Plus tu aimes, plus tu sombres (II)
— Pardon, pardon, pardon !
Louise était lovée contre elle depuis maintenant une vingtaine de minutes, mais cet instant de tendresse lui semblait être une excuse bien dérisoire par rapport à l'erreur qu'elle avait commise en laissant sa cadette avec Adélaïde.
Cela n'avait pas été son intention, jamais. Elle savait la peur qu'inspirait leur tante à la petite, mais d'après ses dires, lorsqu'Elisa avait quitté l'appartement en trompe avec Jimmy, Louise avait tenté de suivre avant de se faire arrêter par Adélaïde.
Elisa avait plaisanté, n'était-ce pas là un miracle ! Leur horrible tante en dehors du lit !
La blague n'avait pas eu l'effet escompté et Louise avait fondu en larmes, expliquant à sa grande sœur la peur qu'elle avait eue alors qu'Adélaïde lui serrait le poignet en hurlant qu'ils ne l'abandonneraient pas comme ça.
Peur qui s'était intensifiée quand, Louise, tout à son sentiment avait poussé leur marâtre avec force, qui s'était étalée de tout son long sur le parquet pourri qui avait craqué dans un bruit sonore, avant de fuir sous les hurlements, ô combien habituels qui avaient toujours bercé son enfance.
Elisa écarta doucement sa petite sœur de ses bras et lui adressa ce qu'elle espérait être un sourire rassurant.
— Regarde, tout va bien, tu es en sécurité ici maintenant.
Essuyant le reste de ses larmes, Louise hocha la tête.
— Merci, Julie. Vraiment.
— De rien Elisa, et tu sais je n'ai pas eu à aller bien loin, Louise était presque arrivée quand je l'ai trouvé.
— Comment va Jimmy, demanda la petite en rejoignant la table de laquelle son frère n'avait pas bougé. C'est de ma faute, ajouta-t-elle en voyant sa jambe.
— Comment ça, c'est de ta faute ?
Penaude, Louise se tourna vers sa sœur.
— Ne te fâche pas...
— Eh bien, ça commence mal, vu la façon dont tu m'amènes ça...
Les yeux de la petite se remplir une nouvelle fois de larmes, menaçant de dévaler ses petites joues caramels qu'elles partageaient toute deux.
— Je voulais juste aller aux toilettes...
— Et tu as laissé Jimmy tout seul !
Elisa crispa la mâchoire. Par le Roi ! Louise savait mieux que quiconque comme Jimmy était fragile ! Que lui était-il passé par la tête !
— Ce n'était pas si loin, j'avais très envie et je lui avais dit de rester à sa place ! se défendit sa sœur.
La jeune femme roula des yeux en claquant sa langue contre son palais.
— Il y a des règles Louise ! Tu le sais, tu es censée t'y tenir !
— Hé, doucement Elisa, ce n'était pas bien grave, Louise ne l'a pas fait exprès, glissa doucement Julie en posant une main rassurante sur l'épaule de la petite.
— Pas grave ! explosa la Maraudeuse dont les joues virèrent au rouge.
Elle pointa Jimmy du doigt.
— Regarde mon petit frère ! C'est grave !
— ASSEZ !
La voix de Solange résonna avec force dans la petite salle plongée dans la semi-obscurité.
— Encore un mot, et je te sors de cette pièce par la peau des fesses !
Elisa la fusilla du regard.
— Oh je t'en prie ! fit la médecin. Ne me lance pas ce regard, je suis une mère, nous, avons inventé ce regard !
Inspirant profondément, la jeune femme ferma les yeux pour ne les rouvrir qu'à la voix de Jimmy qui s'éleva faiblement dans la pièce.
— Te fâches pas après Louise, c'est ma faute, le petit garçon se mordit la lèvre. Je voulais juste faire comme les autres...
Une boule se forma dans la gorge d'Elisa. Elle glissa une de ses mains dans l'une de son petit frère et caressa sa joue de l'autre.
— Oh, bébé...
Elle manquait de mots. Elle comprenait l'envie de son petit frère, à son âge quoi de plus normal que de jouer, sauter, courir ! Elle comprenait aussi le besoin de Louise d'avoir de la liberté ; Comment lui en vouloir...
Elle se mit à caresser les cheveux blonds du petit garçon. Ils étaient doux sous ses doigts, elle avait toujours aimé y glisser sa main. Le geste l'apaisait, rendant ses idées plus claires.
Il y avait bien un moyen pour elle d'arranger les choses, de contenter Jimmy et Louise, pas sans sacrifice de sa part bien sûr, mais après tout, Elisa n'était plus à ça près. Seuls eux comptaient.
Plus tu aimes, plus tu sombres.
— Je vais y aller.
Ce qu'elle pensait être un murmure dû être bien bruyant, car quatre paires d'yeux se tournèrent vers elle.
Elle adressa un sourire tendre aux petits, se leva et prit la direction de la porte.
Julie et Louise dont les yeux s'étaient grands ouvert se précipitèrent à sa suite.
— Où vas-tu aller ?
— Gagner de l'argent, suffisamment pour payer trois fois de suite le traitement pour Jimmy.
— Dans le No Man's Land ? Quel genre de mission paye autant que ça ? S'inquiéta la blonde.
Dangereux, le genre dangereux, très dangereux, pensa immédiatement la Quatre.
Les deux amies échangèrent un regard entendu.
— Ne me laisse pas ! s'écria Louise paniquée en agrippant l'avant-bras de sa sœur.
— Hé...
Elisa prit le visage de sa cadette entre ses mains.
— Ça va aller, je vais revenir.
— Quand !
— Bientôt, promis.
— Je peux pas m'occuper de Jimmy toute seule, j'ai besoin de toi, et Adélaïde, je veux pas y retourner !
— Je me chargerai de votre tante, appris Solange depuis la table d'examen où Jimmy s'était rendormi.
Le jeune femme remercia la mère de Julie d'un mouvement de tête et se tourna une nouvelle fois vers sa sœur.
— Tu vas y arriver, tu es forte ! J'ai confiance en toi, assura-t-elle après avoir longuement plongé ses yeux dans les siens.
Louise déglutit et enserra son ainé dans une puissante étreinte.
— Je t'aime, lui glissa Elisa à l'oreille.
Elle se détacha da sa petite sœur et sortit.
Une pluie drue battait le sol dehors, si bien que la jeune femme se retrouva trempée en quelques pas, la glaçant sur place et la rendant presque aveugle, tant elle ne pouvait voir.
Mais ce n'était pas grave.
Eux seuls comptaient.
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