Le Meilleur Camp (III)

C'est une sensation étrange qui fit relever la tête d'Elisa alors qu'elle assénait une nouvelle fois sa pelle dans la terre. Comme un instinct, un appel qui faisait se dresser les cheveux sur le bas de sa nuque et naître une chair de poule sur sa peau.

Ce n'était pas la première fois que cela se produisait. Depuis son arrivée chez les Anonymes, la jeune femme avait subit à plusieurs reprises cette impression bizarre. C'était difficilement descriptible, et la Maraudeuse s'était retrouvée de nombreuse fois à fronçer les sourcils en tentant de mettre un nom sur ce qui se passait en elle. 

Et voilà que ça la reprenait.

Le manche de la pelle fermement serré entre ses mains, la Quatre projeta son regard à droite et à gauche, ses yeux verts cherchant quelque chose sans vraiment savoir quoi.

— Tu vas bien ? questionna Perceval.

Il abordait un air inquiet à quelques mètres d'elle. Son haut trop grand pour lui et trempé de sueur se soulevait légèrement aux aléas de la brise désormais printanière. l'Hiver s'effaçait peu à peu et le soleil mordait a présent leur peau aussi bien que le sol de manière encore timide mais insistante. 

— Qu'est-ce qu'elle a ? renchérit plus loin Arthur les mains en visière au dessus de ses yeux marrons. 

— Rien, je vais bien ! 

Elisa balaya leurs interrogations d'un mouvement de main avant de reprendre son activité du jour. Ensemble, ils étaient de corvée de potager et la matinée avait laissé place à l'après midi sans qu'ils s'en rendent vraiment compte alors qu'ils remuaient la terre pour creuser des sillons. Croissant dans l'autre sens Arthur, elle l'entendit jouer de la houe -outil lui ayant échu ce matin- avec précision et efficacité. Le jeune homme se trouvait être plutôt doué pour les travaux manuels.

A l'inverse de son frère, releva Elisa en luttant contre un rire qui lui chatouillait la gorge à la vue de Perceval qui luttait contre son outil, à moins que son adversaire ne soit la terre elle-même.

La Quatre avait habilement détentue l'atmosphère entre eux et la semaine avançant confortablement, la jeune femme en venait même a trouver leur présence agréable quand elle s'y laissait prendre. Cela ne durait jamais bien longtemps, le souvenir de Jimmy et Louise lui rappelant toujours qu'il ne s'agissait là que d'une façade, mais tout de même...La Maraudeuse s'était constituée un noyau fort en les personnes des deux Blancs, de Margot et d'Aimé qui partageait toujours sa cabane avec elle et la noyait autant de petites attentions que de nourriture. Elisa trouvait même qu'elle avait reprit un peu de poids.

De la sorte, elle avait réussit à endormir un peu la vigilance de Modi dont les yeux perçant, la carrure imposante et le souffle brûlant avaient cessé de l'importuner. Pour son plus grand bonheur.  Et quand Margot, amusée par son changement de comportement envers les deux frères, l'avait questionné à ce sujet, Elisa avait expliqué qu'après tout, ils étaient arrivés ici presque en même temps, et qu'elle y voyait finalement une bonne raison de se serrer les coudes.

Si d'aventure la jeune femme pouvait se servir de cela pour en apprendre davantage sur ce qui avait conduit à l'adoption des deux Paladins au sein du clan, alors ou était le mal ? Après tout, elle cherchait quelque chose ici. Quelque chose ayant appartenu aux Blancs de l'autre côté du Mur, alors qui de mieux que ceux se trouvant avec elle pour obtenir des réponses ?

Car elle le voyait bien clairement le lien entre la besace sur le bureau d'Honoré et ce qu'avait apporté Arthur et Perceval. 

Les petites fouines, sourit la Maraudeuse. 

Elle devait bien l'avouer, les deux garçons méritaient ou moins une médaille pour avoir créer un tel désarroi chez Griffe. Le visage verdâtre et inquiet du Paladin l'attendant de l'autre côté lui sautait a l'esprit chaque fois que son regard croisait les deux autres. Un vrai régale.

Une nouvelle fois, quelque chose tirailla ses entrailles.

Encore, s'agaça la jeune femme en secouant la tête.

C'était commes des milliers de fourmis vous courant sur le corps, un lointain murmure provenant de l'intérieur. Comme un souffle la poussant dans le dos.

La Quatre lâcha brutalement son instument de travail qui tomba au sol dans un bruit creux.

— Hé, tu fais quoi ? la héla Arthur alors qu'elle partait à grand pas en direction du village.

— Il se passe un truc au village ! 

— Vraiment ? Première nouvelle ! 

Un coup d'oeil par dessus son épaule permit à Elisa de comtempler l'air dubitatif d'Arthur. Sourcil relevé et bras croisés sur sa houe. 

— C'est juste une impression, libre à toi de rester ici pour continuer les sillons. Percy, tu veux venir avec moi ?

Le brun à lunette lâcha immédiatement son outil et s'est en sautillant gaiement qu'il rejoint la jeune femme.

— Tu viens ? lança-t-il a son frère.

— Vous auriez simplement pu dire que vous en aviez assez et que vouliez faire une pause, déclara Arthur en roulant des yeux, alors qu'il arrivait à leur hauteur. Au lieu d'inventer cette histoire d'un truc qui se passe au village. Je vais te dire ce qui va se passer moi, Modi et Raphaël vont nous tomber dessus ! 

— Quoi, ils te font peur ? taquina Elisa.

Le Paladin leva une nouvelle fois les yeux au ciel. 

— Comme si ! répliqua-t-il.

— Ils me font peur à moi ! paniqua Perceval en tripotant ses lunettes. On devrait peut-être retourner au champ finalement. 

— Trop tard pour faire demi tour, petite tête, ricana Elisa. On y est.

Sans que cela puisse être qualifié d'attroupement, plusieurs personnes s'étaient malgré tout rassemblées sur la longue bande de terre servant au village à disposer ses marchés, et Elisa ne perdit pas une minute pour diriger une oeillade appuyé a Arthur.

— J'avais raison, asséna-t-elle.

— Alors, quest-ce qui se passe ? interrogea Perceval qui plus petit que son frère ne parvenait pas à voir par dessus le rassemblement.

— Il y a des nouveaux sur la place, leur apprit son frère.

Elisa s'empressa de trouver un point en hauteur afin d'appercevoir elle aussi ce qui se tramait par delà les corps qui lui bouchait la vue. Ses yeux tombèrent sur une caisse sur laquelle elle sauta prestement prenant rapidement en compte la présence de Zeff et de ses Lynx à son côté.

Désormais aussi haute qu'Arthur, elle observa le coeur battant les nouveaux arrivant. Ils étaient quatre, une femme et trois hommes. La Maraudeuse s'arrêta un instant sur la femme, elle estima son âge dans la trentaine, jeune donc, mais l'air autoritaire qu'elle arborait la vieillisait un peu. Tout en cette femme imposait le respect. Les deux jeunes hommes l'entourant étaient aussi différent que pouvait l'être le soleil et la lune. Si le brun bien campé sur ses jambes montrait à la foule une expression sévère, le blond lui dégageait une désinvolture frissant l'insolence qui plût immédiatement à la Quatre. Le dernier enfin était le plus âgé, et quand ses deux yeux bleus perçant dissimulés sous le chapeau qu'il portait s'attardèrent sur elle, il sourit et immédiatement la pression dans le ventre de la jeune femme s'accentua.

C'était comme un appel, comme un souffle.

— C'est qui ? s'entendit-elle demander à voix haute. De nouveaux Anonymes ?

Le rire de Zeff résonna sur sa droite mais Elisa ne prit même pas la peine de se tourner vers lui quand il répliqua un brin narquois : 

— Nan, eux, ce sont des rebelles.

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