Chapitre 4
Harry avait son balai en main, et il s'apprêtait à entrer sur le terrain avec l'équipe Gryffondor. C'était le premier match de Quidditch de l'année, et pour rien au monde il ne le raterait. Un sourire d'excitation habillait son visage, et comme chaque avant-match, ses jambes tremblaient d'anticipation. Les autres équipes savaient qu'il était un Attrapeur redoutable, et il n'avait perdu que quelques matchs en tout durant les six dernières années.
Il avait hâte de sentir le vent fouetter son visage. Il aimait l'adrénaline qui coulait dans ses veines quand il prenait de la vitesse pour attraper le vif d'or lorsque l'Attrapeur de l'équipe adverse était à ses trousses. Même si c'était un sport considéré par dangereux, notamment à cause des chutes possibles ainsi que des coups échangés et de l'impact des balles, le brun ne pourrait pas vivre sans le Quidditch. Ce sport était comme sa bouffée d'oxygène.
Aujourd'hui, ils affrontaient Serpentard. Les tribunes étaient déjà déchaînées, comme toujours lorsque ces deux maisons jouaient ensemble.
L'équipe rouge et or entra sur le terrain, sous les exclamations de Gryffondor. Les serpents marchaient à leurs côtés, leur lançant des regards en biais, comme dégoûtés à l'idée de les fréquenter. Toutefois, ce n'était plus une réelle animosité comme autrefois ; avec la Guerre et cette nouvelle année qui leur était offerte, il s'agissait plus d'un moyen pour faire rugir les gradins. La Guerre avait eu au moins un effet positif : les maisons de Poudlard étaient beaucoup plus proches les unes des autres, et un véritable mouvement de solidarité s'était naturellement créé.
Le Sauveur n'avait pas encore reparlé à Malefoy depuis qu'il l'avait remercié. À vrai dire, ce dernier le fuyait. Il avait assez honte de s'être laissé aller à ses sentiments. Un Malefoy n'exprimait pas ses émotions en public ; en fait, il ne le faisait pas tout court. Pourtant, quand leurs regards se croisèrent, les deux garçons prirent tous deux une jolie teinte coquelicot.
Le match débuta rapidement, et Harry se retrouva au-dessus du terrain, fouillant les environs avec ses yeux. La présence du blond le déstabilisait énormément. À vrai dire, c'était la première fois que les pupilles couleur acier de sa némésis le faisaient stresser. Ses mains tremblaient, et son cœur battait étrangement vite.
— Alors, Potter, prêt à perdre ? lui lança-t-il avec un regard malicieux.
— C'est vous qui allez perdre, ricana le Sauveur.
Ses yeux accrochèrent une petite forme dorée, et il se lança à sa poursuite. Le Vif d'Or changea brusquement de direction, et il manqua de tomber de son balais. Draco le suivait de près, de beaucoup trop près. Ils volaient presque côte à côte.
— Fais attention à ne pas tomber, Potter ! se moqua le Serpentard.
Le lion fit exprès de le bousculer, un sourire narquois étirant ses lèvres. Comme des enfants, ils se mirent à se pousser, basculant à l'intérieur des tours des différentes maisons. La petite balle allait de plus en plus vite, et finit presque par semer ses poursuivants. Ces derniers accélérèrent et remontèrent en piquet dans le ciel. Le commentateur, un Gryffondor, se lâchait sur les pronostiques et encourageait sa maison. Il se faisait reprendre toutes les secondes par McGonagall, qui était clairement amusée par la situation. L'ambiance était malgré tout bon enfant dans les gradins, et les élèves s'étaient mélangés dans les différentes tours.
Un sort fusa soudainement depuis les tribunes et frappa le Sauveur de plein fouet. Harry, déstabilisé par l'éclair de couleur, lâcha son balai et bascula dans le vide avec un cri. A ses côtés, Malefoy n'hésita pas une seule seconde et fonça vers le brun, dans l'espoir de le rattraper à temps avant qu'il ne heurte le sol.
Le blond savait que le Gryffondor ne survivrait pas à la chute s'il n'arrivait pas à le rattraper ; personne ne le pourrait. In extremis, tandis que le sol n'était plus quelques mètres d'eux, l'Attrapeur adverse sauta de son balais et enroula ses bras autour du jeune homme. Son corps encaissa le choc de la chute, épargnant à Harry de lourdes blessures. Il ne savait pas ce qui lui était passé par la tête. Ils étaient ennemis autrefois, comment la situation avait pu changer du tout au tout ? Quelques années plus tôt, le Serpentard n'aurait sûrement pas bougé un pouce pour l'aider.
Et il venait de sauter dans le vide pour protéger sa némésis.
Malfeoy perdit connaissance, dans un piètre état, ses bras toujours fermement enroulés autour du second jeune homme. Le public s'était figé. Madame Pomfresh débarqua en courant, suivie par une foule d'autres personnes qui aidèrent la médicomage à amener les deux jeunes hommes à l'infirmerie.
Hermione restait pétrifiée par ce qui venait de se dérouler devant ses yeux, les larmes roulant sur ses joues. Le sort provenait clairement de la tribune des Gryffondors, mais personne ne savait de qui, précisément. Le sort était-il dirigé contre Harry ou contre Malefoy ? Malefoy qui s'était littéralement jeté dans le vide pour sauver la vie de leur ami... il avait vraiment changé.
La brune lança un regard à Ron, qui ne semblait pas se soucier de l'état de leur meilleur ami. Au contraire, il se plaignait à qui voulait l'entendre que le match n'aurait pas dû être arrêté alors que leur équipe était en train de gagner. Elle serra les poings face au comportement du rouquin, et l'abandonna dans les gradins sans un mot, préférant rejoindre Harry à l'infirmerie, les mains tremblantes de colère.
Sur le chemin, elle croisa Blaise Zabini, Théodore Nott, et Pansy Parkinson, les amis de Malefoy, qui attendaient impatiemment en-dehors de l'infirmerie, dont les portes étaient fermées. Pansy tournait en rond, le visage ravagé par l'inquiétude, tandis que les deux jeunes hommes essayaient de la rassurer, eux-mêmes incertains du sort du leur ami.
— Comment vont-ils ? demanda Hermione, inquiète.
— Pomfresh nous a dit qu'il n'y avait rien qu'elle ne pouvait pas soigner, répondit doucement Blaise en passant ses mains sur son visage. Mais elle ne nous a rien dit d'autre.
La jeune femme soupira, et retint ses larmes. Elle inspira un grand coup pour reprendre ses esprits, secouant doucement la tête pour elle-même.
— Où est Weasmoche ? fit Pansy en fronçant les sourcils. Il n'est pas venu ?
Il n'y avait aucune méchanceté dans ses paroles, simplement de l'étonnement. Après tout, le Trio d'Or était réputé inséparable, alors pourquoi Weasley n'était pas présent ?
— Il a... changé, depuis la Guerre, avoua la Gryffondor, un peu gênée. Il ne viendra pas.
Les trois Serpentards échangèrent un regard rempli de sous-entendus. Ils avaient très bien vu que le roux était beaucoup plus distant et irritable depuis le début de leur huitième année ; il s'en prenait même aux plus jeunes !
Mais Potter avait failli mourir aujourd'hui. Il ne pouvait pas avoir changé à ce point, si ? Qu'avait-il pu se passer pour le changer aussi profondément ? La Guerre avait laissé de nombreuses cicatrices en chacun. Différences de comportement, cauchemars, traumatismes... ça n'était pas étonnant que Ron en soit autant impacté.
Malheureusement, Hermione semblait dire la vérité. Blaise hésita un instant, semblant intérieurement peser le pour et le contre, puis la prit rapidement dans ses bras, touché par son état. Pansy posa sa main sur son épaule, le visage inquiet, et Théo lui adressa un regard compatissant, naturellement distant avec les autres. Si Weasley n'était pas là pour elle, alors ils le seraient à sa place.
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