Le Royaume de Rose (II)
Après quelques minutes d'indécisions, Sarah se décida enfin. Les lèvres serrées, elle se dirigea vers l'ascenseur le plus proche.
L'un d'entre eux partait déjà. la cabine sphérique s'éleva sur les rails en hauteur à une vitesse de pointe des plus hallucinantes tandis qu'une autre prenait sa place, libérant un groupe d'usagers sur la plate-forme de lancement.
La jeune fille passa son B.I dans l'orifice de la machine et regarda ses couronnes diminuer dans un bip en même temps que s'ouvrait la porte. Elle s'engouffra à l'intérieur et s'assit sur l'une des banquettes rouges et moelleuses. Personne d'autre ne se fraya de chemin à l'intérieur, aussi après deux minutes d'attente l'ascenseur s'éleva, mais Sarah n'eut pas le temps d'observer le paysage que lui promettait la transparence de la machine que déjà, celle-ci s'abaissait sur la plate-forme d'arrivée. Il était alors sept heures trente, elle n'avait mis que cinq minutes à parcourir les deux secteurs restants la séparant de son lycée.
Elle se permit quelques secondes de réjouissance, bien qu'il lui faudrait tout faire pour gagner la prochaine course.
D'un pas rapide, elle se mut entre les hommes et les femmes du secteur Un, tous vêtus impeccablement, mais quoi de plus normal pour le gratin de la zone Ouest.
Une fois de plus, elle s'émerveilla de la différence entre son secteur et le leur. Dans le Un, le soleil lui paraissait plus chaud, le ciel plus bleu, les rues plus propres... mais malgré tout cela, les gens, eux, lui paraissaient bien ternes et austères. Elle aurait pu se plaire dans le Un si les gens n'étaient pas ainsi, les seules personnes qui trouvaient grâce à ses yeux dans le secteur frontalier de la Grande Bibliothèque et de la capitale, étaient la famille Leroy dont la fille, Callie de son vrai nom, Calliope était une très bonne amie à elle.
Sarah n'était alors plus très loin de sa destination quand une stridente alarme se mit à rugir, l'annonce qui suivit la figea sur place :
- Votre attention s'il vous plaît, le secteur Un vient de passer en alerte Alpha. Pour votre sécurité et celle de nos Paladins, nous vous prions de rejoindre rapidement les habitations à proximité de votre position et de ne pas en sortir le temps de l'alerte, je répète. Le Secteur Un...
Sarah n'eut pas le temps de faire trois pas que les rues étaient déjà vides et silencieuses. seule la voix féminine délivrant l'annonce flottait dans le ciel.
La jeune fille jeta autour d'elle un regard impuissant. Tout était désormais clos, rideaux baissés et portes barricadées de sorte que personne ne la laisserait entrer même si elle le demandait. C'était chacun pour soi en cas d'alerte et cette maxime était d'autant plus en vigueur lorsqu'il s'agissait d'une alerte Alpha. S'il avait s'agi d'une alerte Bêta ou Éruption les choses auraient tourné différemment, mais là, il y avait un Évolué de rang Alpha dans le secteur et la peur que ceux-ci inspiraient limitait tout comportement altruiste.
Les rues pavées résonnèrent alors des pas d'un groupe de Paladins, une vingtaine d'hommes en blanc se dirigeaient dans sa direction. Épaule contre épaule, fusils ou pistolets à ondes ou bâtons électriques aux poings. Certains, têtes nues et d'autres le visage a demi-dissimulé derrière leurs casques à visières.
- Hey, petite, qu'est-ce que tu fous là ? Tu n'as pas entendu l'annonce ou quoi ? la héla l'un d'entre eux.
Alors que Sarah cherchait quoi lui répondre, le groupe d'hommes s'arrêta et celui qui l'avait apostrophé se détacha d'eux pour la détailler de haut en bas avec suspicion. Elle se raidit automatiquement, peut-être pensait-il avoir affaire à l'Évolué.
Le Paladin abaissa son casque devant ses yeux et un bip au niveau de son poignet apprit à Sarah que celui-ci était en train de la chercher sur la base de données du royaume. Elle pouvait en être sûre, dès lors, sa taille, son poids, son âge, son adresse, le secteur dans lequel elle vivait, son statut et toutes les informations la concernant, allant des plus banales au programme qu'elle avait regardé hier soir, s'affichaient déjà sur la visière du Paladin.
Elle supporta l'examen sans broncher, en serrant les dents, puis quand il eut fini, il releva son casque et la toisa hautainement.
Un autre depuis le groupe l'interpella.
- C'est pas elle, ramène tes fesses ici, on n'a pas de temps à perdre.
L'homme au casque jeta un dernier regard à Sarah.
- Bouge de là, dit-il en se détournant.
Lèvres pincées, elle salua le groupe de Paladins, comme il était d'usage, et détala rapidement.
Bouges de là, avait-il dit, mais pour aller où ? gambergea-t-elle.
À défaut, elle pénétra dans l'une des anciennes usines de fabrication de bracelets d'identifications du secteur. Les autres ayant été déplacées dans le secteur Quatre pour laisser leurs places à de plus grandes usines de courses.
Tâtonnant dans l'obscurité, elle pénétra à l'intérieur du terminal de contrôle et alluma la lumière. Moins oppressée, elle s'assit contre un ancien tableau de contrôle et ordonna à son bracelet d'appeler Alexandre, le pauvre devait s'inquiéter et l'attendre.
Quand l'hologramme miniature de son ami apparut au-dessus de son poignet, Sarah poussa un profond soupir.
- Alex !
- Sarah, où es-tu ? questionna fiévreusement le garçon
- Dans l'usine au coin de la rue avant le lycée.
Il passa une main dans ses cheveux bruns, ses yeux bleus la fixant avec intensité.
- Bon, au moins tu es à l'abri, j'étais vraiment inquiet, ajouta-t-il avec humeur.
- Désolée...
Elle lui raconta ses aventures avec le bus puis avec le groupe de Paladins et Alexandre s'adoucit :
- Ne me refais plus jamais une peur pareille.
- J'essaierais, promit-elle avec un sourire.
Il hocha la tête.
- Bon, le plus important, c'est que tu restes où tu es. L'alerte n'a pas encore été levée. Je suis sûr que la direction comprendra, j'irai les voir pour leur expliquer pourquoi tu n'es pas là.
- Crois-moi, avec un Alpha dans les parages, je n'ai vraiment pas l'intention de bouger.
- Il n'est peut-être pas dangereux, ou mauvais.
- Mais ça reste un Alpha, alors je...
Sarah se tût immédiatement et tourna vivement la tête vers la porte du terminal.
- Qu'est-ce que c'était que ça ? demanda-t-elle son cœur accélérant brusquement.
Un bruit sourd avait rebondi partout dans l'usine, un bruit sourd, suivi d'un gémissement déchirant.
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