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Séraphine vivait maintenant dans une grande et ancienne maison dont les pierres semblaient respirer l'histoire d'une époque révolue.

C'était une demeure silencieuse, abandonnée par le temps et les éclats de voix. Ses parents, discrets et mystérieux, s'étaient installés là, au cœur d'une forêt dense et impénétrable, loin des bruits du monde extérieur.

Les raisons de cette distance, de cette séparation imposée, lui échappaient. Mais ses parents, bien que protecteurs, n'avaient jamais voulu lui en parler.

Il y avait quelque chose dans la manière dont ils lui évitaient la question, comme un voile de tristesse, qu'elle n'arrivait pas à comprendre.

Le village le plus proche était à plusieurs kilomètres, presque hors de portée. À l'extérieur de la maison, il n'y avait que l'immense forêt qui semblait engloutir le monde autour d'elle.

Les arbres, vieux et touffus, formaient un enchevêtrement presque infranchissable, rendant toute tentative d'exploration risquée.

C'était une forêt qui appartenait autrefois à la famille, mais qui était devenue un lieu de mystère, aussi sauvage et indomptable que les secrets enfouis de la maison.

Il y avait cependant un voisin, un garçon de son âge, Jérôme, qui vivait dans une petite maison à un kilomètre à peine de là.

Au départ, ils ne s'entendaient pas vraiment. Jérôme était ce qu'elle qualifiait de "bêta", maladroit dans ses gestes, souvent trop dans les nuages pour être réellement intéressant.

Mais il était également d'une gentillesse à toute épreuve, et petit à petit, leur relation s'était transformée.

Entre les longues heures passées à discuter de tout et de rien et les petites aventures dans les bois, un lien s'était tissé entre eux.

Un après-midi, Séraphine, curieuse et toujours en quête de quelque chose de plus, se rendit dans le grenier poussiéreux de la vieille maison, décidée à explorer un peu plus cet endroit qu'elle trouvait à la fois terrifiant et fascinant.

La bâtisse semblait prête à s'effondrer sous le poids des années. Les murs étaient marqués par le temps, et le vent s'engouffrait à travers les fenêtres brisées.

Le grenier, un endroit sombre et mélancolique, lui offrait l'impression de pénétrer dans un autre monde, un monde figé.

C'était là qu'elle fit la découverte. Parmi les vieilles malles, les papiers éparpillés et les objets oubliés, un miroir attira son attention.

C'était un grand miroir antique, encadré de bois sombre, rongé par le temps et les insectes. Son reflet, d'abord flou, semblait étrange.

Le verre n'était pas parfaitement lisse ; il semblait presque vivant, vibrant d'une énergie indéfinissable.

D'un geste hésitant, Séraphine se pencha en avant pour examiner de plus près ce miroir. À l'instant où elle posa son regard dessus, un frisson glacial la traversa.

Un frisson si intense qu'elle en frissonna de la tête aux pieds. Un froid inexpliqué se fit sentir, comme si quelque chose, quelque part, avait changé.

Soudain, elle se tourna brusquement, l'impression qu'une présence invisible s'était installée derrière elle. Mais il n'y avait rien. Rien d'autre que le silence lourd de la pièce.

Quand elle se retourna à nouveau vers le miroir, son cœur s'emballa. Elle ne se voyait pas.

C'était comme si elle était devenue invisible, effacée, reléguée dans un autre monde. À sa place, une jeune fille blonde apparut dans le miroir, ses yeux verts grands ouverts fixant Séraphine.

Cette fille, qui semblait si réelle et si proche, n'était pas elle. Elle la regardait, curieuse, mais son expression était grave, presque inquiétante.

Séraphine, terrifiée, n'eut d'autre réflexe que de lui demander, d'une voix tremblante :
- Qui es-tu ?

Mais la jeune fille dans le miroir ne répondit pas. Elle semblait plongée dans un état de confusion totale. Séraphine, hésitante, ajouta :
- Pourquoi es-tu là, dans ce miroir ? Qu'est-ce qui t'a amenée ici ?

La réponse de l'autre fille fut d'abord une incompréhension totale. Elle la scrutait en détail.
- Ce n'est pas moi qui suis dans ce miroir, c'est toi ! s'écria-t-elle soudainement.

Elle continuait de la fixer, d'une manière presque hypnotique, comme si Séraphine était la chose la plus étrange qu'elle ait jamais vue.

À partir de ce moment-là, Séraphine ne pouvait plus détourner les yeux du miroir. Chaque nuit, après que ses parents se soient endormis, elle ramenait le miroir dans sa chambre.

La jeune fille blonde, désormais familière, était là, de l'autre côté du verre. Elles entamaient des conversations, qui commençaient par des questions simples mais qui peu à peu prenaient une tournure plus sombre.

La jeune fille lui raconta des bribes d'une histoire qu'elle-même ne comprenait pas, des fragments de souvenirs qui ne semblaient pas être les siens.

Séraphine, à chaque conversation, sentait son monde basculer un peu plus dans l'inconnu. Il y avait quelque chose de plus, quelque chose de terrifiant, que cette fille ne comprenait pas encore. Un secret lourd, tapi dans les ombres de son âme.

Au fur et à mesure de leurs échanges, les vérités oubliées remontèrent à la surface, des secrets familiaux qui lui procuraint une sensation étrange.

Séraphine n'était pas simplement en train de parler avec un reflet. Et ce miroir, loin d'être un simple objet du passé, était une porte vers un autre monde, un monde où les frontières entre le réel et l'invisible étaient plus floues que jamais.

Un monde qui avait des secrets sombres à lui offrir, des secrets qu'il serait difficile de fuir une fois découverts...

À suivre _

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