~ Chapitre 17 ~

Je comptais sur ce séjour hors de la forêt pour reprendre des forces et trouver un moyen d'évasion, pas pour devoir subir la présence d'inconnus dans un laboratoire secret ! Tout ceci était déja assez absurde à mes yeux, et si je ne me trompais pas, aux yeux de tous ici. Comment des expériences comme celles-ci peuvent-elles exister, et se laisser faire ?

Ces incessantes questions parcouraient tant mon esprit que j'avais oublié que trois personnes se trouvaient dans l'entrée de la porte, fronçant le regard en ma direction. Ils avaient sûrement déja prononcé quelques paroles que je n'avais pas entendues, ou plutôt écoutées.

- Je n'ai pas envie de manger avec les autres, je suis très bien seule, interprètais-je, hasardeuse.

La femme du nom de Gabrielle, qui était venue me chercher tout à l'heure, s'avança vers moi. Je pose ma fourchette sur le plateau devant moi. Les scientifiques se lançaient des regards mais restaient dans le silence. Je ne me sentais pas très à l'aise dans cette situation. La femme, sûrement une scientifique elle aussi, s'assoit en face de moi, sur le coté du lit. Elle fit signe aux autres personnes qui l'accompagnaient de s'en aller. Elle tendit le bras vers moi, posa sa main froide sur la mienne.

- Amber, je sais ce que tu traverses, sache que tu n'est pas la seule ! Tout ira bien, avec moi et Mr.Fider, tu ne risques rien.

Elle me fit un clin d'oeil. J'haussai les sourcils, hébétée, et comprends qu'elle parle de l'homme qui m'avait aidé la fois dernière. D'ailleurs, je l'avais recroisé dans le couloir, mais il ne m'avait pas suivie. Mais tout ceci signifiait peut-être qu'ils étaient tous au courant ! Et au peu que j'ai pu comprendre, je n'ai pas l'air d'être la seule à passer une sorte de séjour ici... Et sûrement pas la seule à vivre une situation étrange...

J'essayerais de mener mon enquête seule, et tant mieux si je peux m'appuyer sur deux personnes qui travaillent ici ! Je pris tout de suite l'occasion d'avoir de l'attention de la part de Gabrielle.

- Vous le connaissez ? demandais-je alors, captivée et espérante.

Elle laissa échapper un soupir, puis me regarda à nouveau : 

- Oui, et il m'a parlé de toi. Nous sommes de bons amis. Nous savons que c'est Daisy qui s'occupe particulièrèment de toi. Si tu as besoin, nous pouvons répondre à tes questions, m'assura t-elle dans une voix discrète. Mais il faudra te faufiler hors de ta chambre, cette nuit, à deux heures.

Je l'observais attentivement, captant ses paroles, qui me réchauffaient le coeur tant qui m'inquiètaient. J'hôchai la tête, en guise d'affirmation. Je n'allais pas refuser telle occasion, c'était ma seule chance de pouvoir, peut-être, m''en sortir ! Soudain Gabrielle me regarda avec un air de pitié.

- Malheureusement, c'est risqué. Si tu sors la nuit et que quelqu'un t'attrape... Tu connais les conséquences, comprend t-elle.

- Oui, peinais-je à souffler doucement.

Elle m'expliqua par la suite que ce rendez-vous se devait de rester secret, et qu'elle et Mr.Fider prennaient des risques tout autant que moi. J'en avais bien conscience, seulement, c'était la seule solution possible. J'y croyais à peine, ils allaient m'aider à m'évader ! J'espérais ne pas trop m'emporter, et décidai de revenir dans le réfectoire, histoire de passer inaperçue.

J'attendis la nuit avec la plus grande impatience.

***

Je ne dormis pas de la nuit. Trop hative, et inquiète à l'idée de traverser le laboratoire sans en avoir la permission. Mais il n'y avait pas de retour en arrière, je devais connaître la vérité. Quand la petite horloge accrochée au mur de ma chambre afficha deux heures moins quinze, je me levais discrètement de mon lit. Les chambres n'étaient pas fermées à clé, je baissais donc la poignet de la porte de ma chambre silencieusement, puis la referma.

L'air dans le couloir était frais, je frissonnai à son contact. Sur moi, je n'avais pas plus que leur robe de nuit étrange. Je tournai la tête de chaque coté, craignant l'arrivée de quelqu'un. Je me remis en tête les instructions de Gabrielle, et pris par la droite. Je reconnais, jusque là, les couloirs qui mènaient aux salles principales, dont le réfectoire. Je dépassais les autres chambres, du pas le plus léger possible, et songeais soudain.

Je n'étais pas seule à passer un séjour ici. Ça ne m'avait pas préoccupé, mais cela m'intriguait. Et si eux aussi, étaient séquestrés ? Non, ce serait trop étrange, et puis c'est insensé. Cette idée se décida enfin à s'échapper de mon esprit et je continuai ma route. Le silence régnait dans les couloirs vides, pas une lumière à l'horizon. Je n'étais pas très effrayée de cette sortie nocturne autant que je ne le pensais. J'arrivais bientôt à l'entrée de la salle que m'avait indiqué Gabrielle quand j'entendis des voix toutes proches.

Je m'arrêtais soudain dans mon élan, tentant de discerner l'origine du son. Un croisement se trouvait devant moi, et je n'osais faire un pas de plus. Il ne fallait pas que j'aille dans la mauvaise direction... Qui pouvait bien être debout à cette heure ci ? Oh, j'oubliais, dans ce laboratoire travaillent des gens complètement dingues ! Prise par l'impatience, je fis quelques respirations pour me calmer. C'est alors qu'une silhouette sortit de nulle part  et vint à ma rencontre.

J'eus à peine le temps de reconnaître que c'était un homme qu'il s'empara de mon bras pour me tirer jusqu'à une pièce éclairée. Et là, je le reconnu. C'était l'homme qui a évité que je me fasse prendre à espionner Daisy et ses collègues la fois dernière.

J'étais à présent dans une pièce éclairée et vide, avec au centre quelques chaises et deux femmes assises. Je reconnus Gabrielle. La deuxième m'était encore inconnue, mais je me montrais confiante. Immédiatement, l'homme ferma la porte derrière moi.

- Alors tu as vraiment pris des risques ! s'étonna t-il.

Il me souria, me présenta les deux autres femmes. Ce sont toutes deux des étudiants en sciences humaines. Lui, travaille comme docteur dans ce laboratoire. De ces informations, je pouvais déjà être rassurée plus que je ne l'étais auparavant.

Il me proposa de m'assoir sur une chaise, m'assura qu'il allaient répondre à mes questions le mieux qu'ils pouvaient. Mon esprit était épuisé, mais les questions qui me trottaient la tête ne s'étaient pas envolés. Je ne savais pas vraiment par où commencer.

- C'est légal, ce qu'on me fait ?

C'est Mr.Fider qui ne tarda pas à me répondre après un bref silence :

- Bien sûr que non. Déjà, la plupart de nos activités ici sont privées. Le projet que Daisy a mis en place, c'est un choix. Nous sommes obligés de travailler pour elle.

- Sinon quoi ? Et en quoi consiste vraiment ce projet ? je le coupais.

Il esquissa un sourire car il comprenait mes questions simultanées et impulsives. Je ne le laissais même pas terminer, mais j'avais besoin d'en savoir beaucoup plus !

Il soupira, passa la parole à une des étudiants, la rousse, celle que je n'avais encore jamais croisé. Je l'observais, elle était très jolie.

- Je m'appelle Kalista, si tu préfères appelle moi Mme Craly, annonça t-elle d'une voix douce.

J'aimais beaucoup sa façon de parler. Je l'écoutais continuer ses explications.

- Je suis encore jeune et je suis en stage dans ce laboratoire. C'est Mr. Fider qui m'a recruté. Il nous a bien évidemment parlé de toi. Quand je suis arrivée ici, je ne pensais pas que des histoires atroces comme celle-ci pouvaient avoir lieu.

- Et il y a d'autres personnes dans mon cas ? m'inquiètais-je.

Personne ne me donna une réponse, le silence alourdissa l'atmosphère. Les regards se croisaient. Je n'avais pas besoin d'une réponse supplémentaire.

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