Toi mon frère (I)
La balle avec laquelle il s'amusait depuis un quart d'heure rebondit une nouvelle fois pour aller toucher le plafond à l'endroit exact où elle l'avait fait quelques secondes auparavant. Il l'observa redescendre vers lui, paume levée quand :
- Cameron !
Il ne sursauta même pas. Ce n'était pas comme s'il avait oublié qu'elle était là, il avait simplement décidé de l'ignorer.
- Cameron !
Son prénom de nouveau prononcé avec fermeté lui fit pousser un soupir mi agacé mi ennuyé et il se résigna à glisser les yeux vers la plate-forme holographique de son appartement.
- Serait-ce trop demander que tu te tiennes de façon correcte lorsque je m'adresse à toi !
Tu as l'air d'un phoque.
Fermes-la Light.
Il se redressa un peu pour se tenir en tailleur sur son lit et encore, un soupir lui échappa.
Elle revient à la charge..., s'amusa Light.
Sans blague...
- Et aurais-tu l'obligeance de cesser d'échanger avec ton partenaire !
Cette fois, il lui répondit.
- Comment savez-vous que je lui parle ! lança-t-il en direction de l'hologramme.
La forme immatérielle releva un sourcil inquisiteur et croisa les bras. Tous ses gestes demandaient « Tu te moques de moi ? »
Le jeune homme roula des yeux de concert avec un nouveau soupir, cette fois-ci de la part de son interlocutrice.
- Cette discussion ne sert à rien.
- Tout à fait d'accord, affirma Cameron en se levant.
Je dirai même plus !
- Silence ! Et arrête de rouler des yeux.
Cameron se plaça devant elle et croisa les bras. Il avait cru un instant que le sermon allait prendre fin et qu'il pourrait disposer, mais cela ne semblait pas encore être le cas et il commençait vraiment à perdre patience.
Le problème, c'est qu'elle aussi, partageait ce sentiment.
- Je suis ton supérieur Cameron, et en tant que tel, tu me dois respect et obéissance.
- Je vous respecte, et je vous obéis ! s'exaspéra le jeune homme.
- Vraiment ? Ce n'est pas l'impression que j'ai, aux dernières nouvelles, je ne t'ai jamais ordonné de faire cette virée en forêt !
Elle n'a pas tort.
Cameron grommela et se mit à faire les cents pas.
- Il y a des règles pour une bonne raison, Cameron. Te rends-tu compte des conséquences qu'aurait pu avoir tes actions !
- Oui oui, je sais. Il est inutile de me le rappeler encore une fois, vous me l'avez suffisamment répété la dernière fois !
- Et je le ferai autant de fois qu'il sera nécessaire ! De même que tu subiras les conséquences de toutes actions puériles que tu pourrais accomplir.
- Puériles !? Vous m'avez fait enfermer dans ma chambre et ça depuis une semaine ! Comme un enfant de douze ans ! vociféra Cameron
- A comportement enfantin, punition enfantine ! répliqua-t-elle sur le même ton
Bon bah moi, je vous laisse, je suis au-dessus de tout ça, déclara Light avec ennui.
Quoi ? Non, non reste avec moi ! Light.... ? Espèce de traitre !
Il souffla fortement par les narines, frustré de l'abandon de son partenaire et s'attira dans le même temps un énième regard furibond de son supérieur.
- Tu as des responsabilités Cameron, et un statut à respecter. Tu es une personnalité importante ici, il est de ton devoir de montrer l'exemple.
Le jeune homme eut un rictus désabusé.
- Ouais, je la sens bien mon importance, bouclé ici !
- Estimez-vous heureux que ce ne soit que cela Soldat ! Si votre importance était moindre, les conséquences auraient été bien au-delà qu'une simple mise à pied.
L'impériosité dans la voix de la jeune femme fit taire les reproches de Cameron, ses lèvres formèrent une ligne serrée et il détourna le regard.
Pendant plusieurs minutes un silence pesant flotta dans la pièce avant que l'hologramme, ne se décide à continuer. Son ton était plus calme à présent et l'humeur de Cameron s'en trouva apaisée.
- Écoute Cameron, si je ne te considérais pas comme quelqu'un d'important je ne t'aurais pas confié l'entraînement des nouvelles recrues. Et c'est également parce que tu es important que je suis si déçue de ton comportement. Avec l'importance, viennent le devoir et la responsabilité et ce que tu as fait dernièrement ne correspond pas à ce que l'on attend de toi.
- Je n'ai jamais demandé à avoir cette importance, murmura-t-il dans un souffle.
- Tu l'as cependant, répondit-elle.
Cameron avait cessé de tourner en rond maintenant, il s'était à nouveau assis sur son lit, impuissant face aux vérités de son interlocutrice.
Certes, il avait peut-être commis une erreur, mais en rien, il n'avait désobéi aux ordres. C'était vrai après tout, personne ne lui avait spécifiquement dit de ne pas sortir ! se persuada-t-il.
Oui, car cela coulait de source, en réalité, commenta Light
Tiens, tu es de retour !
Pas pour longtemps, je t'assure.
Peu importe, je n'ai pas le souvenir que tu te sois déjà opposé à nos excursions, répliqua Cameron.
Bien sûr que non, mais cela ne veut pas dire que je ne sais pas que c'est une mauvaise idée.
Merci de ta sollicitude...
- Je ne vois pas quel est le mal à vouloir être chez moi ! souffla-t-il
- Ça l'est quand celui-ci est envahi d'ennemis. C'est ici notre chez-nous, et en pensant de façon aussi égoïste, tu le mets en danger ! Je sais ce que tu ressens et crois-moi, un jour nous rentrerons.
L'hologramme croisa les bras.
- Mais en attendant, tu es le premier d'un projet bien plus grand que toi ou moi et afin que celui-ci aboutisse, tu dois te tenir tranquille. Est-ce que vous comprenez Soldat ?...Est-ce que tu comprends Cameron ?
- ...Oui.
- Bien, dans ce cas, dis-moi par où as-tu quitté la Citadelle !?
Ma parole, elle ne lâche vraiment pas l'affaire ! s'exclama Light
Cameron garda le silence, refusant d'indiquer l'endroit où se trouvait le passage qui le menait à sa seule liberté.
Car s'il avait bien compris une chose, c'est qu'il ne cesserait en rien son activité illicite, il avait juste besoin d'être plus prudent la prochaine fois.
- Je vois..., soupira son supérieur. Je devrais être rassurée, d'un côté ça prouve bien que si tu venais à être capturé, tu ne nous trahirais pas si facilement sous la torture. Peut-être qu'une autre semaine de privation te déliera la langue. En attendant, je réduis au minimum tes déplacements. Ta chambre, le mess, le Cube et le terrain d'entraînement, sont les seuls endroits où tu es autorisé à te rendre.
- Est-ce que je peux au moins aller voir Light ? plaida-t-il. Ça va faire une semaine.
Oh oui, je me sens si seul ! fit Light faussement désolé.
Cameron retint un rire et se concentra pour garder une expression la plus neutre possible.
La jeune femme envisagea sa demande plusieurs minutes, le regard en coin avant de répondre.
- Bien, j'accepte...
Le visage de Cameron s'éclaira
- Mais à une condition. Tu ne t'y rendras pas seul, à dire vrai j'étends la présence d'un Gardien à tes côtés pour tous tes déplacements jusqu'à nouvel ordre et bien évidemment, ne pense pas que tu sauras à l'avance de qui il s'agit. Je n'aimerais vraiment pas te gâcher la surprise !
Un sourire narquois étira les lèvres de la jeune trentenaire tandis que celui de Cameron s'estompait et sur ce, l'hologramme se dissipa dans l'espace laissant le jeune homme pantois.
- Elle n'est pas croyable ! murmura l'Évolué.
Comme elle l'avait promis, la jeune femme envoya bel et bien quelqu'un le chercher et quand le voyant sur son mur droit s'alluma, indiquant la présence d'une personne sur le pas de sa porte, le jeune homme alla ouvrir.
A tout de suite, se ravit la voix de Light avant de s'éteindre.
Cameron attendit que sa porte coulisse et un grand sourire lui fendit le visage en voyant son accompagnateur.
- Sérieusement, c'est vous que l'on a envoyé !
- Heureux de voir que ma présence te réjouisse de la sorte, mon petit.
Cameron avait toujours entretenu avec Aloïs une relation particulière. Elle avait été paternelle lorsqu'il était enfant, puis amicale, et bien que son entrée dans l'âge adulte l'ait un peu éloigné du vieil homme, il y avait toujours entre eux cette complicité d'antan. Aussi, Aloïs n'hésitait jamais à lui prodiguer conseils et sermons à part égale et Cameron n'hésitait jamais à venir le consulter lorsqu'il n'avait pas le morale, il avait depuis tout petit, trouvé en lui une figure protectrice.
Se remémorant cela, le sourire du jeune homme s'estompa et il considéra une seconde fois son interlocuteur. Madame, avait-elle envoyé le vieil homme pour lui tirer les vers du nez ? Ou alors...
- Pourquoi c'est-vous qu'on a envoyé pour m'accompagner ?
- Iris a ses raisons, et elle seule les connait, lui répondit-il un sourire cryptique aux lèvres.
Cameron croisa les bras insatisfait de la réponse.
- Tu es devenu suspicieux avec l'âge Cameron, j'en suis déçu. Qu'as-tu à craindre de moi !? lui demanda posément Aloïs.
Si posément, que le jeune homme regretta sa suspicion à l'égard de son vieil ami.
- Rien je suppose...
Aloïs sourit.
- Bien, alors en avant, je ne suis plus tout jeune et à mon âge chaque minute compte ! fit-il en faisant sauter son parapluie d'une de ses mains à l'autre.
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