~Chapitre 3~

- Pourquoi mon sac est par terre ? s'écria Elliot qui venait de revenir, les mains pleines.

Je me retournais et chassais mes pensées.

- Désolée, je... je voulais vérifier quelque chose.

Il posa un coussin par terre.

- Vérifier quoi ? Insista t-il alors.

Son ton augmentait et je n'aimais pas ça. Aussi, sa voix cassée me dérangeait.

Je lui répondis alors coupablement :

- Si tu faisais parti d'un gang, ou ce genre de trucs...

Il ouvra la bouche et laissa tomba les coussins qu'il avait apporté.

Il ramassa ensuite son sac à dos, furieux, et remis la table en place. Il resta de dos.

- Je croyais que tu me faisais confiance, dit il alors.

Je ne pouvais pas lui répondre, je ne sais pas vraiment si c'était le cas.

- Non je ne fais pas parti d'un gang, je te l'ai déjà dit !

À présent il s'énervait. Et moi, je restais là, blottie dans le coin du cabanon, les jambes ramenées vers moi. Pitié, qu'il ne s'en prenne pas à la violence...

Il se retourna et s'accroupit à ma hauteur, risquant de tomber, me regardant intensément :

- Amber... Pourquoi tu ne me crois pas ? Pourquoi cherches tu quelque chose de mal en moi ?

Il avait repris sa voix calme et, étant plus rassurée, je pus lui répondre :

- Peut être que si tu étais à ma place, que tu te retrouvais enchaînée ici au beau milieu de la forêt, que personne ne venait te chercher, que des gens savent où je suis mais m'y retiennent...

Je ne voulais pas pleurer mais je me suis mise à le faire. J'étais fatiguée, incomprise, seule...

Il souffla, eut l'air de réfléchir, puis s'asit en tailleur en face de moi.

Il se pencha et attrapa un coussin avant de me le donner.

- Tiens assis toi dessus.

J'effectue son action et le contact de ce sol gelé disparaissait alors de moi.

- Merci, chuchotais-je, prise par le plaisir.

- Ceux qui m'ont engagés m'ont dit qu'ils formaient un gang, mais pas comme les autres, expliqua t-il. Ce sont des experts scientifiques et ils sont à la recherche d'expériences... je ne connais pas les détails.

Donc en gros... Il n'en sait rien non plus. Je le regardais, mais il baissa les yeux en direction du sol. Je crois qu'il n'assumait pas affronter le regard de sa prisonnière.

- Comment t'as pu te faire engager dans un truc comme ça ?

C'était une question si évidente qu'il en rit au départ. Puis son sourire se dissipa, laissant place à une expression de regrets.

- J'ai pas une vie facile, je peux pas t'en dire grand chose. Mais j'étais persuadé qu'en acceptant ce boulot je pourrai gagner un peu d'argent et...

Il s'arrêta de parler pour faire le tour du cabanon avec ces yeux. Il ne passe toujours pas devant moi.

- Et sortir de la rue, lâcha t-il soudainement.

Beaucoup de choses s'expliquent : ses vêtements déchirés, son air gauche et hésitant, sa voix cassée peut-être ?

- Désolée, m'excusais-je remarquant mes préjugés.

J'ai toujours été comme ça. Me méfier des autres, rejetter la faute sur eux. C'est dans ma nature et ça m'a bien valu des problèmes...

À ce moment précis de notre discussion j'avais envie de lui parler de ma vie, de moi, de mes proches.

Qu'il aille leur dire que je vais bien, qu'il s'occupe de moi, que je reviendrais un jour. Mais tout à coup, je trouvais ces paroles étranges. Qui s'intéressait à moi ? Personne depuis que j'étais partie pour l'université.

Chassant ses pensées négatives, je tentais de reprendre la conversation dans le silence d'Elliot.

- Comment tu fais pour venir ici sans te perdre ?

Il mit un temps à me répondre, peut être ne s'attendait-il pas à cette question de ma part.

- On a fais des marquages que nous seuls peuvent reconnaître. Personne d'autre que nous te trouvera ici, t'inquiète pas.

- Tu sais que ce n'est pas trop rassurant ? Met toi à ma place, je prie pour que quelqu'un tombe sur ce cabanon et me libère.

Là, il plongea enfin ses yeux gris dans les miens, je pus enfin croiser son regard.

- Tu as les yeux noisettes, découvrit-il.

Un étonnement de ma part.

- Oui, et toi t'es un garçon ? demandais-je ironiquement.

Il ne dit rien. Cet homme avait vraiment l'air ailleurs. Le fait qu'il vivait dans la rue pouvait peut être tout vouloir dire.

- Tu as quel âge ? interrogea t-il.

- 22 ans, et toi ?

- 21. Tu me paraissais bien jeune, remarqua t-il.

J'esquissais un sourire. Nous avions pratiquement le même âge et, bizarrement, c'était rassurant.

Des silences s'installait entre nous à plusieurs reprises et nous n'entendions plus que les oiseaux chantant en haut des arbres.

- Comment ça se fait que je ne me souvienne pas comment j'ai été emmenée ici ? interviens-je alors.

Je me posais la question également à moi même. Comment cela se faisait-il ?

- Ils t'ont injecté un produit qui t'as endormi, tu sortais de ta voiture je crois.

À la prononciation de cette phrase, des images revinrent dans ma tête. Et à ce moment là, étrangement, je me rappellais.

Je rentrais de ma semaine à l'université et rentrais chez moi à Lake Placid. Je me souviens aussi avoir été très contrariée à mon retour car j'avais raté un de mes examens.

Les idées au clair, j'avais une étrange impression d'avoir retrouver la mémoire. Mais c'était juste que mon cerveau posait trop de questions à la fois. Maintenant que j'en savais plus, je pouvais réfléchir normalement. Même si, je l'avoue, je ne suis pas dans un état ni dans une situation que j'apprécie.

- Pourquoi tu ne pourrais pas me détacher ?

Il avait l'air de s'attendre à cette question car il me répondit sur le champ.

- Ils ont toutes les informations possibles sur nous deux et puis... j'ai accepté un contrat avec eux. Je faisais ce qu'ils me demandaient, je gagnais un peu d'argent. De quoi me nourrir et de trouver un logement. Enfin, c'est ce que je croyais, mais finalement, je dois me soumettre à leurs ordres pendant 4 ans.

Ses paroles venaient de provoquer un grand choc en moi. Dans quel pétrin s'était-il mit !

- Pourquoi tu as...

- Je sais c'est con, me coupa t-il. Mais quand tu t'es fait tabassé à l'école, que t'as une mère veuve qui c'est suicidée, tu es prêt à faire n'importe quel choix pour sauver ta vie. Mais au final, c'est pour sauver le peu de choses qu'il te reste : rien.

Je le laissais continuer, prenant compassion à son histoire. D'habitude, j'avais un tempérament égoïste. Pour une fois, j'avais pitié en quelqu'un. Je pense aussi que le fait de me retrouver prise au piège m'oblige à percevoir les choses d'une autre manière.

- J'ai pas de famille, on m'a même pas placé dans un orphelinat tu sais, on m'a jeté, comme ça, dans la rue.

Je laisse échapper un soupir.

- C'est comme ça aux USA.

- Pas partout... dit il ayant du mal à accepter la vérité.

Il se releva et fouilla dans la poche à l'avant de son sac, abîmé. Il en sortit un téléphone portable.

- Regarde, me dit-il, ils m'ont même payer ces machins !

Il jetta un coup d'œil à l'appareil quelques secondes.

- Je me demande où est passé le mien...

- Ils te l'ont pris, me répondit-il alors que je ne m'y attendais pas.

- Ce sont de véritables hors la loi. Tu sais Elliot, je pensais qu'il n'y avait que dans les films que des situations comme celle ci pouvait arriver.

- Et bien non, tu en as la preuve, confirma t-il rangeant son téléphone dans sa poche.

Il prit son sac sur le dos je devine qu'il s'apprête à partir.

- Je vais essayer de t'apporter quelque chose à manger cette nuit, mais repose toi. Et tu sais, j'ai pas le droit de venir te voir aussi souvent. Alors s'il te plaît, ne leur parle pas de moi.

- Pourquoi je ferais ça ?

- Je sais pas peut être que-

- Je ne leur dirai rien. Tu peux y aller, merci.

Il sourit et je crois que c'est la première fois que je vis cette expression sur son visage. Un sourire. Rien qu'un sourire et il paraissait beaucoup plus heureux. Moi je ne souris pas. Je ne souriais sans doute plus jamais.

Qu'est ce que je faisais là, tenue par des chaînes dans un cabanon en pierre, perdue.

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