L'antre du Capitaine



Pourquoi pleuraient-ils ? Malgré une attitude cynique et froide Harlock éprouve des émotions, il m'a avoué lui-même être un homme comme les autres. Mais son cœur est brisé pour verser toutes ces larmes. Couché sur mon lit je contemple les étoiles par la petite lucarne de ma cabine. Nous sommes toujours proche de Saturne, je vois ses anneaux de roches et de glaces défilés devant mes yeux. Je passe une bonne partie de la nuit à faire une analyse sur le Capitaine et de moi-même. Il est si seul malgré ses quarante hommes d'équipage. Il s'enferme dans ses quartiers ou la salle de l'ordinateur central durant des heures. Il en ressort que pour se battre. Qui voudrait d'une vie comme celle-ci. Remarquez la mienne ne vaut guère mieux. Je suis passé d'une vie d'adolescent des plus commune à celle d'un homme formaté au combat sans une once de pitié envers mon ennemi. Harlock et moi avons ce point en commun, pas de sentiments sur le champ de bataille. Sauf que lui ne tue pas par plaisir, moi si, enfin je ne sais pas trop. Je n'ai jamais abattu un homme autre que ceux de la fédération pour qui j'ai une haine sans précédent. Pourquoi ne passe-t-il pas plus de temps avec son équipage. Pourtant il aime ses hommes. Je n'arrive décidément pas à cerner cet homme, Sarcastique, glacial et sombre à souhait, puis sensible et doux la seconde d'après. Comme s'ils étaient deux dans ce corps.

Le lendemain de mon premier combat depuis des semaines, Une annonce est diffusée par les haut-parleurs de l'Arcadia.

« A tout l'équipage nous faisons une halte sur Saturne, le Capitaine autorise une sortie pour la journée. »

Cela fait des semaines que je n'ai pas mis le nez dehors. De respirer un peu d'air frais me ferai le plus grand bien. Je rentre dans la salle de bain prendre une douche. Je me prépare rapidement pour retrouver Harlock sur le pont. Avant de sortir j'arrange mes cheveux comme je peux devant le miroir vertical. Ils sont très indisciplinés ce matin, je n'arrive pas à les ordonner comme je veux alors, je décide de les laisser comme ils sont. Un sourire apparait sur mon visage ? Je pense au Capitaine, il doit avoir le même souci que moi. Mon reflet dans ce miroir m'enlève se sourire. Je me dévisage un moment, je porte mes mains à mes joues. Ce masque cela fait une éternité que je ne l'ai pas enlevé, des années. Je ne sais même plus à quoi je ressemble. Après quelques instants de réflexion je sors de ma cabine pour me rendre sur la passerelle. Je suis étonné en arrivant sur le pont, Harlock n'est pas là. Je demande à Yattaran où se trouve le Capitaine.

« Je ne sais pas Dickon, il m'a donné ses ordres ce matin de ses quartiers. »

« Dommage, je voulais lui demander si je pouvais débarquer moi aussi. »

« Il m'a laissé le commandement de l'Arcadia et je n'ai pas d'ordre à ce sujet, donc tu peux débarquer. »

« Merci Yattaran »

« Que veux-tu faire sur Saturne ? »

« Je ne sais pas, prendre l'air ! »

« J'ai de nouvelles pièces à acheter pour l'Arcadia, tu veux m'accompagner ? En échange je te paie un verre à la taverne du coin, ça te va ? »

« Pourquoi pas, allons-y ! »

L'Arcadia se pose dans une prairie entourée d'une forêt, dissimulant une partie de sa coque, nous devons être discret. La Fédération à des soldats postés sur Saturne. Je suis Yattaran jusqu'au pont inférieur où plusieurs véhicules nous attendent ainsi que quelques hommes de l'équipage. Yattaran donne les ordres du Capitaine.

« Chaque groupe à des tâches à accomplir, une fois terminées vous pourrez profiter de votre journée comme bon vous semble. Nous partons de Saturne dans exactement huit heures, alors ne soyez pas en retard. »

Les pirates ne perdent pas une seconde, ils sautent dans les voitures et partent comme des boulets de canons.

Inconsciemment je cherche le Capitaine depuis que nous sommes sur le pont inférieur, pas l'ombre d'une cape noire ou d'une chevelure en pagaille.

« Le Capitaine ne viens pas avec nous Yattaran ? »

« Il ne m'a rien dit, tu sais il me fait pas de rapport sur ses agissements mais plutôt le contraire, non ? »

« Oui bien sûr »

Avant de monter dans notre véhicule, nous entendons des couloirs le Doc houspiller les deux hommes qu'il l'accompagne. Il les traite de tous les noms d'oiseau possible. Il nous salut tout en continuant à injurier ses acolytes.

« Ha, Dickon tu ne veux pas venir avec moi, je suis entouré d'incapable ? »

« Désolé Doc, Yattaran a besoin de moi. »

Le Doc monte dans son véhicule, énervé. Il nous salue de nouveau par la vitre ouverte en passant devant nous. Je l'entends encore pester après ces deux hommes même après avoir franchi la porte du pont.

Je m'installe avec Yattaran dans le véhicule tout terrain en pouffant de rire des malheurs du Doc. Nous voilà en route pour je ne sais où, à vrai dire cela n'a aucune importance, respirer un air non climatisé fera mon bonheur. Mon regard se pose sur le rétroviseur de notre fourgon. Une silhouette cape au vent se distingue devant la porte du pont qui se referme lentement. Je sors mon corps jusqu'à la taille par la fenêtre du fourgon. C'est le Capitaine !

Yattaran me tire par la ceinture pour m'obliger à me rassoir dans mon siège.

« Mais qu'est ce qui te prend tu es complétement fou de faire ça...une bosse sur le chemin et tu es éjecté du véhicule ! »

Je voulais crier son nom, lui hurler de nous rejoindre.

« J'ai cru voir quelqu'un aux abords de l'Arcadia »

« Ne t'en fait pas les hommes restés à bord surveillent par camera l'entrée du pont tant qu'il n'est pas fermé.

Par cette situation, je réalise que d'être s'épare de lui me secoue les entrailles. Lorsqu'il faudra que je quitte l'Arcadia, la séparation va me briser.

Après vingt minutes de forêt dense et de chemin de terre, à son orée je distingue un petit village à deux ou trois kilomètres. À son approche je remarque que les maisons en bois sont d'une grande vétusté. Les unes à côté des autres elles sont séparées par de longues rues de terre. Il n'y a pas grand monde dans ce hameau, pas âme qui vive. La plupart des bâtisses ont leurs volets fermés. Yattaran m'explique qu'ici vie un homme dévoué à leur cause. Il dispose de nombreuses pièces de rechange pour le vaisseau, il les répare et les stocks au cas où. Après avoir traversé le village nous nous arrêtons devant un entrepôt. Yattaran descend du fourgon pour aller frapper trois coups longs, puis deux rapides sur la porte. Après quelques secondes le devant du hangar s'ouvre en coulissant vers le haut, je descends du véhicule. Un homme se présente devant nous avec un grand sourire, attrape Yattaran dans ses bras, heureux de le revoir. Après ses chaleureuses retrouvailles, nous déchargeons les pièces obsolètes. Yattaran lui donne une liste détaillée de ce dont il a besoin pour l'Arcadia. Yattaran et moi discutons de chose et d'autre durant le chargement des pièces électroniques. Il est sympa se type je m'entends bien avec lui. Lorsque notre tâche est terminée Yattaran m'emmène dans une taverne au centre du village où la moitié de l'équipage est là. A ma grande surprise, Harlock est présent lui aussi, attablé avec certains de ses hommes discutant autour d'un verre Mon cœur tape contre ma poitrine, un sourire se dessine sur mes lèvres, mais très vite il va disparaitre. Le Capitaine est ancré sur moi avec un regard des plus glacial, de l'entrée de la taverne jusqu'à ce que je m'installe quelques tables plus loin face à lui. Je lève plusieurs fois les yeux sur Harlock par-dessus l'épaule de Yattaran assis devant moi. À chaque fois je croise ses yeux bordés de feu, pourtant si froid en ce moment précis. Je me sens mal à l'aise à cause de ce que j'ai vu la veille. Il est en colère contre moi, certainement pour l'avoir surpris dans une situation de faiblesse à laquelle je n'aurai pas dû assister. Je continue ma conversation avec Yattaran en avalant le truc infâme qu'il a commandé pour nous deux.

« Qu'est-ce que c'est ? »

« Du rhum. » Répond Yattaran.

« Ce n'est pas bon. »

Harlock se lève de table, les hommes qu'il l'entourent le précède. J'observe son déplacement du coin de l'œil. La tête basse, je suis tétanisé rien que d'entendre ses pas s'approcher de moi. Et ce que je craignais, arriva. Son pas se stoppe net à ma gauche, je ferme les yeux. Avant que mes poumons cessent de m'alimenter en oxygène, mon odorat détecte le parfum des cheveux d'Harlock. Une main ferme se pose sur mon épaule, mon corps se tend comme la corde d'un arc que l'on étire jusqu'au point de rupture. Son souffle sur mon oreille me fait frémir lors qu'il me dit tout bas.

« Il faut que l'on discute tous les deux. Je veux que tu me rejoignes dans mes appartements dès que nous serons repartis de Saturne. »

« Très bien Capitaine. »

Je sens sa cape passée par-dessus mon épaule. J'ouvre de nouveau les yeux, reprend ma respiration, les battements de mon cœur eux courent toujours comme un cheval au galop. Les pas d'Harlock reprennent leur chemin, lents et réguliers en claquant le parquet de bois de la taverne.

Je regarde Yattaran qui m'observe derrière ses grosses lunettes rondes.

« Que voulait-il ? »

« Ho, rien d'important. »

Pas convaincu de ma réponse vu son expression, Yattaran finit rapidement son verre. Nous emboîtons également le pas d'Harlock. Je ne suis pas bien, est-ce la convocation du Capitaine ou ce rhum infâme ? Sur la route du retour je suis songeur. Harlock va me demander de quitter l'Arcadia maintenant que je suis complètement rétabli, pense ai-je. Ou bien il va me demander de m'occuper de mes affaires plutôt que de l'espionner. De retour sur l'Arcadia, j'aide Yattaran pour le stockage des nouvelles pièces. Mon esprit est perturbé par une question qui tourne en boucle dans ma tête. Que me veut-il ? Puis je décide de me rendre chez le Capitaine comme il me l'a demandé.

Du pont inférieur aux quartiers d'Harlock le chemin me parait interminable, je rumine encore et encore. Ça y est je suis devant sa porte, l'antre de la bête. J'appréhende le face à face qui m'attend avec Harlock. J'hésite à frapper, je prends une grande aspiration. Je toque à la porte d'une main ferme, elle s'ouvre sur le champ. Je suis happé par la profondeur des lieux qui se présente devant moi. J'avance de quelques pas pour en apprécier toute la beauté. La pièce est immense, le plafond est si haut, à vous donner le vertige. Suspendus à celui-ci quatre lustres en métal ornés de pierres de cristal qui scintillent de mille couleurs. Face à moi se dresse une gigantesque verrière divisée en plusieurs d'arcades, ressemblant à des vitraux de temples anciens. Le châssis en métal est formé de losange qui finit de parer cette œuvre d'art. Entre chaque arcade des chandeliers allumés de mille bougies. Sur ma droite, un lit de satin rouge et noir où le double ceinturon et la cape du Capitaine sont posés avec soin. Le ciel de lit est fait de tentures de velours plissées de la même teinte que les draps. Une grande table en bois vernis siège au milieu de la pièce où se dressent deux gros chandeliers qui diffusent une chaleureuse lumière. Une carafe de vin et un verre vide sont posés au centre cette table. J'ai l'impression d'être entré dans un sanctuaire. J'ose à peine respirer pour ne pas troubler la paix qui règne dans cet endroit. Derrière cette table, Harlock, à peine visible, assit dans un imposant fauteuil identique à celui de la passerelle. Tori-San percher sur le haut du trône dort le bec sous son aile. Le corsaire n'a pas encore lever le nez, il lit tout en sirotant un verre de vin. Harlock est simplement magnifique. Les chandeliers muraux donnent une jolie couleur ambrée à ses longs cheveux, les bougies qui dansent devant lui illumine son visage, il paraît si paisible. Il ne porte ni cape, ni veste, à la place une chemise noire, dégrafé jusqu'à la taille, laissant entrevoir une poitrine musclée à souhait, mais parée d'anciennes blessures. Mon corps et mon esprit réagissent aux belles images que mes yeux leur envoient. Ses sensations si agréables parcourent de nouveau tout mon être.

« Vous avez demandez à me voir Capitaine ? »

Après quelques secondes toujours le nez dans son livre, Harlock me demande.

« Prends une chaise là à gauche et assieds-toi face à moi. »

J'exécute son ordre sans broncher. Que me veut -il ? Après quelques minutes il daigne enfin lever le nez et engage la conversation.

« Te plais-tu sur l'Arcadia ? »

« Oui, je suis bien ici. »

« Je sais que tu es un soldat d'Orcus, que tu dois penser à retourner chez toi maintenant que tu es en pleine forme. Mais l'équipage a demandé à ce que tu restes ici, te battre avec nous pour la liberté, quand penses-tu ? Être l'ombre de la mort te conviendrais apparemment ? »

« Et vous, que voulez-vous ? »

Je ne sais pas ce qui m'a pris de lui poser cette question, c'est l'émotion je crois. Je pensais il y a quelques heures qu'il voudrait que je quitte son navire. Il me propose maintenant de faire partie de ses hommes, je suis soulagé par ses paroles. Mais que pense-t-il lui réellement car la demande vient de l'équipage. Il sait ce que je vaux au combat. J'ai souvent rêver de me battre près de lui depuis ces dernières semaines, puis hier mon rêve c'est réalisé. Les soldats de la Fédération pense même que je suis son ombre qui tue. je réalise que tout cela n'était qu'un teste. Je cache tout de même ma joie, il est froid, distant comme cette après-midi. Ça m'agace lorsqu'il prend cette attitude.

« Moi, ce que je veux n'a aucune importance, il s'agit de ton avenir. Je te laisse quelques jours pour y réfléchir. »

« Je n'ai pas besoin de temps, j'avoue avoir pensé à cette idée avant. Je veux rester sur l'Arcadia. »

Le Capitaine a remis le nez dans son bouquin, j'aperçois l'un de ses petits sourires en coin. Ma réponse a l'air de le satisfaire. Je me détends un peu.

« Très bien alors, le poste de second officier t'attend. J'ai discuté avec Yattaran il est heureux de te former sur le poste. »

« Merci Capitaine. »

« Ne me remercie pas trop vite, comme tu as pu le constater je suis assez sourcilleux en tant que Capitaine. »

« Aucune importance, dès l'instant que je peux me battre contre la Fédération d'Ixion cela me convient »

« Tu es doué pour les sports de combat, je voudrais que tu continues à entraîner mes hommes, si tu veux bien ? »

« Avec plaisir, il est vrai qu'ils sont un peu balourds pour certains.

Tori se réveille l'air surpris de me retrouver chez son maître. Il s'envole du fauteuil d'Harlock pour se poser sur le dossier de ma chaise. Je lui ébouriffe les plumes de la tête il adore ça, il enfouit son long bec dans mes cheveux. Ce qui fait rire Harlock. C'est la deuxième fois que je l'entends rire et semble heureux. A ce moment-là il paraît être un homme comme les autres, seulement il ne l'est pas. Il est le corsaire le plus cruel de l'espace. Moi je suis là, dans ses appartements en train de discuter avec lui. Combien de personne on put voir le pirate comme un homme ordinaire, assit dans son fauteuil, sirotant un bon vin après sa journée de travail. Il prend la coupe vide près de la carafe.

« On trinque à ta nouvelle vie. »

« Avec plaisir. »

Sans aucun doute il savait que je voulais rester sur l'Arcadia, le verre vide près de la carafe m'attendais. Harlock rempli les deux coupes de vin. Il se lève de son fauteuil et fait le tour jusqu'à moi. Il me tend l'un d'entre eux que je saisie entourant sa main de la mienne. Je prends conscience qu'il ne porte pas ses gants. Le contact me procure une colonne de frissons de la base des reins jusqu'à la nuque. Je baisse le regard immédiatement tellement je suis gêné. Il s'appuie sur le bord de la table face à moi qui ouvre d'avantage sa chemise. Il approche son verre du mien pour trinquer. Je n'ose pas lever les yeux, par peur qu'il voit mon attirance pour lui. Il se moquerai de moi. Mon regard est à hauteur de sa taille, mais il est pris d'une irrésistible envie de remonter les courbes de ce torse, là, face à moi. Quelle tentation cette chemise ouverte. Voilà m'a volonté s'est enfuie, chassée par mon envie. Je commence à la base de la taille, au-dessus, une barre de muscles bien dessinée. Je monte encore, Son torse paré d'une paire de pectoraux bombé à souhait commence à me faire chavirer., son cou, ses lèvres. Je m'attarde un peu sur elles, fines et sensuelles, j'aimerai temps qu'il les pose sur les miennes. Son regard... une chaleur envahie mon corps à l'instant même où je croise ses yeux ambrés, accentués par la lumière des bougies. Je ne peux pas résister à l'envie de me noyer dans cet océan de feu. Je dois faire attention il va finir par découvrir ce que j'éprouve pour lui. Il reste là quelques secondes en avalant deux ou trois gorgées de ce bon vin en me regardant avec insistance.

« Tu es l'un de mes hommes à partir de cet instant, bienvenue à bord de l'Arcadia Dickon. »

Après ces mots, Harlock se rassoit dans son fauteuil en retirant le livre qu'il a laissé sur l'assise pour le déposé ouvert sur la table.

« Que lisez-vous capitaine ? »

Il aurait mieux valu que je m'abstienne de lui poser cette question car cette fois il va y répondre, et notre conversation va me donner des sueurs froides.

« Ce sont des citations d'un écrivain qui vécut sur Terre il y a plusieurs siècles. »

« Ho, et de quoi parle-t-il ? »

« Il parle des Hommes, de leurs émotions, de leurs pensées. Tu veux que je te lise l'une d'entre elle ? »

« Pourquoi pas ! »

« Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder résister et votre âme se rend malade à force de se languir ce qu'elle s'interdit. » (Oscar Wilde)

« C'est très beau. »

« N'as-tu jamais voulu une chose par-dessus tout, te l'as refusé car c'est contraire à tes idées, tes convictions ou tout simplement te dire que ce n'est pas pour toi ? »

Vous êtes ma tentation Capitaine, voulais-je lui dire, je suis malade de ne pas pouvoir vous obtenir, je me bats tous jours contre l'amour que je vous porte car je ne suis pas fait pour vous. Je lève la tête pour fixer Harlock, qui lui a déjà son regard posé sur moi. Il m'observe, il attend une réponse, que veut- il que je lui dise ? Je ne peux pas lui révéler mon désire le plus profond.

« J'ai bien compris Capitaine, tout le monde s'interdit certaines choses, car il pense que ce n'est pas bon pour eux, je n'échappe pas à la règle, et vous ? »

Il n'a pas obtenu la réponse qu'il souhaitait, pas de petit sourire en coin, il me paraît même frustré, je n'aime pas ça. Il ferme le livre et me le donne.

« Je l'ai terminé, tu peux l'emporter si tu veux ? »

Je me lève de ma chaise et lui prends le livre des mains. Le verre de vin me monte à la tête je l'ai bu trop vite. Il est temps pour moi de partir avant que je dise des bêtises. De me sortir de ce que je pense être un guet-apens.

« Bonsoir Capitaine, je vous souhaite une bonne soirée. »

« Toi aussi et bonne lecture. Tu commences demain matin ta formation avec Yattaran. »

« Très bien, à demain. »

Je me dirige vers la porte, j'attends son ouverture mais elle reste close. Pourquoi le Capitaine ne m'ouvre pas ? Je me retourne sur lui, il m'observe encore, verre de vin à la bouche, avachit dans son fauteuil. La porte s'ouvre, Je me retourne encore sur Harlock une fois dans le couloir, qui n'a pas bougé d'un cil. La porte se referme d'un seul coup, je sursaute. En claquant elle me sort de mon état euphorique avec un soupçon d'incertitude. Je pense qu'il m'a tendu un piège mais je ne sais pas ce qu'il voulait me faire dire. Je m'appuie contre le mur, mes jambes ne me porte plus. Je glisse le long du mur pour m'asseoir. Mon cœur bat si vite depuis le début de cette entrevue, que j'ai cru un instant qu'il me ferait défaut. Je n'en peux plus, quelques minutes encore et je m'écroulais devant Harlock. Qu'est- ce qu'il attendait réellement de moi au juste.


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