Je suis toujours le même (III)
Fini, c'était fini, tout était fini !
S'était-il trompé à ce point, lui aussi ?
Pourtant, pourtant...
Sans un regard en arrière, Alexandre s'enfonça dans une autre tempête sans faire fi de sa mère qui hurlait à grand cri aux deux adolescents de ne pas quitter la maison avec ce blizzard.
Le contraste fut saisissant.
Bien que baladé à droite à gauche par un vent du nord rageant et tourbillonnant, la pression sur ses épaules s'allégea considérablement. Ce huis clos derrière lui, il respirait de nouveau...enfin presque.
Le vent menaçait de le plaquer au sol, si bien qu'il avait du mal à se tenir debout et la neige lancé dans sa danse frénétique l'empêchait de voir.
Il hurla plusieurs fois le nom de Sarah, mais l'élément furieux couvrait ses moindres appels, aussi se moquant du danger, il se concentra sur Sarah et ses émotions.
C'était désormais sa seule boussole, et ce fut comme ce prendre un coup de poing en plein estomac.
Les émotions de la jeune femme vinrent le percuter avec force, le pliant en deux et faisant repartir un nouveau jet de sang au niveau de ses narines.
La douleur était insupportable.
Peut-importe, pensa-t-il.
Il n'y avait que les morts qui ne ressentaient rien.
Plissant les yeux, il avança au sein de la tempête blanche en quête de celle qu'il considérait encore comme son amie, quoi qu'elle en pense.
— SARAH, rugit-il alors qu'il apercevait devant lui l'esquisse d'une chevelure rousse.
SARAH !
Si son prénom lançait à la face du vent ne se fit pas entendre, celui-ci pensé avec force atteint immédiatement la jeune femme qui manqua de s'écraser au sol.
Par le Roi, avait-il projeté trop fort où étais-ce le vent qui l'avait poussé ainsi ?
Alexandre se précipita près de sa meilleure amie.
L'attrapant par le bras, il l'aida à se relever mais entre vent et neige jusqu'aux genoux, ils titubèrent avant de s'écraser une nouvelle fois sur le matelas glacé.
Sarah avait peut-être raison en fin de compte, elle et lui étaient surement fous, qui allait se promener dans un blizzard, Par le Roi ?!
Le sang qui jusqu'alors ne cessait de couler de son nez avait fini par geler, donnant un aspect horrible à son reflet qu'il parvenait à voir dans les yeux de la jeune femme, un visage partagé entre le bleu froid qui s'étendait sur ses lèvres et le rouge écarlate peinturlurant son menton.
La Quatre n'avait pas plus belle allure. Elle gardait encore les stigmates de sa précédente course et le bleu de ses lèvres jurait horriblement avec les quelques hématomes jaunies qui s'épanouissaient çà et là sur son visage.
— IL FAUT QU'ON RENTRE, hurla-t-il par-dessus le vent.
— PAS QUESTION, JE NE VAIS NULLE PART AVEC TOI !
Chancelante, elle se releva, maintenant ses bras à l'horizontale pour se stabiliser un tant soit peu.
Le Souffle de la pilote était toujours là, furibond, gesticulant tellement, qu'Alexandre peinait à savoir s'il s'agissait ici de mouvements initiés par l'élément furieux de l'extérieur ou par celle qui en était la source.
Il fit un pas en arrière, craignant d'être touché.
— TU M'AS MENTI, rugit Sarah.
Ces mots là, prononcés à haute voix, Alexandre les entendit bien ; Proche l'un de l'autre comme ils l'étaient, même le vent n'aurait pu les étouffer ; Cependant, ils ne parurent pas pour autant réel au garçon.
Il s'était attendu à tout, sauf à ça.
Quoi ? pensa-t-il en dévisageant la jeune femme.
— ARRETE DE FAIRE CA !
Se plaquant les mains sur les oreilles, son amie continua :
— Tu ne m'as rien dit pendant des années !
Le brun n'en revenait pas. Ainsi donc, c'était ça la base de toute la colère de la jeune femme, le mensonge.
Vraiment ?
La mâchoire du Quatre se crispa méchamment alors que la colère faisait son chemin sous sa peau.
Pour ce qu'il en avait à faire, il pouvait bien s'agir de celle de son amie qui amplifiait la sienne comme un feu liquide, mais qu'importe, lui aussi était en colère !
— Regarde autour de toi, cracha-t-il en retour sur le même ton. Regarde autour de toi, Sarah ! Ici, un pas de travers et on te tire une balle dans la tête ! Un mot de travers, et on te tire une balle dans la tête, un gène de travers et on te tire une balle dans la tête !
Il fit un pas vers elle, luttant contre la neige.
— Excuse-moi de ne pas avoir voulu prendre ce risque !
— Oh, et maintenant, tu es prêt à le prendre ! Ne me fais pas rire, je suis ton amie, j'ai toujours été ton amie ! Tu aurais dû avoir confiance !
— Mais arrête d'être si naïve !
Ils hurlaient tous les deux, et Alexandre était bien conscient que cela n'avait absolument pas pour but de couvrir les grondements sourds de la tempête, mais bien d'exprimer un ressentiment qui menaçait de les engloutir.
— Cela n'a rien à voir avec l'amitié, cela n'a rien à voir avec la confiance. Moi, je te parle de survie, d'auto préservation ! J'avais huit ans, Sarah !
— Et alors quoi, maintenant que tu es plus vieux, ta grandeur d'âme te pousse à me venir en aide ?!
— Tu es mon amie !
N'était-ce pas évident !
Il refusait qu'elle traverse seule ce qu'il avait enduré, était-ce si dure à comprendre ?
— Que dalle, répliqua la rousse et Alexandre comprit immédiatement qu'elle avait suivi le fil de ses pensées. Ne me parles pas d'amitié, tu m'as très bien fait comprendre que cela n'entrait pas en ligne de compte !
Une rafale plus puissante que les autres les frappèrent de plein fouet, entraînant une nouvelle fois les adolescents trempés au sol.
Recrachant de la neige, Sarah vociféra de plus belle :
— Tout ça, c'est de l'égoïsme, de l'opportunisme uniquement parce que l'on est dans le même bateau !
Par le Roi, il allait la tuer ! Pourquoi ne comprenait-elle pas !
— Exactement, on est dans le même bateau alors laisse-moi...
Les mots d'Alexandre gelèrent sur ses lèvres alors que, sortant de nulle part, écartant les flocons de neige, une main s'abattit sur son épaule.
Les deux adolescents hurlèrent.
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