Chapitre 4
Inconnu
Qu'est-ce que je fichais ici ? Je n'avais absolument pas ma place dans ce bal. Je devrais plutôt être avec mon étalon et pas à un bal où je ne connaissais personne ! J'avais pourtant promis à Gwendolyn d'être là, je ne pouvais pas trahir mon serment. Je n'avais peut-être aucun respect pour les adultes, mais j'avais une morale.
Haussant les épaules, je sentis la colère faire briller mes yeux rouges. Huit ans que je n'avais pas vu mon père et au lieu de passer du temps avec lui, je devais aller au lycée et à ce fichu bal.
Je sentis la chemise tendue sur mes épaules, elle était trop petite, et cette veste de costard me faisait ressembler à un manchot, je n'étais absolument pas à l'aise dans cette tenue. Je m'appuyai contre un mur et regardai les gens danser.
Les robes scintillantes des femmes me firent mal aux yeux et je détournai mon attention vers l'extérieur. Je quittai discrètement ma place et sortis par l'une des portes-fenêtres donnant sur une terrasse. Je devenais fou à force de rester au milieu de cette agitation.
Par réflexe, je jouais avec ma boucle d'oreille. Un cadeau de mon père, assortie à mes yeux sanglants. J'entendis des pas se rapprocher et un couple débarqua à côté de moi, je faillis lever les yeux au ciel en repensant à mon célibat permanent. Il serait peut-être tant d'y remédier, mais à quoi bon sortir avec une fille si les sentiments n'étaient pas présents ? À rien.
La jeune fille blonde gloussait lorsque son partenaire, aux longs cheveux bleu nuit, embrassa le dos de sa main. Mais quelle niaiserie ! Moi qui voulais être tranquille...
Alors que je ressassais l'envie de tuer les deux idiots à côté de moi, un rire inquiétant s'éleva de l'intérieur. Mon coeur se mit à battre plus fort et j'eus un mauvais pressentiment. Ma nature démoniaque me dictait de retourner dans la salle et je la suivis, elle ne me trompait jamais. Alors que la semelle de mes chaussures claquait sur le sol, je vis une jeune fille tomber depuis le balcon présent à l'intérieur.
Plusieurs cris résonnèrent. Mes pouvoirs se déclenchèrent, me conférant rapidité et agilité. Je sentais l'adrénaline pulser dans mes veines, signe que mon sang absorbait l'essence démoniaque héréditaire. Je me mis à courir, tout en essayant de ne pas glisser. Dérapant à cause de mes chaussures lisses, je faillis m'étaler au sol.
— Putain ! jurai-je.
Grâce à cette nouvelle vitesse, je parvins à enlever ses assassins pédestres et les envoyai valser dans la salle. Dans un élan de stress, je me jetai en avant et réussis de justesse à récupérer la jeune fille. Mon sang ne fit qu'un tour en reconnaissant Gwendolyn. Qui l'avait agressée et pourquoi elle ?
Une énergie malfaisante régnait autour de moi, et elle était bien puissante que les âmes des diables. Une brume sombre et cotonneuse nous entourait, me glaçant jusqu'aux os. L'hémoglobine bourdonnait dans mes oreilles et j'entendis mon père s'exclamer de soulagement :
— Oh bon sang, tu l'as rattrapée !
— De justesse.
Tous les invités avaient quitté la salle sauf quelques personnes qui devaient habiter là. Je n'avais même pas remarqué ce soudain vide, trop accaparé par l'emprise glaçante de ce brouillard. Le couple qui était venu glousser sur le balcon était à présent près de la jeune fille. Qu'est-ce qui s'était passé ici ? Même moi je n'en savais rien... Il y avait vraiment quelque chose de louche... Cette incompréhension faisait probablement briller mes yeux plus intensément.
Mon père discutait avec une vieille connaissance, que j'avais précédemment rencontré et, à leur air inquiet, je compris que quelque chose allait se produire.
— Papa, qu'est-ce qui se passe ? demandai-je.
— Pas maintenant, me chuchota-t-il.
— Mais...
— Chut ! Je t'ai dit pas maintenant.
Pourquoi est-ce que je pressentais que ces prochains temps allaient être difficiles émotionnellement et nerveusement ? Un mauvais pressentiment peut-être. Alors que je déposai cette fille au sol, je sentis une brûlure au niveau de mon poignet. Je serrai les dents et relevai prudemment ma manche pour y découvrir que, non seulement ma peau était devenue rouge, mais qu'un tatouage s'y était imprimé. Ses contours, à l'encre de chine noire, semblait représenter un chevalier jouant avec la foudre. Bon sang, était-ce bien ça ?
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