Minerva se dévoile
« Luna ne croyait pas si bien dire, car au moment ou elle disait cela, Rita Skeeter était justement en train de peaufiner elle-même, en présence de deux sbires rescapés, son plan d'action :
- Il nous faut une accroche dramatique et suffisamment scandaleuse pour provoquer l'émotion. C'est le seul moyen de faire éclater l'affaire et provoquer les remous auxquels nous aspirons tant.
- On ne va quand-même pas...
- Faire sortir la gosse de Poudlard ? Si. Et voilà comment nous allons nous y prendre... »
Minerva McGonagall ne se serait pas senti plus mal si on lui avait annoncé le retour de Lord Voldemort. Pâle et raide sur son siège, elle avait écouté le récit de Luna, perdant peu à peu ses dernières couleurs.
- Pourquoi l'AD se mêle t-elle de cette histoire ? Fut la seule chose qu'elle parvint à répondre.
- Parce que l'AD voudrait bien éviter qu'un désastre médiatique mette à bas ce que Kingsley et d'autres ont reconstruit du monde magique. Et, à y être, éviter aussi à une famille de subir la pression médiatique de Rita Skeeter.
Minerva se prit la tête dans les mains et essaya de digérer ce qu'elle venait d'apprendre. Mais entre la colère dévorante qu'elle ressentait encore à l'évocation de Dana Bones, l'horreur à l'idée que Skeeter soit sur cette piste et l'effroi dû aux révélations de Fudge, sa tête était prête à exploser.
- Vous me demandez, Luna, ce qui a bien pu me pousser à agir ainsi ?
- Oui.
Au fond d'elle, Minerva avait toujours su que ce temps viendrait. Elle l'avait à la fois redouté comme une échéance fatale et espéré comme une libération. Lorsque son regard croisa celui beaucoup plus doux de Luna, elle se dit que les choses auraient pu être bien pires.
Luna la suivit du regard lorsqu'elle se leva et saisit la Pensine qu'elle plaça sur le bureau. Elle ne broncha pas lorsque la directrice pointa sa baguette contre son propre front et tira, un à un, sept filaments argentés. Le nombre avait son importance lorsque l'on montrait à quelqu'un des souvenirs, c'était tout simplement un serment de ne pas chercher à déformer les faits. Elle recula et, d'un geste, invita la jeune femme à plonger. Mais celle-ci lui répondit sur un ton ferme :
- après vous Minerva, j'aurai peut-être besoin de vos explications.
Songeant que, décidément, rien ne lui serait épargné, Minerva plongea elle-même dans la Pensine en premier...
- Le voyage risque d'être long, je vous préviens, murmura t-elle avant de disparaître.
Au même moment deux filles de quatrième année étaient assises devant un miroir dans leur dortoir désert. Et pour cause, elles étaient les seules de leur année réparties à Poufsouffle.
Chose particulière, le miroir ne reflétait pas leurs visages, pourtant assez séduisants, mais celui d'une femme âgée d'environ 55 ans aux cheveux d'un blond factice et aux vêtements tape-à-l'œil.
Depuis leur entrée à Poudlard, les deux jumelles Anny et Olivia Selwyn lui servaient d'espionnes à Poudlard. Et, cette année, Rita leur avait donné une mission extrêmement précise : surveiller les moindres faits et gestes de Sylvia Rogue, et si possible se lier avec elle. Olivia avait brillamment réussi cette dernière mission et connaissait les moindres faits et gestes de la fillette. Mieux encore : elle avait savait comment et pourquoi Sylvia se baladait sans cesse dans le château.
- Pourquoi faudrait-il tromper Sylvia ? Demanda cependant la jeune fille. On risque de la traumatiser avec cette histoire.
- Voyons, ma chérie, elle a bien plus à craindre si nous ne l'aidons pas.
Dans le miroir, le visage de Rita s'était fendu d'un sourire dont d'autres, plus intelligentes, se seraient sans doute méfiées. Mais, si Anny et Olivia avaient été gâtées par la nature côté physique et qualités humaines, il n'en était pas de même côté esprit, et surtout éducation.
Filles d'une branche cadette et obscure de la famille Selwyn, elles étaient cousines par alliance d'une certaine Dolores Ombrage, très proche de leur mère, qui leur avait tenu lieu de grand-mère avant d'être arrêtée alors qu'elles avaient huit ans.
Si Dolores Ombrage s'était bâti une sinistre réputation auprès de la plupart des sorciers d'Angleterre, elle avait au moins su s'attirer l'affection des deux fillettes qui n'auraient pu la voir autrement que comme la « tantine » adorée qu'elles avaient connue. Ainsi, Rita Skeeter n'avait eu aucun mal à les manipuler : après les avoir flattées trois ans sur leur « sens de l'observation », elle avait présenté Sylvia et sa mère, laquelle était passée par Azkaban, comme des victimes à protéger, à l'image de leur « tantine ». Elle avait obtenu des deux fillettes confiance aveugle et obéissance sans discussion.
- Les filles, ajouta t-elle sur un ton à la fois grave et complice. Si on révèle toute cette histoire au monde, on pourra peut-être prouver que Dolores était innocente et la sortir d'Azkaban. Je ne peux rien vous promettre mais...
Le regard des deux jeunes filles s'éclaira et elle sut qu'elle avait gagné. Confiance et obéissance aveugle, c'était tout ce dont elle avait besoin pour mener à bien son projet.
- Donc, reprit-elle. Olivia va indiquer à Sylvia qu'elle a aperçu des manifestations lumineuses près de la tombe par la fenêtre de votre dortoir. Elle l'accompagnera de nuit pendant qu'Anny se sera cachée et préparera les lumières. Souvenez-vous bien, tout cela doit la guider jusqu'au saule cogneur. Olivia, tu te souviens comment on immobilise l'arbre ?
- Bien sûr, réplique l'adolescente. Comment crois-tu que je me rends à Pré-au-Lard le samedi ? D'ailleurs, Sylvia n'aurait même pas besoin de moi dans cette histoire...
- Je tiens à ce que tu sois avec elle, ma chérie. Elle risque d'avoir besoin d'aide et d'un peu de cran. Nous sommes toutes d'accord?
- Oui, Samedi soir à Minuit.
- En cas de pépin, miroir. Compris ?
- Oui Rita, Répond Anny. Compris.
Alors que l'image de Rita s'effaçait dans le miroir, Olivia ressentit à la fois une boule d'appréhension dans son estomac et une grande fébrilité. Le week-end promettait d'être riche en rebondissements.
Luna, de son côté, avait atterri dans un champs aux côtés de Minerva. Calme, elle attendait que quelque-chose se passe. Mais pour l'instant, elle ne voyait qu'un beau jeune homme qui labourait en râlant copieusement.
- Ne me dites pas que c'est votre amoureux, murmura t-elle à Minerva qui se tendit brusquement.
- C'était, répondit-elle d'une voix faible.
Voir Doughall ainsi, paisible et heureux, lui était à la fois délicieux et extrêmement douloureux. Minerva ressentit un coup au cœur lorsqu'une jeune fille aux cheveux noirs vint s'asseoir sur le muret de pierre qui bordait le champs.
- C'est vous. Murmura Luna.
Elle parlait à voix basse, comme si elle n'avait pas conscience d'être invisible et inaudible pour les deux amoureux qui s'envoyaient à présent des joutes verbales malicieuses. La jeune McGonagall semblait littéralement nager dans le bonheur.
Soudain, le jeune homme s'agenouilla devant la jeune fille et prit ses deux mains dans les siennes. Le temps parut se figer et McGonagall vacilla à côté de Luna.
- Poursuivons, murmura t-elle d'une voix faible.
Autour d'elles, la scène disparut dans un nuage de fumée grise. Il fallut quelques secondes pour qu'un autre décors se matérialise.
Les deux femmes se trouvaient à présent dans une chambre austère, au sol et à la cheminée en pierre grise. La pièce n'était meublée que d'un lit, d'un fauteuil à bascule dans lequel une Minerva beaucoup plus jeune lisait une lettre en pleurant, d'une armoire et d'une coiffeuse. Dans un coin près de la fenêtre qui donnait sur le parc de Poudlard, un lavabo surmonté d'un miroir permettait une toilette matinale.
Luna jeta à Minerva un regard interrogateur mais celle-ci lui fit signe d'attendre quelques instants.
Derrière elles, quelques coups sur une porte les firent sursauter. La Minerva âgée d'une trentaine d'années releva la tête avec effroi et articula un « oui ? » qu'elle essaya visiblement de rendre le moins chevrotant possible.
- C'est moi, Albus, répondit Dumbledore.
- J'arrive, répondit fébrilement Minerva McGonagall en se levant et essuyant ses yeux d'un geste fébrile.
Minerva et Luna s'écartèrent sur sa passage et se la suivirent lorsqu'elle ouvrit une première porte, donnant sur ce que Luna reconnut comme le bureau du professeur de Métamorphose. Elle traversa la pièce en essayant toujours de sécher ses larmes et s'arrêta quelques instants devant la porte qui devait donner sur le couloir.
- Minerva, tout va bien ? Demanda la voix d'Albus derrière le panneau.
- Oui, oui, répondit à nouveau Minerva.
Elle inspira un grand coup et ouvrit la porte de son bureau. Dumbledore ne fut pas dupe un seul instant.
- Que vous arrive t-il Minerva? Lui demanda t-il avec inquiétude. Vous êtes en train de pleurer.
La jeune Minerva McGonagall essaya tant bien que mal de faire bonne figure mais n'en fut guère capable. Un sanglot vint étrangler son « ce n'est rien » et elle s'affaissa dans les bras d'Albus Dumbledore en bredouillant des paroles peu compréhensibles. Le directeur s'empressa de la ramener dans sa chambre et la fit asseoir sur le fauteuil, puis il ferma les portes tandis que la jeune Minerva restait secouée de sanglots.
Luna remarqua que la Minerva qui l'accompagnait peinait elle-aussi à garder son calme.
- Que se passe t-il ? Lui demanda t-elle.
- J'ai reçu une lettre m'informant que Doughall venait de se marier.
- Vous aviez donc refusé sa demande ?
Minerva hésita un instant avant de répondre :
- Oui... On peut dire.
- Pourquoi ? Si apprendre qu'il s'était marié vous a fait autant de mal ?
Luna, en disant cela, avait reporté son attention sur la jeune Minerva qui racontait à son tour ses déboires amoureux à Dumbledore. Elle n'eut pas besoin de la réponse de son professeur car la jeune Minerva l'expliqua aussitôt à Albus :
- J'ai accepté dans un premier temps, mais j'avais si terriblement peur de vivre ce que mes propres parents ont vécu que j'ai fui... Je n'aurais jamais eu la force de faire face.
- Je comprends Minerva, ces choses-là ne sont vraiment pas simples pour notre plus grand malheur. Ma mère était une née-moldue et la relation avec sa famille a toujours été terriblement tendue. Quant-à ma propre sœur...
Luna n'en vit pas plus, car Minerva l'entraîna dans un autre souvenir. Le mur de fumée grise se reforma autour d'elles et tout se mit à tourner.
Soudain, la salle de métamorphose apparut devant les yeux de Luna. C'était un cours Serpentard/ Poufsouffle et Minerva McGonagal distribuait des rouleaux de parchemins. Une exclamation outrée sur sa gauche la fit sursauter.
- Non mais qui vous vous croyez pour me parler comme ça ?
Une jeune fille s'était levée, furieuse, et sa main serrait son rouleau de parchemin. La Minerva un peu plus âgée que dans le souvenir précédant se retourna et la fixa droit dans les yeux.
- Je vous demande pardon Miss Bones ?
Luna avait déjà reconnu Dana Bones. Âgée d'environ treize ans, la mère de Sylvia se tenait campée devant la jeune Minerva et brandissait son rouleau de parchemin juste devant son visage. Tout en elle évoquait la collégienne caïd. Sa crinière de cheveux châtains flottait avec arrogance autour de son visage, elle bombait le torse face à la jeune Minerva et toute son attitude disait sa tendance de dure à cuire. Pire encore, elle semblait avoir l'appui des élèves de Serpentard qui observaient la scène avec intérêt. Elle se contenta de fixer son professeur avec dédain.
- Allez vous rasseoir Bones, gronda Minerva. J'enlève vingt points à Serpentard pour insolence et vous aurez une retenue.
Luna comprit aussitôt qu'il y avait un problème : d'habitude, un élève qui faisait perdre autant de points à sa maison se faisait aussitôt fusiller du regard par les autres. Or, ici le reste de la maison de Dana ne semblait absolument pas lui tenir rigueur de cet écart. D'ailleurs, un sourire arrogant apparut sur le visage de celle-ci. Elle leva le bras qui tenait le rouleau de parchemin et lâcha ce dernier qui tomba au sol.
- Vous savez ce que j'en fais de votre devoir de métamorchiottes ?
Et elle piétina copieusement le rouleau puis s'en alla en criant à la cantonade :
- Voilà ce que j'en fais de votre boulot !
Luna s'aperçut que, comme à son habitude, McGonagal était restée d'un calme olympien. Dana sortie, certains Serpentards se mirent à s'agiter avec nervosité. Une élève de Poufsouffle, très gênée, ramassa les fragments de parchemin et les tendit au professeur.
- Vas-y lèche, marmonna quelqu'un.
- Selwyn, j'enlève dix autres points à Serpentard et vous allez sortir rejoindre votre amie. A y être vous lui direz de ma part, premièrement qu'il n'est pas très malin de piétiner son propre travail lorsqu'on souhaite manquer de respect à celui des autres et deuxièmement que son comportement aura des conséquences.
Le dénommé Selwyn rangea ses affaires d'un geste rageur et sortit. La jeune Minerva McGonagal répondit à quelques questions sur le devoir et Luna remarqua que les Serpentards restant semblaient plus attentifs.
La sonnerie de fin de cours mit cependant rapidement fin à la séance de questions et les élèves remballèrent leurs affaires avant de sortir. La jeune Minerva McGonagal ramassa elle-même les affaires de la trublion et Luna et Minerva la suivirent dans le couloir.
A la grande surprise de la jeune femme, la jeune Minerva se dirigea vers l'infirmerie et toqua à la porte...
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