~Chapitre 1~

Mon corps gisait sur un sol de pierre froid comme la glace. J'étais gelée et tremblais de la tête aux pieds. Je venais à peine d'entrouvrir mes paupières qu'elles se refermèrent. Alors, je tentai de lutter contre la fatigue et lentement, je pus ouvrir entièrement mes paupières, et je découvris ce qui resta ma maison à tout jamais.

J'avais les chevilles et les poignets retenus par de longues chaînes en fer. Je tirai dessus, en guise d'essai, et laissai échapper un cri de douleur. Ces chaînes me serraient trop fort.

Je passai mon regard dans cet environnement grisâtre et glacial. Je ne savais pas où je me trouvais, je voyais seulement des murs gris, parsemés d'anciens tags, et une ouverture sans porte à l'autre bout. Je mis du temps à interpréter, mais quand cela me vint, je compris : je me trouvais dans une sorte de cabanon en pierre, abandonné.

Par l'ouverture je pouvais apercevoir un bout de l'extérieur. Je me serais bien déplacée pour y jeter un coup d'œil, mais je n'en avais pas la force ni le pouvoir. Après un soupir, j'essayai de me redresser. J'ai espéré ue ces chaînes pouvaient m'offrir la possibilité de me mettre debout.

J'eus du mal à me lever, et surtout à tenir debout. Mes jambes, toutes fragiles, tremblaient. Je me retournais et aperçus une toute petite ouverture de forme carrée dans le mur de derrière. Cela semblait être une petite fenêtre. J'ai tenté de regarder où j'étais, et un cri m'échappa. J'étais dans la forêt !

Je pouvais voir, de cette ouverture, une centaine d'arbres. Et, je crois que je connaissais cet endroit, c'était la forêt de Lake Placid. Une ville juste à côté de là où je faisais mes études. Mais la forêt est bien trop grande...

Dans ce petit espace en mauvais état, il y avait devant moi une table en bois et une chaise, abîmés tout autant l'un que l'autre. J'essayai d'atteindre un des meubles, mais c'était peine perdue, et je forçai sur les chaînes, ce qui me fit ressentir des douleurs atroces au niveau des poignets.

Jamais je n'aurais penser me retrouver ici.

Je fis plusieurs fois le tour de la situation dans ma tête, mais c'était à présent sûr et certain que j'étais fichue. Et bien évidemment, je n'avais aucun souvenir de ce qu'il s'était passé avant. Comment ais-je pu me retrouver ici ? Enchaînée au fin fond d'une forêt d'un village que je connaissais à peine. Je n'avais qu'une seule envie, après sortir de là, c'était de savoir le pourquoi du comment.

J'attendis ici la moitié d'une journée approximativement, je pouvais me repérer grâce à la quantité de soleil que je pouvais voir à l'extérieur. Et au bout de quelque temps, quand je commençai à avoir faim et soif à en faire exploser ma tête, quelqu'un entra. Je ne m'y attendais pas, même si j'espérais ne pas rester là pour toujours. Mais contrairement à ce que je pensais, rien ne se passa comme prévu.

Un jeune homme, de mon âge environ, entra furtivement, et comme s'il était habitué au lieu, déposa son sac noir sur la table en bois. J'entendis la table émettre un craquement et me demandai combien de poids elle allait encore pouvoir tenir avant de se briser. Mais ce n'était pas le plus important : la question, c'était lui.

Il resta quelques secondes de dos puis se retourna. Et il me regarda un instant. De mon côté, je l'examinai tout autant. Cet étranger, était de taille moyenne et d'une corpulence semblable à la mienne, voire un peu plus maigre que moi. Ses yeux grands et ronds aux longs cils noirs étaient gris. Cela me figea car c'était d'une rareté remarquable. Je passai en détail son visage, aux traits fin et au teint pâle. Ses lisses cheveux bruns semblaient décoiffés.

Je commençai à pencher mon regard sur ces vêtements abîmés et déchirés quand il m'adressa la parole. Ses lèvres, aussi minces que mon corps, se mirent à bouger et de sa bouche sortit une voix grave et un peu cassée.

- C'est quoi ton nom ?

Je ne répondis pas tout de suite. J'avais des tas de questions à poser, et il en avait sûrement aussi. Et puis j'étais encore questionnée sur ce qu'il m'arrivait.

- Amber.

Il me regarda profondément et j'eus l'impression qu'il aperçut la peur dans mes yeux.

- Je... t'en fais pas, je vais t'expliquer pourquoi t'es ici, dit-il cherchant un peu ses mots.

- Parce que tu le sais ?

- Bien sûr que je le sais, dit-il s'asseyant sur la chaise en bois.

CRAC.

- C'est moi qui suis trop lourd ou la chaise est vraiment en fin de vie ?! rumina t-il.

Je l'observai, non amusée par ses paroles et attendant des réponses. 

Je ne répondis pas et tentai de respirer calmement. Je n'étais pas énervée mais j'étais sous l'incompréhension totale de la situation. Je ne savais que dire face à cet inconnu qui en savait plus que moi.

- On est à Lake Placid, me dit-il.

- Je sais.

Il parut surpris.

- On est dans la forêt...

- Je sais.

- Alors tu veux savoir quoi ?!

Il avait monté d'un ton sa voix grave et elle paraissait encore plus cassée qu'au départ.

- Pourquoi je suis ici, t'es qui, et fais moi sortir s'te plaît, ais-je dit sûre de moi.

- Ok, mais prépare toi, je... je n'aimes trop devoir te dire ça.

Il avait l'air de se sentir si coupable qu'il soulageait ma peur.

- Je suis désolée de te le dire mais c'est moi qui t'ai emmenée ici, et qui t'ai accrochée...

Petit bloquage de ma part. Un jeune homme sensible comme lui ?

- Pourquoi ?

- ... Pour quelqu'un.

- Qui ? Allez dis moi !

Je m'impatientais car je trouvais ces explications hors du commun.

- Un gang...

- Tu fais parti d'un gang ? Éloigne toi de moi ! m'affolais-je.

Ma réaction parut le déranger.

- Moi ? Non ! Je n'aime pas ce genre de choses. Mais j'ai eu une mission...

- Et ta mission, déduis-je, c'était de m'enchaîner au beau milieu de la forêt ? Tu n'as aucune pitié !

Ma respiration s'accélérait et mon cœur battait de plus en plus vite. J'étais énervée. On m'a sorti de ma vie habituelle, on m'a enlevée ! Je n'arrivais pas vraiment à y croire car c'était un imprévu auquel je n'aurai jamais songer.

Sur le coup de la colère et de l'incompréhension, j'avais forcé sur les chaînes mais je ne pouvais pratiquement rien atteindre.

- En quelque sorte. Désolé. Et force pas sur tes chaînes, tu vas te faire mal, me conseilla t-il gentiment.

- C'est gentil de dire ça pour quelqu'un qui me les as accrochées, grognais-je.

Il se retourna, pris son sac puis le mit sur son épaule droite. Toujours de dos, il dit quelque chose qui changea ma vision des choses pour toujours.

- Tu sortiras jamais. Et puis, chaque jour, des gens vont venir pour toi. Ils ont besoin de toi.

J'étais dans l'incapacité d'émettre un seul son de ma bouche. Et moi qui le trouvais un peu timide et désolé.

Il se retourna, me regarda avec pitié comme s'il ne voulait pas que je sois là. Comme s'il partageait ma douleur. Pourtant, il partit, sans rien dire de plus.

Me laissant là. Ici. Dans mon nouveau chez moi.

Il m'avait laissé là comme un pauvre animal qu'on abandonnait au bord de la route. Pas un regard en arrière de sa part. Il disparut dans la forêt dont la luminosité s'assombrissait pour cause de fin de journée. 

Ce qui me dérangeait, c'était le fait que je ne savais pas encore la raison de cette séquestration.

Je pense que j'ai eu le temps de prendre conscience de la situation pour comprendre que j'étais Séquestrée. Je me demandais à plusieurs reprises le temps que mettront mes proches à remarquer mon absence. Je venais de partir de mon ancienne ville pour vivre à Lake Placid.

Et je vivais seule depuis que Marco et moi avons rompu l'année dernière. 

Et ma famille, quelque peu ignorante envers ma vie, était désormais éloignée de ma nouvelle habitation. Et puis je n'étais pas du genre à des nouvelles de moi régulièrement... Je crois qu'à présent, je peux me permettre de regretter mon amour pour la solitude.

Je pensais à beaucoup de choses en même temps car j'étais en grand manque d'informations. Mon corps, faible et peu résistant, réclamait ravitaillement. Et je tremblais déjà à l'idée de vivre ce cauchemar.

Cet homme ne m'avait rien donné, presque rien expliqué. Pourquoi cela m'arrivait-il ? Je me suis toujours considérer comme une jeune femme de vingt-deux ans ordinaire comme tant d'autres.

De plus, j'étais innocente. À ma connaissance, je n'étais coupable aucunement. À ce moment là, tandis que je cherchais où pouvait se trouver le problème, la fatigue l'emporta et je sombrais dans le sommeil, le ventre vide, la gorge serrée et l'esprit questionné. 

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