*Chapitre 10. A*
- Jusque où marchons nous comme ça ?
Aurore sortit de ses pensées. Cette fille semblait gentille, malgré le fait qu'elle ne connaisse rien d'elle. L'ange se demandait si elle pouvait lui faire confiance. Quelqu'un dans les plaines de la Trêve, juste devant elle, ce n'était pas commun. Mais pourtant... Cette fille était venue l'aider non ? Sinon elle serait passée sans s'occuper d'elle qui était inconsciente au sol...
- J'aimerai aller jusqu'à la capitale...
- Ten'ei ? C'est un bel endroit ! Et que vas-tu faire là bas ?
- Je n'en sais rien... Je ne sais plus où j'en suis. Tu sais j'ai tout perdu... Je ne sais quoi faire.
- Cela est peut-être l'un de nos points communs. Je n'ai plus rien moi non plus.
- Tu... Tu es- était... était une ange ou une démone ?
Secret leva un sourcil et se tourna vers la Hogo :
- Pourquoi cette question soudaine ?
- J'ai besoin de savoir si... Si tu es mon ennemie ou non.
Que lui avait t-elle pris de poser une question si personnelle ? Cela ne se faisait pas !
- Amie, ennemie... Je t'ai aidé, je pense donc être plutôt une alliée. Enfin. Si tu veux vraiment ta réponse... J'étais un peu des deux.
Aurore s'arrêta net. Cela voulait dire que... Non ! Non c'est impossible ! De tels êtres n'existent pas !
La jeune fille sans ailes s'était arrêtée après quelques pas, puis retournée vers l'ange :
- Alors, tu viens ?
Son regard n'était devenu que l'ombre de celui qu'il avait été lorsque Aurore s'était réveillée.
- Tu ne peux pas être ange et démone à la fois ! C'est impossible ! Biologiquement, physiquement... Mentalement ! Comment ? Non, je ne te crois pas ! Les anges et les démons sont deux espèces distinctes, il est impossible que deux êtres se reproduisent et donne une descendance !
- Mes parents sont d'un autre temps Aurore.
Elle se retourna et se remit à marcher.
Aurore trotta auprès d'elle pour continuer ses questions :
- Alors ils étaient-
- Je n'ai pas envie d'en parler Aurore. S'il te plaît, arrête. La coupa Secret.
Aurore sembla soudainement s'intéresser aux herbes qui s'arrêtaient au niveau de ses chevilles et les inspecta comme si elles étaient d'une importance vitale.
- Je suis désolée. Excuse moi, c'était vraiment déplacé de ma part.
La jeune fille soupira et leva les yeux pour observer le ciel. Les nuages d'orage s'étaient depuis longtemps éclipsés vers le nord pour laisser un ciel bien dégagé, parsemé d'étoiles.
- Tu n'as pas à t'excuser. Tes questions étaient justifiées avec toutes mes réponses qui n'en étaient pas. Oh ! Regarde Aurore !
La Hogo regarda le ciel comme sa compagne :
- Que se passe t- Une étoile filante !
Celle-ci se dirigea vers l'Est et disparue dans l'horizon devant les jeunes femmes.
- Tu as fait un vœu ? Demanda Aurore.
- Un vœu ?
Secret ria de bon cœur, Aurore semblait un peu perdue.
- Je n'ai pas besoin de vœu Aurore ! Et même si je souhaiterais quelque chose, on ne me l'offrirait pas. Je suis seule, alors à quoi bon ?
- Mais non ! Ne crois pas ça, personne n'est jamais seul ! Nous possédons tous au moins une personne dans notre cœur.
- Mmh. Si tu le dis.
Elles restèrent dans un agréable silence, de temps en temps perturbé par une brise. Pendant que Secret scrutait le ciel, Aurore pria pour qu'elle puisse atteindre Ten'ei sans encombre. Elle fit plus attention que la jeune femme, regardant où elle marchait. Lorsque l'aube pointa, elle entendit un bruit constant.
- Qu'est-ce que c'est ? Fit-elle.
- De quoi parles-tu ?
Secret regardait les couleurs de l'horizon changer au grès du temps.
- Écoute.
- Et bien ? Qu'y a t-il ? Oh.
Elle comprit que l'ange parlait d'une espèce de glouglou étrange. Aurore fut la première à s'exprimer :
- Un cours d'eau ! Il doit être juste devant nous !
- Oui ! Voyons ça !
Aurore se mit à courir, suivie de près par Secret. L'ange s'aperçu trop tard des petits rochers bordant la berge du lit du fleuve et tomba face contre terre en trébuchant sur l'un d'eux. Elle avait eu juste le temps de se protéger le visage de ses avant-bras. Son amie s'approcha d'elle, respirant fort.
- Tu n'es pas blessée ?
- Je vais bien, juste quelques égratignures !
- Ma parole, tu aimes bien être le visage collé au sol ! Pouffa Secret.
Aurore se releva vivement :
- Eeeeh ! Je ne te permets pas !
Elle accourra vers la jeune fille pour la faire tomber au sol riant comme elle ne l'avait pas fait depuis longtemps.
- Alors, qui aimes manger le sol maintenant ? Fit-elle avec une main sur le crâne de Secret, son visage était près d'un rocher. Le poids de l'ange l'empêchait de bouger.
- Je rigolais Aurore ! Lâche moi tu me fais mal !
Aurore relâcha la pression de sa main, et se leva, retirant le contact avec Secret. Celle-ci épousseta ses vêtements :
- Évite d'être aussi impulsive à l'avenir. Sinon tu risques de te retrouver derrière les barreaux d'un cachot de Ten'ei !
- Je... Oui, tu as raison. C'était totalement futile. Excu-
Secret lui décocha un sourire.
- C'est bon, pas de raison de s'inquiéter. Tu es déjà pardonnée.
Elle se tourna vers l'eau, se trouvant à plusieurs mètres devant eux. Aurore fit de même et remarqua :
- On dirai qu'il est un peu asséché. Il n'y a plus qu'un torrent.
- Je pense que ça sera suffisant.
- Pour ?
- Pour laver tes vêtements pardi ! Tu es pleine de crasse, et tu as besoin d'un bon bain.
L'ange s'observa, et il était vrai qu'elle n'était pas belle à voir. Ses vêtements n'étaient pas arrachés, mais ils avaient besoin d'être nettoyés. Elle se rappelait de la boue lorsqu'elle était tombée inconsciente.
- Effectivement. Je crois aussi qu'on a besoin d'un repas. Mon ventre ne tiendra pas jusqu'à Ten'ei sans nourriture.
- Bien sûr ! Je suis certaine qu'il y a le long de ce torrent quelques bosquets avec des baies comestibles et un ou deux poisson qui se baladent dedans !
Aurore acquiesça d'un hochement de tête et d'un sourire sur ses lèvres.
- Je m'occupe de trouver de la nourriture. Fit Secret. Nettoies tes vêtements et décrasse toi en attendant. Essaye aussi de faire un feu.
- Comment veux-tu faire un feu ? Il n'y a que des brindilles de bosquets ici, aucun arbre à l'horizon !
- Ne t'en fais pas pour ça. Je trouverai peut-être de grosses branches en partant vers le Nord, c'est là-bas que la forêt se trouve.
Elle ne laissa pas Aurore répliquer pour s'élancer vers la destination qu'elle avait indiquée. L'ange soupira et marcha vers le torrent, là où les rochers devenaient cailloux.
* * *
Après avoir retiré ses vêtements et s'être bien lavé, Aurore fit de même avec ceux-ci. Elle s'attarda surtout sur sa tunique, son pantalon et ses bottes. Après les avoir essorés au maximum, elle les laissa sécher au soleil sur un rocher et pour tuer le temps chercha de quoi faire un feu.
Malheureusement, ses doutes se concrétisaient. Elle ne trouva pas de bouts de bois plus épais que l'un de ses doigts. Elle essaya malgré tout d'en prendre le maximum, espérant que sa compagne allait avoir plus de chance qu'elle.
Le soleil montait haut dans le ciel et elle put porter de nouveau ses sous-vêtements secs. Elle mangea quelques baies comestibles qu'elle avait trouvé, et bu avec ses mains l'eau du torrent, limpide. Le soleil commençait à redescendre lorsqu'elle aperçu Secret revenir.
- Ah te voilà !
La jeune fille portait un petit fagot de branches assez épaisses sous l'un de ses bras, et portait deux truites de taille moyenne dans ses mains.
- J'ai trouvé quelques petites choses sympathiques !
Elle semblait s'en contre-ficher du fait qu'Aurore soit en sous-vêtements. Celle-ci par contre était plus gênée. Pendant que Secret se rapprochait d'elle et lâchait ses branches sèches au sol, Aurore se revêtit de sa tunique encore humide. Elle se sentait déjà moins oppressée. Son amie ne fit aucune réflexion et posa les truites au sol. Elle sortit de ses poches quelques fruits sauvages qu'elle posa aussi puis demanda l'un des sabres d'Aurore pour écailler les poissons. Celle-ci s'exécuta et essaya de les vider, malgré la taille du sabre qui ne l'aidait pas. L'ange installa les branches dans un cercle de pierre pour ensuite y mettre le feu d'un coup d'étincelle. Elle aida Secret pour le deuxième poisson et elles les firent cuir chacune autour d'un bâton. Elles mangèrent à leur faim grâce à eux et aux fruits.
Secret conseilla à Aurore à boire abondamment, du fait qu'elles n'avaient rien pour transporter d'eau. Après cela, la jeune ange se rhabilla et piétina les braises de ses bottes pour éteindre le feu mourant. Elles se dirigèrent de nouveau vers l'Est en traversant le torrent, là où les plaines étaient vides de civilisation.
* * *
Lorsque le crépuscule approcha, elles aperçurent un hameau non loin, vers le Nord-Est. Elles décidèrent d'y aller espérant que quelqu'un les hébergeraient gratuitement pour la nuit. Lorsqu'elles arrivèrent, les rues étaient presque désertes et les passants auxquels elles demandèrent refuge refusèrent. Elle virent néanmoins une auberge -certes miteuse- et s'y précipitèrent. Elle exposèrent leur problème à l'aubergiste, mais celui-ci était catégorique :
- Non ! Payez au moins une pièce de cuivre pour dormir, mais je ne donne ni repas ni chambre gratuitement !
- Mais- Allait insister Aurore pour la douzième fois.
Secret s'interposa :
- Ecoutez, nous partons avant l'aube. Cela vous va ?
- Ton amie à deux sabres et une bague en or mais vous ne pouvez pas payez, vous vous fichez de moi ? Vous ne m'aurez pas avec vos clins d'œil ou je ne sais quoi d'aguicheur de femme ! Ici faut payer ou vous sortez !
- Nous restons dans la chambre, et nous n'en parlons plus.
Aurore s'en voulait pour ce qu'elle faisait, mais elle souhaitait vraiment dormir sous un toit. Alors elle s'immisça dans l'esprit de l'homme et l'obligea inconsciemment à accepter.
- Très bien, c'est d'accord. Et que je n'entende plus parler de vous.
Il leur donna une clef et leur indiqua où se trouvait leur chambre, à la gauche de l'escalier. Il y en avait deux autres à l'étage, une dans le fond du couloir et l'autre face à la leur. Il y avait dedans un simple lit fait de paille et un meuble servant de table de chevet, la fenêtre donnant sur la porte. Secret décida de dormir au sol, malgré les protestation de l'ange. Ne se sentant plus d'attaque à débattre, Aurore prit donc le lit. Elles s'endormirent dans un sommeil sans rêve.
* * *
Lorsque Aurore se réveilla, le soleil venait de pointer au dessus de l'horizon. Elle s'alarma lorsqu'elle ne vit pas Secret, mais remarqua une lettre sur la table de chevet :
" Aurore,
Je sais que tu m'en voudras, mais je devais partir.
Ne te pose pas de questions sur mon départ, je ne pourrai pas te répondre.
Je suis certaine que nous nous reverons un jour ou l'autre, mais en attendant, ne me cherche pas.
Bon courage pour ton voyage vers Ten'ei !
PS : Fais attention où tu mets les pieds, pour ne pas trébucher et tomber la tête la première !
Ton amie Secret"
Aurore reposa la feuille, lentement. Une larme menaçait de couler sur l'une de ses joues. Elle qui venait de se faire une nouvelle amie ! Elle se retrouvait de nouveau seule. Elle se rappelait des paroles de Secret. "Je suis seule, alors à quoi bon ?"
Elle était aussi seule. Un autre point commun.
Repensant au fait que le lieu était une auberge, elle reprit le morceau de papier et le roula en boule d'une main pour le mettre dans sa poche. Elle se retourna pour enfiler son pantalon, ses bottes et sa ceinture avec ses armes puis descendit les escaliers pour sortir de l'auberge. Elle brûla le papier à la vue de la première bougie qu'elle croisa et sortit sans un regard en arrière.
Alors qu'elle était presque à la bordure du petit village, elle songea à la distance qu'elle devait encore parcourir pour arriver à Ten'ei. Un passant lui avait dit la veille qu'il fallait encore au moins deux bons jours de marche, trois si l'on prenait son temps. Elle pensa donc à faire moins de pause qu'à l'accoutumée et à peut-être voler de temps à autres.
Elle allait passer devant une ferme, à sa droite, avec un champ de maïs en face de lui, à la gauche de la route, mais elle entendit des bruissements vers les hautes plantes. Elle se tourna vers elles, interloquée. Il n'y avait pas eu une seule brise depuis le matin et la chaleur suffocante du soleil commencer déjà à taper sur son crâne. Elle attendit une minute, mais n'entendit plus rien, alors elle continua son chemin.
Au même moment, deux hommes sortirent du champ de céréales et fondirent sur la jeune ange. Elle se retourna, cria de stupeur et tenta de sortir son sabre de son fourreau. Avant qu'elle n'ait pu faire le moindre geste, l'un l'attrapa par derrière en lui tenant les épaules, l'autre la poussa vers l'arrière. Elle tomba à la renverse, et essaya de s'envoler. Son instinct de survie reprit le dessus sur sa conscience et elle se débattit pour échapper à ses ravisseurs. Celui qui l'avait poussée lui abattit son poing dans le ventre, elle perdit son souffle. Il lui prit ensuite les poignets pour la maintenir fermement au sol. L'autre la tenait toujours par les épaules. Un troisième sortit de la masse de plantes pour lui maintenir les jambes et un quatrième -elle l'entendit- arriva derrière celui qui lui tenait les épaules. Quelque chose lui cogna l'arrière du crâne et elle ne vit que du noir.
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Note de l'auteur :
J'écris ce chapitre juste après le précédent ! Tout ça me paraît étrange, je n'ai pas l'habitude !
Que pensez vous de Secret ? Et Aurore qui se fait enlever ? Ce chapitre à eux quelques modifications par rapport à l'idée que j'avais eue à la base. J'en suis pourtant contente, car elle m'embête moins pour plus tard.
J'espère que ce chapitre vous à plus, n'hésitez pas à commenter, voter et me poser des questions !
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