_Mais c'est un vrai couillon celui-là !

Ah notre chère Sarah et ses fameuses insultes. Je hoche la tête signe d'approbation et fait sortir la énième bouteille d'huile d'olive de ces cartons d'enfer.

Isaac a plutôt mal pris ma révolte d'hier et a bien l'intention de me le faire en regretter. Il m'a même menacé de dormir chez madame Gisele une semaine si je ne finis pas le déballage de tous les nouveaux articles aujourd'hui avant demain.

Jusqu'ici, j'avais cassé une bouteille de confiture de fraise, écrasé accidentellement un fromage plus vieux que Mamie Gisele et bu incidemment la moitié de bouteille de vin.

Après tout, peut être que deux ou trois jours chez mamie Giselle peut m'aider à retisser des liens avec Trottineur le tourbillon.

_N'importe quoi, il se prend pour qui ce doctorant de deux balles, reprends Sarah.

Je soupire et m'accapare de mon téléphone pour le mettre au sol à mon niveau, de façon à ce que je puisse voir clairement les expressions dégoûtées de ma cousine.

La pilule n'était certainement pas encore avalée. Ses paroles rudes et cruels se rejouent en Leitmove dans ma tête, son regard noir sans vie quant à lui s'était ancré entre mes yeux me torturant constamment.

Jamais quelqu'un ne s'était autant mal comporter avec moi.

_ Il s'est transformé d'un coup d'un glaçon qui n'exprime que froideur à une boule de feu prête à bruler tout ce qui l'entoure. Je ne comprends même pas sa réaction, j'avais seulement demandé d'où vient sa brulure !

Sarah analyse minutieusement mes propos puis se gratte le menton, preuve qu'elle est entrain de faire brûler ses neurones pour me trouver une explication.

_Peut être que la brulure n'était que l'élément déclencheur de profonds traumatismes.

Je hausse simplement les épaules en rangeant les pots de miel sur un coin de l'étage.

Un traumatisme forge la personne et ne crée pas le mal en elle. Un passé douloureux n'est qu'une excuse lâche pour un présent défectueux.

_Et puis, selon l'image que tu as peint de ce fameux Séraphin depuis la malheureuse nuit, il m'est difficile de le voir dans cet âme égocentrique et mauvaise que tu me décris maintenant.

_Sarah, son toucher, son odeur, son regard. Ça ne trompe pas.

_ça fait quatre ans Alora. Tu ne peux pas te rappeler aussi nettement de ces caractéristiques.

Je repose brutalement mon pot de confiture, me faisant violence pour ne pas l'envoyer valser contre le mur tellement j'en avais marre qu'on remette à chaque fois en question ma santé mentale.

_ Saphir est Séraphin, fortifie-je.

Elle soupire en passant une main sur son visage, lassée par mon entêtement.

_ Alors, peut être que l'image que tu as peint de lui tout ce temps était falsifié.

_Peut être.

Parfois la main qui semble nous sauver du gouffre ne fait en réalité que nous entraîner encore plus profondément.

La clochette du magasin sonne. Non pitié, pas un autre client. Mon appréhension s'estompe lorsque je vois mon joli écureuil entrer. Un sourire vient vite courber la commissure de mes lèvres et je me reprends de juste pour ne pas plaquer mes lèvres sur les siennes.

Seigneur, pourquoi m'avoir créé avec une dose beaucoup trop élevée d'hormones ? Je suis sure que je suis une nymphomane dans une autre vie, si je le suis pas dans celle-ci..

_ Qui provoque ce rayonnant sourire au milieu de ce visage grincheux ? s'enquiert Sarah, curieuse, à deux doigts de sortir de l'écran du téléphone.

_Mon fameux tatoueur, répondis-je alors que les bras d'Aylan vinrent m'encercler par derrière en plantant un baiser enflammé sur mon cou.

_ Alors c'est quoi votre délire tous les deux. Sex Friends ?

_ Plutôt des acteurs porno que tu ne peux regarder que si tu es abonnée, répond Aylan en lui raccrochant au nez au tac au tac.

Oh non, Sarah va me tuer.

_ Mais tu es malade ?! criai-je en me tournant vers lui, prête à tracer ma main sur sa joue.

Il prend ma main de justesse et l'enferme dans la sienne avant de me tirer vers lui jusqu'à ce que nos deux torses s'entrechoquent.

_ Je ne suis pas trop penché exhibitionnisme, me souffle-t-il en léchant le bout de mon nez.

_ Plutôt BDSM ? demandai-je de mon ton le plus innocent, en déployant maintenant mes yeux de biches infaillibles.

_ Très BDSM.

_ Dominant ou soumis ?

_ Pour tous les goûts, princesse.

Oh mon beau Junky, ce n'est pas seulement mon cœur que tu faisais chavirer mais l'entièreté de mon appareil reproductif.

La clochette sonna une nouvelle fois m'obligeant de me séparer d'Aylan. Cette fois ci, c'est loin d'être le sourire qui accueillit mon nouveau client. Oh non.

_ Un Awards pour le couple le plus improbable de l'année.

Xénia Kimberley, la plus grande peste de Saint jure et accessoirement mon ex meilleure amie. Nous étions allés à la même primaire, collège et lycée, telles des jumelles, nous étions inséparables. Or lorsque j'ai cessé d'être la pétasse populaire affamée de lumière, elle s'est très vie enfuie du noir causé par mon deuil. Elle ne supportait plus ma tristesse et avait décidé de m'abandonner au fond du puit.

_Tu veux quoi Xénia ? soupirai-je.

_ La vie d'une végétarienne n'est pas tous les jours facile. Des fois il faut parcourir des kilomètres pour trouver des aliments frais et cent pour cent bio et quoi du mieux que le terroir d'oncle Isaac.

Je masse mes tempes, énumérant tous les raisons pour lesquels je ne dois pas l'étranger avec sa nourriture bio. Malheur, les raisons n'étaient que peu nombreuses.

Aylan partage la même grimace que moi reluquant la fausse brune qui semblait habillée du rayon enfant de la tête au pied.

_ Prends ce que tu veux et barre toi.

Xénia fait semblant d'être heurtée par la sécheresse de mon ton et amène sa main manucurée par un bleu affreux vers son cœur dallé par la graisse noire.

Je la deteste de tous les profondeurs de mon cœur.

Je hais chaque faux sourire qui courbe ses lèvres gonflés par les litres d'acide hyaluronique.

J'aberre tous les moments où je l'ai considérée réellement comme ma sœur.

_ Pas avant d'avoir passé un coup de fil à Mahely. Je suis sure que son copain lui manque.

Aylan se paralyse à l'entente du prénom de sa petite amie sortir vicieusement de la bouche obscène de Xénia.

Brusquement, il s'attaque à son téléphone au même moment qu'elle le fait sortir de son sac dernier cri, lui faisant arracher un cri aigu qui manque de justesse de briser tous les vers de vins du terroir, me jetant par la même occasion à la rue sous la peau d'une SDF abondonnée par son oncle à ses dix-neuf ans.

_D'où tu connais Mahley ? aboie-t-il.

_ Qui ne la connait pas ? Modèle, influenceuse et activiste, le profile parfait à avoir dans son répertoire, répond -elle en me jetant un regard de dédain avant de continuer de vomir son venin à la face d'Aylan. Je ne comprendrai jamais qu'est ce qu'elle fait avec un mec comme toi. Rappelle-moi dans quelle carrière tu t'es lancé ?

Avant qu'Aylan se jette sur elle, je m'empresse à m'opposer entre eux en fusillant Xénia du regard espérant que mon regard noir soit suffisant pour qu'elle ferme sa gueule.

_La belle trouve un coin libre dans son cœur pour accueillir la bête. Et la bête y fait entrer la pute.

Sans même que j'y réfléchisse, ma main se dessina sur sa joue lui procurant un rouge encore plus pigmenté que tous ses blushs aux centaines d'euro.

_Un mot à Mahely et la pute baisera ton cher fiancé et toi sait mieux que moi combien Finn en bave sur mes fesses. Dehors.

Les larmes montent trés vite aux yeux de Xénia réagissant affreusement avec ses lentilles colorés leur donnant un rouge qui épouse parfaitement celui de ses joues.

Bien que Xénia soit une garce affamée des peines des autres, elle était bizarrement très sensible. Malheureusement pour elle, je connaissais ses talons d'Achille un par un et je compte bien les exploiter si elle ose toucher à moi ou à ceux que j'aime.

_Tu regretteras Alora.

_J'attendrai le regret avec les jambes ouverts ma chérie pour bien le niquer.

Xénia arrache son téléphone des mains d'Aylan et la porte du magasin de referme sur un bruit strident qui était une pure mélodie de gloire pour mes deux oreilles.

_Tu es vachement sexy dans tu t'énerves bébé, siffle Aylan en me plaquant un bisous furieux sur mes lèvres.

Je mets une main sur son torse l'incitant à s'éloigner afin que je finisse de déballer les cartons avant qu'Isaac arrive.

_Une conversation t'attend avec ta meuf car je manque fort l'envi de baiser son connard de fiancé.

Aylan se laisse tomber sur le fauteil derriere le comptoir en faisant sortir sa boite de cigarette.

_Pas de tabac dans le terroir, soupirai-je.

_Tu deviens vachement une cul serrée.

_Merci pour le compliment et je préfère être une cul serrée qu'une son abris. La patience d'Isaac avec moi a atteint un point très subtil.

_Viens bébé, m'appelle-t-il en désignant ses cuisses.

Oh ces yeux de chiens battus pouvaient faire fondre les âmes les plus froides..

Je répondis aussitôt à son ordre et retrouve ses genoux. Mes fesses se posèrent sur son bassin et mon dos se colle sur son torse, abandonnant l'arrière de ma tète sur son épaule.

J'étais fatiguée et essoufflée. Et son corps contre le mien était d'un pur comfort qu'il me faisait oublier toutes les tâches qui m'attendaient dans ce maudit terroir.

_ Cambre toi.

Aussitôt un sourire ourla les deux commissures de mes lèvres et ma libido s'enflamma.

_Calme tes ardeurs perverse, je vais juste te masser.

Je soupire de déception mais ne décline point l'offre. Ma raideur musculaire allait bientôt m'envoyer en asthénie.

Ses doigts vinrent épouser incroyablement mon deltoïde et défaits nœud par nœud manquant de me faire gémir. Je fermis les yeux appréciant ce moment de pur hédonisme où plus rien n'existait à part les doigts féeriques d'Aylan.

Qui a dit que la force de l'homme se trouve dans les profondeurs de son âme ? Toutes magies glissent de ces doigts élancés et cela dans tous contextes.

_Seigneur, vous allez me rendre fou !

Parce que bien évidemment, le bonheur n'est que de courte durée.

Je descends des jambes d'Aylan et lance un regard blasé à Isaac qui fulminait au seuil du magasin.

_ Je ne faisais que défaire un nœud dans son épaule, s'empresse Aylan de se justifier.

_C'est tous tes membres qui vont être défaits si tu touches encore ma niece.

Et pourtant son toucher est ce que je préférais chez lui...

Aylan arbore une expression outrée en faisant mine d'effacer une larme qui coule. Gros gamin.

_Et lève-toi de mon putain de fauteuil !

Mon petit nain adoré s'est levé du mauvais pied ce matin. Aylan bafouille des mots intelligibles avec de sortir du magasin en prenant soin de m'offrir un clin d'œil lubrique avant de s'éclipser, me laissant seule avec mon schtroumpf Grognon.

_ J'en toucherai un mot à Girault, marmonne Isaac.

_Bien sûr, parce que Aylan est encore un mioche qui va se faire remonter les bretelles par son père, retorque je en roulant des yeux.

_ C'est toi la mioche qui se ferait remonter les bretelles si elle ne termine pas les cartons avant dix sept heures.

_ Je pensais avoir toute l'après-midi ?

_Plus maintenant, nous sommes invités ce soir chez Éloïse et Liam.

_Je ne veux pas-

_Aucun mot, m'arrête il d'un ton ferme.

Et manquant de force, je ne rétorque point, étant loin, très loin d'imaginer que ce diner n'allait être qu'huile sur le feu qu'est ma vie.

Un feu qui m'a brulé jadis et continuera de me bruler jusqu'à la moelle épinière.

Et pourtant dans la chaleur de ce feu, je trouvais consolation malgré quelque flambés qui marquèrent ma peau enjolivant la douleur.

Car quand tout est perdu et que la solitude est la seule épaule sur laquelle tu peux te reposer, seule la douleur oserait prendre place.