Le Pouvoir des Mots (II)
Curieuse, la jeune femme se concentra afin de pouvoir capter ce qu'ils disaient :
- Ça n'aurait jamais dû se passer comme ça !
- Je sais, je sais bien.
- Le soulèvement, Georges et de Quach ! Par le Roi, Mathilde !
- Xavier, tu dois te calmer, respire mon amour.
- Non !
La brune s'était redressée maintenant, peu habituée à entendre son père faire preuve de si peu de retenu.
Elle l'entendit faire les cent pas dans le couloir.
- J'ai peur Mathilde ! Pour toi, pour Callie et plus les années passent, plus je me dis que cette promesse que nous avons à tenir est impossible !
- Je trouve que jusqu'à maintenant nous nous en sommes bien sortie !
- Oh, je t'en prie, on ne peut pas dire que ce soit grâce à nous la dernière fois. Elle s'est montrée impétueuse, irréfléchi !
Mathilde gloussa.
- Eh bien, tu connais le dicton...
- Ce n'est pas drôle. Peut-être devrions-nous partir maintenant. Le moment est peut-être venu.
- Non, le moment serait des plus mal venu ! La peur te fait dire des bêtises. Que crois-tu qu'il arriverait si nous partions maintenant ! On nous donnerait la chasse, immédiatement ! Et les autres alors !
- Je ne te parle pas d'abandonner les autres, je te parle de nous mettre en sécurité, tous ! Tu m'as toujours dit que c'était là-bas ta maison, pourquoi refuses-tu d'y retourner !
- Non, Xavier. Ma maison, c'est là où toi et Callie vous vous trouvez et c'est ici !
- Au milieu des loups ?!
- Entre toi et moi !
Cette fois-ci, ce fut sa mère qui fit les cent pas, en témoignait l'allure, plus souple et fluide et pourtant fébrile !
- Mathilde, Mathilde regarde-moi ! Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu n'es pas fatiguée, que tu ne peine pas de plus en plus, d'année en année !
- Je vais bien, Xavier !
- Mensonge ! Je suis au courant pour tes visites chez Solange !
Désormais, Callie était assise dans le lit. Perdue et ne comprenant rien à la discussion entre ses deux parents dont il était évident qu'il lui manquait des informations. Sa mère était malade ? Et depuis quand ? Pourquoi ? Et partir où ? Et encore une fois, pourquoi ? De quelle maison parlaient-ils ?
Sa tête déjà lourde sembla s'alourdir davantage sous le poids des questions sans réponses.
Elle tendit de nouveau l'oreille.
Son père laissa échapper un rire sans joie.
- Je ne sais pas pourquoi je m'obstine, ça ne sert à rien. Mais je dois t'avouer que c'est assez amusant, la façon dont tu me dis non. C'est oui, que tu aurais dit à Aaron, tu lui disais toujours oui, tu le suivais toujours aveuglément.
Le bruit de la gifle fit bondir Calliope qui posa rapidement ses mains sur sa bouche pour étouffer tout cri.
Jamais ce genre de chose n'était encore arrivé entre ses parents. Aussi, ce brusque changement, lui faisait l'effet d'une douche froide.
Un long silence s'en suivit, brisé par son père quelques minutes plus tard.
- Pardonne-moi, je n'aurais pas dû. Pardon. Je sais à quel point, tu tenais à lui.
- Oui, tu n'aurais pas dû en effet ! Xavier, je t'aime ! Mais...
- Oui, je sais. Viens là.
Le bruit d'une étreinte et d'un baiser calmèrent légèrement Calliope encore troublée.
- Donc, nous attendons, reprit la voix de son père, le ton défait.
- Oui, pour l'instant. Trop de chose se passe pour l'instant. On ne peut pas partir.
- Alors ce n'est peut-être pas le bon moment pour te dire qu'ils veulent étudier MAX.
- Quoi !!
- Une délégation est arrivée tard dans la nuit. Ils ne comprennent pas comment MAX as-pu se rendre hors de l'arène. Ils cherchent des réponses.
- Sarah ?
- Elle n'est pas inquiétée, j'y ai veillé. Mais ils comptent récupérer MAX après la course.
- Ils ne doivent pas mettre la main dessus.
- Je sais ! Je compte tirer quelques ficelles et placer Matthieu sur le projet de recherche. Il est suffisamment intelligent pour ne pas divulguer d'informations considérées comme...compromettantes. Il ne mettrait pas ses amis en danger.
- Ne vas pas croire, qu'il n'aura pas de question.
- Je sais Mathilde, mais je n'ai rien d'autre à te proposer.
- Non, rassure-toi, tu as bien fait... « Peu contents du passé et du présent, nous portons nos regards sur l'avenir, dans l'espoir de le trouver plus heureux pour nous. » Il disait toujours ça... Faisons comme ça.
- Tu sembles avoir une idée derrière la tête.
- En effet.
- Tu veux élaborer ?
- Et te priver de cette aura de mystère que tu aimes tant !? Bien sûr que non !
Xavier éclata de rire.
- Chut, tu vas réveiller ta fille, rabroua Mathilde.
Un soubresaut la secoua. Peu désireuse de se faire surprendre en plein espionnage, la jeune fille s'empressa de s'enfouir de nouveau sous les couvertures au moment où la porte s'ouvrait.
- Comment va-t-elle ?
- Elle est fatiguée...
- Quoi de plus normal.
- Laisse-la dormir Xavier. Le sommeil, c'est encore l'endroit où elle est le plus en sécurité.
Dormir ?
Les lèvres de Calliope se pincèrent. Elle doutait très sincèrement être capable de retrouver le sommeil à présent. Pas alors que de multiples questions tournaient dans son esprit.
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