Chapitre 2

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Séraphine continuait ses discussions nocturnes avec Elisabeth, cette étrange jeune fille apparue dans le miroir. Au fil des nuits, leur relation devint presque naturelle, comme si elles se connaissaient depuis toujours.

Elisabeth avait une manière bien à elle de parler : des mots enfantins, des phrases empreintes d'une politesse presque excessive, ce qui ajoutait à son caractère singulier.

Mais certaines de ses tournures de phrase restaient obscures pour Séraphine, qui peinait parfois à saisir tout ce qu'Elisabeth voulait dire.

Un soir, poussée par une curiosité grandissante, Séraphine lui posa une question simple :
- Où est-ce que tu vis, Elisabeth ?

À sa grande surprise, Elisabeth évita la question. Elle changea rapidement de sujet, l'air gêné, refusant obstinément de répondre.

Ce comportement troubla Séraphine, mais elle n'insista pas, ne voulant pas briser cette étrange connexion qui s'était formée entre elles.

Cependant, quelque chose changea dans les jours qui suivirent. Elisabeth semblait observer Séraphine avec une attention accrue, comme si elle cherchait à l'imiter.

Cela commença doucement : Elisabeth, qui jusque-là avait des cheveux blonds presque blancs, apparut un soir avec une nouvelle coupe et des mèches plus foncées, rappelant la teinte brune de Séraphine.

Cette dernière, un peu surprise, commenta avec un sourire forcé :
- Ah, c'est stylé... ça te va bien.

Elisabeth sourit à son tour, polie comme toujours, mais il y avait quelque chose d'étrange dans son regard. Ce n'était que le début. Quelques nuits plus tard, Elisabeth changea encore.

Cette fois, elle portait des vêtements similaires à ceux de Séraphine, presque identiques. Une chemise que Séraphine avait mise récemment, une jupe qu'elle aimait particulièrement : tout était là, comme si Elisabeth fouillait dans ses souvenirs les plus anciens.

Troublée, Séraphine finit par lui demander :
- Pourquoi tu me copies ?

Elisabeth resta silencieuse. Elle la fixa à travers le miroir, son regard vert planté dans celui de Séraphine. Le temps sembla s'arrêter, et l'air devint lourd dans la chambre.

Puis, d'une voix douce, presque innocente, Elisabeth répondit :
- Je te copie pas... Qu'est-ce que tu racontes ?

Son ton était chaleureux, mais Séraphine sentit quelque chose d'étrange, une tension qu'elle n'arrivait pas à expliquer.

Elisabeth redevint rapidement souriante et aimable, comme si de rien n'était, mais Séraphine ne pouvait pas ignorer ce moment glaçant.

Le lendemain matin, tout bascula. Séraphine se réveilla dans sa chambre, mais quelque chose n'allait pas. Ses affaires avaient disparu.

Tous ses vêtements, ses livres, même les petits objets qu'elle gardait sur sa table de chevet : plus rien. Elle sortit précipitamment de sa chambre, et ce qu'elle découvrit la figea sur place.

La maison était vide. Pas un meuble, pas un bruit. Le salon, les pièces autrefois pleines de vie, n'étaient plus que des espaces nus, abandonnés. Ses parents n'étaient nulle part. La maison, pourtant si familière, semblait soudain étrangère.

Prise de panique, Séraphine courut jusqu'à sa chambre, là où elle avait laissé le miroir. Le cœur battant, elle se pencha vers lui et appela Elisabeth :
- Elisabeth ! Tu es là ?

Elisabeth apparut presque instantanément, son visage affichant une inquiétude... étrange.
- Oh mon Dieu, Séraphine ! Qu'est-ce qui se passe ?

Au bord des larmes, elle lui expliqua alors tout ce qu'elle voyait, tout ce qu'elle ne comprenait pas, son anxiété grandissant à toute allure.

Séraphine s'effondra sur son lit, les larmes roulant sur ses joues. La maison vide, l'absence de ses parents, le silence angoissant qui régnait autour d'elle... tout cela était trop à supporter.

Elle se tourna vers le miroir, cherchant désespérément du réconfort auprès de cette étrange présence qui, malgré tout, lui semblait familière.

- Élisabeth, murmura-t-elle, qu'est-ce qui m'arrive ? Qu'est-ce qui se passe ici ?

Élisabeth, fidèle à son rôle de confidente, lui répondit avec douceur :
- Je suis là, Séraphine. Tu n'es pas seule, je te promets. Tout ira bien...

Sa voix, si apaisante d'habitude, sembla cette fois légèrement teintée d'un sourire qu'on ne voyait pas. Séraphine, éreintée, se laissa bercer par ses paroles.

Mais alors qu'elle écoutait, un bruit inattendu lui parvint à travers le miroir : un fracas métallique. Une casserole tombée, suivie par des éclats de voix.

Séraphine se redressa d'un coup, le cœur battant.
- C'était quoi, ça ? demanda-t-elle, soudain méfiante.
- Rien du tout, répondit Élisabeth, visiblement agacée.

Séraphine fronça les sourcils. Elle avait clairement entendu des voix, des gens qui se disputaient.
- Ce sont tes parents ? insista-t-elle.
- Non.

La réponse était sèche, brutale, et Séraphine sentit un mur se dresser entre elles. Mais elle ne voulait pas lâcher l'affaire.
- Élisabeth, tu ne veux jamais répondre à mes questions. Pourquoi tu caches tout ? Où est-ce que tu vis ? Qui sont ces gens ?

Élisabeth détourna les yeux, ses traits crispés. Plus Séraphine insistait, plus la tension montait.
- Arrête, Séraphine, dit-elle d'une voix glaciale.

Mais Séraphine ne pouvait plus s'arrêter. Elle voulait comprendre, elle devait comprendre.
- Pourquoi tu ne veux rien me dire ? Qu'est-ce que tu me caches ?

Cette fois, Élisabeth leva les yeux vers elle, mais ce n'était plus le regard doux et curieux qu'elle connaissait. C'était un regard fixe, vide, comme si quelque chose en elle s'était éteint.

Ses yeux verts, habituellement si éclatants, semblaient désormais profonds et obscurs, comme deux puits sans fond.

- Arrête de me parler de ça, siffla Élisabeth. Arrête d'essayer de creuser ma vie! De toute façon, tu la connais déjà...

Le silence qui suivit ses mots était presque palpable. Puis, soudain, Élisabeth disparut. Son reflet s'effaça du miroir, laissant Séraphine seule face à son propre reflet, tremblante.

- Élisabeth ? appela-t-elle, d'une voix à peine audible.

Aucune réponse. Séraphine se retourna, regardant autour d'elle, son cœur battant à tout rompre. Il n'y avait personne dans la pièce. Juste le vide. Elle tenta de reprendre son souffle, de calmer la panique qui montait en elle.

Plusieurs minutes s'écoulèrent, mais elles passaient si lentement que Séraphine avait l'impression que plusieurs heures étaient passées.
- Coucou, murmura une voix.

Séraphine se figea. La voix venait de derrière elle. Elle se retourna lentement, la peur nouant sa gorge.

Et là, sur le plancher, debout dans l'ombre, Élisabeth était là. Mais ce n'était plus l'Élisabeth douce et polie du miroir.

Ses traits étaient plus durs, son sourire plus large, presque déformé. Ses yeux vides fixaient Séraphine avec une intensité insoutenable.

Séraphine recula d'un pas, mais ses jambes tremblaient tellement qu'elle faillit tomber. Élisabeth, elle, ne bougea pas. Elle se contentait de la regarder, son sourire toujours paisible et terrifiant.

À suivre _

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