Mon ange corrompu

Dans l'ombre d'un voile éthéré, il se tient à l'instar d'un ange abritant un reflet trompeur dans les yeux.  Allure d'un Séraphin avec un ombre de démon se tenant derrière lui, à peine caché, mais toujours présent, me rappelant que derrière cette beauté, cette parure dorée et alléchante, il tenait une arme aiguisée et démentielle qu'il n'hésiterait pas à me planter en plein cœur.

Seigneur, pourquoi l'obscurité des ténèbres est si attirante ? pourquoi est-ce que chaque pas qu'il fait à notre direction me vole un battement de cœur ? pourquoi cette envie de frôler ses atours tellement parfaits et si acérés qu'à chaque fois que j'en approchais, j'en sortais avec un stigmate plus profond, mais dont la douleur était la seule à me réveiller.

Je ne l'insulte pas, ne crie pas aux scandales comme ce que j'aurais fait si j'étais dans mon état normal.

Je me contacte de le fixer par peur qu'il disparaisse si j'ose ouvrir ma bouche.

Il s'approche vers moi et plus aucune âme n'excite autour de moi, je ferme mes yeux pour gouter à son parfum mentholé et prie à mon cerveau d'enregistrer cette odeur pour qu'elle me réconforte dans mes nuits les plus froides. Il m'embrasse naturellement la joue comme n'importe quelle invitée qu'il aurait pu croiser au sein de sa maison, puis me susurre à l'oreille :

_Tu ne comptes apparemment pas me lâcher le cul, mon ange.

Et il se sépare de moi, me laissant suspendue, les jambes balancent en l'air dans un abime déroutant dans laquelle je risque bientôt de tomber.

Il salue poliment toutes les personnes attablées et prend place à côté de Eliot, son père.

Alors c'était ça les multivers ?

Je ne comprenais plus rien. À quel moment j'ai été jetée dans un monde où l'humain qui était devenu mon obsession depuis la mort de mes parents était le fils des meilleurs amis de ces derniers , un enfant prodige, qui travaille dans le même hôpital que mes géniteurs et dans le même domaine qu'eux.

Ça ne pouvait plus être des coïncidences.

_ Mon sucre d'orge, j'espère que tu te rappelles Alora, c'est la fille de Alphée et Paol.

_ Comment n'en pas se rappeler, répondit Saphir en me jaugeant de son regard le plus séducteur.

Et dire qu'il niait toute relation avec moi, il n'y a même pas vingt-quatre heures.

Les mensonges étaient un sacré péché Séraphin, fais attention à ne pas être bientôt banni des beaux jardins éternels, car je t'attendrai impatiemment avec les flammes les plus brulants de l'enfer.

_ Des avances aux laboratoires ? s'enquiert Liam.

_ Pas trop, des stagiaires sont présents et rendent la tâche légèrement difficile, répondit Saphir en me jetant un vif coup d'œil.

Je mordis ma joue lorsque aucune rétorque intelligente me vint à l'esprit et me contente de l'insulter mentalement, espérons qu'il ait des dons de télépathie. Âpres tout, il a été admis à Cambridge à ses dix ans, il n'y a pas grands choses qu'il ne peut pas faire. À part bien sûr prononcer la simple putain de vérité.

_Je suis sûre qu'ils trouveront bientôt leurs repères dans le laboratoire, ajoute Eliot.

_ Difficile lorsque les doctorants sont des connards qui souffrent de violentes crises de colères, intervenais-je en bombardant Saphir de mon regard le plus noir.

Ma prise de parole installe un silence glacial sur table, les visages se peignent bientôt d'expressions confuses et interpelés.

_As-tu déjà été victime d'un comportement inapproprié dans un laboratoire ? demande Liam, inquiète.

_ Rien d'alarmant, répondis-je simplement.

Isaac me lance un regard interrogatoire auquel je fais semblant de ne pas remarquer.

_ Mon sucre d'orge serait ravi de t'avoir   ses côtés au laboratoire. Je suis sûre que vous entendriez à merveille et que tu apprendras dans une atmosphère calme et fructueuse.

_ Bien sûr, je serai ravi d'avoir la fille de à mes côtés. Leur travail m'inspire énormément et je suis sûre que Alora m'inspirera autant.

Alors là, c'est vraiment la blague de l'année.

_Vous êtes un charmant jeune homme, vous serez d'une très bonne influence pour Alora, renchérit Isaac.

Je vais réellement péter un câble.

_Excusez-moi, je dois aller à la salle de bain. Me levai-je.

_ Saphir, mon ange, montre-lui la salle de bain.

Je serre mes poings me faisant violence pour ne pas exploser de rage.

Saphir obéit aussitôt et me rejoint en me montrant le chemin d'un geste galant de main puis me suit par-derrière

Arrivés au couloir et jugeant que nous étions assez loin de la table. Je virevolte violemment vers lui.

_ Tu es un grand connard de menteur et un putain d'hypocrite !

Il arque un sourcil et croise doucement les bras en me jaugeant de haut comme si j'étais une fourmi en pleine crise de puberté.

J'essaie d'arborer mon expression la plus furieuse en essayant péniblement de ne pas descendre mes yeux vers le bouton ouvert de sa chemise qui donnait une vie extraordinaire sur ses pecs.

_ Tu sais que les gros mots sont interdits dans une maison aussi respectable, me rappelle-t-il en s'approchant à pas feutrés de moi.

_ Va te faire voir, toi et toute cette maison de grands hypocrites affamés de perfection, répondis-je.

Un sourire beaucoup trop franc s'étire de ses lèvres beaucoup trop parfaites. Des dents plus blanches que sa chemise parfaitement défroissée. C'était un péché d'être aussi beau, car dieu sait combien ça pouvait corrompre les esprits, même les plus saints.

Il fait un nouveau pas vers moi.

Un autre.

Et à la minute suivante, je me trouve plaquée contre la porte de la salle de bain.

_ Tu es une gamine grossière, Alora.

_ Ah bon ?, demandai-je de ma voix la plus niaise.

_Tu sais ce qu'on fait aux gamines grossières ?

_On lave leur bouche par du savon ?

_ Le savon est beaucoup trop basique pour ta gorge mon ange, j'ai un autre choix que tu peux avaler beaucoup plus facilement.

Oh, non.

Je le regarde, bouche entrouverte et yeux écarquillés.

J'avais l'habitude de fermer des becs avec mes rétorques les plus salles et lubriques, pas l'inverse et bizarrement, j'étais loin d'être furieuse qu'on me détrône dans mon propre jeu. J'étais beaucoup trop excitée par sa voix bestiale et ses mots salaces.

Il avait beau être si parfait à l'extérieur, je savais maintenant que son esprit était aussi corrompu que le mien.

_ Qu'attends-tu alors pour me punir ?, demandai-je, innocemment.

Saphir passe sa langue sur sa lèvre inférieure en me dévorant du regard de la tête au pied, puis s'accapare de ma taille de ses deux grandes mains jusqu'à ce que mon buste rencontre le sien dans une collision qui ravive chaque cellule de pauvre organisme.

_Je te punirais quand je voudrai et où je voudrai, me répond-il presque gentiment.

Je ris et le pousse doucement pour réclamer un peu d'espace ou je peux déployer ma dominance à mon tour.

_Tu t'es un petit peu trop pris au jeu, sucre d'orge, lui soufflai-je à l'oreille en imitant sa mère et son surnom à la con. Tu ne me toucheras pas même dans tes rêves les plus orgasmant.

C'est à son tour de rire avant de noyer ses deux joyaux dans mes yeux. Une mer noire tourmentée par mille sentiments dévastateurs, des vagues furieux me noyèrent, ma respiration se coupa et je n'essaie même pas de me battre pour la survie.

Je sentis sa main se faufiler sous mon t-shirt puis ses doigts serpentèrent mes cotes. Je ne bougeai plus d'un poil, encore emprisonnée dans la noirceur envoutante de ses yeux.

_ Je ne toucherai pas comme ça ? me demande-t-il en approchant ses lèvres de mon cou, le frôle à peine, le hume lentement, m'arrachant un long soupir. Ou comme ça ? Il embrasse brusquement mon cou sauvagement, le mord bestialement et seigneur, j'allais bientôt tomber en syncope.

Des pas se firent soudainement entendre et Saphir se sépare lentement de moi, nullement alarmé, comme s'il avait le contrôle sur chaque évènement, chaque personne dans cette maison, chaque molécule d'air qui nous entoure.

Son calme olympien, son assurance immaculée. Il était bien mon opposé et pourtant je ressentais que l'obscurité qui habite en lui n'était finalement pas si différente de la mienne et j'avais bien l'intention de la découvrir et de la sonder, quitte à y laisser des lambeaux de mon âme.

_ Les enfants, le désert est prêt.

Bientôt, Liam nous rejoint dans le couloir avec son éternel sourire collé à son visage joyeux.

_ Alora vient de sortir de la salle de bain, j'ai tenu à l'attendre pour la raccompagner à la table, ment Saphir, à la perfection.

_Mon sucre d'orge, tu es une vraie bénédiction !

Et une réelle malédiction pour d'autres.

Nous retournons à la table et je prends place à côté d'Isaac qui me regardait bizarrement comme si j'avais son tatouage morbide de Hamster au visage.

_Tes joues sont aussi rouges qu'une tomate, me fit il la remarque.

Je touche mes joues avec le dos de ma main et les surprends en feu. Je fronce les sourcils, c'était la première fois que je rougis de ma vie ! Sans le contrôler, un sourire béant s'étire de ma bouche en découvrant la nouvelle capacité de mon corps.

Je lance un regard bref à Saphir, un grand sourire au visage. Crois-moi chéri, on va faire des découvertes affolantes, moi et toi.

_Tu viens vraiment d'une autre galaxie, souffle Isaac en me dévisageant.

Les conversations autour de la table reprennent, tournant bien évidemment autour de tous les accomplissements que monsieur Saphir a fait durant ses humbles années de vie. Je ne lance cette fois-ci aucune pique, encore déboussolée par le fait que Saphir soit le premier homme dans ma vie à m'avoir fait rougir. Ah quand Sarah l'entendra !

Le diner aboutit enfin à sa fin. Tout le monde fait la bise à tout le monde, les compliments sont à flot. Une atmosphère tellement conviviale qu'elle était presque asphyxiante. Alors que je m'apprêtais de quitter ce manoir qui puait l'idéalisme, Saphir s'approche de moi, fais mine de me saluer poliment tout en me susurrant à l'oreille.

_Je t'attendrai demain au laboratoire, ma petite stagiaire.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top