Chapitre 33

Gwendolyn

Ce matin en me réveillant, j'étais toujours stressée par les résultats des examens, peut-être Kaede trouverait-il les mots pour me réconforter ? Il ne semblait absolument pas angoissé par les résultats, car il avait comparé ses résultats à ceux de Julius et rien ne correspondait, preuve qu'il avait tout raté, et pour lui, cet échec n'était pas le premier.

Chaque matin, j'allais le chercher et nous allions déjeuner ensemble, Alice et Julius étaient les premiers de nous six à être au réfectoire. Isabelle venait quelques minutes après, rapidement rejointe par Fried et Adams. Mais ce matin, quelque chose ne semblait pas aller.

En nous approchant de notre place, je remarquai qu'Alice boudait et que Julius lisait une lettre,  les sourcils froncés, ce qui était rare chez lui.

— Il y a de l'eau dans le gaz on dirait, s'exclama Kaede en arrivant.

— C'est de la faute de Julius, annonça Alice.

— Pourquoi ce serait uniquement ma faute ?

Je ne les avais jamais vus se disputer, normalement ils s'entendaient sur tout. Ou plutôt Julius cédait à tous les caprices d'Alice.

— On peut savoir ce qui se passe ? demandai-je.

— Julius ne veut pas qu'on sorte ce week-end, m'expliqua Alice en fusillant le jeune homme du regard.

— Non, ce week-end c'est impossible, conclut-il en replongeant dans sa lettre.

— Tu pourrais faire un effort, répliqua Alice.

— J'ai dit non, c'est impossible point finale !

Julius se leva, la lettre toujours dans la main et dit :

— J'ai d'autres priorités pour ce week-end.

— Alors tu peux y aller, réclama froidement  mAlice.

Décontenancé, Julius la regarda droit dans les yeux et précisa avant de partir :

— Je n'aurais jamais pensé que tu sois aussi égoïste.

Il partit et se dirigea vers la salle de musique. Alice avait l'air chamboulée par ce qu'il avait dit, quant à Kaede et moi, nous avions assisté à leur dispute sans dire un seul mot.

— Je vais aller voir la prof pour mon devoir de méditation, marmonna Alice.

Lorsqu'elle fut sortie de notre champ de vision, Kaede se tourna vers moi et déclara :

— Le jour où on doit sortir le week-end, rappelle-moi de m'y prendre à l'avance.

Malgré la situation, je ne pus m'empêcher de rire.

— Je me demande quand même ce qui s'est passé pour que Julius refuse, surtout qu'il tient toujours à faire plaisir à Alice, dis-je.

— Je pense que ça a un rapport avec la musique, supposa Kaede.

— Comment tu en es arrivé à une conclusion pareille ? m'étonnai-je.

— La lettre portait le cachet d'une grande école de musique.

Ah, je comprenais mieux. Apparemment Julius adorait la musique, mais il ne parlait pas beaucoup de lui, nous n'en savions pas plus. Nous continuâmes de discuter, quand Isa arriva.

— Fried et Adams ne sont pas là ?Alice non plus ?

— Elle s'est disputée avec Julius, elle est allée vers le prof de métamorphose, et lui il doit être dans la salle de musique.

— Je confirme, il jouait du violon. Et Fried et Adams ?

Je n'eus pas le temps de répondre que Fried rentra dans la salle, escorté comme à sa nouvelle habitude d'Adams. Beaucoup de filles avaient craqué sur le Demi-démon, mais elles n'avaient aucune chance, il n'était pas intéressé. Le directeur, le regard sombre, vint à sa rencontre.

— Votre Majesté, comment allez-vous ce matin ?

— Cessez de m'appeler ainsi, monsieur White.

Le directeur parut contrarié, personne n'avait osé lui répondre, et même si Fried était de sang royal, cela n'excuserait rien.

— N'oubliez pas qui je suis M. Darglass.

Le directeur prit un air énervé, visiblement il n'aimait pas qu'on conteste son autorité. Il se rapprocha de Fried et lui murmura quelque chose à l'oreille. Aussitôt le prince blêmit et ses mains se mirent à trembler. Adams remarqua ce soudain changement d'attitude et pointa son arme sur le directeur.

— Reculez.

Fried avait le regard troublé, comme s'il ne réalisait plus ce qu'il faisait. Kaede l'attrapa par l'épaule et le conduisit vers la salle de musique où se trouvait Julius, évitant ainsi le problème d'être questionné par les autres et un scandale de la part d'Adams.

— Est-ce que ça va ? demanda Julius alors que la porte s'ouvrait brusquement.

— Adams a braqué son arme sur le directeur, expliqua Kaede.

— Mais pourquoi as-tu fait ça ! s'agaça Isabelle en fusillant le garde du corps du regard.

— Adams n'y est pour rien. Le directeur a menacé d'assassiner ma mère.

Cette simple phrase prouvait que le directeur était de mèche avec Clade. On ne pouvait plus attendre, il fallait à tout prix retrouver la reine.

— Fried, j'active la Sentinelle d'argent, et essaye de chercher ta mère, lui dis-je.

Je tentai d'activer mentalement cette Sentinelle, mais je sentis rien. Notre lien semblait rompu, inexistant, tranché. J'avais une désagréable sensation de vide, comme s'il me manquait quelque chose. Aucun picotement ne se fit ressentir dans mon poignet. Je déglutis, redoutant de ne plus réussir à activer une Sentinelle.

Je pressai la perle du bracelet, mais rien ne se produisit, je ressayai, sans plus de résultats. Je regardai la clé sur mon poignet, elle n'indiqua plus que la Sentinelle noire, Kaede, et la Sentinelle d'or, Julius, mais celle d'argent avait disparu.

— Merde ! s'exclama Kaede.

— La Sentinelle d'argent a disparu, murmurai-je.

La panique était de mise. Comment était-ce possible ? Je n'arrivais plus à réfléchir comme il faut, mon anxiété m'étouffait. Mes mains tremblaient alors que j'effleurais la clé tatouée.

— Il faut retrouver la reine et au plus vite, m'écriai-je. 

— Je suis allé regarder dans la chapelle et je n'ai trouvé aucune entrée ou passage secret, révéla Julius.

— La seule entrée se trouve dans le bureau du dirlo, mais comment on y rentre sans attirer l'attention ? demanda Kaede.

Julius réfléchit pendant un certain moment, et Alice nous avait rejoints. Au bout d'une intense réflexion, il nous dit :

— Je crois que je sais comment faire, mais vous n'allez pas aimer.

— Dis toujours, au point où nous en sommes, s'impatienta Isa.

— Il faudrait mettre le feu à un endroit, le directeur ferait alors évacuer les élèves et on s'éclipserait.

— Mais le directeur fait un appel, soulignai-je.

— Alice, tu te sens capable de le manipuler pour qu'il ne nous appelle pas ? demanda Julius.

— Oui, je peux le faire, dit-elle en le fusillant du regard.

— Yes, tout est réglé, on fait ça après le dîner, s'écria Kaede.

Il s'approcha de moi et m'embrassa, Adams détourna le regard vers Fried s'enquérant de son état. Seule Alice fusilla à nouveau Julius du regard et dit :

— Tu ne veux toujours pas sortir ce week-end ?

— Tu remets ça sur le tapis, soupira Julius. J'ai dit non et je ne changerai pas d'avis.

— Tu es un égoïste !

— C'est toi qui dis ça ! Sache juste que si j'avais voulu, je serais allé dans une école de musique, il ne me restait plus qu'à passer un examen, que j'aurais de toute manière réussi. Mais j'ai préféré venir à Welton pour être avec toi ! Et en remerciement, tu m'engueules parce que je ne veux pas sortir ce week-end.

Jamais je n'aurais pensé que Julius avait envisagé une seule minute d'aller dans une autre école. Après réflexion, ça ne m'étonnait pas tant que ça, Julius était intelligent, il aurait été admis dans n'importe quelle école. Il se tourna vers moi en disant :

— Gwen, nous avons notre premier cours de physique, allons-y.

Il prit son violon, mais malheureusement son sac s'ouvrit et son contenu se rependit sur le sol.

— Il ne manquait plus que ça, s'énerva Julius en se penchant.

Alice posa un genou au sol et ramassa une feuille où étaient gribouillées des notes de musique. N'ayant jamais aimé la musique, préférant le dessin, je ne comprenais rien à ce qui était inscrit.

— C'est quoi ? demanda-t-elle, curieuse.

— C'est le morceau que j'ai composé, répondit Julius en le lui prenant des mains.

Il ramassa ses affaires et ouvrit la porte.

— L'égoïste vous souhaite une bonne fin de journée !

Et il sortit en claquant la porte. Je sentis le chambranle trembler et Kaede me lança un regard inquiet. Sans Julius, le jeune démon aurait eu une moyenne plus que désastreuse et très insuffisante. Il regarda Alice d'un oeil furieux, ce qui fit tressaillir ma cousine, et quitta lui aussi la pièce.

Je me dépêchai de rejoindre Julius en classe. Je ne savais pas à quoi m'attendre pour ce premier cours de physique, je n'en avais jamais fait. Peut-être Julius pourrait-il m'aider si cela se passait mal ? Enfin dans l'état actuel des choses, il n'était prêt à aider personne.

Je m'assis en essayant de capter le regard de mon voisin. Mais rien à faire, il restait fixé sur le tableau. À peine notre professeur avait-il passé la porte qu'il lança :

— Bonjour à tous et bienvenu dans ce cours. Je suis M. Linkeldam et c'est moi qui me chargerais de vous apprendre la base de cette merveilleuse branche qu'est la physique.

Ce prof paraissait très enthousiaste, son cours risquait de se révéler intéressant ! Au programme du jour : la réfraction. Un thème essentiel car il nous apprendrait comme lancer une attaque lumineuse à travers une matière.

— Pour chaque réfraction que nous allons faire, l'indice de réfraction vous sera donné. Mais sachez tout de même la formule pour le calculer. Quelqu'un peut-il me la donner ? Jeune homme là-bas au fond !

Il interrogea Julius qui semblait rêvasser. Ne s'attendant pas à ça, mon voisin releva la tête et lança un regard désolé au prof. Celui-ci, comprenant qu'il n'aurait pas de réponse, marqua la formule au tableau et entama son dessin, un simple rayon lumineux frappant un bloc de verre. Il traça ensuite un trait perpendiculaire à la surface du verre au point où arrivait le rayon, la normale. Se servant de l'indice de réfraction, il dessina deux cercles, le plus petit celui d'incidence et le plus grand celui de réfraction.

— Bien maintenant que vous avez tracé vos deux cercles, prolongez votre rayon jusqu'au cercle d'incidence.

Je prenais attentivement des notes car ce thème me paraissait compliqué...Autant ne pas commencer l'année avec un zéro.

— Lorsque que votre rayon a croisé le cercle d'incidence, tracez une parallèle à la normale. Celle-ci coupe le cercle de réfraction en un point qui se trouve vers le bas, il vous indique l'endroit par lequel passe le rayon lumineux après sa réfraction. La normale coupe également le cercle d'incidence en un point, c'est le rayon réfléchi.

Oui, bien sûr... Avec avoir réalisé mon dessin qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à celui du prof, je posai mon crayon avec un sourire satisfait. J'avais tout compris.

— Avez-vous compris ?

Une approbation générale parcourut les rangs. Je m'attendais à ce que le prof nous donne des exercices à faire, je n'aurais cependant pas cru possible qu'il dise :

— Alors faisons un petit TE pour vérifier que vous avez bien tout compris !

Mes mains se figèrent alors que le prof posa une feuille devant moi. Était-ce une blague ? Il n'avait pas du tout l'air de plaisanter... Il allait falloir assurer.

***

Le TE ne comportant qu'un seul exercice, un dessin d'une réfraction à faire en expliquant les étapes, il fut rapidement corrigé et rendu. Julius regardait dehors, pas du tout intéressé par ce cours. M. Linkeldam se planta devant notre table et me tendit mon test.

— Un 10/10 Mlle Shardhose, bravo. Votre explication était parfaite.

Je souris devant son regard fier. Enfin j'excellais dans une branche ! Il se détourna ensuite vers Julius, le regard assombri.

— M. Danvers, 5/10. Je m'attendais à un meilleur résultat en vue de ceux que vous avez obtenus à l'examen. Votre dessin ne comportait que peu de traits de construction, de plus votre explication était incomplète. Heureusement les rayons réfracté et réfléchi sont justes.

M. Linkeldam posa sèchement le TE sur la table alors que Julius, semblait plus que contrarié par sa note. Ce fut d'une voix glaciale qu'il répondit :

— Excusez-moi Monsieur, mais je n'ai pas besoin de tout expliquer ou de tout dessiner pour avoir compris. Votre méthode de notation est injuste !

— Vous croyez-vous plus intelligent que les autres ?

— Ce n'est pas ce que j'ai dit.

— C'est ce que vous avez sous-entendu. Vous ne pouvez pas vous permettre une note pareille dans une branche alors que vos moyennes d'examens s'élèvent à dix.

— L'erreur est humaine ! J'ai parfaitement le droit de rater un test !

Julius se leva brusquement, ramassa ses affaires et se dirigea vers la porte.

— Monsieur Danvers revenez ici immédiatement !

— Bonne journée Monsieur.

La sonnerie retentit alors que Julius claquait la porte. Mais qu'est-ce qui lui prenait enfin ? Sa réaction me paraissait disproportionnée devant cette note, une 5/10 pouvait toujours se remonter. Peut-être n'était-il pas énervé à cause de ça ? Comment aurais-je pu imaginer ce qui se passait ? C'était impossible.

*************
Voici un petit schéma de la réfraction !

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