Le Meilleur Camp (IV)

Par delà les feuilles épaisses lui bloquant la vue depuis son tabouret de bois se trouvait la cabane d'Honoré avec à l'intérieur la besace et l'objet. Son ticket de sortie en somme et Elisa avait les yeux rivés dessus alors qu'Aimé s'attaquait à sa chevelure depuis dix bonnes minutes.

Il fallait qu'elle en finisse et vite ! La durée d'attente minimum donnée par l'escouade de Griffe allait expirer d'ici deux jours et la visite surprise des rebelles la dernière fois jouait encore douloureusement sur son estomac. Elle avait eu chaud, terriblement chaud. La bande d'insurgés vêtus de noir ne s'était pas attardée sur la place, Honoré les avait accueillit à bras ouverts très littéralement et les avait conduits à sa cahute dans les minutes suivant leur apparition sur la place. Et bien que la sensation étrange chahutait encore Elisa, aucun d'entre eux ne lui avait plus adressé un regard, elle par contre ne s'était pas gênée loin de là et ses yeux verts les avait suivit jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans les hauteurs à l'abri des curieux. 

Tiraillée entre curiosité et inquiétude, elle avait harcelé Zeff des questions habituelles : Qu'est-ce que des rebelles faisaient ici ? Pourquoi et comment ? Mais le garçon à la queue de rat s'était contenté de tirer le nez en lui disant que "s'était pas son affaire, bordel !" Agrémentée pour la forme d'un cri strident de ses lynx. La Quatre lui aurait refait le portrait si Margot n'avait pas joué sa carte de la baby-sitter. Aussi, la jeune Anonyme l'avait ramené ainsi qu'Arthur et Perceval au champ non sans leur demander des comptes quant à la raison de leur absence sur les terres cultivables. C'est finalement, la chasseuse qui avait craquer sous les assaults d'Elisa et quand elle avait lâché d'un ton las qu'eux et les Rebelles faisaient du troc, le coeur de la Maraudeuse avait raté un battement.

Un peu plus et elle en aurait même lâché un hurlement ! Il ne manquerait plus qu'elle se fasse coiffer aux poteaux maintenant !

C'était peut-être un brin paranoiäque, mais plus les jours s'écoulaient et plus la peur de perdre l'objet au profit de quelqu'un d'autre lui montait à la tête; aussi elle avait expédié vite fait bien fait son travail de la journée, laissant les deux anciens Paladins dans la poussière avant de filer se mettre en couverture près de la cabane du chef des Anonymes, guettant anxieusement les mouvements derrières les fenêtres.

Et maintenant elle était là, plus sereine certes, mais toujours là a se restreindre sur ce tabouret.

— Aie, s'exclama-t-elle, surprise alors que sa tête partait en arrière sous un coup de brosse un peu trop prononcé de la petite dame.

— Oups, pardon ma chérie ! 

— Pourquoi est-ce que tu t'obstines, ça ne sert à rien !

— Ne dis pas de bétises voyons. Tu as des cheveux magnifiques, châtains et qui brille au soleil, mais là on dirait une sauvageonne !

Elisa lui adressa un sourire taquin par dessus son épaule.

— Ce n'est pas le but des Anonymes, vivre à l'état sauvage ? 

Son hôte la gratifia d'une petite tape sur la tête lui faisant échapper un rire.

— Que penses-tu qu'ils venaient chercher, les Rebelles la dernière fois ? 

— Je n'en sais rien du tout ma petite, mais à leur mine déconfites, je pense qu'ils n'ont rien eu, et nous non plus d'ailleurs.

Un soupir franchit les lèvres d'Aimé et Elisa grimaça. Le troc était comme elle l'avait compris, un moyen de subsistance important pour les deux parties. Les Anonymes fournissaient légumes, viandes et poissons en plus grandes quantités que ne pouvait se fournir les Rebelles qui eux ramenaient matériaux, médicaments et autres denrées non consommables et même si la Quatre éprouvait un pincement au coeur pour celle qui avait prit la place d'une grand mère dans sa vie, le soulagement était de mise chez elle. Et si les insurgés étaient venus pour l'objet qu'elle convoitait ? 

Elle expira silencieusement pour raffermir ses nerfs. Inutile qu'elle se rende malada, elle luttait déjà bien assez en ce moment. 

— Et voilà, tu es prête ! 

Exagéreant son soulagement d'un bruyant cri d'allegresse, Elisa se releva et pivota face à Aimé.

— Tu es toute jolie ! se ravit la petite dame. 

— Bien, et maintenant ? C'est le moment ou tu me dis que je vais faire tourner la tête des garçons ?

Aimé gloussa, ses cheveux argentés capturant la lumière de la lune déjà haute dans le ciel nocturne à travers les carreaux de sa cabane.

— Garçons, filles, c'est comme tu veux mon coeur, mais c'est d'abord à toi que ça doit plaire ! 

La Maraudeuse s'observa d'un oeil critique. Elle n'avait pas pour habitude de se pomponner. Elle n'en avait pour dire vrai jamais eu l'occassion, ni même le temps et même si elle s'imaginait mal retenter l'expérience, celle-ci n'avait pas été entièrement désagréable. L'apparence avait toujours été le cadet de ses soucis.

— C'est bien, lâcha la jeune femme.

— Alors va, la fête a déjà commencé et ne mange pas trop ou tu dormiras mal ce soir ! Je te rejoint d'ici quelques minutes ! 

Elisa répondit par l'affirmative, assurant d'un sourire à son hôte qu'elle s'amuserait, en profiterait et qu'elle irait mollo sur la nourriture. Encore un sourire de façade...celui-ci l'épuisa plus que les autres alors qu'elle jetait un dernier coup d'oeil à Aimé. Oh non, elle ne dormirait pas cette nuit, pas plus que la vieille dame, car cette nuit était bien la dernière fois qu'elles se voyaient.

L'ambiance au sol réchauffa la jeune femme autant que l'immense feu de joie au centre de la place. Les odeurs de viandes grillées, de poissons fumés et de sucre se mélangeait dans l'air et dans ses narines tirant un grondement à son estomac. Cela lui rappelait la fête du primtemps chez elle.

Il faudra que j'y enmène Jimmy et Louise, avec l'argent je pourrais même leur faire un peu plaisir, songea tendrement la Quatre.

Partout les gens riaient gras, riaient fort. On dansait et buvait à ne plus pouvoir tenir debout. Une véritable aubaine ! Une coupe à la main remplie d'une liqueur qu'elle n'arrivait pas nommer mais qui laissait un gout âpre sur sa langue, Elisa observa amusée une compétition de jeu de corde entre les plus âgés et les plus jeunes.

— C'est fantastique, n'est-ce pas ? s'emerveilla Perceval à sa gauche près de son frère.

Le feu de joie dansait sur les reflets de ses lunettes quand il se tourna vers elle.

— A l'Académie, les cérémonies étaient tellement ennuyeuse, c'est la premiere fois que j'assiste à un évènement aussi vivant ! 

— Et la fête du printemps alors ?

— Nous venons de la Zone Nord, nous c'est l'arrivée de l'été que l'on fêtait, lui répondit Arthur. J'ai toujours été déçu que l'Hiver se termine si vite d'ailleurs.

Elisa le fusilla du regard, menaçant de l'arroser de son verre quand elle capta le fin sourire sur les lèvres du jeune homme. Voila qu'il se payait sa tête à présent.

— Crétin ! souffla-t-elle en secouant la tête.

— J'ai totalement oublié les fêtes de l'été, j'ai passé bien trop de temps à l'Académie, soupira Perceval.

— Tu plaisantes ? Et les pommes au four de Mathilda alors ? s'outra son frère.

— Personnellement je suis restée sur le fait que vous aviez fait partie de l'Académie et des Paladins, glissa Elisa en haussant les épaules.

— J'étais dans les bureaux, je n'ai jamais mis les pieds sur le terrains en dehors de la formation, lui appris Perceval.

La Maraudeuse releva un sourcil et dirigea son regard vers Arthur qui désinvolte se contenta d'un : 

— J'ai pas fini la formation.

Elle éclata de rire.

— Par le Roi ! Comment vous avez fait pour survivre jusque là ?!

— Je penche pour la chance. Tu viens Arthur, tu m'as donné faim et j'ai cru voir des pommes au four plus loin ! 

Les deux anciens Blancs la saluèrent et la jeune femme se retrouva seule un instant avant qu'elle ne se fonde dans la foule de danseurs devant elle. Il fallait encore attendre un peu. Pendant deux heures, elle bût, elle rit, plaisanta avec qui voulait bien l'entendre et assista sidérée à un feu d'artifice en se demandant encore et toujours comment ? Comment les Paladins ne pouvaient-ils pas trouver le position du village ? Et c'est seulement quand elle estima les Anonymes complétement détentus qu'elle s'eclipsa.

— Caroline, tu rentres déjà ?

Elisa s'arrêta net. C'était Aimé assise sur un tronc d'arbre en gallante compagnie qui venait de l'appeler.

— Oui, je suis épuisée. Je crois que j'ai un peu trop bu, je vais aller me coucher. Mais toi reste, ajouta-elle en voyant la petite dame se lever. J'ai comme l'impression que ton damoiseau veut t'inviter à danser.

Son hôte jeta un coup d'oeil par dessus son épaule.

— Tu es sûre ma petite ? Et si il t'arrivait quelque chose ? 

— Il ne m'arrivera rien, Aimé. Amuse toi ! 

La Maraudeuse l'embrassa sur les deux joues et s'enfonça dans les ténèbres.

Ses muscles s'étaient habitués au chemin à parcourir dans les hauteurs, aussi sobre et agile, il ne lui fallut que quelques minutes pour rejoindre les abords de la cabane qui l'avait graçieusement accueillit ces derniers jours. Elle se lécha les lèvres, les trouvant soudainement sèche, autant que sa gorge alors qu'elle enfonçait sa main dans sa poche, à la recherche de la pierre à feu qu'elle avait subtilisé à Aimé en début d'après midi.

La flamme naquît rapidement sous ses yeux et c'est avec une excuse sincère pour Aimé qu'elle prit la direction de la cabane d'Honoré, laissant l'incendie consumer entièrement l'habitation qui lui servirait de diversion.










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