Les Cavaliers (III)
Sarah ne savait plus. Son père lui avait toujours dit que le monde était loin d'être manichéen mais à ce point ! Elle s'était naïvement caché derrière cette vérité qu'elle pensait absolue et immuable, c'était rassurant et voilà qu'elle la perdait !
La pilote eu un étourdissement. Le sol sous ses pieds déjà glissant devint encore moins tangible et elle bascula.
Deux bras fort, l'empêchèrent cependant de le rencontrer et elle releva les yeux pour croiser deux pupilles marron.
- Dylan, bredouilla-t-elle.
- Ça va ?
La jeune femme dévisagea Sarah avec inquiétude. C'était une Un, la seule pilote du Un d'ailleurs. L'une des premières à être venue concurrencer ces messieurs sur la piste et la rousse avait fait d'elle un exemple à suivre derrière son père.
Dylan ne parlait jamais, appartenir au Un l'avait quelque peu isolée des autres pilotes.
Sarah pour ainsi dire, n'avait jamais osé l'approcher.
L'adolescente hocha quelque peu mollement la tête et la jeune femme l'aida à se stabiliser.
- Bah quoi, fit Cheryl. Tu pensais qu'on allait tous se prendre par la main et chantonner gaiement.
Clairement non, jamais Sarah ne se serait permit d'imaginer une tel chose...Ou peut-être que si, dans une partie caché de son esprit. Après tout, étais-ce si égoïste de ne pas vouloir mourir ? D'espérer ?
- Ok, ça suffit, déclara Dylan au moment où une voix masculine coupante comme l'acier s'écriait :
- Fils !
Aussitôt Delaneau junior s'était crispé.
Son père avec qui le jeune homme partageait toutes ses caractéristiques physique jusque dans la manière de marcher, sembla glisser jusqu'à eux, son long manteau au col de fourrure rehaussant un peu plus son austère figure.
Une main de fer se posa sur l'épaule du pilote du Deux.
- Père...
Son adversaire détourna le regard, incapable de soutenir celui de son géniteur qui promena le sien sur le petit comité avant de l'arrêter sur Sarah.
- Mademoiselle Chase ! s'exclama l'homme. Comme je suis ravi de vous voir !
La rousse en aurait presque roulé des yeux. Elle se doutait bien qu'il n'était pas ravi de la voir.
Anton Delaneau avait partagé l'arène avec son père Aaron et tous deux avaient échangé nombre de coups, les vidéos qu'elle avait vu faisaient état de tout entre les deux hommes, sauf d'une profonde amitié.
Aussi la mièvrerie dont il faisait preuve à son égard, l'irritait au plus haut point.
Le plaisir est loin d'être partagé, voulu-t-elle répliquer, mais il l'interrompit avant même qu'elle puisse ouvrir la bouche.
- Il semblerait bien que finalement, vous suiviez bel et bien le même chemin que votre père...
Sarah se figea alors qu'un sourire détestable étirait les lèvres d'Anton Delaneau.
Est-ce que ce type venait juste de se moquer ? La pilote le pensait bien et il s'en fallu d'un cheveu qu'elle se jette sur lui.
Elle était loin d'être naïve, elle avait bien vu malgré les efforts de son frère pour les dissimuler, les titres peu flatteurs des journaux qui annonçaient déjà sa disparition, mais à ses yeux, les implications de cet homme étaient pires. Elle y voyait une remise en question de ses capacités, des capacités de son père et ça, Sarah ne le supportait pas !
Elle avait toujours été fière, trop fière aux yeux d'Alexandre, mais qu'importe.
Sa peur avait fondue, remplacée par une colère brûlante et seul le retentissant signal des trente minutes avant le début de la course le sauva du point de vue de la benjamine des Chase.
Oui, c'est ça ! Dégagez, avant que je me lance dans des travaux de reconstitution facial sur votre visage, pensa-t-elle avec hargne alors qu'il tournait les talons, emmenant son fils avec lui.
- Eh bien, on dirait bien que tu te sens mieux, lui lança Dylan avec un air goguenard.
Sarah grommela.
- C'est bien, continua sa concurrente. Mine de rien, Anton t'a peut-être donné exactement ce dont tu avais besoin pour cette course. Sert-en pour survivre là-dedans.
- Est-ce que tu vas tenter de...Tu sais...
La rousse gigota mal-à-l'aise.
- Non, la seule chose que je vais me concentrer de faire, c'est survivre et si Leo et Cheryl ont un minimum de bon sens, ils feront exactement pareil. Ne te fais plus leurrer par des statuts, Deux, Trois ou Quatre...
Elle haussa les épaules.
- Ici on est tous des Cavaliers.
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