Car seul, on est capable de rien ou presque (V)
Une main sur la hanche, la respiration encore haletante, Charly se tourna une nouvelle fois vers lui
-Fais-moi une fleur, quand on sera là-bas, arrange-toi pour gagner du temps. Qu'on puisse se reposer un peu ! Je suis mort là ! Tu sais on aurait pu utiliser un hologramme pour transmettre le message.
- Je ne pense pas que ce soit le genre de sujet à aborder au travers d'un hologramme, glissa Cameron.
Ils s'engagèrent sur le pont de verre. Les rayons du soleil dardaient le minéral de milliers de couleurs et les forçaient à plisser les yeux.
Bien que moins éreintant que la montée de l'escalier, parcourir cette immense structure n'était pas non plus, plus rapide.
Cinq kilomètres de long était largement suffisant pour permettre au garçon de réfléchir plus amplement.
Son cœur rassérénait, se pinça malgré tout en pensant à Joshua, tout comme il se pinçait quand il pensait à Charly. Comment concilier les deux avis de ses amis.
Bien entendu, il partageait avec son second l'envie viscéral de liberté, mais il pensait aussi aux habitants d'Eden. Ces gens étaient sa famille et l'idée qu'il puisse causer leur perte par une décision précipitée lui retournait l'estomac.
Et pourtant s'il persistait dans cette voie, rien ne changerait et qu'adviendrait t-il de ce qu'il avait dit à la petite Clara ? Une promesse dite à demi-mots, brisée.
Un grognement frustré lui échappa.
Il n'avait jamais rien demandé lui ! A y réfléchir, il se serait mieux contenté de n'être qu'un soldat dans la masse, à suivre les ordres d'un autre !
Il glissa un regard à Charly.
Lui, par exemple, aurait fait l'affaire, il ne s'embarrassait pas de doutes, il agissait un point c'est tout.
Mais non. Il en avait été décidé autrement et on avait posé dès un très jeune âge un poids sur ses épaules qui lui arrivait de détester autant qu'il l'appréciait parfois.
La raison de ce choix, il l'ignorait. Peut-être était-ce dû à ses capacités...ou au fait qu'il soit couplé à Light...
Le premier d'un grand projet, lui avait dit Aloïs il n'y avait pas si longtemps.
Il roula des yeux, agacé par ses tergiversions.
C'est la main de Charly s'abattant subitement sur son épaule qui le ramena au présent, le faisant bondir, surprit.
- Personne n'a dit que c'était simple d'être un leader, fit son camarade.
Le petit sourire peiné de son ami, lui mit un peu de baume au cœur et déjà ils atteignaient l'autre bout du pont.
Deux gardes étaient postés devant l'entrée et à la vue des deux jeunes hommes, ils croisèrent les bâtons de combat qu'ils avaient en main devant la porte.
Acte que les deux amis remarquèrent à peine, tant les éclats de voix provenant de l'intérieur se faisaient entendre.
- Reconsidérez, Iris. Votre décision est inconsidérée !
- Tiens donc ! De la même façon qu'est la vôtre en décidant de venir m'importuner de la sorte. J'espère que vous êtes en forme Clarence, car il me semble bien que vous allez devoir redescendre sans avoir obtenu gain de cause !
- Avec tout le respect que je vous dois, Mademoiselle, une telle opportunité ne...
- Madame !
La voix d'Iris, sèche et sans appel firent frissonner les deux jeunes hommes alors que des sourires étiraient les lèvres des gardiens à l'entrée.
Se faisant, Cameron se sentit sourire à son tour. Le conseil était pour sa grande majorité formé d'anciens, de personnes encore profondément attaché à des idéaux dépassés, à la critique facile et aux mœurs archaïques.
Iris avait dû batailler dur pour atteindre sa place actuelle. Sous son commandement, Eden se portait bien, peut-être même mieux que sous son prédécesseur. Mais pour ce conseil dans lequel gravitaient pourtant des femmes, elle était une femme et soit on s'opposer à elle, soit on souhaitait la contrôler.
Et pour chaque décision que la trentenaire prenait, le conseil ne manquait jamais de lui tomber sur le dos, arguant qu'elles étaient « inconsidérée » comme si eux, savait mieux qu'elle, pourtant élue par tous et s'appuyant sur tous.
Face à ces attaques, La jeune cheffe des rebelles montrait pourtant une résilience féroce et Cameron ne manquait jamais d'apprécier le spectacle d'Iris, mettant au tapis des années de préjugés représentaient par le conseil, d'un bon discours cinglant.
- Et il met d'avis que vous n'en avait pas vraiment pour moi, du respect ; si vous vous permettez de vous opposer à une décision qui a déjà était prise !
- Je vous assure que...
- Faites-moi plaisir, vieille homme ! Taisez-vous et laissez-moi parler ! Deux ans déjà que je suis au pouvoir et alors qu'il serait plus utile à Eden que je place mon temps ailleurs, celui-ci me glisse entre les doigts alors qu'il s'épuise dans mes affrontements contre le conseil. Assez ! Vous aurez beau essayer, je ne plierais pas ! J'ai été élue ! Je suis une femme et je suis jeune, mais n'allez pas croire que ces détails font que je suis incapable de voir que vous cherchez à me manœuvrer.
- Mais...
- Non, je n'ai pas fini ! Vous semblez confondre jeunesse et inexpérience, ma féminité et impuissance, mais ce n'est pas le cas, ça n'a jamais été le cas ! Et pour tout vous dire, Sir Clarence, je n'ai jamais été aussi fière d'être une femme et d'être jeune, car je sais que cela fais de moi une meilleure cheffe que vous ne le serez jamais !
Un bruit de chaise ce fit entendre et les deux jeunes hommes échangèrent des sourires narquois.
- Et maintenant, trouverez-vous la sortie seul, ou dois-je demander à mes gardes de vous escorter ?
- Croyez bien que ce n'est pas fini Iris, je parlerai de cet affront aux membres du conseil !
Sir Clarence, sortie en trompe n'attendant même pas que les gardes n'écartent leurs bâtons de combat contre lesquels son front heurta violemment.
- Incapables, ragea-t-il.
Desserrant la cravate de son costume d'un mouvement colérique, il jeta un regard assassin en direction des deux jeunes Évolués qui patientaient près de l'entrée avant d'entamer une marche hargneuse sur le pont de verre.
- Iris un, Clarence zéro. Fatality ! ricana Charly en bourrant Cameron du coude.
Il adorait utiliser ce mantra trouvé dans un jeu vidéo de l'ancienne ère.
- Elle a bien fait. Rien de bon ne se passerait si elle était venue à céder. Clarence n'a que son propre intérêt à cœur.
- A ton avis, ils parlaient de quoi ?
Le brun se contenta d'hausser les épaules, n'ayant aucune réponse à apporter à son ami.
Son camarade et lui n'eurent cependant pas le loisir d'entrer dans le quartier générale, car déjà, leur cheffe en sortait.
Son visage bien qu'encore marqué par l'agacement, parut bien fatigué à Cameron. Les cernes que le jeune homme avait vus lors de leur dernier entretien s'étaient encore assombries et son teint lui paraissait plus pâle.
Pourtant, même son actuelle apparence n'aurait pu éteindre le charisme de la jeune femme.
Elle avait cette capacité de vous donner envie de croire.
Un glissement de regard lui apprit la présence des Évolués, et elle arqua un sourcil dans leur direction.
- Messieurs ?
- Madame, saluèrent-ils en chœur.
Bien que Cameron surprenne quelques rougeurs sur les joues de Charly. Ou bien, il s'agissait uniquement du coup portait pas Joshua il y avait quelques heures.
- Je présume que vous n'avez pas fait tous ce chemin pour une visite de courtoisie, non ?
- En effet, répondit Cameron.
Charly semblait avoir perdu l'usage de la parole, l'obligeant à s'exprimer, là où il s'était promit de n'être que spectateur.
- Vous m'en voyez désolée mais j'ai affaire en bas. Marchez donc avec moi, vous me direz ce qui vous amène en chemin.
***
Ce chapitre est décidément trop long ! A chaque fois que je pense que c'est la bonne, je me rend compte que j'ai encore des choses à dire T-T
Du coup voici, l'avant dernière partie, avant la der des der, promis ! même si pour ça vous aurez une partie de 3000 mots XD non parce que sinon, on finira jamais ce chapitre !
Mais je ne vais pas me priver malgré tout. J'ai des choses à vous apprendre, certaines de façon plus subtiles que d'autre, alors on se retrouve bientôt !
Ps : sinon je remarque que seule ma jolie Insanessa m'a félicité pour mes description lors de la partie précédente ! (J'ai bossé vous savez ! vous êtes au courant que c'est pas quelque chose qui me vient toujours naturellement ! ) Alors du coup, vous en avez pensé quoi de mes descriptions, la fois dernière ?
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