- Tu manges avec nous ce midi?

- Heu...

Je réfléchis quelques instants avec les seules ressources possibles de mon cerveau.

- Je... j'ai des trucs de prévu, me dis je en regardant les dossiers inachevés. Je suis désolé.

- Ok c'est pas grave. Bonne journée.

- Oui oui... toi aussi.

Je prend mon stylo pour le taper inconsciemment sur ma tempe, comme si ça allait me réveiller.

Puis après une longue réflexion d'attente, je pense enfin à raccrocher le téléphone.

Livai est dans son bureau mais je ne l'ai pas croisé de la matinée. Il doit être trop occupé pour en sortir.

Je mâchouille mon stylo avant de me remettre au travail.

Malheureusement, vers 10h46, ma conscience me força à quitter mon bureau pour aller voir Petra.

- Houla! Tu as l'air fatigué. Dit elle me regardant de la tête au pied.

- C'est rien... juste le temps que je m'habitue. Hem... où est la réunion de 11h?

- Viens avec moi, dit une voix derrière moi. Je t'y emmène.

Je me retourne et voit Livai aussi calme qu'hier. Comment il peut l'être avec tout le travail qu'il a dans la journée. À moins qu'il me file tout.

Si c'est le cas j'ai envie de lui lancer mon regard le plus mauvais. J'aurais dû le laisser mourir le jour de la tempête.

Je le suis en me maudissant d'avoir choisi ce travail erratique. Pendant que lui se pavane sur ses grands airs de PDG, salué par tout le personnel qui le croise.

Arrivé à l'ascenseur, une envie de m'endormir quelques minutes sur les parois me vint à l'esprit mais je m'abstiens.

Quand les portes se referment, Livai se tournent vers moi et mes cernes.

- Tu habites où maintenant?

- Dans un appart à 20 minutes d'ici.

- Tu le loues?

- Oui, tu es bavard aujourd'hui?

- Je fais la conversation.

- Dans mes souvenirs, c'était plutôt moi qui la faisait. Toi tu restais calme.

- Je t'écoutais.

- Mais tu ne me répondais pas! C'est dérangeant d'avoir un interlocuteur qui ne vous répond pas.

- Mais là, je te répond.

Il s'approche de moi, me forçant à me coller contre la paroi. Je fronce les sourcils, ayant penser tout à l'heure m'y poser pour dormir mais là, ça allait être pour autre chose.

Nos visages se rapprochèrent.