Une route rouge sang
« Où êtes-vous passés ? Mahely est entrain de pêter un plomb ! »
Je fixe longtemps le message d'Aylan avant de reposer de nouveau mon attention sur la main parfaitement sculptée de Saphir qui entourait si soigneusement le volant de sa Mercedes.
Rien de plus sexy qu'un homme qui conduit avec un seule main.
Aucun d'entre nous n'ose défier ce silence qui s'est difficilement installé après l'épisode si houleux qui a précédé. Je ne savais pas où il m'emmenait ni pourquoi il avait les sourcils si froncés. Mais j'étais sure d'une seule chose, c'est que j'espérais que la route ne se termine jamais, juste pour le sentir toujours aussi prés, humer son odeur si subtile or dévastatrice, contempler ses traits qui frôlaient la perfection or peignés par une frustration déconcertante.
J'avais peur qu'il disparaisse la seconde où mes yeux le quittent.
Je n'en avais rien à branler d'avoir quitté brusquement un diner auquel nous étions si poliment _mon cul _ invités, je m'en foutais de m'être passée pour une cinglée devant les centaines personnes présentes à l'Éden. Rien à part cet homme à mes côtés suscitait mon intérêt.
Je lui planterai des arbres du paradis juste pour qu'il reste sous leurs ombres près de moi, et de leurs bois, j'allumerai le feu de l'enfer si il ose me quitter.
Je n'étais pas folle, non, juste une âme ambitieuse qui arrivera coûte que coûte à ses fins.
_Arrête de me fixer, ça devient inquiétant, bredouille-t-il sans quitter la route des yeux.
Je souris, contente que mon regard l'intimide autant.
_ Tu as déjà tenté de consulter un psychologue ou un psychiatre ?
_ Trois psychologues, deux psychiatres. Tous ont jugé que je devais passer un séjour en psychiatrie. Trois tentatives de fuites et quatres de réussis.
Il me dévisage longtemps avant de passer une main sur son visage, désabusé.
_Pourquoi tu t'es tatoué le nom de Séraphin ? demandai-je.
Il m'ignore royalement, fait ressortir une clope du boite à gant, effleurant à peine mon bras et pourtant activant directement ma libido.
_Un doctorant qui combat le cancer or qui l'invite à bras ouvert dans ses poumons. Fis je la remarque en m'accaparant de mon briquet caché dans ma poche arrière et prit l'initiative d'allumer la cigarette pour lui.
Il fronce les sourcils, déconcerté par mes gestes qui contredisaient mes mots.
Ma bipolarité est aussi une parmi plusieurs raison pour lequels je suis un excellent profil pour le pire hôpital psychiatre du continent.
_ Moi aussi, j'ai un tatouage de Séraphin, ajoutai-je.
Cette fois ci, je recois toute l'attention de Saphir. Ses sourcils etaient maintenant froncés d'avantage et son regard chargé par un nuage de confusion.
_Tu veux le voir ? demandai-je innocemment.
Il ne décline pas mon offre mais ne l'accepte tout autant pas. Son regard continuait de vagabonder entre la route devant lui et mon petit rictus crédule.
_J'ai besoin de mots, Saphir, le titillai-je.
L'accélération du véhicule cloua mon dos au siège sur place. La vitesse augmentait à la même allure que l'impatience de Saphir qui s'exprimait par ses veines qui ressortaient de plus en plus.
_ Montre, ordonne-t-il.
Je souris avant d'entourer l'ourlet mon t-shirt lentement par mes doigts. Saphir freine aussitôt.
_Qu'est-ce que tu es en train de faire bon sang !
_Je t'obéis.
Aussitôt, j'enlevai mon t-shirt et restai avec mes soutiens rouge sang offerts par Sarah pour le saint valentin.
Ses yeux ne quittent plus le creux de mes seins. Heureusement qu'il avait arrêté la voiture avant sinon nous serions déjà au septième ciel, de retour entre les bras de mes parents or avant d'avoir mis la main sur leur clé. J'imagine déjà leur expression déçue.
Sa bouche s'entrouvert. Il semblait en plein analyse, j'avais du mal à cerner si son blocage était fruit d'une fascination ou plutôt un choc émotionnel.
Silencieusement, il détourne le regard et redémarre la voiture.
_Rhabille toi.
Son changement soudain, abrupt, continuel d'humeur serait une preuve incontestable que je n'appartenais pas à l'hôpital psychiatrique mais à un geôle conçus que pour les meurtriers.
J'obéis or sans véhémence cette fois ci.
_Je peux savoir pourquoi tu es en colère contre moi ? questionnai-je, marre d'être ignorée.
_Oh non je ne suis pas en colère contre toi, bien au contraire, je raffole de la jolie brulure qui me torture le torse, répond-t-il ironiquement, la voix vibrante d'une colère sanglante.
_Tu m'as traité de pute, me défendis-je.
_Je ne t'ai pas traité de pute , je t'ai décrit.
Surtout calme toi, n'essaie surtout pas de te le défigurer maintenant car il tient entre ses mains le volant qui pourrait directement m'envoyer six pied sous terre et en sa possession la clé qui pourrait m'emmener au septième ciel.
_Pourquoi tu me décris de pute ?
Il arque un sourcil en me jetant un bref regard hautain.
_On opte pour la communication maintenant ? Il n'y a plus de ver de thé chaud à m'envoyer dans la gueule ?
_Pourquoi tu penses que je suis une pute ? réitéré-je.
_Tu as baisé un mec en couple. Cela ne te suffit pas ?
Je m'attarde légèrement sur ses poings qui serrent maintenant encore plus fort le volant qu point que ses veines manquent d'exploser puis sur sa lippe inferieure violemment mordue, des rides subtils apparaissent timidement sur son front.
Il était jaloux.
_On attend à ce que l'humain suit toujours ses valeurs, ses principes. On le juge selon le degré auquel il les respecte. Mais qui a créé ces principes ? Que sont-ils ? Peut-on les voir au microscope, les toucher, les étudier ? Ils ne sont rien qu'un tas de règles à la con mises par l'homme pour étouffer l'âme rebella de son frère. La moralité n'est qu'un masque, une illusion tissée par des mains avides de contrôle, là où l'humanité est captivée de ses propres chaines et à chaque fois que quelqu'un essaie de s'en libérer, on le juge de pute. Pardon, non. On le décrit de pute.
Saphir m'écoute attentivement sans oser me couper puis prend un bon moment pour décortiquer mes propos avant de me répondre
_Tu as baisé un mec en couple pour te libérer des chaines de molarité crées par l'homme pour étouffer la rebelle en toi ?
Je haïssais la manière avec laquelle il peignait mes propres mots avec une connerie sans pareilles qu'ils paraissaient bêtes et sans sens.
_J'ai baisé parce que j'étais excitée à cause d'hormones tels que l'ocytocine qui existe réellement contrairement à vos principes à la con.
_Donc, les violeurs peuvent justifier leurs crime par un taux d'ocytocine élevé ?
Son argument réussit à me clouer le bec. Son intelligence me frustrait autant qu'elle me poussait à faire ressortit le meilleur de moi-même juste pour l'impressionner. Une mission qui s'annonce bien plus difficile que je pensais.
_Descends, ordonne-il sèchement.
Je détourne pour la première fois durant toute la route mes yeux de son doux visage si parfait pour scruter les alentours. La voiture était garée devant un immeuble qui frôlait les nuages, si isolé de la ville qu'il paraissait comme un géant enfant abandonné dans une nuit froide et sans vie. Les lampadaires qui entourait l'immeuble était d'une lumière tellement effacée qu'ils paraissent presque timides de confronter la nuit. Des voitures dernier cri décoraient l'avant de l'immeuble qui exprimait un luxe muet et subtil.
Son habitation ne pouvait mieux lui ressembler.
Je le suis silencieusement vers l'entrée où un majordome nous attendait, il prend poliment les clés de la Mercedes des mains de Saphir pour descendre la voiture au parking. Ensuite, nous nous engouffrons dans l'ascenseur qui nous salua par un bienvenu qui manqua de me faire sursauter faisant presque arracher un sourire du visage glaciale de Saphir. Les étages se succédèrent et sans surprise, mon séraphin habitait au dernier étage, près des cieux, loin de la terre.
_Entre.
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