Commémoration
Blanche ou rouge ?
Les deux robes me faisaient de l'œil. Les deux avaient un unique caractère que je voulais exhiber ce soir. La rouge criait à la beauté sauvage avec son décolleté abyssal qui se ferait plaisir d'être la geôle de la gent masculine. La blanche réclamait une innocence peinte par la main sanglante du démon avec son tissu satin qui m'arrivait juste en dessous de mes fesses.
_ Choisis la blanche, soupire Sarah depuis l'écran de mon téléphone en baillant.
Ma cousine était une des rares humain sur terre qui arrivent encore à me supporter dans tous mes états des plus extasiés au plus dépressifs.
Après la mort de mes parents, ma personnalité si solaire fanait doucement, devenait tellement froide qu'elle a chassé tout mon entourage. Je me suis transformée du jour en lendemain de la garce sociable et populaire au loup solitaire qui ne pouvait s'intégrer nulle part .
Isaac et Sarah étaient les seuls à oser toucher la glace massive qui m'entourait.
_ D'acc, je choisis la rouge alors.
_Pétasse.
J'envoie un baiser volant à Sara dont les yeux commençaient à se fermer et jette un coup d'œil à ma montre, c'était 22h chez nous donc 4h du matin en chine.
Ce décalage horaire était une vraie pute.
Depuis que Sarah avait déménagé en Chine pour poursuivre ses études d'art il est plus que difficile de trouver un temps adéquat pour parler, et dieu sait seulement combien j'ai besoin d'elle dans ma vie.
_ Je t'interdis de dormir avant d'avoir vu ma surprise, lui dis-je d'un ton sévère.
Douloureusement, elle ouvre les paupières en marmonnant un « quoi ».
Je mets mon téléphone sur ma table de chevet et ôte doucement mon t-shirt. Aussitôt, un cri aigu fit la malle des baffes de mon téléphone.
Plus aucune trace de sommeil sur son visage. Sarah avait les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte me donnant l'urgente envie de faire un Screenshot de sa gueule.
_C'est un tatouage ?
_Evet.
Et ses cris reprennent de plus belle m'incitant à baisser le volume de téléphone par peur de perdre l'ouïe dans les secondes qui suivent.
_ Enlève ce putain de bandage maintenant ! m'ordonne-t-elle en mettant fissa ses lunettes.
_ Je risque une infect-
_ Maintenant !
Je me dirige vers la salle de bain pour éviter toutes infections. Cela ne fait que trois heures que le tatouage avait été recouvert et Aylan m'a donné les très strictes instructions de ne l'enlever qu'après six heures passés or lorsque Sarah ordonne, il fallait bien obéir.
J'enlève le pansement délicatement et prend un savon doux comme Aylan m'avait indiqué et lave le tatouage avec douceur.
_ Ferme les yeux, ordonnai-je à Sarah qui perdait de plus en plus patience.
Je contemplais mon tatouage dans le reflet du miroir. Aylan était un vrai artiste et ses doigts étaient réellement ceux d'une fée. Ce n'était pas qu'un simple dessin posé sur ma peau. L'encre noir s'est ralliée à chaque millimètre de mon écorce et a fait de lui son territoire, le réclamant avec force et vigueur. Aylan avait soufflé la vie dans ce tatouage en lui communiquant un tas de sentiments ravageurs qui étaient propres à lui. Comme si lui, seul, avait le code pour le décrypter.
_Ouvre les.
Elle reste muette devant mon tatouage de longues secondes, cligne les yeux quatre ou cinq fois d'affilés et mon rythme cardiaque ne faisait qu'augmenter redoutant sa réaction.
_C'est-c'est..,begaye-t-elle. Très beau.
Je souris en touchant mon tatouage, fière.
_ Séraphin...., murmure-t-elle, les yeux ne quittant plus le chef d'œuvre peint sur mon sein.
_Toujours, affirme-je.
C'était 23h et j'étais filament prête. Isaac m'attendait déjà depuis une demie heure dans la voiture et avait bombardé mon téléphone de menaces de mort.
J'attrape ma veste à la hâte et me dépêche de sortir de la maison avant qu'il la brule sur ma tête. À mon anniversaire de dix-huit ans, Isaac m'avait offert une montre réglée avec dix minutes d'avance et je ne l'ai su que deux mois après !
_ Avec tout ce retard, je m'attendais à ce qu'une Zendaya sorte de la maison pas à un chiffon rouge usé.
_ Une bonne demie heure d'avance et on oublie ses cheveux à la maison ? retorque je en grimpant dans le pick-up.
Il passe une main sur son crane chauf s'assurant qu'il lui reste toujours ses deux cheveux qu'il coiffait matin et soir.
Un cirque à lui tout seul.
Le trajet entre Saint-Jure et Nancy où se trouvait l'hôpital où mes parents travaillaient était d'une durée d'une heure approximativement. C'était un trajet qui m'était beaucoup trop familier vu que je le prenais trois jusqu'à quatre fois par semaine pour arriver à ma fac de science.
Nancy était une ville universitaire dynamique connue par des établissement universitaires de haut niveau. Cependant, à chaque fois que j'y mettais pied, mon cœur se compressait.
Notre ancienne ferme se situait juste à quelque kilomètre de Nancy, ce qui faisait d'elle la ville qui m'a vu grandir. Ainsi, revenir à elle réouvrait mes plaies une par une. Commençant par mon ancien groupe d'amis que je voyais chaque fois dans notre café habituel et qui ne font même plus l'effort de me saluer ou encore le Parc de la pépinière où je passais mes après-midis avec mes parents à sentir l'odeur des Dahlias et des roses et qui maintenant puait la flagrance du deuil.
Nancy n'était en couleur que dans mes souvenir, aujourd'hui elle n'est colorée qu'avec une palette de noir et gris.
_ Je déteste cette ville, bredouille je.
_Tu l'adorais pourtant, me fit Isaac la remarque en se stationnant devant l'hôpital.
_ Oui ,parce que je n'avais pas encore connu l'hypocrisie des gens d'ici, crachai-je en sortant du véhicule.
Même l'air ici était acerbe.
_ Je veux retourner à Saint-Jure Isaac, le suppliai je.
_Non et surtout tu ne fais pas de scène à l'intérieur et sois aimable,me prévient-il avec un doigt accusateur.
Oh que je serais extrêmement aimable avec ces hypocrites.
Silencieux, nous nous dirigeons vers l'hôpital qui ressemblait à une invitation florale et scintillante pour une longue crève. La lumiere blanche épousait parfaitement les murs blanc donnant à l'hopital un aspect de paradis oubliant que c'est dans ces couloirs et corridors sans fin que les âmes s'arrachaient douloureusement des corps.
La mort était le seul ennemi dont on ne connait ni visage ni faiblesses. Il n'existait aucune arme qui pouvait l'annihiler, nous savions juste qu'il se cachait dans le coin, pouvant attaquer à tout moment et nous devons de patienter sagement.
Tout ce staff de médecins, infirmiers et pharmaciens n'étaient là que pour éloigner sa venue mais personne ne niait son existence.
La mort était vicieuse alors quoi bon la fêter ?
Cette commémoration de décès n'était qu'une tactique de plus pour peaufiner la réputation de cet hôpital à la con.
Isaac tend nos cartes nationales à la sécurité qui nous invite à rejoindre la salle de conférence au sous-sol.
Dès que je mets pied à l'intérieur du bâtiment. La forte odeur de désinfectants et d'anesthésiques fouetta mes narines. Un cocktail qui me rappelait l'odeur de mes parents.
Nos corps étaient particulièrement conçus pour nous torturer durant toute notre vie, choisissant de coller la partie du cerveau responsable du traitement des odeur à notre hippocampe, notre mémoire.
Isaac détecta ma respiration qui s'accélérait au fil que nous avancions dans l'hôpital et posa doucement sa main sur mon dos pour me conforter.
_ Ascenseur ou escalier ? me demande-il.
_ La porte.
Il ne prend même plus la peine de converser et décide de nous faire entrer dans ce satané asceuseur qui puait la mort. Arrivés au sous-sol, nous bifurquons vers la droite où se trouvait la fameuse salle de conférence.
Des centaines de bougies étaient posé devant la grande porte à coté de laquelle était mise un portait, celui de mes parents. Je m'approche du tableau en piétinant toutes les fleurs qui étaient éparpilles par terre, des lilas qui symbolisait la paix et le repos. Connerie.
D'une main tremblante, je touche le visage de ma mère puis celui de mon père laissant déferler des litres de larmes sur ce visage que j'ai pris des heures à maquiller. C'était une photo d'eux dans le laboratoire, les deux portaient leurs tabliers et sur leurs visages se dessinaient des sourires ambitieux et des regards amoureux.
Au-dessous de la photo était écrit « Nos deux braves scientifiques qui resteront à tout jamais gravés dans nos mémoires et articles »
_ Je suis sure qu'ils sont très fiers de toi Mme Almas.
Je me retourne vers le propriétaire de la voix horriblement rouée.
Docteur Xavier Arnauld, directeur de l'hôpital, fameux chercheur et pathologiste et surtout un des plus grands connards de cet hôpital.
Il s'approchait de la cinquantaine et pourtant la malice dans son regard ressemblait à celui d'un ado qui veut faire la misère à ses géniteurs.
Mon père le détestait et l'a traité durant tout son vécu de avare, d'arrogant et de glouton.
Et je crois sans aucune once de doute le jugement de mon père et je peux même ajouter l'adjectif dégoutant vu ses dents qui étaient décorés par un or naturel.
_ C'est une certitude, mais je doute qu'ils le soient à votre égard. Réplique je avec un sourire aussi faux que la coloration de ses cheveux. Passez une excellente soirée Xavier.
Sans lui donner le temps de retorquer, je tourne les talons et m'embarque à l'intérieur de la salle où Isaac avait déjà pris sa place.
_ Vous avez échangé quoi ? s'enquiert Isaac en désignant Xavier du menton.
_ Que des compliments.
Très vite, des dizaines de personnes viennent nous saluer partageant leur compassion et leurs prières pour mes parents. Éloise et Liam, les meilleurs amis de mes parents courerent vers moi dès qu'ils me virent, m'étranglant de calins et m'étouffant de baiser.
Je ne les avais pas vu depuis la mort de mes parents et ce n'est certainement pas leur enthousiasme excessif qui m'a manqué. C'était un couple très soudé et complice avec une joie de vivre que je n'arrive toujours pas à expliquer.
Les éloges débutèrent. La plupart avait choisi de partager les découvertes laborieuses et recherches que mes parents avaient menés dans cet hôpital, d'autres parlaient des humains qu'ils étaient, de leur gentillesse, leur bonté et ambitions tandis qu'un groupe d'attardés avait décidé de présenter des poèmes à leur honneur en pleurant, sans larmes évidemment.
Hypocrisie pure et dure.
Pour clôturer, c'est la femme de Xavier, Laora, qui prend la parole exprimant ses condoléances pour la famille des défunts.
_Il est bien plus que difficile de trouver les mots justes pour décrire la profonde tristesse qui nous accable à chaque fois que nous ressentons leur douloureuse absence dans nos laboratoires. Alphée et Paol sont la définition des personnes qui ont laissé leur trace dans ce monde, sans oublier qu'ils ont donné vie à une personne tout autant intelligente et persévérante, que nous espérons avoir dans notre hôpital un jour. Veuillez applaudir Mlle Almas Carlier.
Quoi?
Je me tourne brusquement vers Isaac qui ne partageait point ma surprise. Le batard, il était au courant.
Tous les yeux des salles commencent à me chercher, curieux et impatients.
Un tas d'insultes commencent à prendre forme dans ma tête. Toutefois, j'entasse toute cette colère qui inondent mes veines et la transforme en un joli carburant explosif.
Ils veulent me voir ? Alors qu'ils mettent leurs lunettes de sécurité, ils assisteront bientôt à une réaction chimique plus qu'éruptive.
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