Chapitre 3
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Séraphine, paralysée par la peur, s'effondra au sol, le regard figé sur Élisabeth. Elle tremblait, son souffle court, et dans un élan de panique, elle hurla :
- Mais qu'est-ce qui se passe à la fin ? Pourquoi la maison a changé ? Pourquoi tout a disparu ? Où sont mes parents?! Pourquoi tu n'es pas dans le miroir ? Pourquoi je me sens toujours si mal à l'aise avec toi?
Ses questions fusaient, désespérées, mais Élisabeth resta immobile. Son visage était calme, presque apaisé, mais ce calme était plus terrifiant que n'importe quelle réponse.
Elle observait Séraphine avec une étrange intensité, comme si elle savourait sa détresse. Puis, lentement, elle s'accroupit face à elle.
- Donc en vrai, tu ne voulais pas que je sois avec toi ? demanda Élisabeth d'une voix douce. Tu n'es pas contente de m'avoir rencontrée ?
Son ton était presque plaintif, mais il y avait quelque chose de froid dans ses mots, comme un reproche déguisé. Séraphine sentit une sueur glacée couler le long de sa nuque.
Elle avait la sensation d'étouffer, d'être prise au piège. Alors, dans un sursaut d'instinct, elle bondit sur ses pieds et courut vers la porte de sa chambre.
Elle dévala l'escalier à toute vitesse, manquant de trébucher, attrapa un petit couteau resté sur la table et sortit précipitamment de la maison. L'air frais de l'extérieur la frappa comme un choc, mais elle n'osa pas s'arrêter.
Son regard se posa sur la maison en pierre, celle de Jérôme. Elle s'élança vers elle, ses jambes tremblant sous l'effort, et se mit à tambouriner violemment contre la porte.
- Ouvrez, s'il vous plaît ! cria-t-elle.
Après quelques secondes qui lui parurent une éternité, la porte s'ouvrit. Un homme massif, vêtu d'une chemise de lin usée et tenant une hache dans une main, se tenait sur le seuil.
Il avait l'air d'un bûcheron, robuste, avec des mains calleuses et un visage marqué par les années. Il plissa les yeux en voyant la jeune fille essoufflée et paniquée.
- Mais qu'est-ce qui se passe ? T'es qui, toi ? demanda-t-il d'un ton bourru.
Séraphine tenta de reprendre son souffle, ses mots se bousculant dans sa tête.
- Est-ce que vous êtes le père de Jérôme ?
Le bûcheron fronça les sourcils.
- Jérôme ? Je ne connais pas de Jérôme.
Ces mots frappèrent Séraphine comme un coup.
- Quoi ?! Non, peu importe, balaya-t-elle d'un geste nerveux. S'il vous plaît, laissez-moi entrer, je dois vous expliquer !
Elle désigna sa maison au loin, qui se dressait, sombre et silencieuse, dans la clairière.
- Là-bas... ma maison... il y avait une fille, dans un miroir. Elle est sortie, et maintenant elle me poursuit. Elle... elle me fait peur, elle est... elle est...
Elle ne put terminer sa phrase. Le bûcheron leva une main pour la couper, son visage grave.
- Calme-toi, dit-il. Écoute, y'a personne qui vit dans cette maison.
Séraphine le fixa, abasourdie.
- Quoi ? Mais c'est ma maison ! Je vis là-bas avec mes parents !
Le bûcheron secoua la tête, son regard empreint d'une étrange compassion.
- Non, gamine. Ça fait des années que cette maison est abandonnée.
Les mots résonnèrent dans l'esprit de Séraphine comme un écho lointain et déformé.
- Mais... non, c'est impossible. Vous vous trompez.
L'homme croisa les bras, soupirant lourdement.
- Désolé, mais c'est la vérité. T'étais pas au courant ?
Le sol sembla se dérober sous les pieds de Séraphine. Les battements de son cœur résonnaient dans ses oreilles, et elle se sentit vaciller. Ses pensées s'entrechoquaient, incapables de trouver un sens à ce qu'elle venait d'entendre.
Séraphine, tremblante, répondit d’une voix brisée :
—Non, j’étais pas au courant... Ici, chez vous, normalement, c’est la maison de mon ami Jérôme... Et puis, je comprends plus rien! Je crois que je suis folle!
Elle se prit la tête entre les mains, comme si cela pouvait empêcher ses pensées de tourbillonner. Le bûcheron, un sourcil arqué, l’observa avec une pointe d’agacement.
— Oui, t’es bien folle toi, lança-t-il sèchement.
Avant que Séraphine ne puisse répondre, un frisson glacé lui parcourut l’échine. Elle se retourna d’un coup et se retrouva nez à nez avec Élisabeth.
La blonde se tenait là, à quelques centimètres d’elle, un sourire énigmatique plaqué sur son visage. Séraphine hurla, reculant instinctivement vers le bûcheron.
— Mais qu’est-ce qui s'passe encore ? s’exclama-t-il. T’es complètement dingue ou quoi ?
Séraphine, paniquée, balbutia :
— Mais… mais vous ne la voyez pas ?!
Le bûcheron fronça les sourcils, croisant les bras avec méfiance.
— Voir quoi ? Y a rien, gamine.
Elle pointa du doigt Élisabeth, qui restait immobile, l’air presque amusée.
— Cette fille, juste là ! Vous êtes aveugle ou quoi ? Elle est là, devant nous !
Le bûcheron jeta un regard rapide autour de lui, mais son expression resta de marbre.
— Non, je vois rien. T’as un sacré problème, toi.
Séraphine sentit son cœur se serrer. Ses jambes flageolaient, et elle s’agrippait au chambranle de la porte pour ne pas tomber.
— S’il vous plaît, supplia-t-elle, laissez-moi entrer, je vous en prie.
Mais le bûcheron secoua la tête.
— Je vais pas laisser une inconnue cinglée dans ma maison. Désolé mais c’est non.
Désespérée, Séraphine sentit une montée d’adrénaline. Elle le repoussa brusquement et se précipita à l’intérieur de la maison, bousculant tout sur son passage.
Le bûcheron tenta de la retenir, mais elle était déjà dans le salon, le souffle court, scrutant la pièce avec appréhension.
Bizarrement, Élisabeth ne la suivit pas. Elle était restée dehors, sur le seuil, fixant Séraphine à travers la porte ouverte. Son sourire s’était effacé, remplacé par une expression vide, presque inhumaine.
Séraphine, recroquevillée au centre de la pièce, murmura pour elle-même :
— Pourquoi elle ne rentre pas ? Qu’est-ce qu’elle veut vraiment ?
Le bûcheron, agacé, s’approcha en grondant :
— Allez, sors de là maintenant ! Tu débarques comme une folle, tu hurles sur des ombres… c’est quoi ton problème à la fin?!
Mais Séraphine ne l’écoutait plus. Ses yeux étaient fixés sur Élisabeth, qui, à l’extérieur, commençait lentement à disparaître dans la pénombre...
À suivre_
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Merci d'avoir lu ♡
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