Chapitre 19

Gwendolyn   

Lorsque je me réveillai, l'horloge indiquait déjà 7h16. Tous les souvenirs de la veille me revinrent en tête et la fatigue se fit sentir, me faisant tourner la tête. Comment allais-je pouvoir rester éveillée durant les cours ? Je regardai le lit de Caro et constatai qu'elle était déjà levée et habillée.

— Pourquoi ne m'as-tu pas réveillée ?

— Tu semblais exténuée hier soir, je n'avais pas à coeur de te sortir du lit si tôt.

Elle était adorable...Je me levai aussitôt avec le sourire. Les cours débutaient à 8h30, il ne fallait pas trop trainer si nous voulions déjeuner. Je n'avais pas la moindre envie d'être à la bourre. Arrivant en bas de l'escalier, Caro me claqua un bisou sur la joue avant de me dire :

— Je vais rejoindre Erik, passe une bonne journée Gwen.

— Toi aussi.

Après m'avoir offert un aimable sourire, elle se dirigea vers Erik. La tête de cadavre qu'arborait l'Ange ne me laissait aucun doute, il avait mal dormi. Je me dirigeai vers Kaede qui semblait dormir debout. Ses cheveux corbeaux faisaient ressortir son extrême pâleur et les poches sombres sous ses yeux.

— Qu'as-tu fait cette nuit pour tirer une tête pareil ?

— À ton avis ? répondit-il en levant les yeux au ciel.

— Que s'est-il passé ?

En tant que démon, Kaede n'avait pas besoin de dormir énormément pour être en pleine forme. Mais un minimum de sommeil lui était indispensable, et visiblement, il n'en avait pas eu.

— C'est de la faute d'Erik, on s'est disputé, parce que le dirlo ne nous a pas collé pour hier soir. Finalement, ça s'est fini en bataille d'oreillers. Je n'ai strictement rien dormi.

Je pensais que c'était plus grave qu'une bataille d'oreillers. J'avais envie de rigoler, mais si Kaede n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, il ne prendrait peut-être pas bien le fait que je me moque.

Assis dans le réfectoire, le brouhaha que les élèves faisaient semblait bercer Kaede qui ne tarda pas à s'endormir contre le dossier de sa chaise. La salle était incroyablement bruyante malgré le silence englobant notre table, personne ne parlait et ce fut Alice qui le rompit en premier :

— Où crois-tu que la prochaine Marque sera ?

— J'espère qu'elle ne sera pas trop loin dans le temps, ça me demande beaucoup d'énergie, avoua Fried.

— Moi, j'espère qu'il y aura un peu d'action, marmonna Kaede qui ne dormait pas totalement.

La discussion autour de la Marque dura quelques minutes avant que le directeur n'arrive. Tous les élèves se levèrent et nous les imitâmes. Kaede le fit mais de mauvaise grâce, ce que les professeurs remarquèrent, certains ne le prirent pas mal alors que d'autres fusillèrent le démon du regard. Le directeur leva la main et fit rasseoir les élèves avec une autorité que personne ne contesta.

— Bonjour à vous. Comme vous le savez tous, l'année commence toujours par des examens afin d'évaluer votre niveau, déclara-t-il.

Je devais avoir mal compris, il y avait réellement des exams dès la première semaine ? Kaede, qui s'était « réveillé », recracha son jus d'orange et jura, Alice et Isa échangèrent un regard inquiet. Seuls Julius et Fried restèrent calmes. Moi, je ne savais pas trop comment je me sentais, mais sûrement pas très bien. Je n'arrivais pas à savoir si les connaissances que j'avais acquises jusqu'à maintenant étaient suffisantes.

Après de nombreuses précisions, je compris que cet examen servait à évaluer les compétences assimilées lors des niveaux précédents. La plupart des examens de première semaine étaient des disciplines dites humaines, les branches notées étaient : le français, les maths, le latin, l'histoire. L'anglais, la géographie et les sciences n'étaient pas évalués pour cette année. L'examen de français commencerait dès demain. Les groupes de travail étaient autorisés, mais le directeur ne voulait aucune fille dans le dortoir des garçons et vice-versa.

Lorsque le proviseur eut fini son speech, les élèves se levèrent et rejoignirent leurs classes. Je lançai un tendre regard à Kaede, toujours aussi épuisé, et l'encourageai de mon mieux, avant de suivre Julius.

Mme Cruor semblait liguée contre lui et moi. Nous ne lui avions pourtant rien fait...Alors que la sonnerie retentissait, la prof annonça :

— Nous allons travailler la dictée et la compréhension de texte, ces notions seront évaluées à l'examen. Prenez vos cahiers, nous commencerons par la dictée. Une note facultative sera attribuée à votre travail.

Je savais pertinemment que le français n'était pas le domaine où j'avais le plus d'aisance, il fallait donc que je me concentre un maximum. D'un geste peu serein, je pris mon cahier de français et mon stylo-plume, apercevant du coin de l'oeil Julius faire pareil. Quand tout le monde fut prêt, la prof commença à dicter.

Après avoir rapidement corrigé les copies, la prof nous les rendit. Pour évacuer le stress, même si ce n'était pas une note qui comptait, je jouais avec mon stylo-plume. La prof s'approchant de notre table, je me redressai et posai ma plume sur le bois du bureau.

— M. Danvers, vous parlez peut-être beaucoup avec votre voisine, mais vous avez eu 10/10, c'est excellent, bravo !

— Merci Madame.

— Vous aussi vous parlez beaucoup Mlle. Shardhose, mais avec un 8/10 c'est acceptable.

Je ne rêvais pas, j'avais fait 8 en dictée, c'était inimaginable, finalement l'examen s'annonçait meilleur que prévu. Mais je savais que je ne devais pas relâcher mes efforts et que si je me reposais sur ses lauriers, la moyenne ne serait pas atteinte. Quand la prof eut fini de distribuer les copies, elle recommença à parler :

— Nous allons passez à la compréhension écrite, après tout il nous reste une heure de français.

J'en avais marre, mais ce n'était pas moi qui décidait de l'emploi du temps. La prof distribua une feuille de question, une vingtaine environ, qui étaient en rapport avec la dictée de toute à l'heure. Je lus la première question, je restai un instant immobile, puis je clignai des yeux. Je n'avais rien compris. La meilleure chose à faire était de passer aux suivantes et de revenir sur celle-là à la fin.

Finalement j'avais eu 7/10 à ce texte, si je faisais pareil à l'examen j'aurais 7,5 en français, c'était pas mal. Je n'étais peut-être pas très forte dans cette matière, mais cette note me satisfaisait entièrement. Julius, quant à lui, avait fait 10 aux deux, j'avais de la peine à comprendre cette facilité, c'était quelque peu déconcertant.

Il était 10h30, nous avions, pour le plus grand plaisir des élèves, une pause à partir de 11h25, la période de math suivait celle de français et s'avéra plus compliquée. Je sortis en vitesse alors que la sonnerie retentissait à peine. Je retrouvai Kaede sous un banc de la cour.

— Est-ce que ça va ? demandai-je, inquiète.

Il soupira.

— Je n'ai jamais voulu faire d'études, mon seul but est de faire partie de l'armée. Si je reste ici, c'est uniquement pour que mon père soit fier de moi. Je ferai en sorte que ça se passe ainsi.

Sa détermination ne me surprit pas, Kaede était un combattant et il viendrait à bout de ses examens, même si passer de 3,5 à 6 n'allait pas être simple. M'asseyant à côté de lui, j'engageai la discussion sur les premiers cours, nous n'avions fait que deux jours et pourtant Kaede avait beaucoup de choses à me dire, la plupart parlaient de Dermingham.

— Les enseignants de cet établissement sont des tortionnaires ! s'exclama-t-il . Déjà que je partage sa chambre, je suis assis à côté de lui.

Je me mis à rire et les trente minutes qui nous restaient avant le repas passèrent à la vitesse de la lumière. En arrivant dans la salle à manger, nous rejoignîmes Alice, Isa et Julius à notre place au bout de la table.

— Tiens, Fried n'est pas là ? Remarquai-je.

— Il n'est pas venu en cours ce matin, expliqua Alice.

Nous commençâmes à manger, mais Isa ne pouvait rien avaler tellement elle s'inquiétait. Soudain Fried réapparut, il était blanc comme un linge, et Isa eu beaucoup de mal à ne pas lui sauter au cou. Officiellement ils n'étaient pas ensemble, mas gardaient une vraie complicité. À peine était-il assis qu'elle l'assaillit de questions.

— Où étais-tu passé ? C'est nouveau cette mèche devant ton œil droit ?

Elle essaya de la passer derrière son oreille mais Fried détourna la tête.

— Fried, qu'est-ce qui t'arrive ? Attends, on dirait que tu as pleuré, réponds-moi, que se passe-t-il ?

Fried soupira, il nous regarda droit en face, et effectivement il avait pleuré, les traces des larmes étaient visibles. Il releva sa mèche de devant son œil, celle-ci cachait une blessure à l'arcade sourcilière.

— Il se passe que le directeur a appelé ma mère et j'ai dû aller m'expliquer avec elle, dit-il.

— Oh mon dieu, mais qu'est-il arrivé ? Pourquoi es-tu blessé ?

— Ma mère était furieuse, elle m'a giflé tellement fort que je suis tombé, j'ai malencontreusement heurté le coin de la table. Le directeur à passer l'éponge mais il ne faut pas que ça se reproduise.

D'un oeil inquiet, je regardai Fried essuyer les dernières traces de sang et de larmes. Il reposa le mouchoir sur le table et saisit ensuite la fourchette se trouvant à sa gauche, sans pour autant manger quelque chose de consistant, il se contenta de la faire pivoter entre son index et son pouce.

— Est-ce que ça va aller ? Interrogea Alice.

— Oui, il faut bien...

Les cours de l'après-midi se passèrent relativement bien. Pendant notre période de temps libre, nous avions profité pour mettre des groupes de travail en place. Fried expliquait très bien, je compris enfin les choses qui me paraissaient absurdes.

À 20h00, nous rejoignîmes nos dortoirs pour prendre une douche. L'eau chaude était agréable après une journée aussi chargée, mais la proximité avec les autres filles me gênait et je ne restais pas longtemps dans la salle d'eau. N'étant pas en confiance même si mes résultats étaient concluants, je relus mes cours de français et je pris un somnifère pour m'aider à dormir car je savais pertinemment que je n'allais pas dormir beaucoup

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