~ Chapitre 21 ~

- C'est d'accord. Je pars avec toi.

Elliot se retourna et m'adressa un sourire, satisfait de ma réponse. Sans rien dire de plus, il s'approcha de la fenêtre et observa le paysage. Il semblait réfléchir.

- Impossible de s'évader par la fenêtre, commença t-il d'une voix grave et mystérieuse.

- Je croyais que tu avais déjà un plan ? m'exclamais-je alors qu'il visualisait une solution pour s'enfuir.

Il me fusilla du regard, et je compris qu'il fallait que je le laisse parler. C'était son plan, après tout.

- Il y a des caméras absolument partout, sauf dans les chambres. 

Un silence s'installa, comme s'il réfléchissait encore, comme s'il n'était pas sûr de lui. Et je dois avouer que je me mis à douter pour de bon.

- Il n'y a qu'une seule véritable issue, et c'est toi  !

Il pointa son doigt vers moi.

- Comment ça ? je demande hébétée, déjà assez secouée par son comportement.

Elliot se rassit sur le lit, cette fois ci en tailleur, prêt à m'expliquer franchement son plan.

- Tu es la seule patiente qu'ils utilisent comme cobaye en séquestration, Amber. C'est super bizarre, d'ailleurs, mais je t'expliquerais pourquoi plus tard. 

- Quoi ? Dis moi tout de suite ! insistais-je.

Il souffla, puis reprit son récit comme si je n'avais rien dit. Je ne tentais pas de lui reposer la question, je devais faire preuve de patience aujourd'hui...

- Il faudra que tu fausses un malaise, mais il faudra vraiment que tu joues le jeu à fond ! s'assura t-il tout en me lançant un regard sérieux.

Je hochai la tête, et je m'imaginais déjà m'écrouler au sol, puis faire semblant de me sentir mal. Mais je ne voyais pas où voulait en venir Elliot, en quoi cela nous servirait afin de s'échapper du laboratoire ?

- J'ai mis des alliés que tu connais sûrement sur le coup, me rassura t-il. Ce sont eux qui viendront te "soigner".

Il avait mimé les guillemets. Je souris en comprenant qu'il parlait des employés qui m'ont donné rendez-vous dans la nuit. Je lui demandai comment il avait bien pu les rencontrer.

- C'est eux qui m'ont contacté. Daisy nous as tous menti, tu es la seule dont ils se servent réellement. Les autres personnes que tu as pu voir aujourd'hui, ce ne serait que du cinéma. 

Je fis les yeux ronds, abasourdie.

- Oui, je sais, c'est bizarre ! 

Elliot était sortit du lit et avait levé les bras en l'air, avant de continuer :

- Ils sont vraiment prêts à t'aider. C'est eux qui m'ont aidé à entrer ici, alors tu dois leur faire confiance, Amb-

- Mais je les connais déja ! Je leurs fais confiance comme à toi, de toute façon je n'ai pas le choix, pas d'autres issues...

- C'est O.K. Et moi, je vais les accompagner, histoire de passer inaperçu sur les caméras. Il ne faut aucun élément suspect, tu sors de la chambre et tu fais un malaise, en espérant que je ne me fasse pas choper en train de sortir de la même pièce que toi... t'es prête, ça te va ?

- Oui, je crois, même si le plan me paraît peu crédible, je répondis l'esprit occupé par des milliers de questions. Mais la suite, comment ça se passera ?

- Toi rien, restes endormie et à l'affût, une voiture nous attendra à la sortie. Allez, ne perdons pas de temps.

Elliot avait tout prévu, du début à la fin. J'étais surprise de tout son bon sens, et de sa motivation. Ils avaient l'air d'en avoir après eux aussi... J'espérais le découvrir bientôt. Elliot me lança un regard confiant, et je lui renvoyai. Je pris une grande inspiration, puis me dirigeai vers la porte de ma chambre. Je pénètrai dans le couloir presque vide et effectuai quelques pas avant de simuler une chute. Pour ne pas me faire mal, je fis semblant de m'appuyer contre le mur, puis glissa contre celui-ci pour finir au sol. 

La situation était tout de même étrange, et si c'était quelqu'un d'autre qui venait me secourir ? J'attendis donc ce qui me parut être une longue minute, avant que je n'entende des voix que je reconnus être celles de nos alliés. Soulagée, je me laisse aller en attendant que quelque chose se passe.

- On va l'emmener dans une salle d'urgence, dit une voix féminine, que je pensais être celle de Gabrielle. 

Rapidement, je me sens soulevée et transportée par plusieurs personnes, je peinais à garder les yeux fermés, en réalité je mourrais d'envie de visionner la scène de mes propres yeux. Mais je devais rester dans l'action, me demandant où était passer Elliot, et s'il avait pu s'éclipser de la chambre après moi. Le trajet fut mouvementé, et nous entrâmes dans un ascenseur qui, à mon plus grand étonnement, était spacieux. Je me sens posée au sol, et un homme, sûrement Mr. Fider, appela mon nom.

- Amber, tu peux ouvrir les yeux. C'est nous.

J'entrouvris les yeux et reconnus les scientifiques qui me prêtaient leur aide. Je ne savais pas quoi dire, alors j'ai demandé où était Elliot.

- Il nous suit en toute discrétion, ne t'en fais pas. Le garçon est très courageux, il n'a pas hésité une seule seconde à accepter notre proposition, et on a réussi à le faire entrer ici comme si de rien était, m'expliqua Mr.Fider. 

Je souris. Tout se passait comme prévu, mais je me demandais si l'idée du malaise n'était pas trop abusé, mais je laissais faire. Pour une fois d'ailleurs, je ne ressentais pas le besoin de désobéir ou changer de plan : je tenais à sortir d'ici.

Seulement j'oubliais que je n'avais pas encore découvert les terribles et étranges secrets que gardait toute cette histoire. 

***

Nous étions entré dans une salle avec d'autres personnes que je ne reconnus pas, alors je pris garde de rester immobile tandis qu'ils m'allongeaient sur un lit d'hôpital. Comment allaient-ils me faire sortir ? Je ne tardis pas à le savoir quand j'entendis Mme Craly, ou plutôt Kalista comme elle s'était présenté auparavant, m'annonçer mon départ. 

- On fera croire que ce seront les secours, tout simplement. Un camion nous attend dehors, on t'y emporteras sur ce brancard et Elliot te rejoindra à l'intérieur.

Elle me lança un regard abondant d'empathie.

- C'est fini, ma belle. 

Ils m'apprêtaient à me faire sortir quand tout à coup, nous entendions toquer à la porte. Tout le monde me fit signe de me rendormir, et personne ne semblait vouloir ouvrir. J'entendis la porte s'ouvrir dans un grincement, et la voix de Daisy résonna dans ma tête :

- Mais que diable se passe t-il ici ?

Une chance que j'avais eu le temps de me remettre en place. Le plan ne tenait qu'à un fil, ce n'était pas vraiment gagné pour qu'elle y croit. Je me concentre donc pour rester immobile tandis qu'elle discutait avec ses collègues.

- On m'a informé qu'Amber avait fait une sorte de malaise ? Va t-elle mieux ?

Mon sang ne fit qu'un tour : elle faisait semblant de s'inquiéter pour moi. Ou alors, suggérais-je, elle s'inquiétait plutôt pour sa stupide expérience du futur. 

- Elle n'est toujours pas consciente, répondit Mr. Fider. Nous avons fait appel au samu. Ils vont la prendre en charge dans quelques minutes.

J'imaginais Daisy le dévisager, mon coeur se mit à battre de plus en plus fortement au plus je doutais de notre plan. 

- Parce que vous ne pouvez pas  la ranimer vous même ? C'est si grave ? répliqua t-elle dans un ton agité. 

J'entendis même sa voix se rapprocher de moi. J'avais peur. Je me demandais si je tremblais ; pourvu que non !

- Aucun résultat. Nous préférons laisser des spécialistes s'en occuper. 

Je supposai que la conversation était terminée quand je n'entendis plus personne parler, Daisy s'était-elle retiré de la salle ? En effet, je me sentis légère quand on souleva mon brancard. Ca y est, j'allais sortir. A peine après quelques mètres effectués, un air ambiant s'offrit à moi. Nous avions franchi une porte de sortie. Mes coéquipiers (je tenais à les appeler ainsi) eurent une courte conversation avec un inconnu, sûrement le chauffeur de la camionnette.

On m'emmena directement derrière, et j'entendis la voix d'Elliot, qui me fit presque sursauter.

- On va monter. Garde les yeux fermés, ils ont des caméras extérieures.

- Amber, surtout, ne parle de cette histoire à personne. Et enfuis toi le plus loin possible d'ici, m'alerta le docteur. 

On me plaça au fond de la camionnette, dans le noir je supposai. J'entendis quelqu'un pénétrer à l'intérieur et se placer à côté de moi avant qu'on ne ferme les portes. Je n'eus même pas le temps d'ouvrir les yeux que je sentis une main prendre la mienne, et je ressentis la chaleur d'Elliot. 

- Tu peux te réveiller. On est parti ! s'enjoua t-il. 

Je me redressai, Elliot avait allumé la lampe de son téléphone. Il venait de relâcher ma main, tout furtivement. 

- J'ai envie de crier ! Franchement, c'est passé crème ton plan, t'es pas sûr que y'avait un hic ?

- Un hic ? 

Il haussa un sourcil.

- Beh, un détail qu'on aurait oublié. Pour moi tout ça ce n'est que de la chance, avec un peu d'aide.

Elliot me regarde et il retire une nouvelle fois  sa médiocre perruque. Il laisse apparaître son visage, qui m'avait été familier ces dernières semaines.

- J'ai plein de question, je lui dis.

Je descendis du lit d'hôpital afin de m'assoir à ses côtés, mais la camionnette roulait à vive allure et je perdis l'équilibre, pour me cogner contre un des côtés.

- Ca va, je rassurai mon ami tout en portant ma main sur le côté droit de mon crâne.

- On va où ? 

- Surtout loin d'ici. On reviendra quand nous aurons de quoi passer inaperçu. Cela fait quelques jours que tu es recherché, tu te souviens ?

Je pris quelques minutes pour réfléchir. Les gens se demandaient où j'étais, pourquoi j'avais disparu du jour au lendemain. Mon visage a sûrement été affiché dans le journal ou à la télé, et mes parents devaient bien sûr être au courant. Ce qui est sûr, c'est que le retour à la vie réelle risque de s'annoncer compliqué. Je devais tout de même reprendre un mode de vie normal, reprendre mes études et continuer ma vie mais il y avait là quelque chose qui m'en empêchait. Elliot était redevenu silencieux, alors je décide de lui poser des questions. 

- Alors, pourquoi as tu été viré ? Et puis, pouffais-je, ce n'était même pas un vrai métier. 

- Daisy n'avait pas confiance en moi. Et de toute évidence elle avait remarqué notre rapprochement.

Il m'a lancé un regard que je trouvai douteux. Comme s'il se demandait quelque chose... Puis, haussant les épaules, il finit par lâcher :

- Elle voulait quelqu'un de plus ferme. J'en viendrai même à dire qu'elle pensait que je te torturerais ou un truc du genre. Elle s'est cru dans un film peut-être. En tout cas, bon débarras.

Je souris nerveusement. 

- Et tu vas faire quoi maintenant ? 

- De quoi, moi ?

- Ben, oui, toi, je ris.

- Je ne peux que rester avec toi. Il faut qu'on avance.





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