Toi mon frère (II)

Aloïs fit demi-tour et s'engouffra dans le corridor. Cameron le suivit un peu décontenancé, la porte de son appartement se fermant dans son dos. Le vieil homme sifflotait devant lui, jouant du parapluie de temps à autre, ce qui perturba un peu plus le jeune homme.

- Il va falloir, que vous m'expliquiez l'histoire du parapluie, lui dit-il une fois à sa hauteur. Vous savez que vous n'en avait pas besoin ici n'est-ce pas, ajouta-t-il quelque peu inquiet pour l'état de santé mental du vieil homme.

Aloïs fronça les yeux, et après avoir jeté un œil dans sa main droite, il répondit :

- J'aime bien l'avoir avec moi. De cette façon, je suis prêt à toutes éventualités.

- Quoi, comme une attaque ? Je doute que vous fassiez du mal à un Paladin avec ça, et sans vouloir vous offenser, comme vous l'avait dit tout à l'heure, vous n'êtes plus très jeune.

- Apprend jeune homme, que tout objet peut devenir une arme, encore faut-il savoir s'en servir je te l'accorde. Quant à mon âge, qui te dit que je suis si vieux que ça ! Ce n'est qu'une question de perspective tu sais ! On peut être vieux de corps et jeune d'esprit et jeune de corps et vieux d'esprit !

Ils débouchèrent sur la plateforme B. Á cette heure de la journée, celle-ci grouillait de monde, et les quatre ascenseurs en son centre descendaient ou montaient au choix des habitants.

- D'accorrrd. Est-ce que cette histoire d'âge vous a vexé ?! lança Cameron à l'adresse d'Aloïs, déjà loin devant lui sur l'une des plateformes d'embarquement d'un des ascenseurs. Parce que sérieusement, comment je suis censé deviner votre âge moi, vous ne me l'avez jamais dit !

- Tu ne m'as jamais posé la question.

- Eh bien je viens de le faire, alors quel âge avez-vous ?

Aloïs se contenta de rire sans pour autant lui répondre et tous deux pénétrèrent dans l'ascenseur. Grand de six mètres de large et haut de neuf, il pouvait accueillir une trentaine de personnes.

Une fois à l'intérieur, Aloïs pivota sur ses chaussures à talonnettes, surprenant les personnes arrivant derrière Cameron et lui.

- Vous serez-t-ils possible d'attendre le prochain ascenseur ? demanda-t-il. Le jeune homme et moi descendons.

Le jeune couple juste derrière eux, échangea un regard et la jeune femme après s'être attardée sur le visage de Cameron, rougit et se pencha pour murmurer quelque chose à son compagnon qui fit de même. Une lueur s'alluma alors dans les yeux du jeune homme qui accepta avec joie la demande d'Aloïs.

- Merci, vous êtes bien aimable !

Sur ce, de la pointe de son parapluie, il appuya sur le bouton de fermeture et l'ascenseur s'ébranla vers les étages inférieurs, les gens restés sur la plateforme les observant jusqu'à ce que celui-ci disparaisse de leurs vues.

Á une certaine époque, ce phénomène troublait profondément Cameron, le faisait rougir et le mettait dans l'embarras. Désormais, cela l'ennuyait plus qu'il ne l'embarrassait, et il n'y prêtait plus qu'une attention lassée.

Contrastant avec l'atmosphère bruyante de la plateforme B, un silence tranquille remplissait la cabine, si bien qu'Aloïs se mit à siffloter de nouveau.

Ce type est bizarre, déclara Light faisant légèrement sursauter Cameron.

Ne dis pas ça, il est gentil, le rabroua gentiment le jeune homme.

Mouais si tu le dis... Qu'est-ce qu'on sait de lui au juste ?

Certaines choses.

L'Évolué glissa un regard au vieil homme. D'Aloïs, il ne savait que des choses bénignes, comme par exemple : Il savait que les parents de celui-ci venaient du royaume, mais sa peau marron foncé trahissait des origines bien plus lointaines.

Il avait fini par apprendre que les origines d'Aloïs le portaient loin au-delà de la Zone Sud, sur un continent que l'on appelait l'Afrique et lorsque Aloïs lui avait décrit les paysages là-bas, la soif de liberté de Cameron ne s'était qu'amplifiée.

Battre des ailes au milieu des étendues sauvages de l'Afrique devait-être grisant !

Il aime les cafés latte aussi, poursuivit Light.

Il est fan de Soul, enchaîna Cameron.

Porte toujours un chapeau

Durant quelques instants, les deux compères poursuivirent leur liste de choses concernant Aloïs, jusqu'à s'arrêter, ne trouvant plus rien à énumérer.

Ça ne fait pas beaucoup, conclu Light.

En effet, admit Cameron. Peut-être qu'il m'en dira plus un jour.

Hum Hum

La voix de Light s'éteignit de nouveau et Cameron reporta son attention sur l'extérieur de la cabine. Ils descendaient toujours, passant plateforme après plateforme sans que l'ascenseur ne s'arrête et les légers mouvements de l'appareil semblaient bercer Cameron.

- Tiens, accroche-toi Cameron, il semblerait que nous allions nous arrêter, ça risque de secouer un peu, déclara subitement Aloïs en lui tendant son bras.

Le jeune homme obéit, un peu troublé par la demande, mais quelques instants plus tard en effet, l'ascenseur eut un sursaut et cessa tous mouvements.

Aloïs soupira pas le moins du monde concerné :

- J'avais pourtant prévenu Baptiste de cette éventualité.

- Si vous le dites ! répondit Cameron en le dévisageant.

Sans tenir compte du jeune homme, Aloïs se servant de son parapluie enclencha le bouton d'appel de l'appareil.

- Oui ? répondit une voix de baryton.

- Bonjour Baptiste, c'est Aloïs. Je prendrais mon latte avec un nuage de crème, s'il vous plait, glissa le vieil homme par l'interphone avec une pointe de malice.

Il eut une seconde de silence et :

- Oh...l'ascenseur. Vous aviez raison alors.

- Il semblerait mon ami !

- Ok, ne bougez pas.

- Sans mauvais jeu de mot, ajouta Cameron avec un sourire que lui rendit Aloïs.

- Eh bien, je dirais que nous avons au moins cinq minutes d'attente mon cher. Veux-tu parler de ta promenade ? Tu as des questions sûrement ?

Le jeune homme dirigea un regard méfiant vers l'interphone. Il ignorait si l'on pouvait l'entendre. Choisissant ses mots avec précaution, il répondit :

- Non...je n'ai pas tellement envie d'en parler. Et, je ne pense pas que ce soit l'endroit...approprié.

Son aîné sourit.

- Je te l'ai dit Cameron, nous avons cinq minutes.

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