Car seul, on est capable de rien ou presque (I)
Deux heures et demi déjà, et il devenait de plus en plus dure à se concentrer.
Bonk.
La voix de leur professeur lui paraissait si tenue, enfouit sous le boucan de ses pensées.
Bonk.
Il fallait bien avouer qu'il faisait terriblement chaud dans cette classe, ce qui n'encourageait pas vraiment une concentration à toute épreuve.
Bonk.
Et dire qu'il faisait si froid à l'extérieur. Il allait encore se prendre un sacré choc thermique.
Bonk.
Il fronça les sourcils. Un autre emploi du temps aurait été préférable. Ou bien, il aurait fallu qu'ils aient cours dans la bibliothèque.
Bonk.
Grande, lumineuse et confortable, ses étagères sculptées à même la pierre, ses tapis de sols laineux de toutes les couleurs, ses poufs éparpillés à droite à gauche, dissimulés dans les rayons, et sa grande cheminée avait fait de la pièce l'une de ses préférées.
Bonk.
Oui, cet endroit avait toujours eu l'effet d'étendre encore plus sa curiosité. Il y planait une aura de mystère, un gout d'aventure qui pouvait lui permettre de rester des heures entières sans voir le temps passer. Il suffisait d'un bon conteur et le tour était joué, il était alors bercer par un millier d'histoires.
Bonk
Alexane n'était pourtant pas mauvaise dans son travail d'oratrice, loin de là. Et il avait toujours trouvé ses cours très intéressants pas comme son camarade...
Bonk.
Lui...avait toujours trouvé ses cours...Bonk...assommants.
— Pitié, dis-lui d'arrêter ou ça va mal finir, plaida Joshua à sa gauche.
Sa jambe droite ne cessait de gigoter, trahissant sans mal l'envie de son lieutenant pour une séance musclé en compagnie de Charly, dont la tête retomba une nouvelle fois sur le bureau qu'ils partageaient tous les trois dans le fond de la salle.
— Charly, glissa calmement Cameron. Au risque de vouloir te faire étriper par Joshua, arrête ça. Et écoute un peu, c'est intéressant.
Le blond tourna la tête vers lui, dévoilant un front rougit par les coups répétés qu'il s'était évertué à donner au bureau.
— Intéressant ? En quoi, c'est intéressant. L'Histoire n'est qu'un ramassis de plats déjà froids qu'on te ressert à toutes les sauces, au bout du compte, ça n'a plus aucun goût !
Cameron grimaça.
— C'est faux, grinça Joshua entre ses dents.
Il adressa à Charly un regard courroucé. Il avait une vraie passion pour l'histoire et la défendait bec et ongles.
— Ah ouais, vraiment ?
Son deuxième lieutenant se redressa sur le banc pour fixer de ses yeux bleus, ceux sombres de son camarade. Cameron se tendit immédiatement.
— L'Histoire, commença Charly. C'est guerre, blablabla, guerre, blablabla, guerre, un peu de paix, blablabla. Et voilà on a fait le tour ! Tu parles d'un truc passionnant !
Mâchoire crispées, Joshua répliqua vivement :
— L'Histoire ne se limite pas à ça ! Ta vision en est limitée c'est tout ! L'Histoire, c'est composée d'une suite d'actions, de décisions prises et faites par toutes les classes sociales. Ce n'est pas que des guerres !
— Eh bien plutôt que d'écouter l'Histoire, je préférerais encore la faire. Sans quoi c'est juste bon à nous faire dormir, comme toi en fait Morphée.
Le petit sourire narquois sur les lèvres de Charly fit se tendre un peu plus Joshua, écarlate.
Cameron ne put s'empêcher de rouler des yeux. Ils étaient impossibles quand ils s'y mettaient. C'était à se demander comment ils faisaient sur le terrain, pour qu'ils ne se soient pas déjà sauter à la gorge tant ils étaient différent sur certains points.
Attend un peu, ça viendra peut-être.
Narquois, Light se mit à rire faisant lever les yeux au ciel de son partenaire, bien qu'un sourire amusé dansait sur ses lèvres.
Tu es impossible.
Le sourire du jeune homme s'estompa pourtant prestement alors que depuis l'avant de la classe, Alexane les fixaient avec sévérité.
Mortifié d'être un sujet de distraction pour l'ensemble de la classe, Cameron s'empressa de calmer ses lieutenants en leur distribuant chacun un coup de coude dans les côtes.
Ils cessèrent immédiatement leurs chamailleries et alors que Joshua s'empourprait de honte avant de se cacher derrière son livre d'histoire, le blond, lui, adressa à leur professeur un immense sourire.
— Charly, voudrais-tu partager avec nous ton avis concernant la Purge d'il y a vingt-cinq ans ?
— Oh...Je pourrais, mais vous savez ce que je pense des avis. C'est comme le trou du cul, tout le monde en a un et mis ensemble ça schlingue !
La réplique secoua la classe d'un fou rire collectif, Alexane elle-même eut un semblant de sourire qu'elle réprima avant de secouer la tête.
— Cela ne t'empêchera pas de me donner ta réponse via le devoir que vous devrez TOUS me rendre d'ici la fin de la semaine prochaine, les enfants.
— Ce ne sont pas des Enfants, ce sont des Soldats.
La voix de Ross, profonde et sévère coupa court à l'ambiance légère de la salle et tous se levèrent pour saluer leur supérieur hiérarchique, suivant l'exemple de Cameron qui fût le premier sur ses pieds.
Alexane pivota vers la porte et fixa son mari d'un œil brûlant, ne se laissant guère démonter par la différence de taille pourtant importante entre elle et son époux.
— Dans MA salle de classe, ils ont tous le loisir d'être des enfants. J'ajouterai même qu'ici, ils sont également des citoyens et je t'apprendrai encore, que les blasters, les épées, armures, et autres ne sont pas les seules armes qui peuvent faire gagner une guerre.
— On ne gagne pas une guerre avec des poèmes et des beaux discours, sans quoi il y aurait beaucoup moins de sang dans les rues, Alexane.
— Ah, réponse typique de quelqu'un ne maîtrisant ni l'un ni l'autre.
Charly lâcha une exclamation amusée, s'attirant les foudres de Ross sous forme de regard avant de hausser les épaules.
— Je suis les muscles, tu es le cerveau. J'ai cru que tu étais d'accord quand on s'est marié tous les deux, répliqua-t-il avec un détachement que Cameron aurait aimé voir plus souvent en sa compagnie.
Alexane releva un sourcil.
— Tu as de la chance que je t'aime.
Joues légèrement rosées, Ross s'éclaircit la gorge et entama :
— Soldats, des modifications ont été apportées à certaines de vos missions, de ce fait. Le groupe quatre est désormais de cuisine, groupe six la serre, et groupe huit vous êtes de garde. Aussi, suite à la mort d'une de nos bêtes dans l'étable, nous aurons de la viande en fin de semaine. Rompez !
— Et n'oubliez pas la dissertation sur la Purge de 53 s'il vous plaît, j'attends une vraie réflexion de votre part, et oui Charly, même de toi.
Leur professeur fixa un instant le blond avant de se blottir contre le torse solide de son mari.
Sac à l'épaule, Cameron suivit le reste de la troupe non sans englober de son regard bleu vert le couple atypique.
Il avait refusé plusieurs invitations à dîner depuis quelques temps, ne se sentant guère d'affronter Ross et Jade autour de la table. Il offrit un sourire timide à Alexane et émergea dans un énième couloir sombre.
Comme il l'avait prévu, il faisait plus frais ici, et il opta pour un petit trot, tant pour se réchauffer, que pour rattraper Joshua et Charly qui avaient repris leur querelle précédente.
Passa ses bras autour des épaules de ses deux meilleurs amis, il sourit, qu'il était bon d'être soi-même.
— Ne lui en veux pas, Joshua.
D'un geste, il ébouriffa la tignasse blonde de Charly qui chercha a se dégager d'un preste mouvement sur le côté.
— Richter est un peu distrait en ce moment.
L'explication ne valut qu'un nouveau roulement d'yeux de Morphée.
— Ah oui, et par quoi cette fois ? Son estomac, ou bien une fille ?
C'est Charly qui répondit au sarcasme de Joshua. Après un regard avec Cameron, il plongea ses yeux dans celui de son compère et déclara un immense sourire aux lèvres et la voix vibrante de fierté :
— Morphée...Je suis éligible au Projet Gemini.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top