Chapitre 14

Gwendolyn

Rêvais-je d'un pic-vert, ou quelqu'un tambourinait-il à ma porte ? La voix de Gerd s'éleva, et je sus donc que ce n'était pas un pique vert.

— Gwen, sois descendue dans un quinze minutes !

Je ne perdis pas de temps, il ne fallait pas que j'arrive en retard. Voilà bien trois semaines que nous attendions d'aller à Welton. J'angoissais un peu, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. L'inconnu me faisait peur...

De rapides mouvements, je disciplinai mes cheveux bruns. J'enfilai une jolie robe blanche, avant de me brosser les dents. À grande peine, je réussis à sortir mon sac de la chambre et, ce fut avec surprise, que je tombai nez à nez avec Kaede. Je restai hypnotisée par son apparence. Il avait revêtu une chemise blanche, une veste de costard et un pantalon noir, un look qui changeait véritablement du peu que j'avais vu.

— Quelle classe, lui fis-je remarquer.

— Ouais, je n'ai pas envie de faire honte à mon père, m'expliqua-t-il.

Kaede saisit mon sac et le déposa près du sien, devant la porte. Gerd n'aurait plus qu'à les mettre dans la voiture. Nous rejoignîmes la salle pour notre dernier déjeuner avec nos familles.

Le repas se passa dans la bonne humeur. Une fois fini, nous rejoignîmes l'extérieur. J'étais incapable de tenir en place, trop impatiente à l'idée de découvrir Welton. J'embrassai ma famille et saluai Gerd. Étrangement, la personne qui me manquerait le plus serait probablement Pierre de Villiers.

— Au revoir Gwendolyn. Prends soin de toi.

— Vous aussi. Revenez vite, Kaede aura besoin de vous.

— Ne t'inquiète pas, je serais là de temps en temps.

Je lui adressai un petit sourire et le laissai avec Kaede. Les deux hommes échangèrent une accolade affectueuse. Je voyais aux yeux de mon ami qu'il était triste de devoir partir. Après les paroles que Pierre m'avait confiées, je comprenais le chagrin de mon ami.

Après une heure de trajet durant laquelle j'avais discuté avec Kaede, nous arrivâmes à Welton. Le haut portail de bronze surplombait les étudiants de toute sa grandeur tout en faisant miroiter les détails forgés de métaux précieux. Des grilles entouraient les bâtiments sculptés de rosaces et de spirales de pierre. Je n'arrivais pas à estimer la grandeur du campus, les édifices, dont je ne savais pas le nombre exact, me paraissaient bien plus grands que notre manoir. Combien d'étudiants pouvaient-ils abriter ?

Alors que nous avancions dans la cour de pavés, une fontaine d'eau miroitante apparut dans mon champs de vision. De nombreux élèves maitrisaient l'eau et la glace, il fallait de quoi apprendre. Un étudiant, plus âgé que nous, modelait les feuilles des arbres grâce au zéphyr. Les végétaux faisaient partie intégrante de cette école, ils enroulaient leurs branches contre les façades et rendaient l'air pur. Je me sentais à l'aise dans cet environnement, une atmosphère rassurante émanait de cette école.

Autour de nous, en forme de sphère, je voyais un sort de protection chatoyer. Celui-ci ne permettait qu'aux personnes ayant des pouvoirs magiques d'entrer dans l'école. Gerd posa nos maigres bagages à côté de nous et nous salua brièvement avant de reprendre le chemin de la maison.

D'un accord commun, nous avions décidé de rechercher les Marques uniquement au manoir. Fried ménagerait son pouvoir et il n'y aurait aucun regard indiscret pour nous surprendre. Notre anonymat serait préservé. La clé ornant mon poignet et contenant la première Marque, avait été dissimulée avec du fond de teint, ce qui ne me convainquait pas.

— Arrêtez de rêvasser et venez ! s'exclama Alice.

Elle semblait bien impatiente d'y aller... Elle s'éloigna, entrainant Isabelle à sa suite. Julius et Fried, conversant sur la similitude entre les pouvoirs de glace et d'eau, s'approchaient tranquillement de la fontaine. Kaede et moi nous apprêtions à les suivre lorsqu'une voiture de grand luxe se gara devant le portail. Le démon s'immobilisa à la vue du véhicule.

Alors que je posais une main réconfortante sur l'épaule de mon ami, un garçon extrêmement bien habillé en sortit. Rejetant ses cheveux blonds en arrière, il balaya l'assistance d'un sourire arrogant. J'observais son visage fin encadré de fils d'or, il dégageait une telle aura que je me sentis vaciller.

Lorsqu'il s'avança, tous les élèves se retournèrent et certaines filles chuchotèrent à son approche. Le blond regarda dans notre direction, il fit alors un clin d'oeil à Alice qui rougit. Jaugeant Kaede du regard, il s'approcha à grandes enjambées. Qui était ce garçon ? Il ne m'inspirait absolument pas confiance.

— Tiens donc, tu fais partie du monde magique de Villiers, s'exclama-t-il.

— Ta gueule Dermingham.

Kaede leva les yeux au ciel, et je vis avec surprise ses yeux briller d'une flamme meurtrière. Ils se connaissent visiblement. Le blond, prénommé Dermingham, se tourna vers moi.

— Salut, je m'appelle Erik Dermingham. Ange de nature. Tu as sûrement déjà entendu parler de mon père, l'un des conseillers de la reine, me dit-il avec un air arrogant et supérieur.

— Oui, mon père aussi d'ailleurs, répondis-je froidement. Comment connais-tu Kaede ?

— On était dans la même école, on ne s'est jamais vraiment entendu.

— Tu m'étonnes, marmonna Kaede.

— Il est un peu sinistre, me dit-il sur le ton de la confidence, évite de le fréquenter, c'est un démon.

Ce type commençait à m'agacer. Avait-il chercher à connaitre mon ami avant de le juger ? J'étais persuadé que non. Mon coeur s'accéléra et je répondis aussi hautainement que je le pouvais :

— Je n'ai aucun conseil à recevoir de ta part, Kaede n'est pas sinistre. Et, au risque de te décevoir, il est bien plus gentil que toi. Comme quoi les Anges sont peut-être à tort surestimés !

Erik écarquilla les yeux devant ma remarque. Il fronça les sourcils, assombrissant son visage si lumineux il y avait un instant. Lançant un dernier regard froid à Kaede, il partit rejoindre une fille, sur laquelle bon nombre de garçons bavaient. Kaede soupira avant de me dire :

— Merci d'avoir pris ma défense.

— Que s'est-il passé entre vous pour qu'il te déteste à ce point ?

— J'étais dans la même école que lui, près de la frontière. Il m'a tout de suite pris en grippe, après tout un Ange ne pouvait pas s'entendre avec un démon, commença-t-il en imitant la voix nasillarde de Dermingham. Il a tout fait pour me pousser, et ça a marché.

Il s'arrêta, fusillant le dos du jeune homme blond.

— Comment ça ça a marché ?

— Je lui ai cassé le nez pendant un cours de sport. Je me suis fait virer. Ça doit dater cette histoire.

— Tu prêtes trop d'importance aux réactions des autres.

— Parce que toi pas ?

Je me tus, un peu vexée par la remarque du démon. Il m'adressa finalement un petit sourire et m'entraina rejoindre Fried et Julius.

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