Feu charnel

Je lance un énième regard noir à Saphir qui était adossé contre la porte des toilettes, bras croisés, me fixant dans le blanc des yeux, m'empêchant de mettre le pied dehors.

Me voilà alors kidnappée et prisonnière dans une toilette d'un des bars les plus luxueux de Nancy.

_Je me suis calmée, laisse-moi sortir, soupiré-je.

_Tu plonges un doigt directement dans ton œil si tu penses que tu vas te rasseoir avec eux.

_C'est mon poing qui va directement se plonger dans ton cul si tu ne te bouges pas de cette porte !

_Mais vas-y je t'en prie, peut être que je découvrirai un nouveau fantasme.

Je grogne bruyamment, les nerfs à vif. Je détache mes yeux du connard ne supportant plus observer sa perfection exagérée et me reluque devant le miroir. Mes mains tremblaient encore et au tréfonds de mes pupilles, une guerre sourde mais brulante faisait écho.

_C'est Xavier qui a tué mes parents, demandé-je sous un ton informatif.

Bientôt , le reflet de Saphir se montra dans le miroir. Il se tenait derrière moi, notre différence de taille était frappante, je paraissais soudainement trop petite et ma colère beaucoup top minuscule pour être considérable. Il chercha mon regard, et quand il le trouva enfin, il y encra son âme de façon à ce que je n'échappe plus ni de ces toilettes ni de son emprise. Je cessai naturellement de me battre et trouvai finalement réconfort dans ses émeraudes.

_Je ne suis pas là pour t'aider à trouver le meurtrier de tes parents, je t'aiderai à honorer leur mémoire mais ne me demande pas plus.

Je serre les bords du levier puis ferme mes yeux pour me canaliser.

_Tu sais bien plus que tu veux me laisser croire, murmure-je.

_Oui, je sais des choses que je n'aurais jamais du savoir et j'en paye le prix aujourd'hui. Un prix beaucoup trop cher pour toi, avoue-t-il sans aucune once de regret , tandis que son regard se faisait tellement perçant qu'il pouvait transpercer à tout moment ce pauvre miroir qui témoignait de cet échange accablant.

_Cesse de vouloir me protéger, soufflé-je

Un ricanement muet et sadique fait la malle de la bouche de Saphir puis son corps s'approcha naturellement du mien jusqu'à ce que son torse percute mon dos. Mon souffle se terra dans ma gorge lorsque sa main vient délicatement serpenter mon avant-bras, remonta jusqu'à mes clavicules puis agrippa mon coup faisant valser ma tête jusqu'à ce qu'elle soit reposée sur son épaule.

_ Cesser de vouloir te protéger ? me demande-il en lâchant notre reflet dans le miroir et plonge directement son regard dans mes yeux levés vers lui. C'est inné en moi mon ange, depuis le jour où mes yeux se sont posés en moi, j'ai ce besoin de te posséder.

_Depuis le jour où mes parents ont brulé ?

Sa main serra légèrement plus mon cou, faisant cambrer ma nuque d'avantage.

_Depuis le jour où tes parents t'ont emmené chez nous et m'ont demandé de te surveiller car tu ne pouvais pas t'empêcher de torturer les pauvres chats du quartier et tu finissais griffée de la tête aux pieds.

Je fronce les sourcils alors que des bribes de mémoires se reforment dans mon cerveau. Mon séraphin était le même garçon casse couille qui m'empêcher de faire des tresses aux chats.

_Et je t'avoue que j'en ai légèrement marre de te sauver à chaque fois des griffes que tu as toi-même déclenchés, reprend-t-il.

_Laisse-moi deviner, c'est moi qui ai aussi déclenché l'incendie ?

_Non, mais tu risques de nourrir un feu encore plus ravageur si tu continues à ouvrir ta gueule.

Je pose ma main sur la sienne qui entourait toujours mon cou et l'enlevai doucement afin que je me tourne complètement vers lui. Torse contre torse, nos rythmes cardiaques se synchronisèrent et nous faisions plus qu'un.

_Tu ne peux pas m'empêcher de savoir la vérité.

Le nerf de sa tempe sursaute et son nez se retrousse. Mon séraphin était indéniablement le plus bel homme que cette terre a connu, sa beauté si saillante et pourtant si paisible allait me rendre folle, si je ne l'étais pas déjà devenue. Il voulait me posséder or il était loin d'imaginer que chaque cellule de mon corps portait déjà son empreinte au moment même que sa main a eu le malheur de me toucher.

_Tu ne peux pas me contrôler, rajoute-je alors que je perdais de mon plein gré ce misérable control. J'étais hypnotisée par cet homme, par son regard qui ne me lâchait plus, par son odeur vanillée qui m'emprisonnait à l'Instar d'une étreinte céleste avec une douceur d'une mélodie enchanteresse. Je ne pouvais plus quitter ses lèvres du regard, tel un mirage qui montrait une porte directement vers un enfer déguisé en paradis.

J'étais une affamée et seuls ses lèvres pourront me rassasier. Ma main lâcha la sienne et mon indexe s'approcha de sa lippe inferieure puis la caressa. Saphir analysa religieusement mes gestes, ne bougea pas d'un poil comme effrayé de me brusquer par la moindre respiration décalée.

_Tu ne peux pas me posséder.

À peine ce grotesque mensonge franchit mes lèvres que je saisis férocement les siens. Nos lèvres se rencontres finalement après tant d'insultes, de combats, il se retrouvèrent enfin dans un ballet de souffles délicat au début mais dont la cadence grimpa au fil que nos langues trouvèrent leurs repères. Je ne savais plus dans quelle dimension nous étions, est-ce réalité ou illusion ? Et je m'en souciais point, je ne priais que ce moment reste éternel, que nos lèvres se scellèrent et à tout jamais, car l'oxygène ne me suffisait plus maintenant, seul ce souffle chaud qui s'émane de ses poumons pouvaient me ressusciter après que ces coups de langues me tuèrent brutalement.

Mes doigts entourèrent inconsciemment sa nuque comme si elle les a toujours appartenus, tandis que sa main gauche empoigna violemment ma masse de cheveux pour approfondir le baiser et de son autre main il agrippa ma taille pour me coller encore plus contre lui. Un gémissement incontrôlé s'échappa de ma bouche puis épousa le grognement lubrique de mon ange.

J'étais déjà horriblement mouillée or lorsque sa queue se durcit contre mon ventre, c'est mes genoux qui me lâchèrent, ne demandèrent que contacter le sol de ces toilettes pour répondre aux désirs de mon Séraphin.

À bout de souffle, nous nous séparèrent. Toutefois, mon corps ne supporta pas longtemps ne plus être en contact avec le sien et mes mains cherchèrent vite à déboutonner son jean.

_Arrête, me stoppe-t-il, presque en haletant.

Confuse et blessée, mes sourcils se froncèrent et mes mains s'arrachèrent douloureusement de jean.

L'excitation s'émanait de chaque pore de son épiderme, forte, comme l'odeur d'un bois qui se consume, alors pourquoi me prive-t-il de sa chaleur ?

L'expression de son visage reste neutre et impassible ne trahissant aucun sentiment, m'abandonnant dans ma propre confusion sans m'indigner la moindre réponse. Alors, je me callai contre le levier afin de supporter le poids de mon corps qui se faisait soudainement trop lourde, faute des litres d'adrénaline et d'ocytocine qui coulaient à flot dans mes veines.

Silencieux, Saphir s'approcha de moi, enroule mon menton par ses longs doigts afin de me regarder dans le blanc des yeux.

_Je t'ai prévenu que j'allais te faire regretter cette soirée. Je tiens toujours mes promesses mon ange.

Le sol se dérobe sous mes pieds et l'onde de choc me frappa en plein visage tel un fouet. Saphir Fernandez était fourbe et sournois, au moment où tu lui tends la main pour le caresser, il te la mort si violemment que l'étreinte charnelle pourtant si tendre ne laisse dans son sillage qu'un gout amer de trahison.

_Tu es un grand conn-

Quelqu'un frappa soudainement aux portes des toilettes m'empêchant d'entamer ma poésie d'insultes. J'ôte violemment la main de Saphir de mon menton au même moment que l'individu débarque dans les toilettes.

Un individu que je connais que trop bien.

_Qu'est-ce que tu fous là ?

Le regard d'Aylan oscille entre moi et Saphir comme si il pouvait voir la tension sexuelle qui dansait entre nous.

_Bonsoir à toi aussi, blague Aylan.

_Je l'ai appelé, m'annonce Saphir.

Une autre gifle me claqua en pleine figure, depuis quand ils sont devenus amis eux ?

_ Pourquoi ? craché-je.

_Pour t'emmener loin d'ici pendant que j'arrange la merde que tu as causé.

_Pourquoi lui ? demandé-je en désignant Aylan du menton qui rasait le mur à coté. Ce dernier fait mine d'etre offusqué en posant dramatiquement sa main sur son cœur.

_C'est le seul qui saura te convaincre de quitter ce maudit bar.

Un rire amer franchit sarcastistiquement la barrière de mes lèvres. Quel gros lâche.

Mon dos s'arrache du bord du levier et je m'approche lentement d'Aylan, le junkie me fixait tout en appréhendant mon prochain geste tout comme Saphir, à l'affut, guettait ma moindre respiration. Je souris, j'avais le contrôle et les tourner tous les deux en bourrique.

Je pose ma main sur le bras d'Aylan tout en tournant ma tête vers Saphir.

_Tu as raison, il est très fort pour convaincre. Convaincre un saint à pécher et une vierge à ouvrir les jambes.

L'expression du visage de Saphir se décomposa tandis qu'Aylan pince sa lèvres inferieur, désabusé.

_Quittons ces chiottes, la nuit est encore longue bébé, soufflé-je dans l'oreille d'Aylan, suffisamment fort pour que Saphir m'entende.

Il se prive de mes lèvres ? Ose m'ôter un plaisir dument approprié? Son malheur alors fera le bonheur d'un autre.

Saphir ne réagit point, continue de nous fixer, les poings serrés jusqu'à ce qu'Aylan s'accapare gentiment de mon bras pour me guider vers l'extérieur.

_Elle est entre de bonnes mains, affirme Aylan avant qu'on quitte définitivement les toilettes.

Bientôt, nous nous retrouvons seuls à l'intérieur du minable pick-up d'Aylan et doucement, la vague viscérale de tristesse commence à me submerger.

Saphir m'a rejeté.

Saphir a joué avec mes sentiments.

Saphir m'a nourri d'espoir et avec cet espoir il m'a brulé, jusqu'à la moelle.

Saphir allait regretter.

Un son de notification ose défier le silence qui s'est installé dans le véhicule, il ne provenait pas de mon téléphone mais celui d'Aylan. Le brun lut attentivement le message avant de me tendre le téléphone pour que je le lise à mon tour. Saphir était l'expéditeur.

« Ose la toucher et tu es un homme mort Aylan».

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