était flou, et la chaleur du feu la poursuivait comme une ombre.

Sans réfléchir, elle se jeta dans le vide. Le deuxième étage semblait si haut, pour une enfant encore trop jeune ne sachant encore lire correctement. Elle s'étonna elle-même de n'avoir pas hésité, comme si une force l'avait poussée à agir sans crainte.

Elle s'écrasa sur le sol avec un bruit sourd, mais à sa grande surprise, elle ne ressentit aucune douleur. Comme si la chute n'avait pas été réelle, comme si son corps était tout à coup devenu insensible, hors du temps et de la réalité.

Elle se releva d'un bond, prête à fuir, à échapper à la mort qui avait englouti sa maison. Elle courut, sans s'arrêter, à travers la forêt dense, loin de la maison en flammes.

Ses pieds frappaient le sol, mais elle n'en ressentait pas la douleur. Elle s'enfonça plus profondément dans les bois, la peur dans les veines, mais une étrange énergie la poussait à avancer sans relâche.

Elle passa la nuit seule, perdue dans la nuit noire, sans un bruit autour d'elle, à l'exception des murmures du vent dans les arbres. Elle se cacha, se terrant dans l'ombre, loin des hommes, loin du monde qu'elle avait connu.

Le lendemain, le soleil se leva, mais la lumière n'apporta aucune chaleur. Lorsqu'elle retourna à la maison, elle ne la reconnut plus. Il ne restait que des cendres, des débris, du bois calciné.

Autour d'elle, des policiers, des pompiers, des ambulances, tout un chaos de personnes, mais aucun signe de ses parents. Ils étaient partis, disparus, comme si tout ce qui restait d'eux n'était qu'un rêve brisé.

Les hommes en uniforme posaient des questions, mais elle ne pouvait leur répondre. Elle n'avait que des souvenirs flous, une image de son père et de sa mère, tous souriants, leur collier entre les mains. Mais cela semblait à présent lointain, irréel. Ils n'étaient plus là, et la réalité était bien trop dure à accepter.


À suivre _



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Merci d'avoir lu ෆ

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