Joyeux
Je remets correctement mon manteau et mon bonnet avant de sortir de la voiture. Je la verrouille et marche tranquillement vers l'entrée de la zone commerciale. Nous sommes début novembre et le froid commence à tomber sur Manchester. Ce n'est pas encore l'hiver mais la température descend déjà sous les dix degrés. Noël n'est que dans un mois et demi et pourtant, les magasins, les rues et les maisons sont déjà, pour la plupart, décorés. Je soupire en voyant la foule à l'entrée du magasin de jouet. Qui dit Noël dit promotion sur les jouets. C'est pour ça que je suis ici un peu avant huit heures du matin, un samedi alors que je pourrais profiter de mon jour de congé en restant au lit. Mais Eliott m'a demandé quelque chose de très particulier -enfin au Père Noël- cette année et ce magasin fait une promotion intéressante dessus. Alors il est hors de question que je la loupe. C'est la première enseigne à faire des soldes sur les jouets et, même s'il y en aura sans aucun doute des plus avantageuses quelques jours avant Noël, je ne préfère pas prendre le risque de ne pas l'avoir. Et c'est sûrement ce que toutes les personnes présentes se sont dit. Lorsque huit heures pile sonne, les portes s'ouvrent et les gens se précipitent à l'intérieur. Je laisse les plus pressés rentrer avant de me glisser à l'intérieur. Je soupire presque de bonheur en sentant le chauffage avant d'enlever mon bonnet. En lançant quelques coups d'œil autour de moi, je marche vers les rayons des véhicules électriques pour enfants. Je suis prêt à faire demi-tour lorsque je vois toutes les personnes dans le petit espace mais je pense à mon fils et finalement, me jette dans la foule. Je joue des coudes pour finalement arriver devant la moto qu'Eliott veut. Les boîtes étant en hauteur, je me mets sur la pointe des pieds pour les attraper. Je la touche du bout du doigt et essaie de la faire venir vers moi avant de sentir quelqu'un derrière moi et l'attraper.
"-Laissez-moi vous aider."
Je laisse tomber mes bras et regarde le futur cadeau de mon fils passer au-dessus de la tête avant de me retourner.
"-Merci."
Je récupère le jouet de bras de l'homme en face de moi avant de le regarder. En voyant son visage, je fronce les sourcils... J'ai la vague impression que je le connais... Et en voyant son expression, je comprends que lui aussi pense la même chose.
"-Louis ?" Demande-t-il.
"-Oui, c'est moi..." Je réponds encore plus confus alors qu'un sourire naît sur son visage.
"-Tu ne me reconnais pas, hein ?" Se moque-t-il gentiment. "Tu as toujours eu de mal à te souvenir des personnes que tu rencontrais. Même si j'avoue être un peu vexé."
Il se tait me permettant de l'observer un peu plus. Il a des cheveux bruns coupés courts et parfaitement coiffés, ses lèvres sont pleines, roses et sourient en coin, il fait bien dix bons centimètres de plus que moi et ses yeux... Ses yeux sont d'un magnifique vert hypnotisant. Toujours autant que la dernière fois que je l'ai vu, il y a sept ans.
"-Harry ?"
"-Je suis heureux de te revoir Louis." Sourit-il encore plus grandement.
Sans attendre -et malgré la moto entre nous-, je le serre dans mes bras. Il répond à mon geste et passe ses mains dans mon dos.
"-Ça fait si longtemps. Tu as tellement changé ! Il est loin le garçon plus petit que moi, les cheveux bouclés qui partaient dans tous les sens et avec de l'acné !" Je m'exclame alors qu'il rit. "Qu'est-ce que tu deviens ?"
Il se sépare de moi et hausse les épaules toujours avec un sourire.
"-Pas grand chose, tu sais. J'ai fini le lycée et je suis allé en fac de gestion pour faire du marketing. Je travaille maintenant chez Fashion..."
"-Fashion ?" Je le coupe, étonné. "La plus grande entreprise de mode de la région ?"
"-Oui c'est ça."
"-Je suis tellement heureux pour toi ! Tu dois être bien là-bas, toi qui as toujours été fan de mode et encore plus de ce qu'ils font. Tu y fais quoi ?"
"-C'est vrai que j'ai beaucoup de chance. Je suis responsable publicitaire, c'est moi qui m'occuper de tout le côté pub de la marque."
"-Wow ! C'est impressionnant !"
"-Et toi, qu'est-ce tu fais ? Tu es devenu professeur de français comme tu le voulais ?"
"-Non, pas vraiment. Je n'ai pas aussi bien réussi que toi. J'ai arrêté la fac après ma première année pour m'occuper de mon fils."
"-Ton fils ?"
Je pouffe avant de hocher la tête alors qu'Harry me regarde avec les yeux écarquillés. C'est vrai que c'est étonnant de ma part. Il y a sept ans, j'étais loin de vouloir fonder une famille. Je voulais à tout prix être marié, avoir une situation stable, un bon boulot... Avant d'avoir des enfants. Et pas avant mes trente ans, si possible. Aujourd'hui, je n'ai rien de tout ça mais je n'en suis pas pour autant malheureux. C'est clair que je voudrais pouvoir offrir une meilleure vie à Eliott mais je fais mon mieux et je pense m'en sortir pas trop mal malgré mes vingt-quatre ans et les fins de mois ric-rac et sans excès.
"-Que dirais-tu d'aller prendre un café pour discuter un petit peu et se retrouver ?" Me demande-t-il avant que je ne réponde à sa précédente question.
"-Je ne sais pas Harry, je dois récupérer mon fils chez ma mère avant midi et je dois rentrer à la maison pour cacher son cadeau."
"-Il est même pas neuf heures, tu as le temps. C'est juste l'histoire de quelques minutes."
Je souffle et réfléchis quelques instants alors qu'Harry commence à s'éloigner de moi tout en me regardant. J'ai toujours aimé ce côté là chez lui, il n'est jamais insistant, il demande, argumente et laisse tomber si ça ne fonctionne pas le premier coup. Et ça m'a toujours rassuré.
"-C'est pas grave, Louis, laisse tomber. J'ai été heureux de te revoir. Peut-être à une..."
"-C'est bon Harry, c'est d'accord." Je le coupe en souriant le reconnaissant bien. "Laisse-moi juste aller payer ça." Je dis en montrant la moto.
"-Je t'accompagne dans ce cas."
Et ce n'est que maintenant que je remarque le petit panier posé pas loin de lui. À l'intérieur se trouve des poupées, des jeux de société, des petites voitures... Il le prend et nous nous dirigeons l'un à côté de l'autre vers les caisses.
"-C'est pour qui ?" Je le questionne en désignant les jouets.
"-Ma sœur a eu une fille et, comme elle ne pouvait pas venir, elle m'a envoyé en mission." Rit-il.
Je lui souris alors que je pose la moto sur le tapis de la caisse. Je me souviens très bien de Gemma. C'était une fille géniale et une grande sœur très protectrice. On s'entendait super bien elle et moi, ce qui rendait Harry très heureux. Il a toujours voulu que la personne qui partageait sa vie s'entende bien avec sa famille et c'était le cas avec moi. Sa mère m'avait adopté, son père me laisser boire des bières avec lui devant un match de foot et Gemma et moi nous chamaillons très souvent. Mais si sur un point on s'entendait bien, c'était pour défendre Harry. Il n'a jamais eu de problème avec ses camarades, sauf une fois. Et cette seule fois, elle et moi, nous avons été allés voir les quatre garçons qui l'emmerdaient et suite à notre petite discussion, ils n'ont plus jamais approché Harry.
Nous nous sommes rencontrés au lycée lui et moi. Il venait d'y rentrer alors que je commençais ma deuxième année. Nous faisions tous les deux du théâtre et avons tout de suite accroché. Quelques semaines après notre rencontre, nous étions inséparables et je commençais à éprouver des sentiments pour lui. Je n'ai jamais été attiré par les garçons mais avec Harry, tout s'est fait naturellement, je ne me suis pas posé de question. Le vingt-quatre décembre de l'année de notre rencontre, à mon anniversaire, il m'a embrassé. Il pensait sans aucun doute que j'allais le repousser parce qu'à peine ses lèvres sur les miennes, il s'est éloigné et à commencer à s'excuser. Pour seule réponse, je l'ai collé à moi pour l'embrasser encore plus. Il avait quinze ans, je fêtais mes seize.
Nous sommes restés ensemble durant tout le lycée avec des hauts et des bas, bien entendu. Finalement, j'ai obtenu mon diplôme et je suis parti à l'Université de Leeds. Même si ce n'était pas loin de Manchester, nous avions tous les deux beaucoup de travail. Le temps a fait que petit à petit, nous nous sommes moins vus, moins parlé... Avant de nous séparer sans vraiment nous en rendre compte. J'ai rencontré Molly, la mère biologique d'Eliott, en janvier. Elle est tombée enceinte en mars et huit mois plus tard, Eliott est naît. Malgré son petit mois d'avance, il n'a pas eu de problème de santé même s'il a dû rester deux semaines à l'hôpital pour en être assuré. Une semaine après sa naissance, Molly emballait ses affaires et nous quittait.
J'ai quitté la fac pour l'élever, je me suis trouvé un travail dans un café dans le centre de Manchester. Je ne gagne pas des cents et des milles mais j'arrive à nous faire vivre et je sais que, si j'ai besoin de n'importe quoi, mes parents sont là. Il y a eu des moments où je pensais que je n'allais jamais y arriver, où jamais je ne réussirai à rendre mon fils heureux et fier de son père... Il y en a encore mais j'ai fait et je fais toujours de mon mieux. Six ans plus tard, je suis toujours seul avec lui et ce n'est pas plus mal. Les quelques personnes qui sont entrées dans ma vie sont reparties aussi sec après avoir appris l'existence de mon garçon. Après tout, qui voudrait élever un enfant qui n'est pas le sien à tout juste vingt-cinq ans ?
Je sors de mes pensées en entendant la caissière me saluer. Je lui souris et lui dis bonjour avant de sortir mon portefeuille.
"-Ça vous fera 89,90£, s'il vous plaît."
Je sors les quatre billets de vingt Livres Sterling que j'avais prévus et cherche la dizaine qui me manque. Mais mon cœur se serre envoyant qu'il ne me reste plus que cinq Livres et quelques. Et évidement, je n'ai pas pris ma carte bleue. Eliott peut dire adieu à son cadeau...
"-Heu... Je crois que je repasserai..."
"-Tenez."
Je relève la tête et vois Harry qui tend un billet de dix à la caissière qu'elle prend sans attendre ma réponse.
"-Harry..." Je soupire.
"-Ne dis rien, ça me fait plaisir."
Je souffle une nouvelle fois en levant les yeux au ciel alors que la caissière me donne la monnaie que je m'empresse de rendre au brun. Il paie à son tour puis nous sortons du magasin pour nous diriger vers le petit café non loin. Nous posons tous nos achats sur une chaise libre avant de nous installer. Il commande un café alors que je prends un thé et nous reprenons tout de suite notre discussion. Il me parle de sa famille dont sa nièce, Juliet, de ses amis, de son travail, des voyages qu'il a pu faire, des personnes qu'il a rencontrées. J'apprends que, contrairement à moi, il est et a toujours été attiré par les garçons mais qu'il est "désespéramment à la recherche de l'homme de sa vie". Sa plus longue relation, après moi, c'est terminé en catastrophe après un an et demi. Je ne lui demande pas de détails comprenant juste que son compagnon et sa famille ne se supportaient pas et qu'il essayait de l'éloigner d'eux. Je lui parle à mon tour de ma famille, d'Eliott, de mes amis, de mon travail, de mon envie de voyager, de rendre heureux mon fils... Finalement, lorsque onze heures sonne, je me lève, laisse la totalité de mon portefeuille sur la table et le prends dans mes bras en lui disant de nouveau que je suis heureux de l'avoir revu. Puis je pars, le sourire aux lèvres.
❄❄❄
"-Un cappuccino avec un cookie tout chocolat, s'il te plait."
Je dépose le papier sur lequel j'ai écrit la commande sur le bar avant de prendre le café qui attend. Je le porte jusqu'au client qui l'a demandé et passe à la table suivante. Les clients viennent de partir, je débarrasse donc et nettoie. Au même moment, la porte s'ouvre. Je m'apprête à aller accueillir le client lorsque j'entends ma collègue, Katy, le faire. Sauf que j'arrête tout ce que je fais lorsque c'est la voix d'Harry qui lui répond.
"-Bonjour." La salut-il. "En fait, je viens pour un renseignement."
"-Je vous écoute."
"-Je voulais savoir si Louis Tomlinson travaille ici."
Mais... Quoi ?
"-Oui, il est juste là. Je vais le chercher."
Je passe un coup de chiffon sur les chaises alors que je sais que Katy se trouve à côté de moi.
"-Louis, quelqu'un te demande."
"-J'y vais, laisse-moi juste finir."
Sans un mot, elle récupère mon torchon et me pousse d'un coup de hanche. Je lève les yeux au ciel en souriant pas du tout étonné de son comportement. Ça fait trois mois que je travaille avec elle et elle fait tout son possible pour ne pas faire attendre une minute le client. Tranquillement, je rejoins Harry qui me regarde en souriant. Il est habillé d'un costume avec une sacoche signe qu'il sort du travail. Un coup d'œil à ma montre me fait savoir qu'il est déjà seize heures trente passés.
"-Salut H'. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?"
"-Je ne vais pas te mentir, ça fait cinq jours que je fais tous les cafés de Manchester pour te trouver."
Je ris, plus nerveusement qu'autre chose avant de reporter mon attention sur Harry.
"-C'est assez bizarre." Je commente. "Pourquoi tu as fais ça ?"
"-Samedi, tu es parti sans me laisser ton numéro."
"-Je ne savais pas que tu le voulais et puis, tu pouvais me le demander plutôt que de me chercher dans tout Manchester."
Les yeux verts du garçon face à moi s'écarquillent en se rendant compte que, oui c'est ce qu'une personne normalement constituée aurait fait, surtout quand on connaît déjà la personne.
"-Heu... Ben... Je..." Bégaie-t-il.
"-Tu es toujours aussi maladroit dès qu'il s'agit d'interagir avec quelqu'un." Je me moque gentiment. "Aller viens bouclette, je vais te le donner mon numéro."
Je me dirige vers la caisse alors que le garçon derrière moi observe la pièce. Je trouve que c'est un café plutôt sympa. Il y a des canapés, des fauteuils, des tables hautes, basses et des tables "normales" pour être sûr que tout le monde trouve son compte. Les murs sont sombres mais la décoration est claire et, les guirlandes de Noël qu'on a installé donnent encore plus une bonne ambiance. Sans parler de la grande baie vitrée qui éclaire toute la pièce et qui permet à toutes les personnes présentes de regarder l'extérieur.
"-Tu sais quoi ?" Reprend Harry. "J'aime beaucoup cet endroit, je vais prendre un café et vais m'installer ici pour travailler."
"-Tu veux quelque chose avec ton café ?"
"-Ton numéro."
Je ris et lui fais signe de s'installer alors que je fais part à Joey, l'attitré aux boissons aujourd'hui, de sa commande. Je lui dépose deux minutes plus tard, son café et un morceau de papier avec mon numéro alors qu'il sort son ordinateur et l'allume.
"-Merci, je te dois combien ?"
"-Je te l'offre pour samedi dernière."
"-Louis..." Soupire-t-il.
"-Travaille bien."
Je me détourne et reprends mon travail. A dix-sept heures, mes deux collègues et moi-même allons dans les vestiaires nous changer lorsque nos remplaçants sont arrivés. Je les salue alors qu'ils sortent, préférant faire un petit détour par Harry pour lui dire au revoir. Depuis qu'il est arrivé, il n'a pas décollé son regard de son ordinateur à part pour prendre une gorgée de café.
"-Harry ?" Je l'appelle pour ne pas lui faire peur. "Je viens de te dire au revoir, ma journée est finie."
"-Tu ne veux pas de t'installer un peu avec moi pour discuter ?"
"-Ça aurait été avec plaisir mais je dois aller chercher mon fils à l'école."
Il hoche la tête et se lève pour me prendre dans ses bras. Je lui rends son étreinte avec un sourire puis me sépare de lui.
"-N'hésite pas à m'envoyer un message plutôt que de me chercher dans toute la ville."
Il rit en passant sa main dans ses cheveux, gêné, alors que je lui souris avant de lui tourner le dos pour sortir. Dès que je suis dehors, je frissonne en sentant le froid mais n'y fais pas attention et me dépêche de rejoindre ma voiture garée un peu plus loin. A l'intérieur, je me mets le chauffage et le contact avant de partir. La circulation est plutôt fluide malgré l'heure et, une dizaine de minutes plus tard, je suis devant la classe de mon fils qui sert aussi de garderie. Ce qui est bien, c'est que c'est l'enseignante d'Eliott qui s'occupe aussi de la première heure de garderie alors je peux toujours lui demander comment s'est passé la journée.
"-Bonjour Monsieur Tomlinson." Me salut-elle justement.
"-Bonjour, comment ça s'est passé aujourd'hui ?"
"-Comme toujours, il est toujours aussi curieux d'apprendre de nouvelles choses, tout en ne voulant jamais se calmer." Sourit-la maîtresse.
Je pouffe connaissant très bien mon fils. Eliott est toujours plein d'énergie voire même hyperactif, très curieux, bruyant... De ce côté, il tient de moi et pas de sa mère. J'ai été un enfant dur à tenir et il est exactement pareil. Certain jour, c'est vraiment compliqué de le gérer surtout après une longue journée de travail.
"-Papa !" S'exclame justement mon garçon en courant vers moi.
Je m'accroupis pour être à sa hauteur et le prend dans mes bras.
"-Salut bonhomme." Je ris en lui embrassant la tête. "Va chercher tes affaires, on rentre à la maison."
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il court dans l'autre sens avant de revenir, son sac dans la main et son manteau dans l'autre. Je lui demande de s'habiller avant de sortir alors qu'il commence à me raconter sa journée. Il n'a toujours pas fini quand on arrive à la voiture et que nous partons pour rentrer. Ça c'est quelque chose qu'il tient de sa mère par contre. Une personne qui discute cinq minutes avec lui connaît, par la suite, absolument toute notre vie.
"Respire un petit peu Eli', tu es essoufflé tellement tu parles." Je le rappelle à l'ordre tendrement.
"-Mais c'était trooooooop bien papa !"
"-Je m'en doute mais parle moins vite."
"-Et toi, c'était comment ta journée ?" Me demande-t-il alors que je me gare dans le parking de notre immeuble.
"-J'ai travaillé et un ancien ami à moi est venu me voir." Je réponds alors qu'on descend de la voiture.
Il ne répond pas et court, sac sur le dos, vers la sortie. De mon côté, je ferme la voiture et le rejoins en marchant.
"-Je le connais ?" Me questionne-t-il alors qu'il appelle l'ascenseur.
"-Non, chéri."
"-Est-ce qu'il est plus gentil que Zayn ?"
Je pouffe et j'appuie sur le bouton numéro six une fois qu'il est là. Zayn, mon meilleur ami, a la fâcheuse tendance à mettre sa main sur la bouche d'Eliott pour l'empêcher de parler. Il est plutôt du genre solitaire et aime le calme alors dès qu'il voit Eliott, on a l'impression qu'il va faire une syncope. Pourtant, ça ne l'empêche pas de le garder dès que j'en ai besoin, de le couvrir de cadeau et même de passer du temps avec lui juste pour le plaisir. Même si on ne le dirait pas, ils s'aiment beaucoup tous les deux. C'est aussi pour ça que Zayn est son parrain, mais ils s'entendent plus ou moins bien selon leurs humeurs.
"-Je crois qu'on peut dire qu'il est plus gentil que Zayn, oui. Mais il ne faut pas lui dire parce que sinon il va faire la tête !"
"-Promis !" S'exclame-t-il immédiatement. "Est-ce que un jour je verra ton ami ?"
"-'Est-ce que je verrai'." Je le reprends. "Peut-être un jour, oui."
Mon téléphone vibre dans ma poche et en le sortant, je découvre un message d'Harry qui me fait lever les yeux au ciel -avec un sourire-.
"J'espère que tu es bien rentré, Louis. J'espère vraiment qu'on pourra se revoir un de ces jours. Tu es toujours aussi beau en tout cas.
H. xx"
❄❄❄
"Salut Louis, ça te dirait qu'on se retrouve aujourd'hui ? :)"
Depuis que j'ai donné mon numéro à Harry, nous avons beaucoup discuté par message et il vient presque tous les jours au café mais nous n'avons pas vraiment le temps de parler. Il m'a aussi proposé pas mal de fois qu'on se revoit en dehors mais j'étais à chaque fois dans l'obligation de refuser. Et cette fois, ne fait pas exception. Je regarde Eliott assis sur le banc dans l'entrée en train de mettre ses chaussures d'hiver pour sortir. Décembre est arrivé et les températures ont encore plus chutées mais toujours pas de neige en vue. Malgré ce froid, il y a deux semaines j'ai promis à Eliott que s'il avait une bonne note à sa dictée, je l'emmènerais au cinéma voir le nouveau dessin animé de Noël. Et il a obtenu une excellente note alors nous y allons. Je soupire et ouvre le message du bouclé pour lui répondre. Ça me serre le cœur de savoir que pour la je-ne-sais-combientième-fois, je dois encore lui refuser sa demande.
"Hey ! Je suis vraiment désolé mais j'ai promis un ciné à Eliott... :("
"-Tu es prêt papa ?" Demande mon fils, ses cheveux blonds devant les yeux.
Je ris et enlève les mèches qui lui cachent la vue.
"-Tu parles avec qui sur ton téléphone ?"
"-Tu te souviens, je t'avais parlé d'un ami ?"
"-Celui plus gentil que Zayn ?"
"-Oui, c'est ça. Eh bien c'est lui."
"-Quand est-ce que je le rencontre ?" Me questionne-t-il.
"-Tu voudrais ?"
"-Ouais, à chaque fois que tu es sur ton téléphone, tu souris. J'aimerais beaucoup le connaître pour sourire comme toi. Il doit être drôle."
Je me retrouve légèrement déboussolé après les dires d'Eliott. Je ne m'étais pas rendu compte que je souriais quand je parlais avec Harry, c'est assez déstabilisant que son fils de six ans remarque ça. Et surtout qu'il réponde ça.
"-Tu souris encore plus que moi, Eli'." Je lui souris ma main dans ses cheveux. "Pour ce qui est de mon ami, je peux lui demander s'il veut venir au cinéma avec nous, si tu veux."
"-Ouiii !" S'écrit en enlevant ma main de ses cheveux. "Demande-lui ! J'espère qu'il aime Disney !"
Je ris, connaissant assez Harry pour savoir que, oui, il est du genre à aimer Disney. Je reprends mon téléphone et tape un nouveau message. Heureusement, il n'a pas répondu à celui d'avant.
"Mais si tu veux, Eliott est d'accord pour que tu nous accompagnes. Si, bien sûr, tu as envie d'aller voir le dernier Disney mais surtout de le rencontrer."
Nous sortons de l'appartement, une fois que nous sommes bien habillés, et rejoignons la voiture. Ce n'est que lorsque je m'apprête à mettre le contact que je reçois la réponse de Harry.
"C'est avec plaisir :)"
"Rendez-vous au cinéma de la zone commerciale, d'ici une quinzaine de minutes alors ! :D"
"-Harry vient avec nous." Je préviens Eliott.
"-Ton ami ? Ouiii, c'est trop biiiiiien !"
Un rien rend ce garçon heureux. Nous partons donc tous les deux avec un sourire aux lèvres. Il me demande de lui parler un peu de l'homme qui va nous accompagner alors je lui explique que nous avons été amoureux avant mais que nous nous sommes séparés avant de nous retrouver il n'y a pas longtemps.
"-C'est plus ton amoureux alors ?"
"-Non."
"-C'est pas ma maman, hein ?"
Je ne lui ai jamais rien caché alors dès qu'il a commencé à se demander pourquoi les autres enfants avaient deux parents et pas lui, je lui ai expliqué le plus simplement possible.
"-Non, Harry est un garçon et ta maman était une fille."
"-Est-ce que c'est comme avec maman et qu'il t'a fait du mal ? Parce que s'il t'a fait du mal, je ne veux pas le voir, moi !"
"-Harry ne m'a jamais fait de mal." Je le rassure alors que je vois sa tête un peu paniqué dans le rétroviseur.
"-Promis ?"
"-Promis." Je répète.
"-Du coup, ça pourra être encore ton amoureux ?"
"-Je ne pense pas. Je n'ai pas le temps pour un amoureux ou une amoureuse, je dois m'occuper de toi."
"-Moi, je veux que tu ais un amoureux ou une amoureuse, je veux que tu sois heureux !"
"-Je le suis avec toi." Je lui réponds, encore une fois déstabilisé par ses paroles.
"-Mais tu n'as pas d'amoureux ou amoureuse."
Je soupire et laisse tomber sachant pertinemment qu'il est têtu. Heureusement, nous sommes arrivés alors, après que je me sois garé, je l'aide à sortir de la voiture pour rejoindre le cinéma.
"-Il est où ?" Demande le petit garçon alors que nous rentrons dans le bâtiment.
"-Il n'est pas encore là." Je lui réponds après avoir regardé rapidement autour de moi. "Viens, on va commencer à faire la queue pour acheter les places parce qu'il y a beaucoup de monde."
"-Et du pop corn ?"
"-Ce n'est pas l'heure mais pourquoi pas." Je lui souris.
Il sautille sur place avec un grand sourire avant d'attraper ma main pour me tirer vers la queue.
"-Toi, papa, tu prends les places, moi, je surveille ton copain." Déclare-t-il, les yeux rivés vers l'entrée.
"-Tu ne sais pas à quoi il ressemble." Je lui rappelle.
"-Si il a été ton amoureux, c'est forcément quelqu'un de beau."
Je pouffe en l'entendant mais le laisse faire. Il reste deux minutes en silence à scruter les gens avant que je le sente s'éloigner un peu de moi.
"-Tu es Harry ?"
Je me retourne et découvre en effet le bouclé devant Eliott. Le petit attend sa réponse en le regardant alors que l'homme l'analyse, sûrement surpris de faire face à un mini moi blond.
"-Eliott, combien de fois je t'ai déjà dis qu'il fallait dire bonjour." Je le réprimande.
"-Bonjour, tu es Harry ?"
Il ne perd pas le nord lui. En m'entendant, l'homme aux yeux verts relève le regard vers moi pour me sourire avant de s'accroupir au niveau du blond.
"-Bonjour." Lui répond-t-il. "Oui, je suis Harry et tu dois être Eliott. Je suis content de te rencontrer."
"-Moi aussi. Papa m'a dit que tu étais gentil avec lui. Donc je pense que je t'aime bien. Pour l'instant. Mais si un jour tu es méchant, je t'aimerai plus d'accord ?"
"-Je ne serai pas méchant avec ton papa mais c'est d'accord."
Il semble satisfait parce qu'il hoche la tête. Je lève les yeux au ciel en riant en même temps qu'Harry se relève. Pour le saluer, je l'attire dans un câlin auquel il répond immédiatement.
"-Je suis content que tu sois là." Je chuchote dans son oreille. "Je suis vraiment désolé pour les dernières fois."
"-Je suis content que tu ais proposé." Répond-t-il sur le même ton. "Et ne t'inquiète pas pour ça, je comprends."
Il s'apprête à commencer une conversation mais c'est sans compter sur Eliott qui se met entre nous deux et se tourne vers moi.
"-Je t'avais dit qu'il était beau." Me rappelle le petit garçon, me faisant pouffer et sourire Harry.
Sans plus faire attention à moi, mon fils commence à parler avec le nouvel arrivant. Ils sont légèrement sur le côté ce qui me permet d'avancer seul dans la file d'attente. C'est, en même temps, notre tour de prendre des places, ce que je fais avant qu'Harry ne puisse payer. J'en prends trois avec un pop corn en taille L. Ça n'a pas duré plus de cinq minutes et pourtant la conversation des garçons à mes côtés à déjà changé.
"-Moi, j'ai pas de maman." Dit Eliott. "Elle est partie quand j'étais un bébé. Du coup papa, il m'a fait grandir tout seul. Tu sais que c'est le meilleur papa au monde ?"
"-Je n'en doute pas." Lui répond tranquillement Harry.
"-Quelque fois, je me demande pourquoi ma maman est partie. Papa dit que c'est parce qu'elle ne se sentait pas capable d'avoir un bébé et qu'elle était plus amoureuse de lui."
"-C'est des choses qui arrivent. Mais tu as un super papa pour t'occuper de toi."
"-Oui, c'est vrai que c'est le meilleur papa du monde. Il m'a dit que tu as été son amoureux avant. Est-ce que c'était un bon amoureux ?"
"-Il est génial comme amoureux."
Je lève les yeux au ciel -va vraiment falloir que j'arrête de faire ça- en entendant la réponse de Harry et m'approche d'eux.
"-Bon les garçons, le film va commencer. Tiens, Eliott," je lui tends le pop corn, "tu ne le fais pas tomber et tu partages avec Harry et moi."
Il hoche la tête et pars vers la salle pendant que nous le suivons à l'arrière.
"-Désolé, il est très bavard."
"-T'excuses pas." Me rassure le bouclé. "Il te ressemble beaucoup."
"-C'est vrai."
Nous portons tous les deux le regard sur Eliott qui nous attend en parlant avec le gars de la sécurité. Je pouffe en le voyant faire et nous allons le rejoindre. Nous saluons l'homme en question pendant que je lui donne les tickets pour nous rejoignons la salle.
"-Tu me diras combien je te dois."
"-Rien du tout, H, je t'ai invité après tout."
"-Je me mets entre vous deux !" S'exclame Eliott une fois dans la salle.
Il choisit sa place et, comme il l'a demandé, Harry et moi nous mettons de chaque côté du petit garçon.
"-Par contre, je te préviens, Eli'," je le mets en garde, "tu ne parles pas pendant le film !"
"-Oui, oui."
"-Tu n'aimes toujours pas ça, les personnes qui commentent les films ?"
"-Non toujours pas !" Je ris. "Mais avec lui, c'est un peu compliqué."
"-Je sais me taire !" S'exclame le blond, outré.
"-Non, tu ne sais pas." Je me moque en ébouriffant ses cheveux.
"-Tu n'aimes toujours pas non plus te faire embrasser pendant les films ?" Murmure le bouclé, au-dessus d'Eliott pour que je sois le seul qui puisse l'entendre.
Je relève directement le regard et tombe immédiatement sur ses yeux. J'ai toujours aimé ses yeux, ils reflètent toute la douceur, l'amour, la bonté et la passion dont il est capable. Et sept ans plus tard, je retrouve toujours ça dans ses iris. Il n'avait qu'à me regarder pour que je cède à tous ses demandes, je me pliais en deux pour ses beaux yeux. Il le savait et en jouait. Et il semble s'en souvenir. Et, en plus, il a beaucoup plus confiance en lui que lorsque nous étions ensemble.
"-Seulement quand je ne connais pas le film." Je réponds sur le même ton, joueur. "Et tu devrais le savoir vu le nombre de film que tu m'as fait louper."
Un sourire insolent naît sur les lèvres de mon vis-à-vis et je le vois s'approcher de moi avant...
"-Les bandes annonces commencent !" S'écrit Eliott.
Avec un sursaut, Harry s'éloigne, les joues rouges, et porte son attention sur l'écran. Je l'observe jouer avec ces bagues signe qu'il est gêné ou mal à l'aise. Je suis heureux qu'Eliott l'ait arrêté avant qu'il m'embrasse car je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée. Nous venons seulement de nous retrouver et Eliott est avec nous. Je ne peux pas me permettre d'embrasser quelqu'un juste parce que j'en ai envie alors que mon fils est juste à côté -enfin en dessous dans ce cas-, ça ne serait pas très sain pour lui. Sans parler du fait que je n'ai absolument aucune raison d'embrasser Harry. Certes nous avons passés deux très belles années ensemble lorsque nous étions adolescents mais maintenant, nous sommes adultes, rien n'est plus pareil. Il paraît être le même qu'il y a sept ans malgré tout rien ne me dit que c'est vraiment le cas. J'ai un enfant sous ma responsabilité maintenant, je ne peux pas me permettre de rentrer dans une relation instable juste pour les beaux yeux verts de mon ex.
"-Woow papa ! Ce film a l'air trop cool !" S'exclame justement mon garçon me sortant de mes pensées. "On pourra aller le voir ?"
"-On verra." Je lui réponds sans pour autant prêter attention à ce qui se passe à l'écran.
"-Hein, Harry, il a l'air trop cool ?"
"-Oui, c'est vrai."
"-Je suis sûr qu'il plairait à Zayn ! Faudra qu'on aille le voir tous ensemble !"
"-Dis-moi voir, Eliott, tu ne veux pas te calmer un peu ?" Je lui demande.
"-Pardon." Dit-il sans conviction.
Pour m'amadouer, il vient se coller à moi avant de se remettre à parler deux secondes plus tard alors qu'une nouvelle bande annonce commence. Je soupire tandis qu'Harry pouffe à côté de moi. Ça promet. Comme prévu, durant toute la séance, Eliott parle et commente le film malgré mes réprimandes et pour rien arranger, Harry lui répond à chaque fois. Je suis presque soulagé lorsque le générique de fin arrive mais je crois que j'ai crié -intérieurement- victoire trop tôt car, immédiatement, mon fils commence à analyser de nouveau chaque scène du long métrage. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de sourire en voyant les deux garçons discuter du dessin animé qu'on vient de voir. Eliott n'a jamais eu de mal à parler avec des inconnus mais je remarque bien qu'il aime beaucoup Harry en dépit de leur rencontre toute récente. Et ça ne peut pas me faire plus plaisir. Je ne sais pas encore ce qu'il va se passer entre l'homme aux yeux verts et moi néanmoins, savoir qu'ils s'entendent bien lui et mon garçon, m'enlève un poids des épaules. Nous décidions finalement de nous rhabiller pour sortir du cinéma. Alors que j'allais dire au revoir à Harry, une fois à l'extérieur, il prend la parole :
"-Venez, je vous paie un cupcake avec une boisson."
"-Harry..." Je commence.
"-Ouiiiiii !" Me coupe Eliott avant de partir dans la direction indiquée par le bouclé.
"-Aller, écoute ton fils."
Je soupire mais suis les deux garçons. Je garde un œil sur le blond qui marche devant nous, tout en restant aux côtés d'Harry.
"-Avoue que tu essaies de te le mettre dans la poche en lui achetant des sucreries."
"-C'est possible, oui." Sourit-il. "Peut-être qu'en me faisant apprécier du fils, je pourrais avoir le cœur du père."
Sans pouvoir m'en empêcher, je lâche un petit rire avant que ça ne se transforme en fou rire. Du coin de l'œil, je remarque Harry qui passe par différent stade: d'abord il est gêné, puis vexé par ma réaction avant de laisser un sourire fendre son visage faisant apparaître ses fossettes.
"-Tu as pris vachement confiance en toi ces sept dernières années." Je lui fais savoir après m'être calmé.
"-Je ne pouvais pas rester un jeune garçon innocent et timide de quinze ans toute la vie, n'est-ce pas ?"
"-J'aimais beaucoup le garçon en question, moi."
"-Tu y es quand même pour beaucoup dans ce changement. Surtout la partie sur l'innocence."
Je me remets à rire rapidement suivit du deuxième homme, cette fois, alors qu'Eliott nous regarde sans comprendre devant le magasin de cupcakes.
"-Ok, un point pour toi." Je lui dis. "Allons manger ces cupcakes avant qu'Eliott fasse une crise."
Nous rentrons dans le petit magasin et prenons nos commandes avant de nous installer à une table. Nous passons une grosse partie du reste de l'après-midi autour de cette table à discuter. Et malgré la présence d'Eliott, j'ai bien remarqué que l'homme face à moi me draguait. Entre les compliments, les regards insistants, les sous-entendus et son pied qui traînait un peu trop près des miens, il est loin d'être le plus subtil. Malgré que ça soit très flatteur, je ne sais pas quoi en penser. Nous venons à peine de nous retrouver. Nous avons déjà eu une relation ensemble, et bien que merveilleuse, elle est révolue et j'ai un enfant un charge. Je ne sais pas vraiment quel sont ces intentions, si son but est seulement de s'amuser ou s'il recherche une relation sérieuse. Je ne connais même pas ses réels sentiments à mon égard. Ne fait-il pas ça seulement avec le souvenir de notre relation passée ? A-t-il de nouveau sentiment amoureux pour moi ? Ou c'est seulement de l'affection sans qu'il ne s'en rende compte ? Je ne sais pas et ça ne préoccupe pas mal. Lorsque je sors de mes pensées, je tombe immédiatement sur ses yeux verts qui me fixent avec un immense sourire. Sourire communicatif car le même apparaît sur mon visage. Je ne peux pas dire le contraire, j'ai passé -et Eliott aussi- une excellente journée à ses côtés mais je repars avec beaucoup de question sur nous deux.
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