15 | 𝕀𝕞𝕡𝕦𝕝𝕤𝕚𝕧𝕚𝕥𝕖́ 𝕞𝕒𝕝𝕒𝕕𝕚𝕧𝕖

Note d'auteure :

Bonjour/bonsoir à toi !

Si tu prends le temps de lire chaque nouveau chapitre, j'imagine que c'est parce que l'histoire te plaît. Alors pense à laisser un petit vote pour me soutenir si tu aimes mon travail. 🫶🏿

Je comprends la timidité de certaines personnes, mais les votes sont anonymes (dans la mesure où il n'y a que moi qui voit ton pseudo quand tu en laisse), et en plus de me faire très très plaisir, ils permettent d'améliorer les statistiques de mon histoire pour que d'autres personnes la découvrent.

Sur ce, merci infiniment (mention spéciale à celles qui votent et commentent déjà ✨) et bonne lecture !

***

— 𝔸lors, lancé-je pour entamer la conversation après avoir récupéré Akim. Ça a été, cette première réunion ?

La lèvre coincée entre ses dents acharnées, le regard tourné vers l'extérieur, comme à chacun de nos trajets, il émet un grognement que j'imagine positif.

« Tu obtiendrais peut-être de meilleurs résultats avec des questions ouvertes », déclare Améthyste depuis le siège arrière.

Captant mon coup d'œil perçant via le rétroviseur central, elle poursuit :

« Ce n'est qu'un conseil parmi d'autres, tu en fais ce que tu veux. Pour ce qui est de la réunion, il n'a fait qu'écouter les témoignages des habitués. »

« Les fois précédentes, à NOLA, voir d'autres personnes sortir de ce cercle infernal, après elles aussi avoir été au plus bas, lui a toujours donné un soupçon d'espoir avant que celui-ci ne s'essouffle. Ce soir, il semble avoir été particulièrement ému par Jacqueen. »

J'ai pu lire ce prénom sur le collier de la femme qui patientait avec lui sur le trottoir lorsque je l'y ai récupéré.

« Elle aussi a mal vécu un deuil, celui de son fils. Il s'est suicidé après avoir sombré dans la boisson. Elle a proposé à Eli d'être sa marraine, mais j'ai l'impression qu'il hésite. »

« Jacqueen n'a pas caché son aigreur envers son église suite aux remarques abjectes qui ont fusé entre les fidèles suite à la mort tragique de son fils. Tu sais, puisque le suicide est un des péchés les plus graves chez les catholiques. Malgré le fait qu'une messe ait été tenue en sa mémoire, elle n'a reçu que du jugement et des doigts pointés vers sa famille au lieu de soutien et de prières. C'est tellement triste... »

« Par chance, en participant à ce genre de réunion, elle a pu bénéficier de la bienveillance qui lui avait été refusée dans sa congrégation. Eli craint sans doute qu'elle ne se rétracte en apprenant qu'il est pasteur. »

Aussi anodin cela puisse paraître de prime abord, je comprends que ça pourrait être un coup de massue ; s'ouvrir à quelqu'un qui finit par le rejeter... J'opine donc, signifiant mon entendement à Thys.

Durant les minutes qui suivent, seuls la radio et les interventions fantomatiques de ma sœur meublent le silence.

— As-tu des préférences pour le dîner ? m'enquiers-je avant de quitter le centre ville pour rejoindre les quartiers résidentiels.

— Aucune.

— OK. On pourrait s'arrêter quelque part, ou même commander... Sauf si tu décides de te contenter des ramens qui débordent dans mon placard.

— Peu m'importe, se désintéresse Akim d'un soupir las.

Eh bien, ce n'est pas faute d'essayer. Thys ne pourra pas me tanner de ne pas faire d'efforts.

« Ce qu'il peut être borné, alors ! râle-t-elle en détaillant son mari, les yeux plissés. Je ne lui connaissais pas ce côté capricieux. Il préfère les repas cuisinés, soit dit en passant. De la vraie cuisine ! Louisianaise ou pas, peu importe, Eli n'est pas très difficile. Il ne résiste toutefois jamais à une bonne Cajun shrimp pizza* cuite au feu de bois. Tu n'auras qu'à regarder si une pizzeria en propose aux alentours et passer commande une fois chez toi. »

Bah oui ! Puisque je n'aspire qu'à être dans ses petits papiers...

Mon attention se détourne vers l'écran tactile du tableau de bord lorsque la musique s'arrête au profit d'une sonnerie. La connexion de mon téléphone au Bluetooth de mon RAM étant automatique, « Le bleu » s'affiche en grosses lettres. Je décroche à la deuxième sonnerie, perplexe quant à ce que Sawyer aurait oublié de me dire. Sa voix tendue se diffuse instantanément à travers les enceintes de la voiture.

— 10-33*, j'ai besoin de ton appui.

— Qu'est-ce qui se passe ? m'inquiété-je.

— Une de mes amies est dans la merde. Je t'expliquerai sur place, mais faut que tu rappliques fissa ! En sachant que ça n'a rien d'une intervention officielle.

— OK. Je suis encore sur la route avec mon beau-frère, là.

— J'imagine... Je t'envoie l'adresse, fais au mieux.

— Bien reçu. Mais eh, ne fais rien de stupide avant mon arrivée.

— Ouais, t'inquiète, élude-il.

J'insiste alors, le ton autoritaire :

— Ce n'est pas la réponse que j'attends de toi, Haddison.

— Oui, d'accord. Je jure de rester tranquille jusqu'à ton arrivée. Après ça, je promets rien.

C'est le mieux que je puisse tirer de lui pour l'instant.

En situation critique, l'impatience de Sawyer mue en une impulsivité maladive. Selon la nature de l'urgence, il est parfois incapable de se contrôler et agit comme une tête brûlée.

— Je fais au plus vite, conclus-je avant de reprendre sous le regard curieux d'Akim. Accroche-toi.

« Haddison, comme dans Sawyer Haddison ? » m'interroge Améthyste.

— C'était un ancien coéquipier policier, annoncé-je en feignant m'adresser à Akim. Il a besoin de moi pour une urgence.

Malgré les tensions liées à mon départ de la Nouvelle Orléans, nous étions restés assez proches pour que j'évoque avec elle les acteurs de ma vie au Texas. Thys sait donc a priori de qui il s'agit.

« Une urgence où tu dois risquer de causer un accident ? » s'écrie Améthyste tandis que son mari s'agrippe au siège et à la poignée de la portière.

L'adrénaline pulse dans mes veines aussi furieusement que les chiffres défilent sur le compteur. Passé en mode conduite sportive dès que j'ai lancé l'itinéraire du point de rendez-vous avec Sawyer, je slalome à vive allure entre les voitures. Avec une précision accrue, cependant dénuée de toute considération pour le code de la route.

— Je suis formé au pilotage tactique, ne t'en fais pas.

Cette information, pourtant cruciale, ne rassure aucun de mes passagers. De mon côté, je suis tiraillé par autre chose que la circulation.

— J'ignore sur quoi je vais tomber, ou combien de temps je vais être retenu, exposé-je calmement. La décision la plus sécuritaire serait de te déposer à la maison. Est-ce que je peux te laisser seul là-bas, sans crainte que tu fasses une connerie ?

« Je croyais que tu en avais fini de le traiter comme un enfant ! » s'emporte Améthyste.

Sauf que, contrairement à ce matin, je ne serai pas juste au pied du bâtiment, prêt à intervenir dans la foulée si Eliakim menace de rechuter.

— Je ne suis pas un marmot, s'agace le concerné, ni un chiot que tu viens d'adopter et qui risquerait de pisser sur ton fauteuil en ton absence.

Non, juste un alcoolique dont la lutte pour la sobriété est un combat de tous les jours.

— L'idée de nettoyer ta pisse n'est pas vraiment ma principale inquiétude.

— Alors qu'est-ce qui peux bien t'inquiéter, Super Ranger Beauchamp ? me provoque-t-il, ses yeux acérés braqués sur moi.

Je ne devrais pas répliquer.

Je ne devrais pas...

Mais c'est plus fort que moi ! Je ne parviens pas à réfréner mon amertume.

— Je prends une fois de plus le risque de te faire confiance, Akim. C'est ça, qui me torture l'esprit. L'idée j'en vienne de nouveau à le regretter amèrement.

Je lui retourne un regard ferme, par intermittence puisque je dois me concentrer sur la route et les autres automobilistes.

En plus de son corps déjà tendu par la fébrilité liée à ce trajet mouvementé, sa mâchoire se contracte sous l'effet de la colère.

« Assez, Séraphin ! Qu'a-t-il bien pu te faire pour que tu t'entêtes à le culpabiliser de la sorte ? Un quelconque différend n'aurait pas suffit à ce que tu le dédaigne ainsi. Alors que s'est-il passé lorsque vous étiez ensemble au lycée ? A-t-il fait partie des élèves qui t'ont brimé à cause de ton homosexualité ? » se désole ma sœur.

Je me borne à secouer la tête en lui jetant un coup d'œil via le rétro central.

« Si c'est le cas, j'en suis sincèrement navrée. Javier m'a un jour confié qu'Eli a rencontré quelques problèmes disciplinaires l'année de ses 15 ans. Il me semble que cela coïncide avec la période où tu as été harcelé par une bande de ton établissement... Peut-être s'est-il laissé influencer par des camarades peu fréquentables, mais ne mérite-t-il toujours pas ton pardon deux décennies plus tard ? »

— Je ne boirai pas une goutte d'alcool ce soir, tranche Eliakim contre toute attente.

S'il ne me regarde plus, son ton est solennel. Bien que j'ai tendance à procéder comme Saint Thomas l'incrédule, c'est à dire ne croire que ce que je vois, les mots du Docteur Huang me reviennent en mémoire. Je dois montrer à Akim que j'ai foi en sa promesse de sobriété. J'acquiesce alors.

— Très bien. Je te dépose à l'angle et je file. Ça te va ?

— Ai-je le choix ? baragouine-t-il entre ses dents.

Il n'y a là rien de productif à répondre, ainsi m'en abstiens-je.

Nous arrivons dans ma rue quelques minutes plus tard, sains et saufs. Je redémarre dès qu'Eliakim met pieds à terre, le double des clés dans la poche et le code de mon dispositif de sécurité franchement en tête. Améthyste reste toutefois à bord.

« Je ne suis pas sereine quant à cet appel, Séra. »

— J'en gérais des dizaines par jour quand j'étais flic, rationnalisé-je pour la rassurer.

« Avoir l'habitude des interventions d'urgences ne les rend pas moins dangereuses ! J'aimerais t'accompagner, être les yeux dans ton dos, mais... »

— Tu dois veiller sur ton idiot de mari, je sais. File.

« Merci. Attention à toi, grand frère. »

— Toujours, opiné-je.

Thys me serre affectueusement l'épaule, avant de s'évaporer.

___

Cajun shrimp pizza* : pizza garnie de crevettes assaisonnées aux épices cajuns, souvent accompagnées de poivrons, d'oignons rouges, de fromage, et parfois d'une touche de sauce piquante.

10-33* : code de police pour signaler une urgence (aux États-Unis).

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