Pour ma Promesse (II)

Ils prirent refuge dans le hall d'un immeuble terriblement semblable au leur.

Ils étaient pantelants, et si l'acouphène disparaissait petit à petit accordant à Lucas un semblant de répit pour ses oreilles, l'adrénaline elle continuait de faire pomper violemment son cœur.

Au dehors, une salve de flèches de sommeil s'était abattue, baignant les rues de panaches blanches qui vous plongeait dans une léthargie sans rêve, vous laissant à la merci des Paladins.

D'une voix rendue rauque par le phénomène d'étranglement, il appela les deux femmes avant de les attirer dans ses bras.

Un moment de faiblesse, laisse-moi juste ce moment de faiblesse papa, s'il te plaît, supplia Lucas.

Il savait qu'il devait être fort, pour lui, pour elles. Mais l'heure qui venait de s'écouler avait mis ses nerfs à vif. Il avait besoin de sentir la chaleur de sa mère et de sa sœur, besoin l'espace d'un instant de redevenir ce petit garçon qu'il avait mis de côté lorsqu'il avait sept ans.

Autour d'elles, ses bras tremblaient aussi inspira-t-il profondément l'odeur ambrée, légèrement poudrée de sa mère et celle plus citronnée de sa sœur afin de reprendre un tant soit peu de contenance.

- Il faut qu'on rentre chez nous ! déclara-t-il avec ce visage sérieux qu'il avait appris à enfilé des années auparavant.

- Pas là-dedans, répliqua Valérie en secouant la tête. Une inspiration et vous sombrez.

Son BI sonna, coupant Sarah qui s'apprêtait à parler.

Le visage de Solange apparut alors, déformé par l'inquiétude.

- Valérie, Par le Roi vous êtes vivant ! Est-ce que Julie est avec vous ?!

- Non Solange, elle n'est pas là...

- Nous avons été séparées au début des tirs...Et mon hôpital est submergé de blessés...

Lucas blêmit, cette femme qu'il savait si forte était au bord des larmes.

- Solange, j'arrive ! déclara fermement sa mère ce à quoi le jeune homme se tourna vers elle.

- Je te demande pardon ?!

- Tu m'as très bien entendu mon chéri. Solange a besoin d'aide et Julie est surement sur la route en direction de chez elle, c'est une fille intelligente, si nos rôles avaient été inversés, Solange n'hésiterait pas, je ferai de même.

- Tu oublies quelques chose, Julie et Solange sont pupilles de l'Etat, toi tu m'as moi. Et c'est hors de question que je te laisse faire ça ! indiqua-t-il plus froidement qu'il ne le voulait.

- Et bien dans ce cas, on y va ensemble et c'est réglé !

- Sarah, la ferme !

- Hé !

- Lucas, assez !

Sa mère se saisit de son visage et plongea son regard dans le sien.

- Tout se passera bien ! martela-t-elle dans un souffle avant de poser son front contre le sien et de frotter leur nez ensemble.

Ce geste, si familier, si tranchant avec la situation manqua de lui tirer des larmes. Il se mordit la lèvre.

- Tu n'en sais rien. Tu n'en sais rien et je refuse...je ne veux plus jamais avoir à faire une identification. Je ne veux pas vous perdre ! Pourquoi est-ce que c'est si difficile pour vous deux de le comprendre !

- Mon grand garçon, murmura Valérie en serrant son fils contre elle.

Il soupira, pourquoi fallait-il qu'ils soient tous aussi bornés dans cette famille.

- Je suppose que je ne te ferai pas changer d'avis...

D'un geste tendre, sa mère dégagea une mèche qui tombait devant ses yeux verts et lui adressa un sourire contrit.

- C'est bien ce que je pensais, grommela-t-il. Bon Solange, on se met en route. Je suis sûr que Julie n'est pas loin de chez vous, on vous la ramènera promis.

Madame Dubois acquiesça et Valérie coupa la connexion.

- Reste à savoir, comment on va faire pour sortir, murmura le jeune homme en scrutant la rue dans laquelle dansait encore et toujours la fumée blanche.

- J'ai peut-être une solution pour ça.

Lucas se tourna vers sa sœur, elle avait sur les lèvres ce sourire audacieux qu'elle abordait bien trop souvent du goût de son frère.

Il grimaça.

- Ah oui ? Et qu'est-ce que tu as en tête ?

***

C'était sacrément haut, sacrément loin et il était sûr qu'une chute ferait plus que sacrément mal. Elle serait mortelle.

Il se tourna vers sa sœur, médusé.

- Sarah, tu n'es pas sérieuse !?

Elle savait pourtant qu'il avait peur du vide.

- Désolé Lulu, mais c'est la seule alternative que j'ai trouvée.

- Les toits Sarah, les toits ! Tu appelles ça une alternative ?

Elle avait totalement perdu l'esprit, la grenade devait avoir fait plus de dégâts qu'il n'avait cru. Ce qu'elle proposait là, était pour lui inconcevable.

Rejoindre le quartier de Julie par les toits ! Alors certes oui, ils éviteraient ainsi les risques encourus à terre, mais qu'en était-il de tout ce qu'il pouvait leur arriver là-haut ! Glisser et tomber, rater son saut et tomber !

- Je sais que tu peux le faire Lucas. Tu es le garçon le plus fort que je connaisse ! renchérit sa sœur.

- Bien sûr que je peux ! fit-il à la fois vexé de s'être dévoilé si vulnérable et flatté du compliment de sa benjamine. Mais et toi alors ? Entends moi bien, je ne suis vraiment pas chaud pour que maman et moi fassions un truc comme ça, mais toi et c'est tout sauf une pique cette fois, tu es plus petite que nous Sarah. Tu n'atteindras jamais l'autre côté !

- Tu n'y croyais pas non plus la première fois que j'ai enfourché MAX et pourtant on court ensemble maintenant. J'y arriverai, trancha-t-elle. Ce n'est pas si loin !

Il ne dit rien, se contentant de se mordre la lèvre en réfléchissant. N'y avait-il pas d'autre alternative ?

- Lucas, il faut qu'on se dépêche !

Elle avait raison. Il devait être fort, il avait promis.

Il embrassa son front.

- Ok, on bouge. Maman et moi on passe devant, tu fais exactement ce que je dis, compris !?

- Oui chef !

Prenant plusieurs grandes inspirations pour évacuer la pression, Lucas fixa son regard vers le toit opposé. Ça allait le faire, ça devait le faire.

Il jeta un coup d'œil à sa mère, en glissa un autre à sa sœur qui attendait patiemment qu'ils sautent et il se décida.

La course lui parut courte, mais il se jeta le plus loin possible, agitant les bras pour tenter inconsciemment de s'agripper à quelque chose. Il se voyait finit mais à son plus grand soulagement, il heurta le béton de l'autre toit dans une roulade quelque peu maladroite.

Hébété par ce qu'il venait de faire, il se tourna vers sa mère parvenue elle aussi de l'autre côté et cela avec bien plus de classe que lui, ce qui avait légèrement froissé son ego.

La fierté qu'il avait pour elle, chassa pourtant bien vite son ressenti.

- Tu sais quoi maman, ce que je viens de voir à achever de me convaincre, entre toi et Zoé Millotov, il n'y a jamais eu aucune comparaison ! Papa aurait été fou de pas te choisir !

Valérie lui adressa un immense sourire.

- Ok Sarah, à toi maintenant !

Il ne fallut que quelques secondes à Lucas pour voir sa sœur surgir du toit surélevé qu'il avait quitté peu avant, battant elle aussi des bras et quelques secondes encore pour avoir une nouvelle poussée d'adrénaline alors que celle-ci tombait comme une pierre manquant de quelques centimètres le rebord.

-NON ! hurla-t-il encore au moment où sa mère hurlait le nom de sa fille.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top